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De la différenciation spatiale et temporelle de la production des déchets

2.1 1975, parution de loi fondatrice de la gestion des déchets en France

4. De la différenciation spatiale et temporelle de la production des déchets

Le témoignage du technicien qui a accompagné la gestion des déchets produits par la tempête Xynthia en Vendée apporte une nuance supplémentaire. Il met ainsi en évidence les difficultés que ses équipes ont rencontrées sur le terrain face aux différenciations spatiales et temporelles de production de déchets. Ainsi, la production de déchets post inondation peut être dispersée dans le temps en fonction du moment où les habitants / les entrepreneurs nettoient leur habitation / leur établissement. Cette dispersion est également géographique. La décrue ne se déroule pas de façon uniforme. Certains quartiers peuvent rester inondés plus longtemps ou être tout simplement inaccessibles pendant plusieurs jours après la décrue. En outre, certaines zones peuvent nécessiter un nettoyage plus rapide que d’autres en raison de la présence d’infrastructures vitales (Cf. Chap. 3, § II.A, p. 147). Ainsi, les questions suivantes se posent : « Par où vais-je commencer à collecter ? » et « Quelle va être la

variation au cours du temps et dans l’espace de la nature des déchets ? ». Répondre à la première

question facilite la mise en place d’un plan de collecte. Ainsi, le gestionnaire peut établir un calendrier de collecte. La seconde question doit permettre de prévoir l’évolution dans le temps et dans l’espace des besoins en termes de moyens à mettre en œuvre (engins de ramassage et de transport des déchets par exemple), d’espaces de stockage spécifique (pour les DEEE ou les déchets dangereux par exemple) et de filières de traitement à mobiliser. Cette sollicitation de moyens est en outre susceptible d’évoluer dans le temps en fonction de la progression de la collecte et de la « libération » du territoire. Néanmoins, la prise en compte de ces questions n’est pas facile dans le cadre d’une méthode générale. Elle nécessite en effet une connaissance précise des mécanismes d’inondation locaux et de l’occupation des sols. De telles données ne peuvent être généralisées, et donc intégrées à la méthode. Ces questions mériteront cependant d’être posées au niveau local lors de son déploiement.

À travers ces entretiens, les gestionnaires de déchets montrent une forte attente en matière de quantification des déchets, et surtout, de qualification. Cette précision du type de déchets apparaît comme essentielle, car c’est elle qui permettra de réellement anticiper la gestion de la crise. En effet,

une estimation globale est davantage perçue comme un outil de communication et de mobilisation des élus. Mais elle n’apparaît pas suffisante pour mettre en place, en anticipation, une stratégie de gestion des déchets. Or, c’est ce qu’attendent les gestionnaires. Les entretiens font également ressortir la préoccupation des gestionnaires envers les questions de temporalité et de spatialisation de la production des déchets, ce qui confirme leur volonté d’anticiper le plus possible la gestion de crise (Beraud et al., 2011b).

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Au vu de ces résultats, il apparaît que les méthodes existantes ne répondent pas complètement à nos attentes. La seule quantification globale sans caractérisation n’est pas suffisante pour connaître la production de déchets générée par le système urbain à la suite de l’inondation, et ainsi améliorer la résilience cognitive du service de gestion des déchets. Or, les méthodes existantes ne proposent pas, en général, de caractérisation des déchets ou, lorsqu’elles le font, les catégories choisies (déchets de la construction ou mobile home par exemple) ne correspondent pas à nos besoins et à ceux des gestionnaires du territoire et des déchets français. La réalisation d’une nouvelle méthode de quantification des déchets post catastrophe, centrée sur la question des inondations, et prenant en considération les exigences de qualification, de spatialisation et de temporalité, se révèle donc nécessaire151.

Cette méthode se concentrera sur les déchets produits par l’inondation des activités et des logements (Figure 30, p. 192). Ceux produits par l’inondation du milieu naturel et du territoire (végétation, sol, infrastructures linéaires, mobiliers urbains, etc.) ne seront donc pas pris en compte. Ce choix a été fait car le travail sur ce gisement n’est pas simple. Les données de qualité permettant une systématisation du calcul des déchets qu’ils génèrent sont rares.

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Il ne s’agit cependant pas de négliger les méthodes existantes sous prétexte qu’elles ne prennent pas en compte ces questions et qu’elles ne sont pas complètement adaptées au territoire français (aléa et type d’occupation des sols). Il est en effet possible de s’inspirer de leur « philosophie », c’est-à-dire de la démarche mise en place et de leur relative simplicité.

Figure 30 : Origine des déchets pris en compte dans la méthode

La méthode élaborée sera de type caractérisation indirecte amont. Elle se basera sur l’idée que tout ce qui est dans une maison, un établissement ou une entreprise est source de production de déchets. Évaluer la production de déchets nécessite donc de connaître l’équipement de ces lieux. Ce choix a plusieurs implications. Tout d’abord, la quantification se fera à l’échelle du territoire inondé. En outre, un choix devra être fait dans les types de déchets que nous souhaitons quantifier, et donc dans les équipements des ménages et des activités que nous étudierons. Ce choix sera dicté par sa pertinence en termes de procédures de gestion en période de post inondation, mais également, et surtout, en fonction de la qualité des données. En effet, des arbitrages devront être faits en fonction de leur imprécision, leur incertitude et leur incomplétude afin de permettre la réalisation de la méthode. Enfin, le choix a été fait de ne pas négliger la prise en compte des caractéristiques de l’aléa. Pour cela, des orientations sur l’évolution de chaque gisement en fonction des variations des caractéristiques de l’aléa seront proposées.

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Une méthode d’évaluation et de caractérisation des déchets post inondation a donc été mise en place. Le schéma ci-dessous en présente l’architecture générale (Figure 31, p. 193). Comme nous le verrons par la suite, elle s’organise autour de deux axes d’étude : les déchets produits par l’inondation des logements et les déchets produits par l’inondation des activités. Seul l’axe sur les logements a été développé entièrement. Il se structure autour d’indicateurs de quantification. Un indicateur peut être défini comme « un paramètre, ou une valeur dérivée d’un paramètre, donnant des informations sur un

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phénomène » (OCDE, 1993 cité par (Bonierbale, 2004). Nous l’entendons ici comme un outil

permettant de quantifier un gisement de déchets après le passage de l’inondation. Chaque indicateur est une agrégation de plusieurs paramètres. Ils ont en effet été construits en croisant un paramètre sur les enjeux (nombre de logements inondables, nombre de ménages en zone inondable) et des paramètres permettant d’étudier le gisement (taux d’équipement des ménages, nombre de véhicules par ménage, etc.). Un paramètre peut être défini comme « un élément en fonction duquel on explicite

les caractéristiques essentielles d’un phénomène, d’une question » (Dictionnaire Larousse). Il s’agit

ici de variables observables et mesurées.

Figure 31 : Organisation de la méthode152 Dans les lignes qui suivent cette organisation sera décrite plus précisément.

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La première orientation méthodologique a été de diviser la méthode en deux volets : l’un concernant les déchets issus de l’inondation des logements et l’autre concernant l’inondation des activités. Nous avons ainsi considéré que la production de déchets provenait d’une part de la submersion des logements et d’autre part de celle des activités. La quantification se base donc sur une estimation du contenu d’une habitation ou d’un bâtiment d’activités. Cela pour plusieurs raisons.

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DEEE : déchets des équipements électriques et électroniques, VHU : véhicules hors d’usage, DAS : déchets des activités de soin, DD : déchets dangereux, BTP : déchets de la construction.

Méthode d’estimation et de caractérisation des déchets post inondation

Logements Activités DEEE Déchets de l’ameublement VHU Déchets en mélange DAS DD BTP Indicateurs de quantification Paramètres sur les enjeux Paramètres sur le gisement

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Tout d’abord, les flux de déchets que nous pouvons identifier pour les ménages ne correspondent que peu à ceux des activités, à l’exception des DEEE et des meubles probablement présents dans toutes les activités. En outre, et surtout, s’il apparaît globalement possible d’estimer l’équipement moyen d’une habitation, permettant ensuite une traduction en termes de déchets, définir un « équipement » moyen pour des entreprises ou des collectivités territoriales est plus complexe. Il dépend, avant tout, de la nature de l’activité, mais aussi du nombre de salariés, du chiffre d’affaires, de sa localisation, etc. Les stocks d’une exploitation agricole, d’une boulangerie, d’une usine d’assemblage de voiture ou d’une banque sont fort différents (Photo 13, p. 194 et Photo 14, p. 194).

Photo 13 : Magasin de vins inondés à Bogatynia, en Pologne, en 2010 (Agence Reuters, 2010)

Photo 14 : Grande surface inondée à Brisbane en Australie en 2011 (Agence Reuters, 2011) Outre ces préoccupations méthodologiques, des aspects organisationnels et politiques ont également motivé ce choix. En période normale, la gestion des déchets produits par la population est sous la responsabilité des communes ou des structures intercommunales, et celle des déchets produits par les activités (entreprises, collectivités territoriales) est du ressort du producteur, c’est-à-dire l’entreprise ou l’administration. Il nous est donc apparu nécessaire de garder cette distinction pour la quantification. Il est fort probable qu’avec l’eau, les déchets des activités soient mélangés avec ceux produits par les ménages ou que, face à l’urgence, la commune doive collecter tous les déchets quelle que soit leur origine. Néanmoins, pour favoriser la définition des responsabilités et la mise à l’agenda de cette question, cette différenciation est nécessaire.

Deux méthodes ont donc été envisagées. Elles seront décrites successivement dans les lignes suivantes.

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L’indicateur de quantification mis en place pour chaque flux de déchets est présenté plus longuement en annexe sous la forme de fiches de synthèse (Cf. Annexe 4, p. 318). Afin de faciliter la lecture, nous ne présenterons ici que les grands principes de la quantification.

1. Flux de déchets pris en compte pour la quantification des déchets issus de

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