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Organisation de la réflexion

1. La systémique : une nouvelle façon de penser les objets complexes

2.2 Description du système urbain

Le système urbain est un ensemble d’éléments ou sous-systèmes hiérarchisés, en interrelation, organisés en fonction d’un but. Ces interactions entre les différents sous-systèmes assurent les grandes

fonctions urbaines41, c’est-à-dire « la profession », la « raison d’être de la ville » (Chabot et Beaujeu- Garnier, cités par (Pumain et al., 2006). Rendre intelligible son organisation nécessite tout d’abord de définir ses frontières spatiales, et donc par là même son environnement.

Le système urbain s’inscrit dans un environnement plus large qui est celui du système de ville, du réseau urbain. La ville est en effet un nœud dans un système plus large, un méta système regroupant l’ensemble des autres villes du territoire considéré. Elle est ainsi intégrée à un réseau plus large ou système, souvent hiérarchisé, qui influe sur son fonctionnement propre. Elle est « un rouage dans un

autre ensemble qui est celui des relations avec l’extérieur, et les deux aspects [relations intérieures et extérieures] réagissent de multiples manières l’un sur l’autre » (Beaujeu-Garnier, 1997). Ces relations

(échanges de matières premières, de personnes, d’informations, de décisions, etc.) lui permettent de se maintenir, de réguler son fonctionnement et d’orienter son évolution dans le cadre du système des villes (Sanders, 1992). L’évolution de la ville en elle-même est ainsi très dépendante de l’évolution du système des villes, et plus globalement, de l’environnement dans lequel elle s’insère. Pour J. Forrester, l’environnement est une référence pour le système urbain42 (Forrester, 1979). L’espace urbain se façonne donc sous l’influence de l’environnement et de sa propre dynamique en fonction d’une finalité, de projets, qui ne peuvent être réduits à sa seule survie (Baumont et Huriot, 1996). Sans cette volonté, le système pourrait être menacé par l’entropie, c’est-à-dire la tendance naturelle des structures organisées à se laisser disparaître (Vilmin, 2008). Sa place dans cette hiérarchie est souvent mise en valeur par la nature de ses fonctions urbaines. Celles-ci reflètent en effet la relation qu’elle entretient avec l’environnement extérieur (Rochefort, cité par (Pumain et al., 2006). Une ville ayant par exemple un centre universitaire important rayonne sur son environnement global. Le réseau des villes apparaît ainsi comme un facteur de régulation, d’interaction et de transformation de la ville (Pumain et al., 1989).

En outre, plus globalement, le système urbain s’inscrit dans le milieu physique rassemblant le sol, le sous-sol, l’air, l’eau et la végétation. Ce milieu fournit le site à l’origine de l’installation de la ville, mais également les produits nécessaires à son fonctionnement ou à ses activités (Beaujeu-Garnier, 1997). Cet espace est soumis à une pression importante : le système urbain y prélève l’eau, l’air, les ressources minérales dont il a besoin et il y rejette ses déchets, ses eaux usées, sa pollution atmosphérique. Le système s’inscrit également dans un environnement social qui est celui de la

41Leur classification varie suivant les auteurs. Ainsi, J. Beaujeau-Garnier (1997) fait la distinction suivante : les fonctions

d’enrichissement comme l’industrie, le commerce, le tourisme, les services financiers ; les fonctions de responsabilités comme l’administration au sens large, l’enseignement, la santé permettant à la ville d’affirmer son pouvoir car l’ampleur de cette fonction peut dépasser le périmètre de la ville et s’étendre sur l’environnement ; les fonctions de création ou de transmission c’est-à-dire les fonctions permettant à la ville d’exercer un certain pouvoir de formation, d’information et de transformation (Beaujeu-Garnier, 1997).

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Si celui-ci peut affecter le système, selon J. Forrester, le système quant à lui ne peut affecter de manière significative l’environnement (Forrester, 1979). Certains auteurs sont moins tranchés ; l’influence du système sur l’environnement dépend de sa taille et de son poids dans la hiérarchie régionale ou nationale. J. Beaujeu-Garnier estime quant à elle que les effets négatifs produits dans un système peuvent impacter l’ensemble des autres éléments du méta-système (Beaujeu-Garnier, 1997).

coopération intercommunale, des relations avec les collectivités territoriales, l’État, les établissements publics d’aménagement, etc. Le développement des villes et l’aménagement du territoire ne se font en effet pas de manière isolée, indépendamment du développement du méta système. Ils sont souvent réglementés, impulsés par l’État ou à plus petite échelle à travers des schémas d’aménagement (SCOT43, SRADDT44). L’organisation spatiale, les activités du système urbain vont ainsi dépendre de la société dans laquelle elle s’inscrit et avec laquelle elle se développe. Enfin, le fonctionnement du système urbain est également influencé par un environnement économique constitué du contexte économique national et plus largement mondial, de la conjoncture économique, des stratégies des entreprises qui vont influencer notamment l’implantation d’activités sur le territoire urbain (Figure 12, p. 78).

Figure 12 : Le système urbain (d'après (Barrère-Lutoff, 2000 ; Moine, 2007)

Le système urbain est ensuite modélisable en six grands sous-systèmes. Les sous-systèmes « population » et « activités » sont les raisons d’être de la ville. Ainsi, une ville peut être définie comme une agglomération d’habitants, d’activités sur un territoire particulier (Pumain et Godard, 1996). Quelles que soient les époques ou l’objectif (contrôle politique, contact culturel, efficacité économique, etc.), c’est ce type d’organisation du territoire qui a été favorisé par les sociétés (Sanders, 1992). Cette organisation spatiale, cette concentration d’individus et d’activités est une forme d’organisation du territoire qui favorise la proximité, donc les économies d’agglomération45 (Aydalot, cité par (Pumain et al., 1989) et les interactions entre les acteurs du territoire. Ce sont donc des sous- systèmes essentiels au fonctionnement du système urbain. Supports de ces activités et de ces interactions, les infrastructures urbaines ont un rôle important. Elles peuvent être définies comme « l’ensemble des ouvrages publics fixés au sol et servant de support aux activités sociales, notamment

pour la circulation des biens et des personnes » (Pumain et al., 2006). Elles contiennent à ce titre les

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SCOT : schéma de cohérence territoriale. 44

SRADDT : schéma régional d’aménagement et de développement durable des territoires

services urbains organisés en réseau, mais également les réseaux urbains46. Depuis le XIXe siècle et la croissance urbaine, elles ont joué un rôle important de structuration de l’espace urbain. Elles sont donc un composant central du système urbain. Enfin, le système urbainE« a, par l’intermédiaire de sa

capacité de production, de son administration, de ses représentants, de ses notables, une certaine capacité d’action ou de réaction : c’est le pouvoir urbain, qui s’exprime aussi par les relations de la ville avec son environnement au sens large » (Beaujeu-Garnier, 1997). « Son état et la ligne de son évolution sont donc le résultat des rapports dialectiques entre des forces multiples exogènes et endogènes dont l’intensité, la nature et la complexité peuvent varier au cours du temps de manière aussi bien parallèle que contradictoire, progressive et continue que brutale et discontinue » (Beaujeu-

Garnier, 1997). Le pouvoir urbain représente cette force interne issue des acteurs politiques et administratifs locaux. Ces quatre composantes que sont les « infrastructures urbaines », la « population », les « activités » et le « pouvoir » s’articulent autour de l’espace urbain. Ce dernier est en effet « la concrétisation physique des différentes interactions urbaines entre population, activités,

fonctions et jeux de pouvoirs » (Barrère-Lutoff, 2000). Ces cinq sous-systèmes représentent le cœur du

système urbain.

« À l’interface avec l’environnement externe se trouvent les composantes de positionnement et

d’identité qui déterminent l’étendue des relations avec l’extérieur » (Barrère-Lutoff, 2000). Le

positionnement du système urbain au sein de la hiérarchie des villes a un rôle important en termes de fonctions urbaines (voir plus haut). Ce positionnement influence également la dynamique de la ville. L’identité est définie comme ce qui est propre à une ville, et ce qui la singularise par rapport à leur environnement (Pumain et al., 2006). Ces deux composants influencent l’attractivité de la ville. L’ensemble de ces composants et des interactions qui les animent permet la réalisation des fonctions.

Ces sous-systèmes interagissent entre eux et avec les environnements extérieurs à travers des échanges d’informations, de matières, de populations, de flux financiers. Ces interactions sont le moteur de l’évolution du système urbain. Elles ont ainsi une réelle capacité à dynamiser ou à faire disparaître des espaces urbains, des formes urbaines (Paulet, 2000). La ville est ainsi « support et conséquence de

l’activité de l’organisme social qui vit en son sein » (De Rosnay, 1975). Son organisation spatiale, ses

activités dépendent de la société dans laquelle elle s’inscrit et avec laquelle elle se développe. Ces relations se font en fonction d’un but, d’une finalité qui est d’abord de ne pas disparaître. Comme tous les autres systèmes complexes, le système urbain a donc la capacité d’assurer sa continuité et de s’adapter aux modifications du milieu environnant. Interactions entre les acteurs locaux, relations avec l’environnement extérieur modèlent sa physionomie et son développement.

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On entend ici par réseaux urbains, l’ensemble des infrastructures linéaires permettant la circulation entre des lieux (Pumain et al., 2006).

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