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Les déter’ et les blasés

Les blocages lycéens de 2010 contre la réforme des retraites

1) Les déter’ et les blasés

L’un des éléments marquants de l’enquête sur les blocages lycéens est le phénomène de distinction et de stigmatisation réciproque entre deux « styles » visibles de mobilisés. On trouve d’un côté ceux qui se montrent les plus déterminés ou « déter’ » dans la lutte pour l’obtention de biens collectifs. De l’autre côté, ceux qui s’affichent comme ayant plus de recul vis-à-vis des objectifs du mouvement, comme conscients d’une forme de vanité de la mobilisation qui est surtout l’occasion de s’amuser ou « foutre le bordel ». Il n’est pas question ici d’opposer les motivations profondes des deux catégories, qui sont en réalité mêlées comme on l’a vu plus haut, mais plutôt celles que chacun se permet de mettre clairement en avant dans les situations semi-publiques qui forment l’essentiel des interactions de la mobilisation. Cette opposition de styles apparaît structurante, à Saint Vincent de Paul comme à Zola, des sous-groupes participant à la mobilisation. Les acteurs rencontrés ou mentionnés dans les récits peuvent facilement, pour l’essentiel, être associés à l’un des types- idéaux. Dans les entretiens, ces deux styles apparaissent notamment à la lumière des qualificatifs parfois stigmatisants ou méprisants par lesquels leurs tenants respectifs se qualifient mutuellement. Les uns se moquent gentiment des plus « déter’ » (l’expression est accompagnée d’un sourire ou d’une plaisanterie) qui sont un peu « naïfs ». Les autres critiquent les « blasés » qui viennent « faire les cons », mettre « le bordel ». Les deux sous-groupes ont cependant en commun d’estimer que la compréhension des enjeux de la mobilisation est plus fine de leur côté respectif.

Ainsi, même si les entretiens montrent globalement une assez grande lucidité sur la diversité des motivations en présence et sur les rapports de coopération décrits dans ce chapitre, c’est chez ceux qu’on nommera « blasés » que cette lucidité est affichée de la manière la plus forte. Tout en relativisant l’importance et le sens de la mobilisation, ils mettent en scène une forme de virtuosité stratégique en soulignant qu’il faut « utiliser les gens qui ont rien à foutre » (Joris) et qu’« il y en a qui sont déter […] des fois ils sont naïfs » ou récupérés par les partis (Kevin).

A l’inverse, les « déter’ », tout en sachant que la plupart des participants ont conscience des motivations et rapports de coopération divers, font valoir une connaissance plus détaillée que les

autres des motifs de grève. Clément, Emma et Thiago par exemple, émettent plusieurs fois des rires et remarques ironiques sur ceux qui s’amusent à « raconter n’importe quoi ». Ils sont ceux qui s’appliquent avec le plus d’enthousiasme au « jeu » du militantisme : production de tracts, d’affiches, discussions techniques…

Emma explique que durant la première journée de blocage, elle a contribué à réaliser un tract pour réagir à des messages envoyés par des « gens qui voulaient faire le blocus pour faire le blocus. […] Et pas forcément faire le blocus pour la réforme. Et par exemple moi j’ai reçu des messages avec “non au report de la retraite à 68 ans” ou des trucs comme ça, des chiffres qui étaient pas les bons, des infos, tout ça. C’est pour ça qu’on a fait ce tract ».

Julien, de Saint Vincent de Paul : « les personnes qui étaient impliquées […] au niveau des raisons pour lesquelles y avait le blocus, ils s’en foutaient, c’est juste ils ont entendu “blocus”, “allez, on bloque tout !” […] c’était pour se marrer en fait. ».

Ces enquêtés admettent pourtant la part des motivations « de jeu » dans leurs propres cas, mais en minimisant cet aspect.

La division entre ceux que j’ai qualifiés de « déter’ » et de « blasés » est hautement structurante dans les deux mobilisations lycéennes étudiées, mais le choix de ces deux mots est surtout une commodité de rédaction. L’opposition ne se présente pas en ces termes pour tous les enquêtés. C’est l’absence de qualificatifs partagés qui m’a conduit à en utiliser deux qui revenaient assez fréquemment, mais ne sont que des choix par défaut115. Il arrive par ailleurs que le terme « déter’ » soit employé par les enquêtés pour son sens originel (déterminé), comme quand Aylan affirme qu’à un moment, ses amis n’étaient « plus très déter’ » pour agir. Une autre limite à cette division tient à l’altération des stratégies de façade des acteurs en fonction des cadres et situations : les jeux de scène connaissent une dose de variation d’un moment à l’autre : avec les amis devant le lycée, à la section des Jeunes communistes, en entretien face à un enquêteur… Et tous ne produisent pas forcément les effets recherchés.

115 Ce choix de simplification présente des inconvénients, mais il semblait difficile, sans donner de noms aux deux

styles et sous-groupes, de faire saisir au lecteur le jeu des perceptions mutuelles et son effet déterminant sur la mobilisation. Voir notamment sur ce point Alessio MOTTA, « Mépris et répression de la prise de parole en public. Construction d’une domination symbolique profane dans une copropriété et dénonciation publique », Participations, n° 9, 2014/2, p. 72-73.

Quelques déter’, quelques blasés

Les personnes introduites ci-dessous ne coïncident pas précisément avec celles rencontrées lors de l’enquête. J’ai choisi, par souci de clarté, de présenter ici seulement quelques acteurs qui ont des rôles relativement importants mais variés dans les récits sur la mobilisation.

A Zola

Emma est en seconde. Elle est la première lycéenne rencontrée pour l’enquête, c’est Samira qui

m’a donné son contact. Les parents d’Emma travaillent respectivement dans l’ingénierie et dans un domaine artistique, ils sont « de gauche », sa mère a milité dans une association nationale réputée de gauche. Emma a déjà été en manifestations au collège, avec et sans ses parents. Cela date de plusieurs années mais elle parvient à m’expliquer brièvement les réformes scolaires contre lesquelles s’élevaient ces manifestations. En entretien comme dans l’action, si l’on en croit les témoignages de ses camarades, Emma manifeste souvent la volonté de faire preuve d’un engagement « sérieux ». Elle s’exprime calmement et revendique régulièrement une maîtrise des pratiques protestataires institutionnalisées, de la mobilisation « dans les règles ». En cela, elle s’oppose explicitement aux quelques élèves de de seconde qui ont organisé la première journée de blocage « pas vraiment officiel » du lycée : « c’était un peu le bazar […] comme c’était les secondes qui s’en étaient occupés, ils savaient pas trop, c’était pas très bien… normalement il faut laisser une entrée pour les gens qui veulent entrer quand il y a un blocus ». Elle a rejoint la JC (Jeunesse communistes) suite à la mobilisation de 2010. Emma est-elle « bonne élève » ? « Cette année moins ». Elle avait des moyennes élevées en troisième, le premier trimestre de seconde est plus « moyen ». Elle est « mieux dans les matières littéraires, les langues, l’histoire ».

Zina est en terminale littéraire. Elle est l’autre lycéenne dont Samira m’a donnée le contact. Ses

parents travaillent dans le commerce et la « trainaient dans les manifs » petite. Elle affirme qu’elle était déjà « engagée » au collège, notamment dans le mouvement contre le CPE. La seule personne qu’elle connaissait vraiment en arrivant au lycée Zola est une amie avec qui elle a participé à ce mouvement. Elles sont allées ensemble à plusieurs manifestations depuis l’entrée au lycée, parfois avec le grand frère de Zina, étudiant. On reviendra plus loin sur les rôles et tâches qu’elle a remplies dans le mouvement de 2010, mais en quelques mots, elle en est l’une des principales figures si l’on se fie aux récits des différents participants. Elle est notamment la première, le premier jour de blocage, à appeler publiquement les participants à se rendre au local de la JC pour préparer d’autres actions. C’est aussi elle qui, en raison de ses contacts avec des militants ayant participé à des

mouvements précédents, se voit remettre en premier le code d’accès de la page Facebook « Zola mobilisé », moyen de communication qui devient partagé par plusieurs dizaines d’acteurs du blocage au fil de la mobilisation. « Bonne élève » ? Elle répond clairement « Non ! » « Les profs me connaissent, ils savent que je suis passionnée par certains trucs […] mais dans les résultats… » Elle affirme sécher souvent les cours et choisir « les matières qui m’intéressent […] : l’histoire, la philo, le théâtre… »

Kevin est en terminale littéraire. Je le rencontre pour la première fois lors d’un entretien chez

Aylan. Il est alors installé sur le canapé, en train de fumer un joint. Ses parents sont agents d’entretien, « ils s’en battent les couilles » de la politique : « c’est tous les mêmes escrocs ». Cette phrase, qu’il prononce plusieurs fois dans l’entretien, quelques fois avec dérision apporte aussi des éléments d’information sur son propre rapport à la politique, même si la mobilisation de 2010 est pour lui une occasion de rejoindre un temps la JC locale et de participer à certaines de ses actions. Il dit avoir déjà participé à une grève en seconde contre des suppressions de postes. Ses descriptions des moments de mobilisation sont centrées sur les aspects ludiques et conflictuels : « baston », « bordel »… Il admet avoir quitté certaines actions dès les débuts d’après-midi pour aller « se bourrer la gueule » avec des copains. Alors que, pendant l’entretien, je parle de la présence d’Emma aux coordinations lycéennes, il m’interrompt : « Ouais ouais, Emma […] elle se prend trop au sérieux (rires) ». Il se montre aussi moqueur à l’égard d’autres mobilisés plus « sérieux » ou « déter’ » que lui, notamment Nadia et Zina. L’évocation de Zina le conduit à me montrer sur son ordinateur une vidéo où on aperçoit celle-ci en train de crier une série d’arguments et revendications devant la caméra d’un journaliste lors d’une manifestation, alors que des affrontements semblent s’engager entre lycéens et CRS :

« Ils lui ont passé un texte, elle le ressort (rires) Moi : – ‘Tain elle a l’air inquiète.

– Ouais, elle a pas compris que ça allait pas bien se passer (rires). »

Kevin s’amuse des courses poursuites et autres jeux avec la police entrevus sur la vidéo, il dit que ses amis et lui auraient bien voulu « se taper avec les keufs ». Puis un autre lycéen prend la parole sur la vidéo. Kevin ajoute alors : « C’est un ouf ! Eh il était déter’ […] téma, le p’tit déter’ là ». En fin d’entretien, quand j’aborde la question sur les « bons élèves », il me répond en expliquant qu’il est arrivé à Zola après avoir raté son bac dans un autre lycée. Il a eu des difficultés à trouver un nouveau lycée, c’est seulement à la rentrée qu’il a su qu’il aurait une place à Zola.

Emma et Zina seront clairement identifiées comme faisant partie des plus « déter’ », Kevin, des « blasés ». La position d’Aylan est plus ambigüe. On peut le comprendre à la lumière de la tension

entre, d’une part, une socialisation familiale propice à valoriser les motifs politiques et légitimes de l’action, et d’autre part, son intégration dans des groupes d’amis peu voire non politisés, notamment

Romain, Théo et Paul, qui participent activement au premier blocage avec lui. Aylan redoublera sa

seconde à Zola après avoir passé plusieurs années dans un établissement privé dans lequel il n’a jamais vu de grève : « c’était pas trop l’ambiance (sourire) ». Malgré son arrivée toute récente dans le lycée, il y a de nombreuses connaissances en raison entre autres de son inscription passée dans un club sportif local pendant plusieurs années. Dans sa classe, par contre, il ne connaît personne et dit sympathiser avec peu de gens. Aylan est issu d’une famille très politisée, ses parents sont militants de gauche depuis leur jeunesse, son père est engagé dans plusieurs mouvements politiques et associatifs, les discussions politiques et de société sont présentes à table. Avant 2010, il a déjà participé à plusieurs manifestations avec et sans ses parents : « en 2002 contre Le Pen, pour la laïcité, ni putes ni soumises, contre le fascisme, l’intégrisme ». Manifestement intéressé par les sujets « politiques », il a une maîtrise avancée des codes, sigles, partis et groupes qui structurent le paysage politique local et national. Il dit se sentir proche des mouvements antifascistes et anarchistes. Ami avec Kevin, qu’il a rencontré lors du blocage, il invite celui-ci chez lui lors de notre premier entretien. Il s’amuse lui aussi des vidéos que Kevin me montre, mais la situation de cet entretien l’amène à jouer un jeu de façade complexe. Tout en partageant les plaisanteries, Aylan se distingue en revenant régulièrement sur les arguments et justifications plus « légitimes » de la mobilisation. Lorsque Kevin critique Emma, Aylan lui adresse un regard approbateur, mais prend ensuite un ton concerné pour répondre sérieusement à ma question sur celle-ci. Au niveau de son investissement scolaire : « C’est bien les cours, mais il faut être assidu et ponctuel, ce que je suis pas. Voilà ».

A Saint Vincent de Paul

Jonathan, souvent surnommé Juan, est réputé pour être l’organisateur initial du blocage de 2010.

Sa volonté claire d’éviter un entretien m’a mené à le connaître essentiellement à travers les propos de ses connaissances, propos qui mènent vraisemblablement à en retenir des traits un peu caricaturaux. « Un peu intéressé » par la politique d’après l’une de ces connaissances, Jonathan a une réputation de « mec un peu cinglé », « pas simple » et de « fumeur de pétards » régulier. Avant 2010, il a au moins une fois participé à une manifestation avec des élèves de son ancien collège, notamment Yvan. Il « traine beaucoup » avec ce dernier et avec Adam. La bande, qui porte un nom de « crew », suscite des plaisanteries, « c’est leur dream team », « leur crew – (moi) Leur crew de quoi ? – Leur crew de rien du tout ! D’amis » (Julien). Deux enquêtés s’accordent à qualifier

Jonathan de « mauvais élève » sans hésitation116.

Marie est en première professionnelle. Elle suit parallèlement des cours spécialisés dans un autre

établissement, les difficultés d’organisation de son planning qui en résultent ont rapidement compliqué, d’après elle, ses relations avec la direction du lycée. Elle semble peu au fait de la vie politique, que l’on parle ici de connaissance des organisations et repères du monde politique ou des discussions sur les sujets de société du moment. Elle dit se sentir plutôt « de gauche », comme son frère et ses parents. Ces derniers sont fonctionnaire et artiste, elle est allée en manifestation avec eux à l’époque du mouvement contre le CPE. Amie de Jonathan au moment des faits, Marie joue un rôle actif dans le blocage de 2010, même si, on le verra plus loin, elle se met régulièrement en retrait. Malgré ses difficultés à parler de la réforme des retraites et des autres motifs de mobilisation, il paraît justifié de la rapprocher des déter’ : en entretien, elle critique régulièrement ceux qui viennent juste « foutre la merde » et elle rappelle que la mobilisation est « quelque chose de sérieux ». Un autre enquêté affirme d’ailleurs qu’elle « se prenait assez au sérieux » dans l’action. Enfin, Marie ne se considère clairement pas comme « bonne élève ».

Julien est en seconde, ses parents travaillent dans la communication et sont « de gauche », « plutôt

communistes ». Ils l’ont emmené aux manifestations suivant le 21 avril 2002. A part ça, il dit n’avoir eu aucune expérience de manifestations, militantisme ou autres formes d’engagement contestataire avant les événements de l’automne 2010. Il participe à une partie des actions de blocage du lycée Saint Vincent de Paul. Il les décrit en rappelant qu’il n’est pas de ceux « qui cherchent juste à sécher », mais aussi en se démarquant des « dérives » d’une partie des organisateurs, comme Jonathan dont il désapprouve certains actes de dégradation. Julien se qualifie d’élève « moyen », il semble intéressé en particulier par l’économie et l’histoire.

Effets du genre et de l’investissement scolaire sur le style d’engagement et sur le déclenchement de l’action

Le but des lignes qui suivent est de souligner que les déterminismes conduisant chacun à l’adoption d’un style d’engagement donné dans la mobilisation ne sont pas liés aux motifs et causes du mouvement mais à des données bien plus banales qui situent les individus dans la vie quotidienne du lycée. Pour les élèves au sujet desquels j’ai pu rassembler suffisamment d’informations, un lien

116 Chose rendue plausible par les messages qu’il a échangés avec moi sur Facebook avant de cesser de me répondre,

rédigés dans un français pour le moins difficile à comprendre, même s’il convient de ne pas surinterpréter une syntaxe approximative dans une conversation en ligne !

s’établit en particulier avec leur genre et leur investissement scolaire.

La répartition des rôles et l’opposition entre « blasés » et « déter’ » semble tout d’abord entretenue par des rapports de genre, et notamment une idée de la virilité qui conduit les blasés à valoriser des actes de bravoure face à l’administration d’un lycée, face aux CRS et l’envie de se bagarrer avec eux. Des actes auxquels ne sauraient prétendre les filles ou « le p’tit » ou « le pédé (rires) », expressions utilisées par Kevin pour décrire certains élèves « déter’ ». Si l’on classe les principaux acteurs des blocages étudiés dans l’un des styles d’engagement présentés plus haut, les déter’ sont principalement des filles, les blasés, des garçons.

Lors de leur entretien partagé, Aylan et Kevin racontent également en riant qu’ils se sont fait virer d’une AG d’université, ont eu « des embrouilles avec les fafs », puis décrivent une manifestation où ils se sont retrouvés entre « des anars, des punks » et des CRS ; « ça a dégénéré ». « On savait qu’on allait se faire défoncer […] le bordel, ça a fini en manif sauvage, on a barré la route, on a mis des poubelles […] y avait les CRS on s’est fait défoncer ! »

L’investissement scolaire se révèle aussi un facteur de proximité avec l’un des types. Les relativement « bons élèves », « moyens » ou « sérieux » tendent à s’appuyer davantage sur les motifs de mobilisation qu’ils perçoivent comme légitimes.

L’engagement dans la mobilisation s’appuie sur des réseaux d’amis qui s’échangent des informations par téléphone, à la sortie du lycée ou en soirées117 et qui réunissent souvent des rapports à leur scolarité relativement similaires. D’où une relative facilité à identifier des groupes d’élèves penchant plutôt vers l’un ou l’autre des deux styles ici opposés. Mais les exceptions existent bien entendu : certains élèves ne peuvent pas être classés avec certitude pour des raisons qui semblent tenir à leur position ambivalente. Comme Aylan, dont la socialisation politique est assez éloignée de celle de son groupe d’amis.

Pour situer les différents acteurs des blocages étudiés, je proposerai ici une objectivation qui, malgré les limites et imperfections des catégories construites, esquisse une tendance nette. J’ai classé tous les élèves pour lesquels je disposais d’informations suffisantes sur trois dimensions : – s’agit-il d’élèves « bons »/« moyens » (BE) ou de « mauvais élèves » (ME) ? La réponse a cette question a été déduite de leur jugement déclaré en réponse à la question posée explicitement en fin d’entretien : « tu es plutôt bon/ne élève ou pas ? ». Ce jugement a été complété par des informations parfois données sur leurs notes, qui montraient que l’autoévaluation les conduisait généralement à

117 Sur ce rôle des réseaux du quotidien dans la mobilisation, cf. Amin ALLAL, « Trajectoires “révolutionnaires” en

Tunisie. Processus de radicalisations politiques 2007-2011 », Revue française de science politique, vol. 62, n° 5, 2012, p. 839-840.

se qualifier de « mauvais élèves » quand leurs notes étaient globalement sous les 10/20. Pour quelques-uns que je n’ai pas rencontrés directement, je me suis fié aux informations apportées par d’autres, à conditions qu’elles soient croisées par des entretiens avec au moins deux enquêtés ;

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