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Une coopération en conscience : causes, revendications et mots d’ordres comme ressources de coordination

Une affaire de rôles

A) Des causes pas très communes ?

2) Une coopération en conscience : causes, revendications et mots d’ordres comme ressources de coordination

La totalité des acteurs rencontrés dans l’enquête sur les lycéens et pour l’expérience de Bercy sont manifestement conscients de la diversité des motivations, intérêts et objectifs en jeu dans la mobilisation. La grande majorité admet des exploitations conscientes de cette diversité par les uns et les autres. On l’a entrevu et on y reviendra, plusieurs de ceux qui ont directement contribué au déclenchement des actions admettent aussi que les logiques qui ont précédé le passage à l’acte étaient éloignées des « causes » politiques. Les entretiens avec ceux qui ont assisté aux conversations précédant immédiatement la prise d’un rendez-vous pour passer à l’action se rejoignent sur ce qu’étaient les contenus de ces conversations :

– les grèves déjà en cours, qui permettaient de définir la situation comme propice à réaliser aussi une grève. Plusieurs enquêtés évoquent des opportunités stratégiques liées à l’avancée du mouvement vue à la télévision et l’avance prise par certains établissements comme le lycée Voltaire, à Paris, référence qui semble partagée dans les conversations pour les deux principaux lycées étudiés. Dans le lycée privé Saint Vincent de Paul, deux enquêtés affirment à plusieurs reprises que Juan, vu comme l’« organisateur » du blocage, répétait vouloir « qu’on montre que le privé réussisse à faire un blocus »96 ;

– ce qui allait être fait le lendemain : quoi, quand, comment, que faire ;

95 Ce qui n’empêche pas que de tels malentendus aient quelques fois lieu, notamment quand les dispositifs de

sensibilisation à certaines causes jouant sur des cordes émotionnelles « tendent à gommer leurs aspects les plus partisans » comme leur proximité avec tel mouvement politique. Christophe TRAÏNI et Johanna SIMEANT, « Introduction. Pourquoi et comment sensibiliser à la cause », in Christophe Traïni (dir.), Emotions… Mobilisation !, Paris, Presses de Sciences po, 2009, p. 21 et dans le même ouvrage, Christophe TRAÏNI, « L’opposition à la tauromachie », p. 206-210.

96 On rejoint ici les observations de Michel Dobry sur l’importance des discussions tournées vers l’état du mouvement

dans les sites voisins, au détriment des conversations « de fond ». « Calcul, concurrence et gestion du sens. Quelques réflexions à propos des manifestations étudiantes de novembre-décembre 1986 », in Pierre Favre, La manifestation, Paris, Presses de Sciences po, 1990, p. 357-386.

– et enfin, des sujets anecdotiques et sans rapports avec le mouvement.

Mais il n’a pas été nécessaire à ces moments de défendre le « fond », ni de démontrer son attachement aux raisons de l’action ou à quelque « cause » que ce soit pour légitimer un passage à l’acte. Les seuls coûts d’entrée dans l’action étaient ceux directement liés à son exécution. Et l’usage cynique des mots d’ordre dans ce jeu de coopération n’est pas un secret auquel seul le sociologue aurait accès. En entretiens, des enquêtés lachent facilement que la réforme des retraites n’était qu’un « point secondaire », un « détail ».

En revanche, une fois la mobilisation amorcée, il apparaîtra important dans le jeu des considérations mutuelles de connaître et manier avec un minimum d’aisance les motifs légitimes de l’action, localement négociés sur la base des revendications nationales et des causes militantes locales – en particulier dans le lycée Zola qui s’inscrit régulièrement dans des mobilisations à l’échelle départementale et régionale. Cette maîtrise est plusieurs fois présentée explicitement comme une forme de compétence pragmatique97 qui permettra d’apporter des justifications formelles au blocage et répondre par anticipation au cliché du lycéen embrigadé sans savoir pourquoi ou qui chercherait juste à sécher les cours. Dans le fond, ces motifs agissent moins sur l’émergence de la mobilisation par leur enracinement dans les croyances que par les éventuelles anticipations du devoir de justification publique.

Trois élèves du lycée Zola évoquent spontanément, lorsque je leur parle de la réforme des retraites, le risque d’être interviewé par des journalistes pendant l’action et de « passer pour un con/une conne » (les trois utilisent l’expression). Cette préoccupation contribue vraisemblablement à expliquer pourquoi les membres des Jeunesses communistes locales ont tenu, d’après Aylan et Emma, à ce que les lycéens de Zola et des établissements voisins venus dans leurs locaux rédigent leurs propres tracts, sans logos.

Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs été confrontés à des journalistes. Zina raconte avoir été « piégée » par une émission de télévision. Elle a été interrogée par « des gens qui sous-entendent que [les mobilisés] sont des jeunes, c’est des cons, ils savent pas pourquoi ils sont là… Et je commence à vraiment m’énerver […] je suis d’accord pour dire que certains sont là juste pour faire les cons, mais c’est pas mon cas ».

La participation aux manifestations de l’après-midi semble parfois liée aux mêmes objectifs de distinction et de légitimation. Dans le lycée privé, Julien : « En fait, on essaye de faire un blocus le jour où y a une manifestation, pour après pouvoir aller à la manifestation et… prouver un peu au lycée qu’on fait pas ça que pour sécher les cours

et que derrière y a une opinion politique et y a des raisons politiques ».

Il est tentant de voir ici validée la thèse du « prétexte » évoquée en introduction. Mais ce serait attribuer à l’ensemble des acteurs un calcul qui ne correspond qu’à une partie d’entre eux. Ce serait voir la diversité des objectifs, intentions et principes de justification des acteurs sans voir la diversité des degrés de réflexivité de ces derniers, des plus « spontanés » aux plus « calculateurs ».

Aylan, lorsque je lui demande s’il a parlé de la réforme des retraites avec ses amis avant de décider d’un blocage : « on s’est dit ça parce que… y avait plein de trucs qui nous gênaient, mais que… ça on voyait que ça pouvait faire… ‘fin que ça pouvait amener une mobilisation ». Un peu plus loin, sur le premier jour de blocage, d’abord « mal organisé » dans son lycée : « c’est un peu parti en couille, par contre. Parce que voilà, il fallait plus ou moins, par exemple, un motif officiel de voilà, les motifs, c’est pas ce qui manquait mais y a personne d’entre nous qui parlait, donc… » Mais plusieurs, malgré leur conscience de la diversité des motivations, ne laissent pas apparaître de calculs de ce type.

Qu’il s’agisse d’étendre un mouvement en cours ou – plus difficile – de lever les tous premiers sites d’une mobilisation, il importe de comprendre quelles sont les clés du sens pratique qui permet de déceler le potentiel mobilisateur d’une « cause ». Autrement dit, non pas l’attachement intime des acteurs à cette cause, ni sa valeur politique intrinsèque, mais les anticipations qui s’articulent autour d’elle dans un contexte donné. Plutôt que de prétexte, il serait adéquat ici de parler de « point focal » (ou « foyer ») au sens de Thomas Schelling, c’est-à-dire de point de coordination exploité en toute conscience :

« Lorsqu’un mari et sa femme perdent contact l’un avec l’autre dans un grand magasin, […] il est vraisemblable que tous deux se dirigeront vers un point suffisamment évident pour que chacun pense que l’autre fera de même. Il s’agit ici pour le mari non pas de prévoir où se rendra son épouse mais de se rendre là où celle-ci pense que son conjoint se rendra, et réciproquement. La question pertinente n’est pas “que ferais-je à sa place”, mais “que ferais-je si j’étais à sa place en train de me demander ce que je ferais moi- même, sachant que je fais de même… ?”. »98

« Une solution “foyer” est liée à une caractéristique particulière qui permet de la distinguer parmi les autres. La dynamique de la négociation en est profondément

influencée »99.

En partant des problèmes de coordination à distance posés par la théorie des jeux, T. Schelling montre que, dans les processus de négociation ou d’action collective, certaines solutions, par leur caractère évident ou « naturel », structurent et réduisent tacitement les choix possibles. Parfois sur le mode de la contrainte psychique, parfois sur le mode du calcul conscient. Pour que des acteurs puissent faire converger leurs anticipations réciproques vers un point focal, il faut :

– qu’ils soient dans une situation de coopération, qu’elle soit pure ou, comme c’est plus souvent le cas, partielle (jeu mixte) ;

– qu’ils puissent faire appel à un stock de connaissances et de typifications partagées100 faisant

office de repères communs. Ces connaissances peuvent être stabilisées (savoir que, dans le quartier, la bavure policière est un motif qui conduit probablement à l’émeute, cf. chapitre 5) ou non (savoir que la réforme actuelle est devenue dans un certain nombre de lycées une « cause » de mobilisation). Elles peuvent aussi bien être partagées à l’échelle d’une société entière que du seul petit groupe concerné par la mobilisation.

Ce n’est pas par snobisme que je préfère la notion de point focal à celle de prétexte, mais parce que le concept de Schelling permet de souligner la chose suivante : des calculs réalisés par des individus ayant des logiques très différentes101 et des niveaux de réflexivité inégaux peuvent converger

objectivement dans l’action. Il faudra, au long de cet ouvrage, garder à l’esprit la distinction entre différents « niveaux » de collusion : les motivations des acteurs des mobilisations étudiées sont diverses ; ils savent globalement que les motivations des uns et des autres sont diverses102 ; mais les stratégies d’exploitation de cette diversité pendant l’action sont, elles, très inégalement approfondies. La thèse du prétexte efface cette inégalité. Elle dessine des acteurs qui partageraient quelques motivations cachées et illégitimes et s’entendraient sur un motif d’action fallacieux. Celle du point focal souligne que, parmi les acteurs qui partagent mobilisation et mots d’ordre, certains sont sincèrement préoccupés par la cause officielle103 ; d’autres sont préoccupés par d’autres choses. Et surtout, que certains ont des degrés de réflexivité limités quant au rôle des motifs officiels de mobilisation dans la réalisation de l’action (ils seront désignés par d’autres comme « spontanés », « sincères », parfois « naïfs ») ; alors que d’autres élaborent des plans complexes. Dans les situations d’« avant action », où les routines de la mobilisation ne sont pas encore bien définies, un

99 Ibid., p. 144 et suivantes.

100 Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 2006.

101 Sur les « captations des calculs », autrement dit les logiques et façons de calculer propres à différents univers sociaux

et situations, voir Michel DOBRY, Sociologie des crises politiques, op. cit., p. 101-103.

102 Collusion qui, même si elle est souvent ignorée, n’est pas une découvrte originale. Cf. Lilian MATHIEU,

Mobilisations de prostituées, Paris, Belin, 2001, p. 51-65.

103 Même si, comme on l’a noté plus haut, ceux qui ont ce « profil » ne l’ont souvent pas au déclenchement de la

surplus de réflexivité peut conduire des acteurs à des calculs évoquant les reconstitutions de Schelling104. Pour grossir le trait : « la réforme des retraites est surtout l’occasion de se mobiliser pour des raisons diverses, je sais que les autres pensent cela comme moi et accorderont donc leur discours et leur action pour que nous puissions saisir cette occasion ». Voire, avec des strates105 supplémentaires dans le calcul « je sais que les autres pensent cela comme moi parce qu’ils savent que “leurs autres” et moi-même le pensons comme eux » et ainsi de suite….

Au fond, l’intérêt principal de la notion de point focal est qu’elle permet de voir que, quelle que soit la proportion d’individus sincères ou cyniques, attachés à ceci ou à cela, ça ne change pas grand- chose dès lors que des acteurs souhaitant se mobiliser trouvent des occasions et des discours partagés pour le faire. Quel que soit l’usage qu’ils en font, les mobilisés partagent une connaissance : les revendications de façade sont réputées nécessaires à une action contestataire. Elles font partie de ce qu’est une grève, un blocage, une pétition ou une manifestation. Ils partagent également un savoir minimal sur ce que sont les motifs d’action disponibles au moment présent. Les uns, à certains moments, « croient à fond » à ces motifs. D’autres on le verra, comme Kevin du lycée Zola, faiblement politisé, en jouent pour « s’amuser ». D’autres encore, comme Aylan, savent que la réussite du mouvement nécessite l’aide des élèves raisonnant comme Kevin. Cette dernière position est la plus répandue chez les participants les plus actifs : chez Zina et Emma entre autres, on entend des dénonciations de ceux « qui sont juste là pour sécher » ou qui « ne savent pas de quoi ils parlent », mais toujours avec une relative sympathie. Une empathie aussi, qui apparaît d’autant moins surprenante que l’on peut observer chez une même personne la cohabitation simultanée, quelques fois confuse et à demi avouée, de différentes motivations et formes de réflexivité106. Il arrive cependant que cette cohabitation entre différents niveaux de réflexivité génère des tensions, comme lors des premiers contacts entre Zina et Aylan, deux acteurs centraux de la mobilisation du lycée Zola qui ne se connaissaient pas avant. Alors que la première tente de mobiliser des lycéens sur des aspects ludiques, le second y voit « des conneries » :

« Ça a vite été un peu froid avec elle. Le premier jour où je l’ai vue […] le premier jour où on a bloqué, elle a voulu parler, je lui ai dit “écoute, bah si tu veux parler, parle”. Et le truc, c’est qu’elle a un peu dit que des conneries en disant “ouais, venez à la JC, y a du shit, y a de la boisson, c’est super”. Et je lui ai dit que c’est pas comme ça qu’il fallait ramener les gens… […] C’est de là, après, on s’est un peu embrouillés, bah…

104 Bien que des usages aussi réflexifs des normes et règles s’observent aussi dans les conjonctures plus ordinaires.

Jean-Daniel REYNAUD, Les règles du jeu. L’action collective et la régulation sociale, Paris, Armand Colin, 1989.

105 Erving GOFFMAN, Les cadres de l’expérience, Paris, Minuit, 1991, p. 49-92.

106 Voir la « scotomisation » ou dénégation de certaines motivations évoquée par Daniel Gaxie lorsqu’il traite de

l’articulation entre l’engagement enchanté et la recherche de rétributions : « Rétributions du militantisme et paradoxes de l’action collective », Revue suisse de science politique, Vol. 11, n° 1, 2005, p. 169-174.

elle a voulu avoir une place de leader, moi personnellement, j’m’en foutais de parler ou pas… […] On s’est un peu frités, mais après c’est rentré dans l’ordre et après on a pu construire des blocus ».

L’observation vaut aussi pour l’expérience de Bercy. Outre mon propre cas, qu’on pourrait suspecter d’être particulièrement atypique, on trouve celui de José et Francis. Tous les deux sont attachés à la cause centrale de la mobilisation (empêcher la destruction du spot de Bercy) mais voient d’autres intérêts à en tirer, comme on l’a vu plus haut. Ils ont un autre point commun : lors de mes premières conversations avec chacun dans le cadre de l’expérience, tous les deux, séparément, m’ont dit qu’il faudra faire appel à Jacques, responsable local d’une fédération qui « n’en a rien à foutre du street » mais qui a des contacts avec la mairie, nous aidera à nous faire connaître et en profitera pour « gratter des subventions ». L’intuition s’avère juste. C’est par Jacques que se font les premières prises de contact avec la mairie de Paris et les institutions responsables du projet de rénovation du POPB. Lors d’une discussion informelle, Jacques admet auprès de moi qu’il ne s’intéresse « pas plus que ça » à Bercy et que pour lui, il est surtout question de « reconnaissance du roller par les politiques ». Un autre intérêt manifestement recherché par Jacques est sa légitimation dans le « monde du roller » : l’investissement dans l’affaire du POPB est aussi un rapprochement avec une partie de ce monde dont il est « éloigné » 107 malgré ses responsabilités. José me prodigue

aussi des conseils avant que je ne rencontre pour la première fois Eddy, responsable d’une association : « voilà ce qui l’intéressera. Faut lui parler de […] pour qu’il ait une raison de nous aider. Sinon, si nous on est dans le projet, ils feront un projet parallèle, on n’est pas potes avec eux ». D’après José, Eddy peut être un allié de poids, « il a fait chier pas mal d’élus, mais c’est un enculé. Lui, il prétend tout représenter mais il s’en fout du roller et du vélo. C’est que le skate. Il veut tout contrôler ». Sur un projet passé, Eddy « se disait le représentant des sports de glisse de la capitale. Avec lui, t’es plus maître de ton projet. […] Si t’avais des idées, c’est ses idées après. Ou t’es avec lui, ou t’es contre lui ». Les intuitions sont cette fois moins fécondes : Eddy s’avère finalement peu intéressé par la mobilisation. Je comprendrai ultérieurement qu’il s’est « assagi » dans ses contacts avec la mairie, celle-ci subventionnant son association, dans laquelle il emploie depuis peu plusieurs salariés.

Le cas des émeutes amène aussi à voir, dans le déclencheur qu’est la mort de jeunes mettant en cause des policiers, un point de coordination consciente, faisant converger les actions d’individus aux préoccupations très diverses. Le dépouillement du quotidien Le Progrès montre que, dès les années 1980, une tension entre deux analyses devient le lot commun du traitement médiatique des

107 Je reprends ici des termes de Francis. Les relations entre les univers liés aux différentes disciplines se pratiquant sur

des rollers sont faibles voire inexistantes. L’expression « monde du roller » ne doit donc pas être comprise comme un concept ou comme une validation de l’existence d’un champ du roller.

« émeutes de banlieues » :

– On trouve d’un côté un message politique supposé (à tort ou à raison) porté par les émeutes, qui ne peut être ignoré ni par les acteurs institutionnels ni, dans leurs calculs, par les personnes y prenant part. Cela même si cette dimension politique se construit paradoxalement dans un processus où elle est constamment mise en cause au profit de nombreuses intentions délictuelles prêtées aux acteurs. Ce message se voit fréquemment reapproprié par des « jeunes » interviewés sur les lieux les jours suivant les violences collectives.

– D’un autre côté, des analyses et indices soulignent l’extrême diversité des motivations : volontés de chasser la police des lieux de trafics, ras-le-bol des conditions de vie et du harcèlement policier, sincère colère liée à la mort d’une connaissance… Des articles évoquent aussi la présence possible d’« agitateurs d’extrême gauche » ou encore, thèse trouvée ça et là, d’individus cagoulés liés à des organisations d’extrême droite et souhaitant véhiculer une mauvaise image de la jeunesse issue de l’immigration. Peu d’indices permettent de valider ces deux dernières options, si ce n’est quelques témoins affirmant que « ce ne sont pas des gens de la cité » qui ont fait tel saccage. Mais pour ce qui est des précédentes, il est vraisemblable, comme pour les autres mobilisations étudiées, que plusieurs formes de calculs et de motivations très différentes cohabitent en toute conscience.

Outre l’absence de signes de corrélation entre la proximité avec le défunt et la participation à la révolte violente, un indice en particulier soutient cette thèse. Houcine, que j’ai rencontré à des fins exploratoires avant de débuter mon dépouillement d’archives sur les émeutes affirme avoir été présent sur les lieux d’une émeute relativement récente, connaître personnellement une partie des participants et avoir été arrêté par la police un peu plus tard, suite à un témoignage calomnieux

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