• Aucun résultat trouvé

3. LE CHOIX DU MODÈLE CONCEPTUEL DE MOYRA ALLEN (1977) – RENOUVELÉ

3.3 Les composants originels du modèle conceptuel McGill en soins

Les concepts centraux du modèle McGill en soins infirmiers sont la santé, la famille, la collaboration et l'apprentissage (Gottlieb et Rowat, 1987). Nous allons identifier chacun de ces concepts.

3.3.1 La santé

La santé est au cœur de ce modèle. Le concept de santé est défini dans la charte de l’OMS de 1946 comme un état de complet bien-être, physique, mental, social et pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités.42

42 Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la

Si cette définition est toujours en vigueur depuis 1946, elle a subi des évolutions notables. Moyra Allen est l’une des auteures qui a contribué à la faire évoluer au titre de la philosophie des soins infirmiers.

Pour Moyra Allen, l’absence de maladie n’a aucune signification propre (Pepin et al., 2010). La santé et la maladie sont des entités distinctes qui coexistent. La santé est un processus social comprenant des attributs interpersonnels et des processus d’apprentissage (Ibid.). Avec cette conception, le but des soins infirmiers est la promotion de la santé, soit le maintien, le renforcement et le développement de la santé de la famille et de ses membres (Birot et al., 2005).

L’intervention infirmière s’oriente vers les forces, les atouts et le potentiel des personnes/familles plutôt que sur leurs limites et déficits (Gottlieb et Rowat, 1987). C’est une des caractéristiques fondamentales du modèle McGill en soins infirmiers. C’est ce que nous nous proposons de mettre en évidence.

3.3.2 La famille

La famille est la cible des soins infirmiers selon le modèle McGill (Gottlieb et Rowat, 1987).

La personne en tant qu’entité humaine est entendue comme faisant partie intégrante d’une famille où il existe un réseau d’influence réciproque (Kenneth Wright et Pugnaire Gros, 2012).

C'est pour illustrer cette perspective systémique que Malo, Côté, Giguère et O’Reilly (1998) utilisent l'expression “ personne/famille ”. Dans ce cadre, la personne et la famille constituent des systèmes ouverts en interrelation continuelle entre-eux, ainsi qu’avec l’environnement. Lorsqu’un changement intervient dans un de ces systèmes, cela enclenche des modifications dans les autres systèmes et dans leurs interrelations (Girard et Lafaille, 2006). Ceci est un emprunt direct au modèle dit écosystémique et originalement (Bronfenbrenner, 1977) dit écologique du développement.

La personne est entendue comme ayant la capacité d’apprendre de ses expériences, d’atteindre ses objectifs et de s’adapter aux situations nouvelles. L’environnement est le contexte dans lequel la santé et les habitudes de santé sont par les représentants de 61 États. 1946 ; (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948.

apprises.

L’apprentissage se fait principalement au sein de la famille mais aussi dans des lieux et milieux divers, tels que l’école, l’hôpital et le lieu de travail (Pepin et

al., 2010). L’apprentissage de comportements de santé sont au centre du modèle.

La personne/famille est entendue comme un partenaire actif dans le processus de promotion de sa propre santé. À cette fin, l’interaction personne/famille et infirmière est caractérisée par la collaboration, la négociation et la coordination (Ibid.).

Cette collaboration implique que l'infirmière partage ses connaissances et son pouvoir avec la personne/famille afin que celle-ci puisse déterminer ses forces et utiliser les ressources disponibles lui permettant de cibler ses besoins en matière d’apprentissage (Ibid).

Le rôle de l’infirmière devient celui d’un agent facilitateur ou mobilisateur pour que la personne développe des habiletés afin de résoudre le problème lié à la situation de santé (Girard et Lafaille, 2006).

Les processus d’apprentissage mobilisés sont le coping ou stratégie d’adaptation et le développement de la famille et de ses membres par une participation active au maintien et au recouvrement de la santé (Pepin et al., 2010).

Lazarus et Folkman (1984) In Paulhan (1992) mettent en évidence que le

coping désigne un ensemble de processus défini comme suit : « Ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources de l'individu » (p. 545).

Adapté au modèle McGill en soins infirmiers, le coping est entendu comme la résolution de problèmes et non pas la diminution de tensions (Girard et Lafaille, 2006). Quant au développement, il est orienté par l’atteinte des buts de la personne ou de la famille vers leur accomplissement personnel. C’est l’empowerment ou appropriation de capacités à faire face à la situation (Pepin et

3.3.3 Une méthode : la collaboration et l’apprentissage

L’apprentissage de comportements de santé est au cœur de ce modèle. Le rôle de l’infirmière se situe dans un axe partenarial avec la personne-famille pour que celle-ci puisse travailler à la mobilisation de comportements favorables à sa santé.

L’objet consiste à remédier à la situation de santé qui le nécessite dans une dynamique de concertation et de négociation et en accord avec les valeurs de la personne-famille. Dans ce cadre, le modèle McGill en soins infirmiers se décline par une application pratique de la démarche de soins adaptée aux concepts qui jalonnent le modèle.

La démarche de soins est entendue comme un processus décisionnel à partir duquel l’infirmière sélectionne les données qu’elle a recueillies, les analyse, émet des hypothèses diagnostiques, les vérifie, intervient, évalue ses interventions et en planifie d'autres à venir. La démarche de soins infirmiers selon le modèle McGill met en œuvre ces différentes étapes.

Or, celles-ci ne peuvent être linéaires et statiques car chacune des étapes est négociée avec la personne/famille. De fait chaque rencontre avec la personne/famille peut amener des éléments de réévaluation (Malo et al., 1998).

À ce titre, le modèle McGill en soins infirmiers se distingue du cadre traditionnel de la démarche de soins entendue comme des interventions prévues, précises et ordonnées (Ibid.), pour s’adapter à la complexité de toute situation dans une approche environnementale mais aussi duelle entre l’infirmière et la personne/famille.

Par ailleurs, les étapes d’intervention de l’infirmière doivent être cohérentes avec les concepts d’apprentissage promulgués par le modèle (Girard et Lafaille, 2006). Ainsi, la personne/famille et l’infirmière doivent convenir d’une définition commune de la situation sous la forme d’une hypothèse consensuelle.

Par la suite, les objectifs à atteindre se doivent d’être négociés à court, moyen et long terme pour être énoncés dans le plan thérapeutique infirmier.

L’infirmière répartit ensuite les interventions dans le temps et choisit le moment propice en accord avec la personne/famille pour réaliser le plan thérapeutique infirmier.

Dans ce cadre, l’infirmière utilise comme stratégies d’intervention (Ibid.) : la négociation qui vise le partage de la responsabilité entre l’infirmière et la personne/famille ; le recadrage qui vise un changement de perception notamment vis-à-vis de l’efficacité personnelle de la personne/famille ; les pratiques de

coping , d’empowerment et de modeling (processus qui visent l’apprentissage de

nouvelles habiletés soit par observation ou en forme symbolique) (Girard et Lafaille, 2006).

Enfin, l’infirmière évalue les actions menées par la personne/famille en regard du plan thérapeutique infirmier initial. Chaque partenaire expose les ajustements à effectuer pour qu’il y ait implication de part et d’autre.

Cette démarche est continuelle car à chaque intervention réalisée auprès de la personne/famille, il y a de nouvelles explorations permettant l’ajustement du plan thérapeutique (Ibid.).

En conclusion, la démarche de soins mobilisée sous l’angle du modèle McGill en soins infirmiers demande une interaction permanente entre la personne/famille et l’infirmière. Cette dernière reconnaît les connaissances et les habiletés de la personne/famille et en tient compte pour l’accompagner dans ses expériences de santé (Pepin et al., 2010). C’est un travail exercé en complémentarité réciproque. Dans le prolongement du modèle McGill en soins infirmiers, Gottlieb et Gottlieb (2007) évoque la notion de partenariat de collaboration. Nous y reviendrons par la suite. Cette approche a pour visée de guider l’infirmière sur la manière de prodiguer ses soins. Pour ces auteures, la notion de partenariat de collaboration s’apparente « à la relation de réciprocité, à la relation d’autodétermination, à la pratique participative et à la relation de mutualité » (Ibid., p. 5). Cette approche se traduit par le partage du pouvoir de connaissances, d’expériences ou d’expertises ; la poursuite d’objectifs centrés sur la personne/famille et conjointement établis ; le déclenchement d’un processus dynamique identique à la démarche de soins qui nécessite la participation de tous les partenaires (Ibid., p. 9). Cette conception a fait l’objet de nombreuses études avec des méthodologies multiples tant auprès des personnes/familles, que des soignants. Il s’avère que le partenariat de collaboration est une approche complexe et multifactorielle. Dans cette perspective, Denis (1990) met en évidence « qu’il semble important que les infirmières appuient les personnes qui désirent participer à la prise de décision mais aussi qu’elles soulagent de cette responsabilité les

personnes pour lesquelles le processus serait trop pénible » (p. 166). Il s’avère que dans certaines situations la personne/famille souhaite maîtriser le processus décisionnel et pour d’autres non. Ainsi les malades qui deviennent acteurs dans leur projet de vie, discernent eux-mêmes les changements à opérer et mettent en place les stratégies nécessaires. À ce titre, l’infirmière joue ce rôle de partenaire de collaboration à type d’accompagnement et de renforcement positif.