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Outre la maîtrise de l’écrit, le développement de la littératie nécessite le développement de différentes fonctions cognitives, impliquées dans la mise en œuvre des compétences clés. Aussi, les compétences clés en calcul, informatique, repères spatio-temporels et raisonnement logique, quoiqu’elles soient travaillées de la manière la plus intégrée possible aux objectifs langagiers, apparaissent explicitement dans les objectifs de notre programme de formation.

3.4.1. Compétences en calcul

Les AVS peuvent parfois être amenés à réaliser des opérations mathématiques dans l’exercice de leur profession : dosage de produits, calcul de ration alimentaire, budget familial et éventuellement comptabilité professionnelle s’ils travaillent de « gré à gré » en indépendants. Ces compétences font bien appel à la maîtrise des 4 opérations, des outils de mesure (volumes et masses notamment) et des systèmes de conversion, des notions de proportionnalité.

Dans la première étape, il s’agit d’abord de savoir-faire avant de pouvoir savoir-écrire : pouvoir dénombrer et compter, savoir utiliser les 4 opérations, savoir utiliser des mesures et les enregistrer, les transposer dans un tableau de conversion (pour le volume et le poids tout particulièrement, comprendre les relations logiques d’infériorité, de supériorité et de proportionnalité. Lors d’une scolarité initiale, les concepts mathématiques sont instillés très progressivement et par une phase ludique importante (représentations iconographique et exemplification très concrète) avant de combiner les processus et de recourir aux systèmes symboliques devenus naturels pour des lettrés (les signes + / - = % > < …, la mise en espace des opérations, les fractions, les unités de mesures ml, cl, dl, l… par exemple). Les raisonnements mathématiques, les apprentissages seront donc stabilisés à l’oral ou par des systèmes graphiques pour permettre de mieux envisager la transcription et l’explicitation par écrit des calculs en arithmétique simple.

Dans la seconde étape, les points travaillés lors de l’Etape 1 sont repris et développés. Les nouveaux entrants auront vraisemblablement en principe tous été scolarisés, ils auront donc (en

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principe) déjà des notions mathématiques, sans doute éparses et ce travail vise à travailler ou rappeler des compétences clés en calcul afin de ne léser personne. Il n’y a pas à craindre d’ennuyer les apprenants du premier groupe, ils éprouveront certainement la nécessité de faire retour sur des apprentissages encore très fragiles. Outre la maîtrise des 4 opérations, seront approfondis les notions de géométrie (les figures, la symétrie) et surtout la proportionnalité et les pourcentages.

3.4.2. Compétences en informatique

La profession d’AVS ne fait pas en soi appel à des compétences informatiques poussées pourtant son utilisation est aujourd’hui socialement rendue nécessaire dans la communication interpersonnelle, la recherche d’emploi et les formalités administratives (CAF, impôts…) notamment. En outre, la formation professionnelle demande de pouvoir être à l’aise dans le traitement de texte avec l’exigence de rendre des textes dactylographiés pour certaines épreuves du DEAVS et implicitement d’être à l’aise avec la recherche documentaire.

Comme le souligne l’AEFTI, « l’entrée dans la société de l’informatisation modifie le rapport au temps, à l’espace, au travail, en même temps qu’elle met la barre des connaissances à un niveau supérieur. Dans ce cadre, il revient à la formation de proposer un système de régulation permettant ainsi, à tous de disposer des connaissances nécessaires pour l’accès ou le retour à un état normal, codifié, réglementé, bref, de lui redonner une place de citoyen dans la complexe société française. » Le travail des compétences clés en informatique consiste d’abord et avant tout en une autonomisation de l’apprenant dans le recours à cet outil sans travailler de points techniques très poussés, la connaissance du logiciel Excel pourrait évidemment être utile à certains futurs AVS travaillant en indépendant pour la gestion de leur budget professionnel ou pour gérer les budgets familiaux de certaines personnes aidées. Néanmoins, cela ne constitue pas un besoin impérieux pour l’ensemble des professionnels du domaine et il n’est pas question d’être exhaustif dans la maîtrise de l’ensemble des compétences que pourrait posséder l’AVS idéal, parfait et accompli. Aussi opère-t-on des choix : le travail de la gestion d’une boîte mail, de la recherche documentaire et du traitement de texte ont été privilégiés.

La première étape introduit ces compétences et la seconde les développe en rationnalisant les pratiques (manipulation de l’envoi et de la réception de messages et pièces jointes puis gestion de ses contacts, dossiers…/ utiliser un moteur de recherche – choisir un mot clé de manière guidée puis peu à peu affiner la pertinence des recherches, sélectionner les propositions faites par le moteur de recherche de manière autonome). La progression proposée s’inspire du RCCSP, partant des compétences de réalisation vers la prise d’initiative. L’appropriation de l’outil d’un point de vue technique (allumer et éteindre l’ordinateur, identifier les commandes et applications disponibles, créer et enregistrer documents et dossiers) et ergonomiques (utiliser le clavier, la souris et le curseur, se repérer dans les pages, les onglets) font l’objet de séances préalables au travail des compétences d’interaction (utiliser une messagerie internet, donner son avis sur un forum, participer à un blog).

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3.4.3. Repérage dans l’espace et le temps

Outre le fait d’être capable d’organiser son propre temps et espace de travail, l’AVS peut être amené à travailler auprès de personnes amnésiques ou dont les facultés cognitives s’amenuisent. Ils doivent alors non seulement pallier à ces déficiences pour la vie quotidienne mais surtout proposer des outils pour limiter cette évolution dégénérative de pertes de repères dans l’espace et le temps. Cette posture d’aidant exige une excellente maîtrise de ces compétences clés.

Ce domaine est surtout travaillé de manière explicite dans la première partie pour remédier d’emblée aux plus lourdes difficultés : se repérer – situer deux points sur un plan, savoir lire et utiliser un tableau à double entrée, ou la représentation linéaire du temps sont abordés dès les trois premières unités. Ensuite les compétences de repérage dans l’espace, telles que décrites dans le référentiel du CCSP adapté pour la profession d’AVS, sont travaillées de manière plus implicite tout au long des mises en situation de type professionnel de la première et de la seconde étape (à travers le travail de réalisation de schémas ou dans la mise en forme et en espace de ses notes, dans le travail sur l’accompagnement de Mme Thévenon à la prise de médicaments, ou à la gestion de ses rendez-vous par exemple et sur les analyses synchroniques ou diachroniques des situations des Personnes Aidées dans la seconde étape.

3.4.4. Compétences de raisonnement logiques

Le raisonnement logique est capital dans une profession où il convient d’interpréter et de proposer des explications à des évolutions dans la santé morale et physique d’une personne, définir des objectifs, évaluer leurs congruences avec les actions menées, pouvoir discuter et nuancer des propos auprès des collègues et surtout auprès des Personnes Aidées et de leurs parents ou aidants naturels. Les AVS doivent ainsi pouvoir précisément nommer des causes et des effets, exprimer des buts, faire des concessions.

Lors de la première étape de formation, la maîtrise des relations logiques n’est jamais travaillée pour elle-même néanmoins le travail des compétences en calcul et tout particulièrement la résolution de problèmes doit conduire au développement de ces facultés logiques. Pour Nadja Maria Acioly-Régnier (1997), l’arithmétique formelle constitue un « amplificateur culturel » puisqu’elle accroit les capacités des processus de pensée de ceux qui les emploient. Le fait d’entrer dans des systèmes symboliques abstraits peut servir l’ensemble des apprentissages et étayer le travail des compétences langagières. Le travail de résolution de problèmes est progressif, à travers d’abord la reconnaissance d’opérations adéquates aux problèmes posées puis dans le choix autonome des opérations à mener pour résoudre le problème et surtout l’explicitation de la démarche. L'étude d'un problème de mathématiques nécessite une réflexion, préalable à toute recherche, sur le contenu de l'énoncé. Il convient d'abord de discerner avec précision quelle est la question posée, puis quels sont les renseignements qui permettront de démontrer le résultat cherché à partir des hypothèses données. Cela nécessite un raisonnement clair et logique, et une expression rigoureuse et précise. En effet, ce n’est pas tant le vocable des connecteurs logiques qui importe, les apprenants en connaissent beaucoup, au moins dans un répertoire passif, mais leur emploi est souvent peu pertinent ou peu efficace. Il est donc indispensable de les mettre en situation d’énoncer les relations, non de pratiquer des exercices structuraux de répétitions ou d’apprentissage des variations de connecteurs logiques pour l’expression du but qui font en outre souvent appel au subjonctif, qui ne sera abordé qu’à la fin du premier volet de formation. Ca n’est pas tant le soin apporté à la forme qui importe que la maîtrise des relations sous-jacentes qui nécessitent les hypothèses, les inférences, la déduction…

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Outre le travail des compétences mathématiques, nous proposons ainsi de travailler à l’aide d’énigmes et de devinettes qui pourraient être instaurées comme un rituel ludique avec Mme Thévenon et qui deviendrait de fait un rituel de classe. Nous donnons également quelques pistes pour exploiter ces petits problèmes de logique mettant en jeux les divers rouages du raisonnement et de la logique mathématique dans un contexte «peu mathématisé». Les connecteurs logiques seront appréhendés dès la première étape de formation, et travaillé de manière isolée ou complémentaire (cause / conséquence, relation de condition, de temps, d’énumération…). Dans la seconde étape de formation en revanche, on tâchera de soigner la forme et les relations logiques seront travaillées dans l’utilisation nuancée des connecteurs logiques. Les apprenants seront amenés à identifier les relations logiques à l’œuvre, et à les distinguer dans leur proximité sur la base des relations et des fonctions sémantiques mais également sur la base de la nature du connecteur lui-même (verbe, adjectif, superlatif, substantif).