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Climat scolaire et éventuelles situations de contestation du principe de laïcité

Enquête sur le respect du principe de laïcité à l’Ecole

3. Climat scolaire et éventuelles situations de contestation du principe de laïcité

Au-delà du respect de la loi du 15 mars 2004, l’adhésion à la laïcité de l’école passe par d’autres vecteurs, celui de l’acceptation des enseignements et de leur contenu, des règles de vie commune à l’intérieur des établissements, de la participation à des activités périscolaires. Les trois dernières questions de l’enquête portaient sur ces points et les réponses sont venues confirmer ce qui a été observé sur la loi du 15 mars 2004 : les contestations sont le plus souvent marginales quoique parfois virulentes, elles se règlent le plus souvent par le dialogue. Si l’ensemble des académies répondent que le climat scolaire est globalement apaisé et que les tensions, quand elles existent, sont maîtrisées, plusieurs font état de la nécessité d’exercer une vigilance particulière pour éviter la diffusion de problèmes jusque là circonscrits.

Question 8: Des enseignements font-ils l’objet de contestations et certains élèves ont-ils tenté de s’y soustraire ? Le cas échéant, pouvez-vous donner des exemples précis des formes prises par cette contestation et des enseignements concernés (faits religieux, laïcité, éducation physique et sportive, etc.) ?

Question 9: Des incidents liées à la contestation du principe de laïcité se produisent-ils dans les écoles et établissements de votre académie, par exemple autour des questions de restauration scolaire ou de sorties scolaires ? Le cas échéant, dans quelle proportion ces contestations se manifestent-elles et quelles formes prennent-elles ?

Question 10: Le climat scolaire des écoles et établissements de votre académie vous semble-t-il apaisé autour de la laïcité ? A l’inverse, quels sont les principaux motifs d’inquiétude et points de tension existants ?

Les enseignements contestés

Globalement rares, présentées comme marginales ou très localisées, les contestations de certains enseignements sont par exemple, dans une académie, signalées dans des établissements de l’éducation prioritaire. Dans une autre académie au contraire, sans que le profil socio-économique des établissements soit nécessairement mis en cause, un seul département, signale des contestations en nombre significatif. Le plus généralement, il est dit que les contestations sont gérées par l’intervention des chefs d’établissements et sans conséquence grave.

Parmi les enseignements contestés, on relève :

Qle fait religieux: refus de visiter des édifices religieux, avec parfois des incivilités signalées ; refus de suivre un cours sur l’Islam ou un cours de français utilisant comme support la Bible ; refus de participer à une sortie à l’Institut du Monde Arabe, pour citer quelques exemples. Parfois, la contestation de cet enseignement se fonde sur le caractère laïque de l’Etat français, qui en accordant la liberté de conscience exclurait le principe même d’un enseignement du fait religieux.

Les réponses des académies font état du fait que ces contestations s’ajoutent aux difficultés que rencontrent les enseignants à dispenser ces enseignements.

Qla musique : Plusieurs académies signalent le refus de chanter ou le refus de souffler dans un instrument à vent ;

Ql’éducation physique et sportive: l’exemple de la natation est très souvent cité, certaines jeunes filles bénéficiant de certificats de complaisance ;

Ql’éducation à lasexualité;

Ql’histoire del’évolution(en cours de SVT) ;

Qlegénocide arménienet laShoahsont également cités.

En marge de la contestation des enseignements, plusieurs académies font état d’un absentéisme non justifié le vendredi après-midi ou le samedi matin, du refus de composer le samedi et aussi de la participation aux « journées de retrait de l’école » qui, bien que ne n’ayant touché que certaines parties de certaines académies, ont eu un impact auprès de certaines communautés.

Les sorties scolaires

Les principales difficultés évoquées dans les réponses concernent les classes transplantées, à l’instar d’une académie qui indique que les filles sont principalement touchées. Quelques académies citent également des refus de participation à des sorties au cinéma.

Sur la question particulière desmères accompagnatrices voilées, plusieurs académies y font référence mais ici encore, les réponses apportées témoignent de la prudence et du bon sens qui prévalent dans la résolution des conflits. Une académie cite par exemple le cas de l’intervention d’un IEN auprès d’une directrice d’école qui interdisait à une mère portant un foulard sur la tête d’accompagner une sortie.

RA P P O R T A N N U E L D E LO B S E R V A T O I R E D E L A L A Ï C I T É 2 0 1 3 - 2 0 1 4

Cette prudence et ce bon sens poursuivent deux objectifs, celui demaintenir le dialogue avec les familles d’une part, celui de ne pas hypothéquer la possibilité d’organiser dessorties jugées très nécessaires pour ouvrir certains publics scolaires sur l’extérieurd’autre part. A cet égard, une académie fait remarquer qu’il est difficile, dans certaines écoles, de trouver des mères non voilées et susceptibles d’accompagner des sorties. Une autre académie indique, quant à elle, qu’il est proposé aux mères voilées de participer à d’autres activités, afin d’éviter qu’elles ne se sentent exclues en cas de refus d’accompagner une sortie.

Comme dans le cas des contestations de la loi de 2004, les incidents sont souvent marquants quand des acteurs extérieurs apportent un soutien aux parents. Ce fut le cas dans un département, où le « collectif contre l’islamophobie » est intervenu. La réponse apportée par l’institution fut alors celle d’un travail école par école, pour ne pas rompre avec les familles.

Restauration scolaire

Le cas de la restauration scolaire est souvent cité dans les réponses : l’instauration d’un menu unique, présenté comme répondant à un souci d’économie, a par exemple été dénoncé comme une discrimination à l’encontre des élèves musulmans dans un établissement d’une académie. Dans une autre académie, on fait état de quelques rares demandes de repas spécifiques, acceptées ou refusées selon les cas. Ailleurs, on rapporte des refus de viande le vendredi par les élèves catholiques ou encore le fait que des enfants ne sont inscrits à la cantine que les jours où est servi du poisson. Mais, le plus souvent, les académies indiquent qu’une offre de menus répondant à la diversité culturelle des élèves prévaut et que les problèmes sont ainsi très circonscrits.

A plusieurs reprises sont cités, dans le primaire, des incidents autour des bonbons contenant de la gélatine de porc et proposés lors des anniversaires, sans plus de développement.

Un climat scolaire apaisé mais des inquiétudes sur l’adhésion aux valeurs de la République Dans leur grande majorité, les académies font état d’un climat scolaire apaisé, même si quelques épisodes ont marqué les esprits et inquiété par leur radicalité. Si le climat est serein, c’est également avant tout parce que les personnels exercent une vigilance permanente et recherchent une résolution des conflits par le dialogue, avec la volonté de créer une culture commune partagée. Seule une académie mentionne le fait que peu d’établissements ont répondu à la dernière question et que seule la moitié des réponses fait état d’un climat apaisé.

S’il est présomptueux de tirer des conclusions de ces réponses, il importe cependant de dire ce que l’enquête révèle, au-delà de la seule question du respect de la laïcité. Ainsi, le lien a été fait, dans un certain nombre de réponses, entre lacontestation du principe de laïcité, le racisme, le sexisme et le repli communautaire. A plusieurs reprises, l’éducation à l’égalité et la transmission des valeurs de l’Ecole de la République ont été citées comme faisant l’objet de contestations. Une académie indique ainsi que les « journées de retrait de l’école » avaient été l’occasion d’exprimer un refus des valeurs portées par l’école et de la co-éducation, et rappelé la nécessité d’articuler le travail sur l’appropriation du principe de laïcité à un effort pour lutter contre les fractures sociales qui alimentent racisme, sexisme et repli sur soi. Plus inquiétant, une autre académie rapporte quela lutte pour que les jeunes filles participent à toutes les activités est quotidienne. L’hypothèque qui pèse parfois sur la scolarité des filles est confirmée par ce que rapporte également une académie, à savoir le souhait exprimé par certaines élèves de « vivre pleinement » leur religion et de renoncer à leur scolarisation faute de pouvoir la suivre voilée.

A cet égard, la Charte de la laïcité à l’Ecole, notamment dans son article 9, est un texte important pour porter la position de l’institution : « la laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre ». La première partie de l’enquête montre que sa diffusion a été unanimement saluée, que son appropriation et en cours et que sa pédagogie doit être poursuivie. Elle a permis d’entrer dans le dialogue avec les familles et les élèves en cas de contestation, ce n’est pas le moindre de ses mérites.

Bilan de la loi du 11 octobre 2010

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