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Avant de te présenter au Sandman Hotel, tu troques ton bleu de travail pour un pantalon de velours côtelé ajusté à tes hanches étroites et ta vieille redingote de bûcheron pour une chemise de coton clair rehaussée d’un veston tirant sur l’ocre. Il te faut aussi changer de chaussures ; les bottes avec lesquelles tu as cueilli le tabac ontarien et traversé les Prairies pourraient tenir le coup encore quelques mois, mais elles te trahiraient : leur cuir est bosselé – au moins deux de tes frères les ont portées avant toi – et taché de boue. Ton choix s’arrête sur des souliers à semelles compensées qui te grandiront de quelques centimètres. Devant la glace du café où tu fais plus tard ta toilette, tu prends soin de tailler finement la moustache que tu as laissée pousser en chemin. Ainsi ombragé, le dessin de tes lèvres te paraît moins candide ; tu pourras, penses-tu, désormais sourire sans qu’on soupçonne ton manque d’assurance. Qui sait, peut-être même le patron de l’hôtel te croira-t-il quand tu affirmeras avoir vingt et un an ? Tu regrettes que la pilosité de tes joues ne soit pas assez forte pour que tu t’autorises à porter aussi la barbe. Ça viendra,

comme le reste, te dis-tu en soupesant mentalement l’argent que te rapportera celui

dépensé pour tes nouveaux habits si tu réussis à décrocher le poste de waiter affiché à l’entrée du Sandman. Ne tient-il pas qu’à toi à faire fructifier tes avoirs ?

Monsieur Wright ne t’a pas offert l’emploi que tu convoitais ; il t’a plutôt proposé un travail de portier et de bagagiste, le temps de te faire la main avec la clientèle, d’apprivoiser les airs et l’esprit de la maison. Aux heures creuses, tu pourrais t’asseoir et

regarder George, le bartender, manœuvrer, avait-il fait valoir. Si tout se passait bien, dans un mois, tout au plus, tu serais autorisé à le seconder un soir ou deux par semaine, peut- être même te confierait-on le shift du dimanche après-midi. Ce n’était pas le scénario dont tu rêvais, mais tu étais prêt à t’en accommoder pour un temps. Le patron ne tarderait de toute manière pas à découvrir que tu apprends vite et qu’avec ton French accent, tes boucles noires et tes yeux clairs, un rien railleurs, tu as de quoi capter l’attention des dames, les inciter à s’attarder plus que de coutume au comptoir.

Pour le moment, ton rôle d’observateur te convient ; il te plaît même. Tous les soirs, entre dix-neuf et vingt et une heures, tu t’installes sur un des tabourets qui font face au bar et tu regardes les doigts effilés, invariablement gantés, de George soulever, puis tendre des verres – une leçon de souplesse pour toi qui aspires à te glisser bientôt dans la peau d’un autre. Tu mémorises les gestes, l’ordre dans lequel il les exécute, ainsi que la teinte et le nom des alcools, leurs combinaisons possibles. Rien ne t’échappe, surtout pas le nombre des billets en trop abandonnés aux mains expertes de ton mentor, que tu soupçonnes d’avoir été, dans une vie antérieure, banquier ou magicien. Le plaisir que tu prends à ses

tours ne s’émousse pas ; il ne fait qu’aiguiser la hâte que vienne enfin le tien. Monsieur

Wright a beau t’exhorter à la patience – maybe next week, Ryan, or the one after –, tu n’as pas l’intention de croupir longtemps dans le hall, en proie aux courants d’air, du Sandman, aussi chics que soient ses clients.

LA PEÑITA

29 octobre

Explorer le cimetière m’a remis en mémoire un cauchemar que j’avais fait enfant, à l’époque du voyage, et qui m’avait ensuite hantée. J’en garde un souvenir assez précis, tandis que de l’incident qui l’a, je crois, provoqué, il ne me reste qu’une vision : celle d’une route de terre battue entrevue après la tombée du jour aux confins d’un rest area ou d’un trailer park où nous n’aurions campé qu’une nuit, une piste plongée dans l’obscurité, ceinte par des fossés que j’imagine aujourd’hui profonds, tapissés de vase noire et de racines inextricables. Dans quelles circonstances m’étais-je retrouvée à l’orée de ce chemin, je l’ignore. J’avais dû échapper un instant à l’attention de ma mère à la sortie des douches communes et prendre la mauvaise direction en cherchant le sentier menant au site de notre motorhome. Je me souviens de m’être sentie dangereusement loin face à cette allée dépourvue de nom comme de lampadaires. Il me semble avoir été tentée, malgré ma frayeur, d’en explorer les ténèbres et être restée un moment en proie à ce désir, immobile, le souffle court, avant de m’enfuir à toutes jambes. Quand j’y repense, des images cauchemardesques affluent à ma mémoire. Dans ces réminiscences oniriques, je ne suis pas seule, une enfant m’accompagne, sans doute une fillette avec laquelle je m’étais, dans ce park ou un autre, passagèrement liée d’amitié. Nous marchons vers un point lumineux en bordure de la route. Des pores de la nuit suinte une tristesse qui colle à nos peaux comme la poix. Si ce n’était de cette lueur, d’où émergent peu à peu les contours d’une roulotte, l’endroit serait désert : nous avancerions sans autres repères que le gravier sous nos pieds et le corps tiède de l’amie, dont la proximité à

la fois nous rassurerait et nous ferait pleurer. Nous pensons à faire demi-tour ‒ nous avons cessé de parler ; j’ignore si c’est la fatigue ou la peur qui nous y a poussées, laquelle de nous s’est tue la première ‒, mais la pénombre dans laquelle baigne le chemin parcouru nous effraie.

De près, l’endroit ne me paraît pas si étranger : il me rappelle une caravane isolée où je passai, dans un autre camping, un après-midi à jouer aux dés avec des inconnues, vieilles femmes aux doigts lents. Il me semble, dans mon rêve et encore aujourd’hui, reconnaître la charpente frêle, négligée, les murs sable tachés de rouille, le jardin laissé, de même, à l’abandon, comme si ceux qui vivaient dans la roulotte n’en étaient plus sortis depuis des années, une étendue de jours indivisible en mois ou saisons. Quand elle s’était aperçue que mon absence se prolongeait de manière inhabituelle, ma mère était partie à ma recherche. Elle avait fait le tour du terrain en criant mon nom ; elle le criait toujours quand j’étais rentrée. Je ne l’avais pas entendue ni vu le jour descendre : les heures s’étaient écoulées sans heurts à la table où j’avais regardé les nombres se substituer les uns aux autres entre des mains froissées.

Une deuxième fenêtre s’éclaire à l’intérieur, nous permettant d’apercevoir l’homme qui garde l’entrée : son crâne et ses bras nus luisent dans l’obscurité, il porte le chandail à rayures des prisonniers imaginaires, tient entre ses mains un sabre, qu’il brandit haut, comme s’il s’apprêtait à l’enfoncer dans le coffre de verre devant lui, où repose

plonge au fond de mes yeux les siens. Une femme gémit au loin ; on balbutie des mots d’enfant. La porte de la roulotte s’entrebâille, une ombre se glisse dans l’ouverture, m’invite à la suivre. L’intérieur est étroit, encombré d’objets sales, délaissés : ustensiles tors, restes de nourriture et de porcelaines pâles, tombées. Une odeur rance, de soieries moites, oubliées au fond d’une armoire, imprègne les lieux ; l’obscurité y est presque aussi dense qu’au-dehors. Je distingue à peine les formes anguleuses du corps de mon hôtesse, l’éclat de ses yeux qui me prient d’approcher. Je bafouille qu’il y a quelqu’un

dehors, une fille captive du profond silence de la nuit, mais la femme referme la porte

derrière moi, presse sur ma bouche ses doigts osseux et m’attire un peu plus avant dans la pièce, près de l’évier où ont été entassées, au milieu d’ordures, d’éclats de figurines, quelques tasses, des assiettes. Après m’avoir donné une éponge imbibée de savon, montré le linge suspendu à un crochet, elle retourne à ses gémissements, dans un coin trop sombre pour que je puisse deviner les mots qui, de temps à autre, franchissent ses lèvres, y déceler les accents d’innocence ou de feinte.

Je mets un moment à rendre à la vaisselle sa blancheur, penchée sous la lumière jaune de l’ampoule ; l’eau dans laquelle trempent mes mains est aussi poisseuse que l’air qui transperce les murs, s’insinuant dans leurs fentes : elle donne au temps la consistance des gestes, condamnés à se répéter, qui font grandir la peur. Avant de remettre les tasses à leur place dans la pénombre glacée des armoires, j’épouse de la paume l’arrondi de leur forme, y emprisonne les restes d’une chaleur déjà presque perdue : je pense à l’enfant immobile tout près, à l’amie évanouie, à ce qui meurt en nous et qui n’a pas de nom.

Maintenant, je sais que ce cauchemar est lié au pressentiment d’un péril et que la menace qu’il exprime n’était pas imaginaire. Seulement, elle se manifestait sous la forme d’une énigme que je n’avais pas alors les moyens de déchiffrer. Je saisissais vaguement que s’abandonner pouvait être risqué, voire fatal, en certaines circonstances, mais j’ignorais quel nom portait le danger que je redoutais et sous quelle forme il se présenterait. Je me méfiais des hommes, de toi en premier lieu : tes yeux étaient fuyants, opaques, me semblait-il, ton sourire narquois, surtout quand il s’adressait à maman ou à moi. À cette époque, tu n’avais pourtant, à mon souvenir, posé aucun geste qui eût pu expliquer la retenue dont je faisais preuve à ton endroit, le manque de spontanéité avec lequel je répondais à tes marques d’affection, moi qui ne me lassais pas des chatouilles de maman ni de la douceur de sa peau, contre laquelle je me serais à toute heure lovée si elle me l’avait permis. À l’inverse, le frôlement de la tienne avait sur moi un effet répulsif que je m’efforçais, pour ne pas te blesser, de maîtriser. Je ne la confondais jamais avec la mienne quand nous jouions ; je n’aurais pas non plus été à même de la reconnaître les yeux clos : elle demeurait la peau d’un autre, presque d’un étranger. J’aurais préféré l’éviter, je crois, comme j’évitais de toucher les limaces que Day et moi découvrions lorsque nous soulevions les planches tombées dans l’herbe derrière le vieux hangar sur la terre de nos grands-parents. Nous aimions les voir ‒ elles nous faisaient pitié et nous fascinaient à la fois ‒ mais pas les manipuler, car leur corps dépourvu de squelette, l’empreinte visqueuse de sa trajectoire sur les lattes pourrissantes, nous répugnait. Ton enveloppe corporelle aussi me paraissait d’une nature incertaine ‒ la pulpe d’un fruit dont

chair frissonner, qu’elle se tasse sur mes os, comme pour se prémunir d’un contact sujet à lui faire perdre sa consistance.

Ma mémoire ne parvient à ressusciter qu’une scène relative aux événements qui ont failli, dans l’année suivant notre retour de voyage, rendre notre séparation définitive. Dans mon souvenir, l’incident a lieu dans cette maison construite à flanc de colline, loin du village, où nous n’avons pas vécu un an. J’étais alors en troisième année et Day à la maternelle. Les jours de congé, quand vous étiez occupés et que je n’avais pas envie de lire ni de jouer dehors avec mon frère, je regardais la télévision. Nous ne captions que deux chaînes. Sur l’une d’elles, on présentait, l’après-midi, des émissions américaines dans lesquelles les personnages étaient tous riches et séduisants. Ils vivaient dans de grandes villas surplombant des falaises, avec vue sur la mer, et portaient des vêtements élégants aux teintes vives. Ils avaient des secrets qu’ils ne devaient confier à personne ‒ surtout pas à celui ou celle dont ils étaient épris ‒, mais qu’ils finissaient par révéler, souvent malgré eux. Je comprenais mal ce qu’ils se murmuraient dans ces moments terribles, de quoi il retournait exactement. J’attendais les scènes de réconciliation, l’instant où les amants se blottiraient dans les bras l’un de l’autre, après s’être donné un long baiser. Je n’avais jamais vu deux adultes s’embrasser de cette manière : sur la bouche, avec une telle passion. Des années plus tard, maman me confia que même dans l’intimité et quand vous faisiez l’amour, tu évitais le contact de ses lèvres ; les quelques fois où elle avait voulu poser sa bouche sur la tienne, tu avais paru dégoûté. Dans ces téléromans, les hommes et les femmes semblaient au contraire impatients de se trouver seuls, et la première chose qu’ils faisaient alors était de s’étreindre. J’étais émue par la force de leur

attirance, subjuguée par la sensualité de leurs gestes empreints de gravité, comme on peut l’être par un paysage ‒ une forêt d’arbres centenaires, un ravin au fond duquel coule une eau cristalline ‒ dont on n’avait pas soupçonné l’existence. Un jour, tu es entré dans la pièce au moment où les protagonistes s’embrassaient et tu m’as demandé ce que je faisais là. Ne t’ayant pas entendu venir, j’ai sursauté. Tu semblais attendre une réponse, mais je ne comprenais pas le sens de ta question ni pourquoi tu me fixais avec cette expression étonnée et languide. J’ai éteint le téléviseur ‒ je n’avais plus envie de voir la fin ; ta présence me gênait ‒ et je suis montée dans ma chambre.

La fois suivante, les choses ont pris une autre tournure. J’ignore comment tu en es arrivé à poser les gestes que tu as posés ce jour-là, d’où venait la pulsion, si elle t’habitait depuis longtemps ou avait surgi d’un coup en toi, provoquée par ces images de corps que ta fille semblait prendre plaisir à voir s’enlacer. Avais-tu agi sous l’emprise d’un désir soudain, irrépressible, ou médité tes actes, attendant le moment propice pour saisir mon visage et le presser contre le tien ? Est-ce malgré toi que ta bouche s’ouvrit pour creuser la mienne ? Je ne pourrais dire combien de temps dura ce baiser, je sais seulement qu’il me parut long et qu’il me laissa coite et transie, sans plus de force pour remuer les bras, soulever les jambes, opposer une résistance, fuir.

Je ne pense pas avoir pleuré cet après-midi-là ni dans les jours qui ont suivi ; je ne me rappelle qu’un sentiment de vide et d’extrême faiblesse, puis de m’être souvenue avec

une des graines de la maman et s’y colle. Elle ne m’avait pas dit cependant où reposaient

ces mystérieuses semences dans l’organisme ni comment les parents faisaient pour qu’elles se rejoignent. Mon hypothèse était qu’elles se transmettaient par la salive, lorsque le père et la mère s’embrassaient sur la bouche, longuement, comme dans les téléromans.

Vous ne dormiez plus ensemble à cette époque, maman et toi. Elle t’avait abandonné le grand lit, où elle ne s’allongeait que lorsqu’elle te savait parti pour plusieurs jours – tu t’absentais de plus en plus souvent pour affaires. Au début, elle se contentait du divan quand tu étais à la maison ; elle avait toutefois fini par s’installer dans la chambre de Day, que sa peur du noir et des estraterresses empêchait depuis quelque temps de s’endormir par lui-même. Le jour aussi elle évitait, dans la mesure du possible, les pièces où tu t’attardais. Ton animosité envers elle ne s’en était pas pour autant amoindrie ; sa passivité semblait au contraire l’envenimer. On eût dit qu’elle n’avait plus l’énergie, ni même le désir, de se défendre contre tes sarcasmes, le mépris qui perçait désormais dans la moindre des paroles que tu lui adressais. Autrefois, quand tu prenais pour la critiquer ce ton faussement désinvolte, qui trahissait une satisfaction perverse, elle sortait de ses gonds, finissait par crier qu’elle en avait assez, jusque-là de toi et de cette vie sans queue

ni tête que par ta faute nous menions. Elle jurait de sacrer son camp, que si ça continuait,

tu ne lui verrais bientôt plus la face. Tu t’éloignais alors en silence ‒ tu la savais capable de frapper dans de tels moments ‒, le sourire aux lèvres, content d’avoir à nouveau atteint ta cible. D’une dispute à l’autre, je craignais toujours davantage que cela se termine dans les larmes ou le sang ; ce que je redoutais par-dessus tout, cependant, c’était que notre

mère parte comme elle promettait de le faire et ne revienne plus. Face à son absence, ta présence ne m’eût été d’aucun réconfort : je nous savais perdus sans elle. Mais elle ne mit pas ses menaces à exécution. Elle cessa plutôt de se fâcher. Tu crus d’abord qu’il s’agissait d’une vengeance ‒ elle feignait l’indifférence pour mieux te dominer ‒ et tu redoublas de méchanceté. La vérité, c’est qu’avec les années, ton arrogance avait eu raison de sa volonté et de sa colère. Cette dissolution la laissait exsangue : elle n’élevait plus le ton et ne terminait pas ses phrases ; sa voix était lasse, sans timbre, méconnaissable. Ses mains s’étaient mises à trembler ; elles étaient prises de soubresauts qui nous emplissaient d’épouvante, elle et moi. Je l’entendais sangloter la nuit dans la chambre de Day. J’aurais voulu, dans ces moments, qu’elle vienne s’allonger près de moi, ainsi j’aurais pu lui caresser les cheveux, et peut-être aurions-nous enfin trouvé le sommeil. Il m’est arrivé à quelques reprises de réclamer sa présence. Chaque fois, c’est toi qui avais répondu, m’invitant à traverser le couloir pour me glisser à tes côtés dans le grand lit. Je me répétais alors les mots de maman : j’étais une grande fille et les grandes filles sont fortes, elles n’ont peur ni du noir ni des ombres qui peuplent les rêves ; je pensais à Laura aussi, que le sommeil gagnait aussitôt que lui parvenait, softly through

the dark, la voix de sa mère au cœur des prairies.

Je sais que le baiser s’est reproduit et qu’il a été suivi d’autres gestes, mais je ne pourrais dire lesquels ni combien de fois ils ont eu lieu. Je ne pense pas avoir oublié, je crois plutôt que mon corps n’a pas voulu permettre à ces événements de s’imprégner en moi.

pour avoir, une fois au moins, l’occasion d’effleurer ta peau sans risquer la mienne que j’écris aujourd’hui ces pages ?

Et toi, est-ce à Calgary, auprès de monsieur Wright et de ses élégants et méticuleux employés, ou seulement quand tu abordas, au commencement de l’hiver 1968, les côtes de la Floride que tu pris conscience de l’étonnante plasticité de ton caractère ? Ce don a- t-il d’abord rebuté l’adolescent que tu étais : un garçon que j’imagine avoir, dans sa fuite, nourri l’espoir de se découvrir au bout du voyage un homme accompli, quelqu’un d’entier, à l’ossature inflexible ? Ou l’a-t-il au contraire rassuré ? As-tu cherché à