Chapitre 4 : Quels modèles de référence : la psychanalyse de groupe et l’enveloppe culturelle du
II. Cadre de la recherche et réflexion sur l’épistémologie de la méthodologie
mener notre étude auprès d’une population expatriée a émergé. Nous nous sommes donc attelé, dans un premier temps, à rencontrer des expatriés en France mais là encore, de nouvelles difficultés pratiques ont émergé. Tout d’abord, la question de la langue s’est à nouveau posé. En effet, les populations expatriées que nous souhaitions rencontrer ne parlaient pas forcément le français. Nous avons décidé alors de nous tourner vers la population expatriée française qui revenait pour les vacances. Cependant, nous avons constaté que cette population n’avait pas forcément le temps ni le désir de rencontrer quelqu’un dans ces moment‐là. En effet, le séjour étant souvent très cours, le temps est utilisé pour voir des proches ainsi que pour effectuer des démarches administratives. C’est ainsi que l’idée de partir à l’étranger pour rencontrer une population francophone expatriée s’est imposée. Dans ces conditions nous avons organisé un voyage de recherche afin de pouvoir recueillir notre matériel clinique. Nous allons à présent exposer le cadre particulier de cette recherche.
II.� Cadre de la recherche et réflexion sur l’épistémologie de la méthodologie
Comme nous l’avons évoqué lors de nos remarques préliminaires, cette recherche a nécessité un certain nombre de réaménagements. Ces changements ainsi que les conditions tout à fait particulières dans lesquelles nous sommes parti nécessitaient une réflexion en amont de notre cadre de recherche. Nous devions dans un premier temps, réfléchir à la mise en place de notre cadre interne à partir du peu d’études menées sur les effets psychiques dans l’expatriation. A cette première difficulté, est venue se rajouter la précarité du cadre externe. En effet, nous avons réalisé notre voyage de recherche sans l’aide d’une institution sur place, ce qui posait toute une série de questions sur les éléments de constitution de notre cadre.
II.1. Le voyage de recherche
Notre recueil de données s’est effectué lors d’un voyage de recherche en Chine auprès de la communauté expatriée française. Ce séjour s’est étalé sur une durée de 2 semaines. Nous avions dans un premier temps, voulu allonger la durée de ce voyage, mais des contraintes professionnelles nous en empêchaient. Dans ces conditions, nous nous devions d’organiser en amont nos entretiens en contactant les sujets avant notre départ. Le choix de la Chine a été décidé pour deux raisons. Premièrement ce pays a une culture très éloignée de la culture française. Il s’agissait donc d’une situation paradigmatique de décalage culturel. Deuxièmement nous avions un contact avec un
intermédiaire sur place. Une jeune psychologue française, intéressée par ces questions, habitait dans la ville de Chengdu depuis un peu plus d’un an. Elle a donc joué le rôle d’intermédiaire. II.2. L’intermédiaire Les contacts avec les expatriés sur place ont été en grande partie assurés dans un premier temps par l’intermédiaire de cette personne. Nous lui avons demandé de ne pas trop en dire sur la recherche. Elle avait ainsi pour consigne de dire que « nous étions doctorant en psychologie clinique à l’université et que nous faisais une thèse sur les répercussions psychologiques de l’expatriation ». Cette consigne, volontairement flou, avait pour but de ne pas induire de biais dans les réponses aux entretiens. Si les personnes contactées étaient intéressées l’intermédiaire pouvait nous donner leurs adresses mail pour que nous les contactions directement. Nous proposons ici de présenter ce mail car, pour nous, il fait partie intégrante du cadre de notre recherche. II.3. Contact des sujets Bonjour,
Je vous contacte de la part de … qui m’a donné votre adresse mail. Je mène actuellement une recherche en psychologie clinique pour l’université Paris 5 René Descartes sur l’expatriation et les répercussions psychiques de ce phénomène. Dans le cadre de cette étude, je serai présent à Chengdu du … au ….
Lors de ce voyage je souhaite vous rencontrer personnellement ainsi que d’autres expatriés francophones à Chengdu pour deux entretiens de recherche. Ces entretiens seront d’une durée d’environ 45 minutes chacun et seront enregistrés. Ces enregistrements ne seront utilisés qu’à des
fins de recherche et resterons strictement confidentiels et anonymes. Bien évidemment, je
m’engage à détruire ces enregistrements une fois la recherche terminée. Ces entretiens pourront se dérouler dans le lieu que vous souhaitez (bureau, habitation, café…) le seul élément important est qu’il s’agisse d’un endroit suffisamment calme pour ne pas être dérangé.
Si vous êtes d’accord pour me rencontrer, voilà comment je vous propose d’organiser les entretiens. Je vais rencontrer beaucoup de personnes lors de ce voyage de recherche et il faut donc que je puisse planifier la date et l’heure des rendez‐vous à l’avance. Je vous propose donc de me faire parvenir les différentes plages horaires (dates et heures) durant lesquelles vous seriez disponibles pour passer ces
entretiens. Une fois que vous m’aurez fait parvenir ces plages, je vous renverrai un mail pour confirmer les rendez‐vous.
Si vous êtes d’accord pourriez‐vous me donner votre réponse assez rapidement pour que je puisse m’organiser.
Je souhaite insister sur le fait que cette recherche s’inscrit dans un cadre universitaire et n’a pas de but lucratif. En outre, il s’agit avant tout de parler de votre expérience d’expatrié, il ne s’agit pas de juger vos réponses mais bien de mieux appréhender la façon dont vous pouvez vivre l’expatriation. Enfin, je m’engage à vous faire un retour des résultats une fois l’étude terminée, si vous le souhaitez.
J’espère avoir été suffisamment clair, toutefois, si vous avez la moindre question n’hésitez pas, je reste à votre disposition. Voici mes coordonnées téléphoniques … vous pouvez également me joindre par mail. En vous remerciant d’avance et dans l’attente de votre réponse. A très bientôt j’espère Bien cordialement Philippe DRWESKI Rappelons que ce mail constitue un élément essentiel dans l’élaboration du cadre que nous tentions de mettre en place lors de notre recherche. Sa rédaction pose plusieurs questions, et il est le résultat d’une réflexion à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il présente le cadre institutionnel dans lequel nous menions cette démarche, à savoir l’université, ainsi que les entretiens qui sont confidentiels et anonymes. Parmi les questions qui se posaient, celle du lieu était bien évidemment au centre des réflexions. En effet, Chengdu étant une grande ville et les sujets étant dispersés géographiquement, il était délicat de demander aux personnes intéressées, de venir à un endroit unique. Cette dispersion du lieu a été l’objet de réflexion mais il nous a semblé qu’à partir du moment où le cadre de la recherche et la finalité des entretiens était clairement définis, alors cette question posait moins de problèmes ; elle pouvait même être intégrée à notre réflexion clinique.
En effet, nous nous sommes rendu compte que le lieu du rendez‐vous n’était pas anodin. Nous avons ainsi pu observer trois types de lieux dans lesquels les personnes nous ont donné rendez‐vous : un café, ce qui donnait une tonalité plus neutre à l’entretien, à leur domicile, ce qui ouvrait l’espace de l’intimité, et, enfin, dans leur lieu de travail, qui donnait accès à la vie sociale du sujet. Sans nier les
avantages pratiques que pouvait représenter tel ou tel cadre d’entretien, il est évident que le lieu avait un effet sur l’entretien et la relation transféro‐contretransférentielle. II.4. La question du transfert et contre‐transfert II.4.1.Remarques épistémologiques préliminaires La question du transfert et du contre‐transfert est essentielle dans le cadre de cette recherche. Nous souhaiterions ici nous appuyer sur les réflexions très fécondes de Georges Devereux dans son ouvrage « De l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement »166. L’auteur considère que l’une des difficultés majeures des sciences du comportement tient au fait que le chercheur est pris dans son propre mouvement de contre‐transfert par rapport au matériel qu’il étudie. Face à ce phénomène impossible à nier, il ne doit pas chercher à supprimer ce phénomène, mais bien plus à le prendre en compte à toutes les étapes de sa recherche. Il indique que « puisque l’existence de l’observateur, son activité d’observation et ses angoisses produisent des déformations qui sont, non seulement techniquement mais aussi logiquement, impossibles à éliminer, toute méthodologie efficace en science du comportement doit traiter ces perturbations comme étant des données les plus significatives et les plus caractéristiques de la recherche dans cette science. Elle doit donc exploiter la subjectivité inhérente à toute observation en la considérant comme la voie royale vers une objectivité authentique plutôt que fictive ».167
Le risque que souligne Georges Devereux est de mettre en place une méthodologie d’apparence scientifique, mais qui ne serait qu’un simulacre venant masquer nos propres angoisses face au matériel. Pour éviter cet écueil, Georges Devereux propose l’analyse des différents éléments de la recherche tel que le cadre, lieu mais également les mouvements de transfert et de contre‐transfert. Dans cette perspective, nous proposons avant toute présentation de la méthodologie, une analyse de ces mouvements. II.4.2. Transfert L’ensemble de ces éléments ont eu une incidence sur les effets transférentiels dans la dynamique de l’entretien. Nous souhaiterions ici insister sur deux phénomènes qui nous ont semblé avoir des effets majeurs. Le premier élément concerne tout ce que nous avons décrit auparavant, à savoir le transfert ���������������������������������������������������������������������������������������������������������� ���������������
sur le cadre (lieu, intermédiaire) ; un deuxième type de transfert directement sur nous‐même, que nous avons pu ressentir à différents moments des entretiens. Nous étions l’incarnation de plusieurs représentations (psychologue, Français resté en France et chercheur). Nous avons pu en dénombrer trois spécifiques. La première concernait le signifiant « psychologue ». Lors des entretiens, nous nous sommes rapidement rendu compte, que pour certaines personnes, le rapport à ce signifiant menait à une position ambivalente. En effet, nous avons clairement ressenti de l’angoisse face à l’idée que nous pouvions « lire en eux » ou encore qu’ils étaient « fou ». En contrepartie, certains sujets évoquaient aussi de l’angoisse et un mal‐être par rapport à leur situation personnelle. Nous pensons ici au cas d’une jeune expatriée, Cécile qui, à la fin du deuxième entretien s’est effondrée en évoquant l’angoisse du retour en France dans quelques semaines. Le deuxième élément concernait la représentation de la recherche universitaire avec le conséquence d’être un objet d’étude intéressant ce qui pouvait être renarcissisant. Enfin, nous représentions également la France et, par là, ce qu’ils avaient laissé derrière eux. Pour certains, comme Julien par exemple, cela représentait des éléments clairement négatifs qu’il caractérisait notamment par un aspect trop « formel ». Un autre effet du transfert s’est révélé sur la question du vouvoiement. En effet, beaucoup de sujets souhaitaient nous tutoyer dès le début du premier entretien. Il nous a semblé, avec le recul, qu’il s’agissait là d’un effet de rapprochement caractéristique lorsqu’une communauté culturelle habite dans un pays étranger. Nous pensons ainsi que cela s’explique par la nécessité de se préserver sur le plan identitaire. D’une certaine façon, l’individu, se rapproche des personnes qui lui ressemblent pour conserver son identité, ce qui mène à un effet « d’aimant intersubjectif ». Nous entendons par ce terme cet effet de rapprochement avec les individus qui partagent la même culture dans un environnement étranger. II.4.3. Contre‐transfert Sur le plan du contre‐transfert nous avons également pu ressentir très clairement cette nécessité de rapprochement. La difficulté rencontrée à certains moments de rester dans notre rôle de chercheur est due à notre sens à un élément central de notre recherche. En effet, en allant voir les sujets sur le lieu de leur expatriation, nous nous « expatrions » nous‐même en vivant une expérience de décalage culturel. Nous expérimentions ce qu’ils avaient vécu avec des effets d’identification. Dès lors, nous avons pu ressentir des effets de flou au niveau des frontières et de la place que nous occupions.
II.5. Lieu et population de recherche II.5.1. Lieu �� La Chine Notre recueil de données s’est effectué en Chine. Depuis maintenant la fin des années 70 et le 11ème comité central du parti communiste chinois, en 1978, un revirement important au niveau économique s’est opéré dans ce pays. En effet, le concept « d’économie socialiste de marché » a émergé, conduisant à une intégration de plus en plus importante de la Chine dans l’économie mondiale. Elle représente aujourd’hui la deuxième puissance économique du monde ; c’est dans ce contexte que le nombre d’expatriés a explosé depuis les années 2000. Aujourd’hui il existe plus de 30 000 expatriés français en Chine (31 275 en 2015). Ils étaient 17185 en 2006, ce qui représente, en moins de 10 ans, une augmentation de 82%. Cette augmentation rapide souligne une tendance récente dans l’accueil d’étranger sur le territoire chinois.
�� Chengdu
La ville de Chengdu se situe dans la province du Sichuan. Cette ville d’environ 9,2 millions d’habitants, se trouve au cœur d’une nouvelle politique économique qui tente de développer la Chine intérieure après une période de croissance importante de la Chine méridionale. Ce développement économique récent explique des échanges économiques mondiaux plus faibles que d’autres grandes villes chinoises, impliquant un nombre d’expatriés plus restreint.
II.5.2. La population
Voici l’évolution des chiffres et les données générales sur la communauté française de la circonscription consulaire de Chengdu. La communauté française, dans cette ville, est composée de 452 Français inscrits au registre du Consulat général.
Sources : http://www.ambafrance‐cn.org/Combien‐de‐Francais‐a‐Chengdu Plus de 70 % de la communauté française de la circonscription de Chengdu a moins de 40 ans (25 % moins de 18 ans). La moyenne d’âge des Français inscrits au Consulat général de Chengdu est de 30 ans. Il s’agit donc d’une population très jeune et présente depuis relativement peu de temps. Parmi les inscrits, on dénombre 55 % d’hommes et 45 % de femmes. Cette faible population expatriée française explique un relatif isolement décrit par certains expatriés lors de l’arrivée. Nous pensons que cet « isolement » est un facteur important à prendre en compte dans notre analyse car il restreint énormément la possibilité d’autres relations au sein même de la communauté expatriée. �� Critères d’inclusion et d’exclusion Les critères d’inclusion sont les suivants : ‐� Nous avons sélectionné des expatriés qui étaient arrivés en Chine entre 3 mois et 5 ans. Cette période a été choisie car des études168 ont montré qu’au‐delà de 5 ans, les sujets commençaient à entrer dans un processus d’immigration avec une installation sur le long terme et parfois définitive dans le pays. C’est d’ailleurs une question qui s’est posée pour deux sujets de notre étude, qui se trouvaient là depuis plusieurs années.
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‐� Les sujets devaient avoir entre 20 et 50 ans. Nous avons pris cette tranche d’âge en référence aux normes proposées par l’INSEE.
‐� Il fallait également que les personnes n’aient pas fait une expérience d’expatriation ou d’immigration avant les 5 dernières années.
‐� Ils devaient être français
Les critères d’exclusion étaient toutes les personnes qui ne remplissaient pas ces critères. Parmi les 17 sujets que nous avons interrogés, seuls 10 correspondaient à ces critères. En effet, plusieurs facteurs nous ont conduit à retirer 7 sujets du protocole. Tout d’abord, certaines personnes que nous avions interrogées étaient présentes depuis moins de 3 mois ou parfois plus de 5 ans (4 sujets). Le deuxième critère est que certaines personnes étaient elles‐mêmes immigrées en partant de France. Une femme était notamment immigrée en France avant de partir pour la Chine avec son mari. Troisièmement, deux sujets avaient déjà une expérience d’expatrié depuis de nombreuses années (plus de 10 ans).
Toutefois, malgré ces critères, il subsiste une très grande diversité dans le profil des expatriés que nous avons pu rencontrer. La plupart étaient inscrits dans un projet professionnel et pouvaient travailler pour le compte d’entreprises installées en Chine ou encore pour des organisations gouvernementales (consulat, ambassade...). La population expatriée pouvait également être composée d’étudiants qui venaient dans un but professionnel et pour une durée indéterminée. Il est évident que la diversité de ces profils complique d’autant plus notre étude puisqu’elle amène à une hétérogénéité dans les processus psychiques. Toutefois, nous constatons des problématiques communes comme le décalage culturel ou l’éloignement familial par exemple. II.6. Formulaire de consentement et questions d’éthique Sur le plan éthique, nous avons fait remplir aux sujets un formulaire de consentement libre et éclairé. Ce formulaire reprend plusieurs points. Tout d’abord, le consentement est libre, c’est‐à‐dire qu’aucune contrainte n’a été exercée sur le sujet pour qu’il accepte de participer à cette recherche. Ensuite cette décision est éclairée dans la mesure où nous avons informé les sujets du but ainsi que des différents éléments de recueil des données. Nous pensons notamment aux enregistrements qui seront utilisés exclusivement pour le cadre de la recherche et que nous nous sommes engagé à détruire après cette étude.
Enfin, nous nous sommes engagé à conserver la confidentialité des informations en changeant les prénoms des participants, ainsi que certains lieux qui ont été décrits.
III.�Méthodologie
III.1. Méthodologie de recueil de données Une fois notre objet de recherche défini, les questions d’ordre méthodologique se sont posées sur le dispositif le plus efficace pour recueillir les données, puis les analyser. Nous traiterons ici de la question du cadre et du choix d’outils pour le recueil de données. III.1.1. L’observation clinique et l’observation participante La première question qui s’est posée était celle de notre place en tant que chercheur dans ce travail. En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, nous étions dans une double position à la fois extérieure (chercheur) et sur le terrain. Loin de nier cette particularité, il nous faut l’analyser pour en faire un outil de notre recherche.Nous étions donc dans une position d’observateur. Pour Jean‐Louis Pedinielli169, l’observation clinique consiste à « relever des phénomènes comportementaux, idéatifs, langagiers, émotionnels, et cognitifs significatifs, afin de leur donner un sens en les restituant dans la dynamique, l’histoire d’un sujet et dans le contexte de l’observation et dans le mouvement intersubjectif actualisé ». Cette position et cette attention propres à l’observateur nous semblaient essentielles. Toutefois, elles remettaient en cause l’opposition stricte entre « sujet percevant et objet perçu ».
Dans cette perspective, nous ne pouvons nier que nous étions nous même dans une position subjective proche de celle des expatriés170. En effet, nous vivions, a minima, cette rupture et ce décalage culturel. Dès lors, notre positionnement était proche de ce que nous pouvons appeler l’observation participante, qui « consiste, pour un enquêteur à s'impliquer dans le groupe qu'il étudie pour comprendre sa vie de l'intérieur ». �������������������������������������������������������������������������������������������������� ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������� ��������������������������������������������������������������