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IV. Organiser un réseau de biomédecine et de neurosciences pour transcender une

2. Au cœur des neurosciences

Les CIC sont donc liés institutionnellement aux services hospitaliers et aux unités INSERM qui sont à l’origine de sa création et dont ils doivent valoriser le travail au travers de

protocoles de recherche clinique. Le CIC de la Pitié-Salpêtrière, avec son orientation « neuroscientifique » (terme repris dans le rapport quadriennal de 2000), est par conséquent rattaché à la Fédération de neurologie et à l’Institut Fédératif de Recherche des Neurosciences (IFR) du CHU de la Pitié-Salpêtrière que « le Professeur » a participé à créer. Le CIC doit être la structure d’aboutissement clinique de l’ensemble des recherches de l’IFR. Cet IFR fait du site de la Pitié-Salpêtrière l’un des pôles majeurs des neurosciences dans le monde. Celui- ci regroupe dans ses unités constituantes une quinzaine de laboratoires INSERM et CNRS et

quinze services et équipes hospitalo-universitaires. C’est l’IFR, également institution- nellement lié, via la Pitié Salpêtrière, à la Faculté de médecine de Paris 6, qui fournit au CIC des patients, des médecins, des chercheurs, des savoirs et des outils. C’est donc de lui qu’il tire une partie de sa réussite et de son activité.

Avant tout le CIC profite du recrutement des malades de la Fédération de neurologie. Comme le souligne Isabelle, neurologue, c’est un « hôpital neurologique », pas simplement un service. Ses 8 ailes réparties sur 5 étages accueillent près de 30000 malades en consultation

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Pour situer succinctement le CIC dans le paysage médical et scientifique : lors de la dernière évaluation de l’INSERM, cette structure s’est classée parmi les premières. Dans le domaine de la neurostimulation, ce CIC est le principal centre en France avec Grenoble et, sans doute, parmi les plus innovants au monde (avec Cleveland et Toronto, notamment).

par an (avec les deux autres services de neurologie du site). Si on l’étend aux services de neurochirurgie et de psychiatrie ce chiffre atteint les 100000 malades. C’est dans ce vivier que sont recrutés les malades inclus dans les protocoles de recherche. Comme nous le verrons, ce sont les différents cliniciens du CIC qui les repèrent en consultation. Ce vivier doit être suffisamment important pour offrir toute la multiplicité des cas et leur variété, les différents stades et la succession des événements pathologiques afin de constituer des cohortes de patients répondant à des critères stricts pour être inclus dans les recherches. On retrouve donc la fonction de jardin de la pathologie de l’hôpital décrite par Foucault (1963), qui se baserait sur les mêmes principes que les méthodes naturalistes et la botanique. Simplement, ici, ce n’est pas dans la perspective d’une multiplication des collections de cas et la conservation d’espèces, d’entités morbides, sous un aspect botanique qui se voudrait didactique, facilitant l’apprentissage clinique, mais c’est orienté directement vers la recherche et l’exploration clinique.

Les médecins et les compétences cliniques proviennent des services hospitaliers de l’IFR. Les chercheurs et médecins du CIC (ils peuvent être neurologues, psychologues ou psychiatres), ou médecins-chercheurs dans le cas d’une double formation et affiliation, sont rattachés aux unités de recherches INSERM ou CNRS et aux services hospitaliers de l’IFR. Les

membres du CIC sont majoritairement rattachés à l’unité INSERM de « Neurologie et

thérapeutique expérimentale » et – plus particulièrement, pour les médecins-chercheurs participant aux protocoles de neurostimulation qui nous intéressent – à deux de ses cinq équipes travaillant sur la « physiopathologie du mouvement chez l’Homme » et « l’Anatomie, Physiologie & Thérapeutique Expérimentale chez l'Animal »109

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Il y a également dans cette unité deux équipes de génétique sur les affections du système nerveux qui développent leurs protocoles au CIC et auxquelles il faut ajouter l’équipe orientée sur la recherche et les essais cliniques dans la sclérose en plaque.

. Les neurologues praticiens sont membres de la Fédération de neurologie où ils ont leurs consultations dans lesquelles ils suivent, entre autres, les malades implantés. Le psychiatre du CIC, Hadrien, est chercheur INSERM dans une unité de recherche de neurosciences cognitives sur la psychopathologie des émotions. Il partage ses activités de clinicien dans ses consultations entre le service de psychiatrie adulte et la Fédération de neurologie. La plupart des membres du CIC sont donc partagés dans leur affiliation institutionnelle entre recherche et clinique et combinent les deux casquettes, le CIC étant la structure permettant de joindre les deux domaines dans des protocoles de recherche.

A cela, praticiens, chercheurs et patients, il faut ajouter des plates-formes technologiques et plateaux techniques (dont le CIC fait partie), accessibles à tous les membres de l’IFR, tels que les centres d’électroencéphalographie, de neuroimagerie, d’anatomie cognitive, de post-génomique, des plates-formes de marche et d’imagerie cellulaire, une banque d’ADN et une animalerie.

Enfin, c’est dans les unités INSERM et CNRS de l’IFR que les chercheurs et cliniciens développent les recherches fondamentales, cliniques, pré-cliniques ainsi que les outils et techniques qui seront mobilisés ponctuellement pour soutenir les protocoles de recherche thérapeutique d’application de la DBS. Ce sont aussi bien des modèles animaux, des méthodes et des outils en imagerie et stéréotaxie afin d’améliorer le ciblage et la précision d’implantation chirurgicale des électrodes, des outils d’évaluations psychiatriques, psychologiques, neurologiques ou neuropsychologiques des malades, des traitements statistiques de données, un atlas anatomo-fonctionnel, etc. Ce peuvent être des savoirs cliniques pour évaluer les malades et les suivre, des savoirs techniques pour utiliser les outils, des expertises scientifiques pour élaborer et juger de la validité des arguments, pour récolter et traiter les données cliniques et scientifiques, etc. Sont donc autant concernés des unités et des services de neurosciences cognitives, d’imagerie cérébrale, de psychiatrie, des équipes de recherche de neuropsychologie, de biostatistique ou des animaleries. Chacun peut intervenir et se recouper mutuellement à différents stades des protocoles (dans les discussions qui le précèdent, dans les phases d’écriture du protocole ou des articles, dans son développement et pendant le suivi clinique).

L’IFR fournit malades, cliniciens et chercheurs, techniques et technologies, mais il permet aussi au CIC de disposer de toute la palette de la recherche et de la clinique, de la recherche fondamentale aux services hospitaliers. Le CIC possède donc des liens privilégiés avec les centres experts du site et ses différents acteurs, techniques, outils et savoirs qui élargissent son réseau et son champ d’expertise et de pratiques (ce sont aussi des rapports initiés directement entre les individus autour d’intérêts communs ou dans un protocole transversal à leurs recherches). C’est dans ce réseau neuroscientifique que la pratique du CIC se structure autour des malades. Le chapitre 4 sera dédié à une description plus ample des éléments mobilisés par le protocole STOC, de leur circulation et de leur coopération. Il reste à trouver comment les intéresser.