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Les adhésions des nouvelles communes : une opportunité de «nettoyer» l’image du Grand Lyon

LE GRAND LYON : « UN ORGANISME VIVANT » QUI VEUT S’AGRANDIR

COMMUNAUTÉ URBAINE DE LYON DE S’AGRANDIR

2.2 Le point de vue du Grand Lyon qui accepte l’adhésion des nouvelles communes

2.2.1 Les adhésions des nouvelles communes : une opportunité de «nettoyer» l’image du Grand Lyon

À cette étape, il nous semble important de revenir sur les stigmatisations du Grand Lyon dues aux communes et intercommunalités voisines. : « Le Grand Méchant Lyon » ou « l’impérialisme lyonnais ». Le problème du « grignotage du Grand Lyon» est au cœur de la relation entre le Grand Lyon et les communes et les intercommunalités voisines. Ces dernières ont peur d’être absorbées par le Grand Lyon. Sur ce point, les adhésions volontaires des nouvelles communes au Grand Lyon représentent un symbole important pour le Grand Lyon, notamment pour supprimer l’image négative provoquée par la peur des villes voisines du Grand Lyon.

« Pour Givors et Grigny c’est une page de leur histoire qui se tourne. Mais le maire de Lyon espère faire de cette intégration réussie « une vitrine

135 Directrice du projet de rénovation urbaine de Givors. Entretien réalisé par Constance Aupetit le 3 mai 2012.

185 pour faire réfléchir les autres communes », en souhaitant que ce moment fort devienne « historique si après Givors et Grigny le mouvement prend une dimension métropolitaine. ». La proposition est claire. Mais il ne s’agit pas de forcer les uns ou les autres, et il est important surtout d’insister sur le « respect des identités communales ». » (Bibliothèque municipal de Lyon : 2007a)

Il y a donc une petite « obligation » de réussite de l’adhésion de Givors et Grigny car celle-ci est la première en 40 ans d’histoire de la Communauté Urbaine. Cette intégration pourrait aider le Grand Lyon à attirer des villes limitrophes afin qu’elles intègrent le Grand Lyon. L’adhésion de Givors et Grigny en 2007 est suivie par les adhésions de Lissieu en 2011 et de Quincieux en 2014. Il semble qu’une hypothèse mérite d’être proposée : le Grand Lyon réussit à utiliser les adhésions de nouvelles communes pour mettre en place des stratégies pour donner une bonne image du Grand Lyon et pour attirer d’autres communes. Mais en quoi l’intégration des nouvelles communes a-t-elle influencé la demande d’adhésion d’autres nouvelles communes ?

a. Lissieu a « frappé à la porte » du Grand Lyon sans véritable influence de l’adhésion de Givors et Grigny

« En janvier 2007, alors que Givors et Grigny célébraient leur adhésion au Grand Lyon, je parlais de « moment historique ». Historique, puisqu’il enclenchait une dynamique d’élargissement de l’agglomération qui se confirme aujourd’hui avec le souhait de Lissieu d’intégrer la communauté urbaine de Lyon. » (Collomb, 2009 : 6)

Lissieu a demandé l’intégration au Grand Lyon deux ans après l’intégration de Givors et Grigny. Est-ce que c’est le bilan des deux ans d’adhésion de Givors et Grigny qui a incité Lissieu à demander son intégration ? Cette question a été posée au Maire de Lissieu, qui a répondu :

« L'adhésion de Lissieu au Grand Lyon ne correspond pas à l'adhésion de Givors et Grigny. Cette adhésion ne nous a pas donné envie d’intégrer le Grand Lyon. Givors et Grigny sont des grandes villes et nous sommes un petit village. Givors et Grigny ont réussi leur adhésion, mais je ne connais pas le maire de Givors et Grigny, donc je ne pose jamais cette question. C'est mieux pour vous de jeter cette question à la poubelle » (Schuk, 2009c).

La réponse du maire de Lissieu montre que sa volonté d’intégrer au Grand Lyon est motivée par ses propres raisons. Sa réponse ne soutient pas l’espoir du Maire de Lyon qui : « […] espère faire de cette intégration réussie une vitrine pour faire réfléchir les autres communes. » (Bibliothèque municipal de Lyon, 2007a) que nous avons cité au début de cette section. Les problèmes, et les nécessités des communes

186 deviennent le facteur qui semble, selon nous, jouer un rôle crucial dans les stratégies d’intégration au Grand Lyon. En fin de compte, l’alliance entre le Grand Lyon et la Commune de Lissieu est fondé sur leurs intérêts respectifs.

En réalité, l’adhésion de Lissieu s’explique par elle-même, et non par le souci du Grand Lyon d’améliorer son image. Comme le Maire nous l’explique en 2012 :

« J’ai entendu ce problème (un problème du grignotage du Grand Lyon). Mais ce n’est pas vrai. Le Grand Lyon ne grignote pas. Il n’a pas envie de grignoter. Ce n’est pas le Grand Lyon qui a grignoté Lissieu mais Lissieu qui est allé à la porte du Grand Lyon en disant « voulez-vous que j’entre ? » […] Il nous a dit « oui, mais peut-être » » (Schuk, 2013).

Attachons-nous à la réponse du Grand Lyon : « oui, mais peut-être » sur l’adhésion demandée par Lissieu. Pourquoi le Grand Lyon a dit « oui, mais peut-être » s’il y a un problème du grignotage du Grand Lyon ? Pourquoi n’a-t-il pas dit directement « oui » ? Il semble que la communauté urbaine de Lyon a exaucé la demande d’intégration de Lissieu parce que cette adhésion peut donner une bonne image à la politique du Grand Lyon en prouvant aux villes voisines qu’une petite commune a pris l’initiative d’intégrer le Grand Lyon car elle a besoin du Grand Lyon et elle ne craint pas de cette communauté. C’est ce qu’a souligné le Vice-président du président du Grand Lyon qui dirige la Commission Locale d’Évaluation des Charges (CLEC) :

« L’intérêt, évidemment, de l’arrivée de Lissieu, c’est que, d’une part, il y a une extension demandée par les habitants, d’autre part, il s’agit d’une commune limitrophe avec Limonest en particulier et cela peut inciter les autres communes de la communauté de communes à faire de même. Mais tout reste encore à faire, bien sûr. J’ai participé à une réunion de cette communauté de communes où toutes les communes étaient représentées. Le climat était très ouvert, je ne dis pas positif parce que ce serait anticiper sur l’avis des élus mais très ouvert. Il n’y avait pas les réticences que l’on avait pu connaître antérieurement. Donc je crois que cette ouverture est très positive, qu’elle montre que le Grand Lyon devient une Communauté urbaine attractive, que le Grand Lyon ne fait plus peur, que chacun sait qu’il pourra y trouver sa place, que, même en étant membre d’une entité importante avec tous les élus que nous formons, un Conseil communautaire compliqué, que chacun sait qu’il peut faire entendre la voix de sa commune et je crois que c’est très positif. » (Voir la séance publique du Conseil Communautaire du Grand Lyon du 9 février 2009).

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b. La commune de Lissieu est un ambassadeur du Grand Lyon dans l’adhésion de Quincieux

L’analyse de l’adhésion de Lissieu montre que cette intégration a peu de relation avec l’adhésion de Givors et Grigny au Grand Lyon. La validité de l’hypothèse, selon laquelle le Grand Lyon réussit à utiliser les adhésions des nouvelles communes pour mettre en place des stratégies pour donner une bonne image du Grand Lyon et pour attirer d’autres communes, trouve toutefois une confirmation dans l’adhésion de Quincieux qui a été motivée par celle de Lissieu.

Ces deux communes sont dans une situation similaire. Elles affrontent le problème de la disparition de leur intercommunalité. La décision de Lissieu, qui ne suit pas la fusion entre des intercommunalités, la Communauté de Communes Monts d’Or Azergues (CCMOA), et le Pays Beaujolais (CCBSPD) en se tournant vers le Grand Lyon, inspire Quincieux. C’est en 2009 que Quincieux a commencé à réfléchir à son avenir entre le Pays Beaujolais ou le Grand Lyon : « Lissieu ayant décidé de partir au Grand Lyon, nous aurons, d’ici quelques temps un choix à faire » (voir séance du Conseil municipal de Quincieux du 19 mars 2009). En 2010, Quincieux a demandé l'examen de son adhésion au Grand Lyon.136 Concernant l’influence de Lissieu dans cette demande, le Maire de Quincieux de l’époque explique :

« L’intercommunalité avec la CCMOA a été créée en 1993. On a été amené à se mettre dans une intercommunalité très importante et le choix a été fait pour se regrouper sur 6 communes. Donc ces 6 communes sont parties dans cette communauté de communes et aujourd’hui on se retrouve avec 5 communes car Lissieu est partie sur le Grand Lyon. Nous, on vaudrait suivre ce mouvement parce que ça ne nous n’intéresse pas d’aller sur Beaujolais : la Communauté de Communes Beaujolais Saône Pierres Dorées (CCBSPD). […]

Je prends Lissieu comme un exemple. Lissieu a 3 000 habitants, et Quincieux a 3 100 habitants. Je sais ce qu’ils ont eu. Je sais ce qu’on leur a fait à partir du moment où ils ont été rattachés au Grand Lyon. Je me dis que ça va nous changer la vie. C’est sûr que je me calque là-dessus. Pourvu que j’arrive à faire ce qu’ils ont fait, eux. J’ai beaucoup de contacts avec M. Schuk, on s’appelle une fois par semaine pratiquement. Il est au Grand Lyon. Il a des contacts avec le Grand Lyon. Il fait passer mes messages donc que ça va très bien. » (Boucher, 2013).

C’est l’habitude de travailler ensemble avec Lissieu qui pousse Quincieux à adhérer au Grand Lyon. Elles ont appartenu à la Communauté de Communes Monts d’Or Azergues (CCMOA). La réussite de l’adhésion de Givors et Grigny au Grand Lyon ne l’influence pas. Lissieu et Quincieux n’ont pas de relation directe avec Givors et

Grigny en raison notamment de leurs positions géographiques très différentes :

188 « Nord vs Sud ». Le Maire de Lissieu est en revanche l’« ambassadeur » du Grand

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