© Laurent Garcin MP Dumont d’Urville
Devoir surveillé n°09
• La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction et la précision des rai- sonnements entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
• On prendra le temps de vérifier les résultats dans la mesure du possible.
• Les calculatrices sont interdites.
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Problème 1 – CCP 2003 – Utilisation des polynômes de Tchebychev en analyse�
� On noteEl’ensemble des applications continues de[−1, 1]dansℝ.
On désigne parE𝑛l’espace vectoriel des fonctions polynomiales de[−1, 1]dansℝde degré inférieur ou égal à 𝑛, où𝑛est un entier naturel.
On pourra confondre les expressions «polynôme» et «fonction polynomiale».
Si𝑓est un élément deE, on pose‖𝑓‖∞= sup
𝑥∈[−1,1]
|𝑓(𝑥)|.
Les parties II et III sont indépendantes et utilisent les résultats de la partie I.
I Polynômes de Tchebychev
Dans toute cette partie,𝑛désigne un entier naturel.
1 Existence et unicité
1.a Déterminer un polynômeTà coefficients réels de degré𝑛vérifiant la propriété (⋆) ∀θ ∈ ℝ, T(cosθ) =cos(𝑛θ)
On pourra remarquer que cos(𝑛θ)est la partie réelle de(cosθ + 𝑖sinθ)𝑛. 1.b Vérifier qu’un polynôme vérifiant(⋆)est unique.
On l’appelle le polynôme de Tchebychev d’indice𝑛, on le noteT𝑛. On définit alors une fonction polynomiale sur[−1, 1]par
∀𝑥 ∈ [−1, 1], T𝑛(𝑥) =cos(𝑛arccos𝑥) 2 2.a Montrer que
∀𝑥 ∈ [−1, 1], T𝑛+2(𝑥) = 2𝑥T𝑛+1(𝑥) − T𝑛(𝑥) On pourra calculerT𝑛+2(𝑥) + T𝑛(𝑥).
2.b CalculerT0,T1,T2etT3.
2.c Donner le coefficient dominant deT𝑛. 3 Racines et extrema
On suppose𝑛non nul dans cette question.
3.a Montrer que
∀𝑥 ∈ [−1, 1], T𝑛(𝑥) = 2𝑛−1
𝑛−1
∏
𝑘=0
(𝑥 −cosθ𝑘)oùθ𝑘= (2𝑘 + 1)π 2𝑛
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3.b On pose pour𝑘 ∈J0, 𝑛K,𝑐𝑘=cos(𝑘π 𝑛 ).
Calculer‖T𝑛‖∞puis montrer que
∀𝑘 ∈J0, 𝑛K, |T𝑛(𝑐𝑘)| = ‖T𝑛‖∞ et que
∀𝑘 ∈J0, 𝑛 − 1K, T𝑛(𝑐𝑘+1) = −T𝑛(𝑐𝑘) Les𝑛 + 1réels𝑐0, 𝑐1, … , 𝑐𝑛sont appelés «points de Tchebychev».
3.c Dessiner le graphe deT3et préciser sur le graphe les réels𝑐0,𝑐1,𝑐2et𝑐3.
II Polynômes de Tchebychev et orthogonalité
Orthogonalité desT𝑛
4 Montrer que pour toute fonctionℎdeE, l’application𝑡 ↦ ℎ(𝑡)
√1 − 𝑡2 est intégrable sur] − 1, 1[.
Pour(𝑓, 𝑔) ∈ E2, on pose⟨𝑓, 𝑔⟩ = ∫
1
−1
𝑓(𝑡)𝑔(𝑡)
√1 − 𝑡2 d𝑡.
5 Montrer que⟨⋅, ⋅⟩définit un produit scalaire surE.
Ceci nous permet de définir une norme euclidienne surE: pour tout élémentℎdeE, on pose‖ℎ‖2= √⟨ℎ, ℎ⟩.
6 Calculer⟨T𝑛, T𝑚⟩selon les valeurs des entiers naturels𝑚et𝑛. En déduire pour tout entier naturel𝑛que la famille(T0, T1, … , T𝑛)est une base orthogonale deE𝑛.
Polynôme de meilleure approximation quadratique
Dans toute la suite de la partie II,𝑓désignera un élément deEet𝑛un entier naturel.
On pose𝑑2(𝑓, E𝑛) =inf{‖𝑓 − Q‖2, Q ∈ E𝑛}.
Le but de la suite de la partie II est d’exprimer‖𝑓‖2en fonction des ⟨𝑓, T𝑘⟩
‖T𝑘‖2 .
7 7.a Enoncer un théorème justifiant l’existence et l’unicité d’un vecteur𝑡𝑛(𝑓)dansE𝑛tel que‖𝑓−𝑡𝑛(𝑓)‖2= 𝑑2(𝑓, E𝑛).
7.b Exprimer𝑡𝑛(𝑓)à l’aide des polynômes de Tchebychev.
On dit que𝑡𝑛(𝑓)est le polynôme de meilleure approximation quadratique de𝑓surE𝑛. 8 Montrer que
𝑑2(𝑓, E𝑛) =
√√
√
‖𝑓‖22−
𝑛
∑
𝑘=0
⟨𝑓, T𝑘⟩2
‖T𝑘‖22
9 9.a En déduire que la série ∑
𝑘∈ℕ
⟨𝑓, T𝑘⟩2
‖T𝑘‖22 est convergente.
9.b Que pensez-vous de la limite de∫
1
−1
𝑓(𝑡)T𝑛(𝑡)
√1 − 𝑡2 d𝑡lorsque𝑛tend vers+∞?
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Convergence en norme quadratique
10 10.a Soitℎun élément deE. Montrer que‖ℎ‖2≤ √π‖ℎ‖∞. 10.b Montrer en utilisant un théorème de Weierstrass que lim
𝑛→+∞‖𝑓 − 𝑡𝑛(𝑓)‖2= 0. 11 11.a En déduire que‖𝑓‖2 =
√√
√
+∞
∑
𝑘=0
⟨𝑓, T𝑘⟩2
‖T𝑘‖2 . 11.b Application : un théorème des moments.
Que peut-on dire d’une fonctionℎdeEtelle que pour tout entier naturel𝑛,∫
1
−1
ℎ(𝑡)T𝑛(𝑡)
√1 − 𝑡2 d𝑡 = 0?
III Polynôme de meilleure approximation au sens de Tchebychev
Dans toute cette partie,𝑛désigne un entier naturel et𝑓un élément deE. On note𝑑∞(𝑓, E𝑛) =inf{‖𝑓 − Q‖∞, Q ∈ E𝑛}.
On dit qu’un élémentPdeE𝑛est un polynôme de meilleure approximation (on notera en abrégé PMA) au sens de Tchebychev d’ordre𝑛s’il vérifie une des deux conditions équivalentes
(i) ‖𝑓 − P‖∞= 𝑑∞(𝑓, E𝑛)
(ii) ∀Q ∈ E𝑛, ‖𝑓 − P‖∞ ≤ ‖𝑓 − Q‖∞. Existence d’un PMA d’ordre𝑛pour𝑓
On poseK = {Q ∈ E𝑛, ‖𝑓 − Q‖∞≤ ‖𝑓‖∞}.
12 12.a Montrer queKest une partie non vide fermée et bornée deE𝑛. 12.b En déduire queKest une partie compacte non vide deE𝑛. 13 13.a Montrer que𝑑∞(𝑓, E𝑛) = 𝑑∞(𝑓, K).
13.b En déduire qu’il existe un élémentPdeE𝑛tel que‖𝑓 − P‖∞= 𝑑∞(𝑓, E𝑛).
Pest donc un PMA d’ordre𝑛de𝑓.
Condition suffisante pour être un PMA
Soitℎun élément deE. On dit queℎéquioscillesur𝑘 + 1points s’il existe𝑘 + 1réels𝑥0< 𝑥1< ⋯ < 𝑥𝑘 de l’intervalle[−1, 1]tels que
∀𝑖 ∈J0, 𝑘K, |ℎ(𝑥𝑖)| = ‖ℎ‖∞ et
∀𝑖 ∈J0, 𝑘 − 1K, ℎ(𝑥𝑖+1) = −ℎ(𝑥𝑖) On dit que les extrema sont alternés.
14 Exemples.
14.a Dessiner le graphe d’une fonctionϕdeEtelle que‖ϕ‖∞= 1
2 etϕéquioscille sur4points.
On ne cherchera pas à expliciter une telle fonction.
14.b Montrer que le polynômeT𝑛+1de Tchebychev d’indice𝑛 + 1équioscille sur𝑛 + 2points.
Le but de la question15est de montrer le résultat suivant :
SiPest un élément deE𝑛tel que𝑓 − Péquioscille sur𝑛 + 2points, alorsPest un PMA d’ordre𝑛 de𝑓.
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15 SoitPun élément deE𝑛tel que𝑓 − Péquioscille sur𝑛 + 2points que l’on note𝑥0< 𝑥1< ⋯ < 𝑥𝑛+1. SoitQun élément deE𝑛tel que‖𝑓 − Q‖∞< ‖𝑓 − P‖∞.
15.a Soit𝑖 ∈J0, 𝑛 + 1K. Montrer que si𝑓(𝑥𝑖) − P(𝑥𝑖) > 0, alorsQ(𝑥𝑖) − P(𝑥𝑖) > 0.
On obtiendrait de même que, si𝑓(𝑥𝑖) − P(𝑥𝑖) < 0, alorsQ(𝑥𝑖) − P(𝑥𝑖) < 0. 15.b En déduire queP = Qet conclure.
Détermination de PMA
16 Dans cette question, on pose𝑓(𝑥) = 𝑥𝑛+1et𝑞𝑛(𝑥) = 𝑥𝑛+1− 2−𝑛T𝑛+1(𝑥)pour𝑥 ∈ [−1, 1].
Montrer que𝑞𝑛 est un PMA d’ordre𝑛de𝑓.
17 En déduire que pour tout polynômePunitaire de degré𝑛 + 1,2−𝑛‖T𝑛+1‖∞≤ ‖P‖∞.
18 18.a Dans cette question,𝑓est un polynôme de degré𝑛 + 1. Déterminer un PMA d’ordre𝑛de𝑓. 18.b Application : déterminer un PMA d’ordre2de𝑓(𝑥) = 5𝑥3+ 2𝑥 − 3.
Remarque. On peut montrer l’unicité du PMA.
Il n’existe pas de formule générale qui donne l’expression du PMA d’une fonction quelconque. On peut cepen- dant utiliser un algorithme (de Remes) qui fournit une suite de polynômes qui converge vers le PMA.
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