MPSI B 15 décembre 2019
Énoncé
Dans tout le problème, E désigne un ensemble à n éléments.
Partie I. Préliminaire
Pour un entier n non nul, on note ω(n) = max(
n0,
n1, · · · ,
nn) 1. À quel coecient du binôme est égal ω(n) ?
2. Montrer que ω(2n − 1) =
12ω(2n)
Partie II. Ensembles de Sperner
On dit qu'une partie S de P (E) est de Sperner lorsque
∀(A, B) ∈ S
2: A 6= B ⇒ A 6⊂ B et B 6⊂ A
1. Montrer que si p est un entier entre 1 et Card(E) − 1 , l'ensemble P
pdes parties de E à p éléments est de Sperner.
2. Dans cette question, E = {1, . . . , n} et a
1, . . . , a
nsont des réels strictement positifs (non nécessairement distincts). On dénit une application f de P(E) dans R en posant
∀A ∈ P(E) : f (A) = X
i∈A
a
iMontrer que pour tout réel t , f
−1({t}) est une partie de Sperner lorsqu'elle n'est pas vide.
3. Déterminer le nombre de parties de Sperner à deux éléments S = {A
1, A
2} .
Partie III. Chaînes
On appelle chaîne de E une famille (C
1, C
2, . . . , C
n) de parties de E telle que
∀i ∈ {1, . . . , n} : Card (C
i) = i
∀i ∈ {1, . . . , n − 1} : C
i⊂ C
i+1Soit A est une partie xée à k élément de E . Calculer le nombre de chaines (C
1, C
2, . . . , C
n) telles que C
k= A .
Partie IV. Théorème de Sperner
1. Soit (C
1, C
2, . . . , C
n) une chaine. Montrer que l'intersection d'une partie de Sperner avec {C
1, C
2, . . . , C
n} contient au plus un élément.
2. En considérant toutes les chaînes (C
1, C
2, . . . , C
n) telles que {C
1, C
2, . . . , C
n} ∩ S 6= ∅ montrer que
X
A∈S
1
n CardA
≤ 1 3. En déduire le théorème de Sperner c'est à dire
CardS ≤ ω(n)
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
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Rémy Nicolai AspernerMPSI B 15 décembre 2019
Corrigé
Partie I
1. En écrivant des lignes de coecients du binôme, on réalise rapidement que les termes augmentent jusqu'au milieu, décroissent ensuite. On veut donc montrer que
ω(n) = n
E(
n2)
On peut le justier (sommairement) par récurrence.
Supposons que les coecients de la ligne n augmentent puis diminuent, il en est alors de même de la somme de deux termes consécutifs de cette ligne ce qui prouve (triangle de Pascal) la propriété à l'ordre n + 1 .
On peut aussi le justier directement en remarquant que :
∀k ∈ {0, 1, · · · , n − 1} : n
k + 1
= n − k k
n k
D'autre part :
n − k
k < 1 ⇔ n 2 < k On en déduit
∀k ∈ {0, 1, · · · , E( n
2 )} : n − k 2 ≥ 1
∀k ∈ {E( n
2 ) + 1, · · · n − 1} : n − k 2 < 1 Ce qui prouve le comportement de la suite décrit au début.
2. D'après la question précédente, ω(2n) =
2n n
ω(2n − 1) =
2n − 1 n − 1
avec
ω(2n) = (2n)(2n − 1) · · · (n + 1)
n! = 2 (2n − 1) · · · (n + 1)
(n − 1)! = 2ω(2n − 1)
Partie II
1. Lorsque deux partie de E ont le même nombre d'éléments, une inclusion entre elles entraine l'égalité. L'ensemble des parties à p éléments de E est donc un ensemble de Sperner.
2. Lorsque f
−1({t}) n'est pas vide, il est formé des parties A de E telles que X
i∈A
a
i= t
Pour montrer que f
−1({t}) est de Sperner, on considère A et B avec A ⊂ B et A 6= B . Alors il ne peuvent être tous les deux dans f
−1({t}) car les a
iétant strictement positifs
f (B) = f (A) + X
i∈B−A
a
i> f(A)
3. On va donner deux démonstrations.
La première méthode consiste à compter d'abord les couples en les classant suivant le premier ensemble A
1.
Comment former un couple de Sperner (A
1, A
2) à partir de la donnée de A
1de cardinal k ?
Il ne faut pas que la partie A
2soit une partie de A
1ni qu'elle contienne A
1. Il y a 2
kparties de A
1. Il y a 2
n−k− 1 parties contenant A
1autres que A
1(autant que de parties dans le complémentaire). On en déduit donc que lorsque A
1est xé il y a
2
n− 2
k− 2
n−k+ 1
couples de Sperner (A
1, A
2) lorsque A
1est de cardinal k . Le nombre total de couples de Sperner est
n−1
X
k=1
n k
(2
n− 2
k− 2
n−k+ 1) = (2
n+ 1)(2
n− 2) − 2((1 + 2)
n− 1 − 2
n)
= 2
2n− 2 3
n+ 2
nCe nombre est à diviser par 2 car on cherche le nombre de paires et non de couples soit
2
2n−1− 3
n+ 2
n−1La deuxième méthode s'inspire du principe d'inclusion-exclusion
1. On compte toujours d'abord les couples mais on commence par les couples qui ne sont pas de Sperner.
1voir Proofs From the Book Springer
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
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Rémy Nicolai AspernerMPSI B 15 décembre 2019
On doit considérer les couples (A, B) tels que A ⊂ B privés des couples (A, A) . Il y en a 3
n− 2
n. (voir feuille exercices Dénombrement)
On doit compter aussi les (A, B) tels que B ⊂ A Il y en a aussi 3
n− 2
n. Mais attention à ne pas décompter deux fois les (A, A) . Comme le nombre total de couple est (2
n)
2. Le nombre de couples de Sperner est
2
2n− (2(3
n− 2
n) + 2
n) = 2
2n− 3
n+ 2
n−1et on retrouve
2
2n−1− 3
n+ 2
n−1paires de Sperner en divisant par deux.
Partie III
Une chaîne est entièrement dénie par une suite injective (a
1, a
2, . . . , a
n) d'éléments de E en posant
A
1= {a
1}, A
2= {a
1, a
2}, · · · , A
n= {a
1, a
2, . . . , a
n}
Ceci dénit une bijection entre l'ensemble des chaînes et l'ensemble des injections de {1, 2, · · · , n} dans E . Il y a donc n! chaînes de l'ensemble E .
Une chaîne dont le k ième terme est une partie xée A s'obtient à partir d'une suite injec- tive (a
1, a
2, . . . , a
k) d'éléments de A et d'une suite injective (a
k+1, . . . , a
n) d'éléments de E − A .
Le nombre de ces suites, c'est à dire le nombre cherché de chaînes est k! (n − k)!
Partie IV
1. Considérons une chaîne (C
1, . . . , C
n) et une partie de Sperner S telles que l'intersection de {C
1, . . . , C
n} avec S soit non vide et contienne une partie A . Cette partie A fait partie de la chaîne, tous les autres éléments de cette chaîne sont contenus dans A ou le contiennent. Aucun ne peut donc être dans S par dénition d'un ensemble de Sperner.
2. Considérons toutes les chaînes (C
1, . . . , C
n) qui coupent un ensemble de Sperner S, classons les à l'aide de leur unique partie A dans l'intersection.
Lorsque A contient k éléments, le nombre de chaînes coupant S en A est k! (n − k)!
On en déduit que le nombre total de chaînes coupant S est X
A∈S
(cardA)!(n − cardA)!
Ce nombre est évidemment plus petit que n! qui est le nombre total de chaînes. En divisant par n! on obtient donc
X
A∈S
1
n cardA
≤ 1.
3. D'après la partie préliminaire, tous les coecients du binôme qui interviennent dans la formule précédente sont plus petits que ω(n) . On en déduit
1 ≥ X
A∈S
1
n cardA
≥ X
A∈S
1
ω(n) = cardS ω(n) . Ce qui permet de conclure.
On peut remarquer qu'il existe un ensemble de Sperner réalisant l'égalité card S = ω(n) . Par exemple l'ensemble des parties de E contenant b
n2c éléments.
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/