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Facteurs organisationnels

D’AJUSTEMENT CULTUREL :

6.1. L’ANALYSE DES PROPOSITIONS DE RECHERCHE

6.1.1. La première proposition de recherche

6.1.1.2. L’influence positive de la formation pré-départ

6.1.1.2.1. Sur le volet travail

Il apparaît que l’influence positive de la formation pré-départ sur le volet travail de l’ajustement est minime.

Les résultats des recherches portant sur des cadres expatriés montrent que l’ajustement au travail apparaît comme étant l’ajustement le plus facile pour ces derniers à cause des similarités avec leur emploi dans leur pays (Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005). Les résultats obtenus lors des entretiens avec les volontaires sont contraires à ceux qui sont obtenus avec des cadres expatriés mais ils confirment, par la négative, le lien entre l’ajustement au travail et le contenu des tâches sur le terrain. Une contradiction qui s’expliquerait par le fait qu’un contrat de volontaire implique un milieu de travail souvent très différent, ne serait-ce qu’en termes d’interaction avec les gens du pays hôte, de celui du pays d’origine. Aussi, contrairement aux cadres expatriés, les projets des ONG de développement impliquent des interactions souvent importantes avec les populations de la base.

Rappelons que le volet travail de l’ajustement culturel implique non seulement l’exécution efficace de tâches et de responsabilités mais aussi l’interaction avec des collègues et les comportements affectifs qui y sont associés (Aycan, 1997b). À cet égard, Bandura (2003) met l’accent sur la nécessité pour l’individu de gérer efficacement la réalité sociale, aspect essentiel de l’univers professionnel, des situations de travail pour faciliter ainsi le succès au travail, ce qui tend à confirmer les propos d’Aycan (1997b).

D’après les analyses de Cassen et ass. (1986, cités par Champagne, 1994), une conception inadéquate du projet et de ses intrants, en plus d’autres facteurs tels que des interactions difficiles entre les partenaires locaux et les expatriés, explique entre 10 et 15 % des échecs des projets de coopération technique. Des conclusions qui trouvent écho chez El Alaoui (2005) qui suggère que la clarté d’un projet est un élément important de l’efficacité des projets internationaux et ajoute que l’incertitude tue l’esprit d’initiative. Il semble que les résultats obtenus dans cette recherche

et la littérature concordent. En effet, très peu de volontaires sont informés lors de leur formation pré-départ sur la nature et le contexte de la mission ou du projet dans lequel ils vont s’intégrer. Pour certains, le sujet n’est même pas abordé tandis que pour d’autres l’information est incertaine puisque le projet est encore mal défini. Aussi, peu d’outils professionnels (outils de gestion, d’animation, etc.) sont transmis aux participants. Quelques volontaires auraient souhaité que la formation offre davantage de notions professionnelles en plus d’offrir plus d’information sur le projet. Une initiation à la langue locale utilisée dans le pays d’accueil serait aussi appréciée par les volontaires puisque ceux-ci considèrent que cette connaissance améliore considérablement les contacts professionnels et par le fait même l’exécution des tâches professionnelles.

Ce qui ressort aussi des résultats de cette recherche est la difficulté pour les ONG de transmettre à leurs volontaires, avant le départ, un projet qui corresponde à ce qu’ils trouvent sur le terrain. Rappelons que tous les volontaires affirment que ce qui leur est proposé avant de partir en termes de projet et de tâches professionnelles concorde rarement avec ce qu’ils retrouvent sur le terrain; les responsables de volontaires affirment pour leur part que c’est le contexte même de la coopération volontaire qui entraîne ces difficultés. Le long délai entre la création d’un poste de volontaire et la sélection d’un candidat pour le combler et le peu de moyens financiers dont disposent les ONG entraînent, entre autres choses, ce type de difficulté. Est-il possible de remédier à cela ou, comme le dit un volontaire, « cela fait-il partie de tout bon projet international » ? Quoi qu’il en soit, c’est une question à laquelle cette étude ne peut répondre puisqu’elle réfère à un contexte beaucoup plus large que celui de la formation pré-départ. Il est fort probable que même les ONG ne peuvent contrer une telle difficulté puisqu’elles sont tributaires du financement qu’elles reçoivent du principal bailleur de fonds qu’est l’ACDI et que celui-ci impose ses conditions.

Une partie du problème relève du fait que les ONG, en tous les cas au Canada, sont de plus en plus mal financées donc il y a des réductions de personnel sévères autant ici que dans leurs bureaux sur le terrain et il y a une pression pour envoyer tant de descriptions de postes, etc. (Représentant pour l’Afrique, Congrès

du Travail du Canada)

De plus, comme le font remarquer les auteurs Cerdin et Peretti (2000), plus l’individu a des attentes réalistes quant au travail à effectuer sur le terrain, plus il sera ajusté à son travail sur le terrain. La difficulté d’offrir aux volontaires en partance un portrait réaliste des tâches qui les

attendent et du contexte de travail général peut expliquer leur difficulté à s’ajuster au travail sur le terrain. Les volontaires ont besoin d’une formation pré-départ rigoureuse surtout si leurs tâches sont nouvelles et difficiles(Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005).

Le représentant pour l’Afrique du Congrès du Travail du Canada (CTC), déplore le fait que ceux qui travaillent dans les ONG au Canada ne connaissent pas suffisamment le contexte des projets et les partenaires locaux sur le terrain.

Bien souvent les agences ne connaissent pas vraiment les organismes partenaires. C’est à dire que c’est les personnes qui font le recrutement pis les entrevues pis la préparation et la formation ici, ils ont peut-être eu une expérience à l’étranger une fois il y a X années quelque part mais ils ne connaissent pas les partenaires actuels du programme dans la région. Ils sont des intermédiaires mal informés très souvent. (Représentant pour l’Afrique, Congrès du Travail du Canada)

Si les gens qui s’occupent des volontaires au Canada ne connaissent ni les réalités du terrain, ni les projets, ni les partenaires locaux, il est plutôt difficile de leur demander de transmettre de l’information là-dessus. Il est donc utile que les formateurs soient informés sur le contexte professionnel général des missions. En ce qui a trait à la mission qui change en cours de route avant que le volontaire ne quitte pour l’étranger, la question se pose de savoir si les informations peuvent être mises à jour avant son départ. Comme le propose le représentant pour l’Afrique du CTC, un contact téléphonique pourrait être fait entre le volontaire et le bureau de l’ONG sur le terrain afin de rendre compte des nouvelles réalités au volontaire.