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Formation interculturelle Expatrié et accompagnateurs

Aptitudes individuelles, interpersonnelles et perceptuelles

Formation spécifique ou générale

Volets de la formation Méthodes de formation Rigueur de la formation Formation interculturelle (suivi-terrain) Mentorat, groupes de discussion, réunions entre expatriés, entretiens avec des habitants, etc.

CHAPITRE III

LE CADRE THÉORIQUE

Le cadre théorique de cette recherche aborde deux notions soit l’ajustement, plus précisément l’ajustement culturel, et l’apprentissage. Ces deux notions doivent aider à répondre aux questions posées par cette recherche. D’ailleurs, les auteurs Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen (2005) rappellent que pour développer un programme de formation efficace, il faut comprendre comment les individus apprennent et s’ajustent à un nouvel environnement.

3.1. L’AJUSTEMENT ET L’AJUSTEMENT CULTUREL

3.1.1. Les types d’ajustement

Comme le relèvent plusieurs auteurs, les termes adaptation, acculturation et ajustement sont fréquemment utilisés de façon interchangeable (Aycan 1997a, 1997b; Hannigan, 1990). Comme le font remarquer Hannigan (1990), il manque de consensus sur les terminologies associées à ces termes. Dans ce travail de recherche, le terme ajustement sera privilégié. Comme mentionné auparavant, il ressort que de nombreux auteurs s’entendent pour dire que l’ajustement est un processus et non un état (Hannigan, 1990; Deshpande et Viswesvaran, 1992). Les définitions de l’ajustement de Lazarus (1991) et de Hannigan (1990), complémentaires, sont privilégiées car elles énoncent clairement les efforts exigés de la part de l’individu, la relation existant entre celui-ci et son environnement et l’objectif recherché par l’ajustement :

« Efforts cognitifs et comportementaux visant à satisfaire des exigences externes et internes (et à résoudre les conflits qui en découlent) perçues par la personne comme mettant à l’épreuve ou dépassant ses capacités. »

(Traduction libre de Lazarus, 1991)

« Processus qui permet l’harmonie entre l’individu et son environnement. Cette harmonie est possible par un changement d’attitudes, de comportements et d’émotions par rapport à l’environnement. Cela amène à un état de satisfaction, de performance … »

(Traduction libre de Hannigan, 1990)

Il est observé dans ces définitions que l’ajustement est régi par un principe d’équilibre, c'est-à- dire un « état idéal de synchronie entre sa vie intérieure et le monde extérieur » (Morin, 1996, p. 232).

Pour sa part, l’ajustement culturel est défini en précisant la nature de l’environnement, soit un pays étranger de celui d’origine : « Façon dont les expatriés sont confortables psychologiquement à vivre à l’étranger. » (Traduction libre de Caligiuri, 1997) et « Processus qui doit permettre à l’individu de graduellement développer les comportements attendus dans la nouvelle culture. » (Traduction libre de Deshpande et Viswesvaran, 1992).

Pour la majorité des expatriés, l’ajustement à une nouvelle culture est difficile (Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005). C’est Oberg (1960) le premier qui définit le choc culturel vécu par les expatriés lors de leur processus d’ajustement : « période d’anxiété avant que l’expatrié se sente confortable avec la nouvelle culture » (Caligiuri, 1997, p. 120), « anxiété résultant de la perte des signes familiers et des symboles familiers de notre environnement social » (Kim, 1988, p. 23). La majorité des auteurs s’entendent sur le fait que la plupart des expatriés vivent cette étape du choc culturel. Mais comme le propose Adler (1994), l’objectif n’est pas d’éviter le choc culturel, réaction tout à fait normale, mais plutôt de le gérer et de développer des mécanismes pour y faire face de façon efficace. Un niveau de stress est normal et nécessaire à l’ajustement (Aycan, 1997a).

Bien que les avis soient partagés quant à la courbe de l’ajustement, celle-ci constitue une représentation plus ou moins réelle des étapes de l’ajustement culturel du volontaire. Raynaud (1998) relève que l’expatrié qui arrive dans le pays d’accueil vit une sorte d’état d’euphorie, une phase décrite sous le terme de lune de miel. Tout lui paraît nouveau, beau et intéressant. Les expatriés qui ne voyagent que pour de courts séjours (1-2 mois) dans un pays risquent davantage de ne connaître que cette phase. Par contre, le volontaire qui reste plus longtemps peut connaître, après cette phase, une période de désenchantement. Il commence alors à percevoir les signaux négatifs, chose qu’il ne faisait pas à l’arrivée dans le pays d’accueil. Étant davantage en contact avec les gens du pays d’accueil et leur culture, ces volontaires deviennent conscients de choses dont ils n’auraient pas eu conscience auparavant. Les situations différentes et plus complexes perdent tout à coup de leur charme, de leur exotisme. Le volontaire vit alors la phase du choc culturel proprement dite. Il vit de la frustration, de l’anxiété et de la confusion par rapport à tout ce qu’il vit. Puis, une fois le choc culturel passé, le volontaire vit plus facilement tous les défis auxquels il doit faire face, se sent mieux dans sa nouvelle vie, c’est l’ajustement positif.

Les premiers travaux sur l’ajustement culturel perçoivent celui-ci comme un construit unitaire. Par contre, au début des années 1990, les chercheurs définissent l’ajustement culturel plutôt comme un construit tridimensionnel comprenant : (1) l’ajustement au travail, (2) l’ajustement à l’interaction, (3) l’ajustement à l’environnement général (Cerdin et Peretti, 2000; Prime et Usunier, 2003; Black et Stephens, 1989 cités par Aycan, 1997a, 1997b).

L’ajustement au travail concerne les tâches professionnelles qui sont demandées, les niveaux de difficulté et de nouveauté de celles-ci et l’environnement de travail lui-même. Il semble que ce soit la dimension de l’ajustement la plus facile pour la majorité des cadres américains (Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005).

Pour sa part, l’ajustement à l’interaction concerne plutôt les relations avec les habitants du pays d’accueil, la communication sans trop de malentendus, le développement de relations interpersonnelles efficaces, etc. Ce type d’ajustement est souvent le plus difficile compte tenu des différences de valeurs qui affectent les interactions (Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005).

Enfin, l’ajustement à l’environnement général concerne la capacité de se débrouiller dans la nouvelle société, dans la vie de tous les jours en ce qui a trait à la nourriture, aux transports, aux soins de santé, etc. Ce type d’ajustement est le plus étudié (Stroh, Black, Mendenhall et Gregersen, 2005) car le plus facile à observer et les indicateurs sont facilement identifiables. Ces trois dimensions de l’ajustement culturel sont considérées par les auteurs (Aycan, 1997a, 1997b; Caligiuri, 1997) comme des prédicteurs du succès d’une expatriation, lui-même bien souvent défini comme l’achèvement du contrat à son terme. En revanche, bien qu’un mauvais ajustement culturel puisse prédire un retour prématuré, il reste que de nombreux volontaires peuvent rester au sein du pays d’accueil malgré un ajustement déficient. De plus, un retour prématuré peut aussi être la conséquence non pas d’un mauvais ajustement mais de nombreux autres facteurs tels que des problèmes de santé. Comme le souligne Aycan (1997a, 1997b), il existe une interrelation entre les trois types d’ajustement cités mais une relation de cause à effet n’a pas encore été prouvée empiriquement. Ces trois dimensions de l’ajustement concernent l’expatrié lui-même et ses habiletés et connaissances de base mais elles peuvent également concerner le conjoint et la famille de l’expatrié. Le conjoint a lui aussi à s’ajuster à la nouvelle

culture du pays hôte et dans certains cas à un nouvel emploi et il est donc important qu’il soit pris en compte lors des diverses étapes de l’expatriation.

L’ajustement culturel est un processus qui peut être influencé par de nombreuses variables. Avant de les aborder, il est utile de souligner que « personne ne vit l’ajustement de la même façon, même dans un même environnement » (Kim, 1988, p. 9). Ce qui fait dire à Aycan (1997a) que ce qui est important, ce n’est pas tant les expériences interculturelles que la façon dont le volontaire aborde ces expériences. Il est donc nécessaire de s’attarder aux variables situationnelles mais aussi aux variables personnelles qui influencent l’ajustement culturel. Ces variables sont nombreuses et nécessitent qu’on s’y attarde.

3.1.2. Les facteurs d’ajustement

Près de neuf facteurs peuvent influencer, de façon plus ou moins marquée, l’ajustement culturel des expatriés : l’ajustement anticipé, l’expérience internationale préalable, la formation pré- départ, la décision d’expatriation, les aptitudes de l’expatrié, l’ajustement du conjoint et de la famille, la distance culturelle et les caractéristiques du travail. Chacun de ces facteurs est abordé. Certains sont davantage du ressort de l’organisation, d’autres de l’individu lui-même et d’autres encore de l’organisation et de l’individu. La figure 3.1 expose les divers facteurs selon qu’ils sont individuels, organisationnels ou les deux.

Figure 3.1. LES FACTEURS INFLUENÇANT L’AJUSTEMENT CULTUREL

L’ajustement anticipé est un facteur qui influence de façon marquée l’ajustement culturel. L’ajustement anticipé fait référence au « degré de réalisme des personnes avant leur départ sur des éléments relatifs à la situation qui les attendent dans le pays d’accueil » (Black, Mendenhall et Oddou, 1991, p. 305). L’ajustement anticipé concerne les trois dimensions de l’ajustement culturel (travail, interaction et environnement général). Plus le volontaire a des attentes réalistes par rapport à tout ce qui l’attend dans le pays hôte, plus l’ajustement sera facilité. Selon Kealey et Ruben (1983, cité par McCaffery, 1986), des anticipations réalistes constituent un important facteur de succès. Le facteur d’ajustement anticipé peut être modelé par une expérience internationale préalable ou par une formation pré-départ complète; pour cette raison il est du ressort aussi bien de l’organisation que de l’individu.

L’expérience internationale préalable semble avoir une influence positive sur l’ajustement. Elle permet l’acquisition d’habiletés qui peuvent être plus ou moins transférables lors d’une situation d’expatriation semblable. Par contre, ce facteur d’influence est modéré par le temps écoulé entre

Facteurs