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Facteurs organisationnels

D’AJUSTEMENT CULTUREL :

4.2. L’ENTREVUE ET LE GUIDE D’ENTREVUE

Compte tenu du nombre de recherches limité déjà effectuées sur ce thème dans un contexte de volontariat québécois, des entrevues comme mode de collecte de données seront menées avec des volontaires afin d’explorer le thème de recherche et de recueillir leurs perceptions quant à celui-ci. Comme le mentionne Deslauriers (1991, p.34), « le but de l’entrevue est de savoir ce que la personne pense et d’apprendre des choses qu’on ne peut observer directement ». Grâce à l’entrevue, les volontaires peuvent exprimer leur compréhension du thème de recherche, cela dans leurs propres termes (Patton, 1980 cité par Deslauriers, 1991). Le choix d’entrevues semi- dirigées, soutenues par un guide structuré, est motivé par le but de ce travail de recherche qui est de « comprendre le monde de l’autre » (Savoie-Zajc, 2003, p.299). Ce travail de recherche, au travers de l’entrevue semi-dirigée, cherche à comprendre les impressions individuelles des volontaires à propos de la formation interculturelle et de l’ajustement interculturel. L’entrevue semi-dirigée semble être un choix approprié au sujet d’étude compte tenu que celui-ci souhaite aborder des sujets qui ne sont pas faciles à cerner, comme l’influence de la formation interculturelle sur l’ajustement culturel. Comme le souligne Le Gall (2000, p.55), « une démarche souple et moins structurée est privilégiée afin d’obtenir le plus d’information possible ». L’utilisation de l’entrevue semi-dirigée est faite avec toutes les précautions - technique d’entrevue appropriée, questions pertinentes, rapport neutre entre la chercheuse et les participants, etc. - afin d’en garantir la validité.

La technique d’entrevue utilisée est connue sous le terme de technique des incidents critiques. Basée sur les travaux de Flanagan (1954), cette technique cherche à observer, à analyser des incidents, des événements qui ont une signification spéciale pour le participant, qu’il lui est facile de se remémorer et qui rencontrent systématiquement un critère préalablement défini. Elle est utilisée pour recueillir des comportements particuliers dans des situations bien définies. L’incident observé ou analysé doit être suffisamment clair et complet pour permettre des inférences et des prédictions quant à l’individu qui le relate (Flanagan, 1954). Pour être critique, l’incident doit se produire dans une situation où l’intention apparaît claire à l’observateur et les conséquences suffisamment bien définies pour ne laisser aucun doute sur ses effets (Flanagan, 1954). Les incidents critiques sont classifiés selon des catégories qui sont préalablement définies (Flanagan, 1954). Plus ces catégories sont précises, plus les incidents critiques sont faciles à

classifier. Par la suite, des inférences peuvent être formulées quant aux relations existantes entre les diverses variables à l’étude. La technique des incidents critiques est applicable à de nombreux volets des ressources humaines. Comme le fait ressortir Flanagan (1954), plusieurs auteurs ont utilisé les incidents critiques comme base pour développer des programmes et du matériel de formation mais aussi pour évaluer leur efficacité. Dans la grille d’entrevue, une question comme celle-ci : Quel événement que vous avez vécu semble démontrer qu’une formation sur le terrain

aurait dû être offerte ? doit donner la possibilité à la chercheuse d’avoir accès à un incident

suffisamment clair et complet pour permettre d’inférer, dans ce cas-ci, sur les conséquences d’un manque de formation.

La collecte d’incidents critiques doit permettre à l’auteure de ce projet d’étude d’identifier les liens de causes à effets entre la formation interculturelle et les comportements et événements efficaces observés lors de l’expatriation mais aussi entre d’éventuels manquements à la formation interculturelle et les comportements et événements inefficaces sur le terrain. Des questions préliminaires doivent permettre de mettre à jour les incidents critiques vécus par le volontaire. Par la suite, celui-ci est interrogé davantage afin de faire ressortir les liens de causalité pouvant exister entre les variables à l’étude. Les catégories de classification des incidents critiques sont directement basées sur le cadre théorique.

La technique des incidents critiques est utilisée avec la technique de l’entonnoir (funnel

technique). La technique de l’entonnoir est employée comme complément afin de construire un

guide d’entrevue qui puisse prendre en compte l’ensemble des préoccupations de ce travail de recherche. Ce type d’entrevue est structuré de façon à ce que les questions permettent d’aborder les éléments exposés dans la recension des écrits ou même par des participants précédents, afin de vérifier si ces éléments ont été vécus par les participants. Les questions initiales, ouvertes et larges, servent à encourager les participants à s’exprimer librement sur le thème à l’étude. Par la suite, des questions ouvertes mais plus précises sont posées afin de clarifier ou d’élaborer sur les affirmations précédemment avancées par les participants. Enfin, des questions spécifiques sont posées afin de diriger l’attention des participants sur des aspects du thème à l’étude qui n’ont pas été spontanément abordés (Brophy et Alleman, 2002). À la fin de l’entrevue, les participants sont invités à mettre de l’avant des suggestions quant à ce qu’ils ont vécu et quant au thème à l’étude. La technique de l’entonnoir est efficace pour accéder à des informations pointilleuses à propos

d’événement clés (Ahlstrom, Young, Nair et Law, 2003), d’où l’intérêt de la jumeler à celle des incidents critiques. L’utilisation de la technique des incidents critiques jumelée à celle de l’entonnoir permet d’assurer la validité du mode de collecte de données qu’est l’entretien. Ces deux techniques permettent de recueillir de l’information qui n’aurait peut-être pas été dévoilée si la chercheuse n’avait pas utilisé ces techniques puisque celles-ci donnent la possibilité aux participants de préciser leur pensée et de révéler des souvenirs.

Le guide d’entrevue (en Annexe 2) comporte plusieurs volets qui ont comme objectif une compréhension en profondeur de la perception des volontaires de l’influence de la formation interculturelle sur leur ajustement culturel puis de la nécessité ou non de prolonger cette formation sur le terrain. Des questions d’ordre général sont posées afin de savoir qui sont les volontaires interviewés et pourquoi ils se sont engagés dans ce type de volontariat. Viennent ensuite des questions sur la formation interculturelle pré-départ et sur ce que ces volontaires en ont retenu. Puis, des questions sont posées sur leur ajustement culturel ainsi que sur la formation interculturelle reçue sur le terrain, s’il y a lieu. D’autres questions font le lien entre leur formation interculturelle et leur ajustement culturel et entre ces deux concepts et le succès ou l’échec de leur expatriation. Enfin, des questions sont posées en lien avec une réflexion sur la nécessité ou non de prolonger cette formation sur le terrain ou le besoin d’un autre type de support organisationnel. Les questions sont, pour la majorité, ouvertes, courtes et neutres.

Les questions ont été un peu modifiées à la suite des premières entrevues, cela afin de clarifier certains points et d’augmenter la compréhension du thème de recherche. Elles sont répertoriées dans un guide d’entrevue mais peuvent être encore modifiées, complétées ou même abandonnées si la dynamique de l’entretien le suggère (Thiétart, 1999). Comme mentionné auparavant, les questions posées cherchent à faire ressortir les incidents critiques vécus par le volontaire et ayant une signification spéciale. Des questions plus précises cherchent alors à faire un lien de cause à effet entre les variables relevées dans la littérature et par les participants. Non seulement le fait d’aborder les incidents critiques doit permettre de relever, entre autres, l’influence du sentiment d’auto-efficacité des volontaires sur leur expérience de volontariat mais des questions spécifiques sont posées directement en lien avec ce même thème. Par exemple, des questions amènent le volontaire à situer, sur une échelle de Likert comprenant six catégories de réponse

allant de Tout à fait en désaccord à Tout à fait en accord, son sentiment d’auto-efficacité lors de situations biens précises.

La figure 4.1 présente la méthodologie utilisée dans ce travail en lien avec la cadre théorique. Une flèche indique que les techniques des incidents critiques et de l’entonnoir sont en relation directe avec les théories de l’apprentissage abordées. Les techniques d’entrevues utilisées ont chacune un objectif particulier. Celle des incidents critiques cherche à recueillir des comportements particuliers dans des situations précises, cela afin de mettre à jour l’influence de la formation pré-départ sur l’ajustement culturel. Pour sa part, la technique de l’entonnoir est retenue afin de faire des retours et de préciser certaines variables du cadre théorique.

Figure 4.1 : LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

Techniques d’entrevue Technique des incidents critiques Recueillir des comportements particuliers dans des situations précises Technique de l’entonnoir Retour et précision des variables

(composantes du cycle de Bandura, etc. Attention Auto-efficacité Rétention (Re)production Expérimentation Réflexion Raisonnement Mise en pratique Sélection Facteurs d’ajustement culturel FORMATION PRÉ-DÉPART Formation (suivi-terrain) Mentorat, groupes de discussion, réuions entre expatriés, entretiens

avec des habitants, etc. Retour Savoir-être Savoir Savoir-faire Expatriation Le processus d’ajustement culturel