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Voir Platon, Cratvle 390d 2 Voir Platon, Cratvle 39b

D. Description ou qualités du Philosophe

1 Voir Platon, Cratvle 390d 2 Voir Platon, Cratvle 39b

3 Voir Platon, La République. 596a 4 Voir Platon, La République. 533c 5 Voir Platon, La République, 507c 6 Voir Platon, La République, 602e

Étant donné que le raisonnement est le principal instrument du philosophe, la dialectique devient indispensable. Elle était, pour Socrate et Platon, l'outil par excellence qui permettrait désormais au philosophe de parvenir à la connaissance de l'immuable et de l'Être. C'est pourquoi !'avertissement de Socrate à propos de la misologie est important. Le philosophe ne doit jamais devenir misologue, ni même misanthrope. Il doit éviter de prendre en haine les raisonnements. Un truc en dialectique consiste à ne pas suivre l'avis de tout le monde, mais des personnes compétentes. De cette manière, l'océan d'opinions où baignent les vulgaires diminue à la faveur d'un monde plus restreint en matière de connaissances. Le dialecticien s'intéresse à la pensée des savants car ces derniers ont déjà entrepris un léger examen des opinions en démêlant les arguments faux et ceux qui se rapprochent de la vraisemblance. Les vulgaires ont un grave défaut : ils admettent tout à la légère. S'il veut s'élever jusqu'au Bien lui-même et de le voir dans son essence, le dialecticien doit étudier les questions à fonds. Il doit se méfier constamment des opinions d'autrui car elles manquent souvent de prudence. Il doit constamment faire des distinctions dans les propos des gens. La dialectique est difficile et elle doit être conduit avec art à force de travaux pratiques et d'étude. Il est laborieux de raisonner sur les essences des choses et à leur utilité. Le fait d'appliquer son esprit à connaître la nature des choses exige de la part du philosophe un esprit organisé et bien structuré. Et pourtant, Socrate ajoute une distinction majeure : le philosophe doit avoir un esprit plein de mesure, de grâce ainsi que ses dispositions innées qui doivent le conduire aisément vers l’Idée de chaque être. La dialectique exige aussi un certain talent inné. Lorsque les idées se présentent en foule, par une possession divine, l'âme du philosophe rentre dans cette danse dialectique avec le danger de se laisser emporter par la vague des opinions fondées sur l'apparence. Ce talent naturel, à l'aide d'exercices appropriés et de sérieuses études, doit lui apprendre à éviter la duperie et la fourberie d'autrui. La pratique de la dialectique exige de la part du philosophe à ne jamais se montrer faux à qui que ce soit. Il doit toujours rester simple et vrai. Cette recommandation ne concerne pas seulement la maïeutique ou l'éducation, mais elle désire aussi avertir le philosophe du danger d'emprunter la pensée d'un autre qu'il ne maîtrise pas. La seule pensée que le philosophe peut parfaitement connaître est la sienne. L'emprunt de l'opinion d'autrui peut amener le

philosophe à se contredire ou à ne pas dire ce qu'il pense véritablement puisque cette pensée n'est pas la sienne. Le philosophe cherche à déshabiller l'âme pour la connaître au plus profond d'elle-même. Or, la dialectique ne se passe pas seulement d'âme à âme, mais elle veut les dépouiller de leurs fausses opinions. Il ne faut jamais perdre de vue que le philosophe se présentera dans l'Hadès, non pas avec l'âme d'une autre personne, mais avec la sienne pour que les dieux la soumettent à la justice divine en vérifiant sa pureté.

Le philosophe doit toujours être lui-même puisque c'est son âme qu'il doit délivrer de l'ignorance. C'est pourquoi il parle toujours d'âme à âme. Il ne se cache pas derrière un masque ou des apparences physiques dans le banal but de plaire à un interlocuteur. Son âme s'applique au travail dialectique de toutes ses forces pour la libérer du monde sensible. La sagesse de Socrate consistait précisément à se refuser d'enseigner pour aller s'instruire auprès des autres. Bien qu'il fut un homme mystérieux, le philosophe d'Alopèce était intraitable et difficile à satisfaire car il désirait ardemment délivrer son âme de l'ignorance dont elle était atteinte. Devant les dieux, son âme devait être pure.

Une âme qui vise la perfection s'applique à utiliser un langage des plus parfaits. C'est la raison pour laquelle le philosophe sait user des mots qui sont appropriés aux objets. Il sait appliquer les noms qui ont une certaine justesse naturelle convenablement aux objets. La justesse des noms consiste à faire voir la nature des objets. N'est-il pas, ajouterait Socrate, digne d'un homme libre d'employer les mots et les phrases à son aise en les passant rigoureusement au crible? Il est honteux de faire semblant de dire quelque chose alors qu'on ne dit rien qui vaille. Le philosophe est quelqu’un qui sait interroger. Il traite les questions à fond. La méthode employée est la dialectique. Une condition primordiale est de parler avec une personne qui est intellectuellement honnête. Il

Il est également du ressort de l'homme libre qui s'acharne à connaître la vérité à reprendre sans hésiter l’examen du début si la discussion l'exige. Il arrive qu’une conversation se détourne de sa mission première parce que certaines distinctions introduites dans les discours l’a conduit sur une autre voie. La dialectique ne doit pas rougir à l’idée de rebrousser chemin en reprenant la série d'arguments qui l’a fait dévier

de sa trajectoire. La vérité se vérifie. Par exemple, Socrate n’avait pas peur de faire face à l’argument et de l’examiner minutieusement. La dialectique doit garder à l’esprit que le but est de parvenir à connaissance juste de la nature des choses. Or, la dialectique n’est pas un jeu où il doit nécessairement y avoir un gagnant et un perdant à la fin de la conversation, mais elle est un travail intellectuel où deux individus s’exercent en commun pour parvenir à la vérité. Le but n’est pas un gain quelconque, mais uniquement la vérité. Son rôle consiste à libérer l’esprit du philosophe des imperfections intellectuelles dont il est atteint. La dialectique sert à débroussailler le monde des opinions pour en arriver à une définition qui servira de point de départ à la science. Son utilité n’est pas de gagner des débats comme le font les sophistes. Contrairement à l’orateur, le sage persuade une personne à la fois. Les arguments sont à son service et non pas l’inverse. L’outil par excellence pour le philosophe est le raisonnement qui lui permet non seulement de se libérer des fausses opinions, mais de le délivrer du monde sensible pour emprunter la voie de la sagesse.

Cette liberté de la pensée a fait naître un important trait de caractère associé particulièrement à Socrate : l’ironie. En fait, l'ironie peut très bien être une arme de la dialectique, mais elle peut aussi être employée pour la maïeutique. De fait, l'ironie consiste à simuler l'ignorance pour obliger l'interlocuteur à répondre de lui-même à une question posée. Une fois qu'il s'est exécuté, le dialecticien s'empare de sa réplique pour le réfuter. L'ironie peut être un outil de la maïeutique car elle montre à l’autre la fausseté dans ses opinions. Elle l’oblige donc à réviser ses positions et à redémarrer une nouvelle recherche. Ce qui a pour conséquence de le délivrer de sa double ignorance. Mais, elle peut également être classée du côté de la dialectique car le philosophe qui utilise cette méthode sait que l’autre est proche de la vérité alors qu’il ne s’en doute pas. Il ne faut pas confondre l'ironie et la moquerie. Le fait de dire le contraire de ce que l'on pense a pour but d’amener son partenaire à réfléchir davantage sur les questions avancées par le dialecticien. Or, l’ironie ne s’applique qu’à la dialectique. Elle ne peut pas être utilisée dans un débat où la rhétorique règne. C'est pourquoi Socrate évitait à tout prix les longs discours qui font perdre le fil de la conversation. Chaque argument doit être vérifié un à un. Tout comme à l'image des mathématiques, chacune des propositions ajoutées à un