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Voir Platon, Charmide 64a 2 Voir Platon, Cratvle 398b

D. Description ou qualités du Philosophe

1 Voir Platon, Charmide 64a 2 Voir Platon, Cratvle 398b

aucunement question de reprendre quelqu’un en le grondant, mais de lui faire voir que le sage incorpore dans sa conduite ce qu’il reprochait aux autres en les sermonnant. Le sage est celui qui connaît les affaires humaines les plus importantes que sont les vertus. Il sait ce que sont le beau, le bien et le juste. Il sait en quoi ils consistent et comment les pratiquer pour devenir heureux. La condition première d’un bon enseignement est de connaître soi-même les causes qui agissent sur l’âme ou sur la matière. Par exemple, comment est-il possible d’enseigner ce qu’est une action juste si le professeur ignore ce qu’est la justice? Socrate et Platon ont compris que l’enseignement strictement fondé sur la connaissance ne suffit pas pour insister les autres à pratiquer convenablement la vertu. La combinaison de la connaissance et de la pratique des actions est primordiale. Pierre Hadot ajoute que l’on peut admettre que « la sagesse représente la perfection du savoir identifié à la vertu » \ Il faut savoir ce qu’est la justice pour devenir un être juste, mais il faut aussi la mettre en pratique pour être heureux. Donc, la connaissance de la définition de la justice est essentielle à son enseignement. Plus encore, il faut démontrer aux apprentis philosophes les bienfaits de cette justice.

Or, pour y parvenir, il faut chercher à être supérieur à soi-même. L’élévation vers la divination n’est pas une simple affaire. Elle exige des efforts considérables de la part du philosophe pour acquérir les vertus nécessaires qui contribueront à la fois à son propre bonheur et elles serviront également à paver la voie pour la génération future. Le philosophe qui prouve que la pratique des vertus apporte le bonheur deviendra le maître le plus en vue de la cité puisqu’il possède ce que tout le monde désire par-dessus tout. Le philosophe deviendra alors le modèle par excellence des actions humaines. Le philosophe doit non seulement découvrir les indices qui mènent à la divinité, mais il doit aussi les enseigner à ses élèves pour qu’ils puissent suivre les traces de leur maître. Le rôle social du philosophe est d’élever la jeunesse en essayant de les rendre aussi vertueux qu’elle peut le devenir. Le Politique ajoute que le sage est celui qui est capable de comprendre et de donner la raison de chaque chose. Car, poursuit Platon, seules « les réalités immatérielles, qui sont les plus belles et les plus grandes, c ,est la raison seule, et rien autre, qui nous les révèle clairement, et c *est à ces réalités que se rapporte tout ce que 1

nous disons en ce moment » \ Le sage doit mettre toute son application à rendre compte de la nature des choses. Une bonne explication influence vraiment la jeunesse puisque le professeur sait donner la définition de la chose. Or, Γ explication élimine le doute. La conséquence de cet enseignement est de convaincre les élèves sur la véracité de ses propos. La servitude commence par Γincapacité d’ajouter aux connaissances les vertus nécessaires aux bonnes démarches de la béatitude. L’homme d’état, par exemple, doit unir ces deux conditions afin de conduire les autres vers la même destination.

L’éducation platonicienne appelle la vertu à se conformer à l’ordre qu’impose la raison. Elle élève les jeunes âmes à harmoniser les différentes passions telles que le plaisir et la haine aux bonnes habitudes. Autrement dit, les jeunes doivent apprendre très tôt à détester ce qu’il faut haïr. L’intelligence lie ensemble les différentes parties de la vertu. Il faut que le sage s’applique de toutes ses forces, par l’éducation et par l’étude, à fuir le vice et à pratiquer la vertu. Le philosophe aspire à devenir le citoyen le plus parfait sachant commander et obéir selon la justice. Il sera alors en mesure de servir de modèle à la jeunesse. Pour ce faire, il est alors nécessaire de s’attacher à la partie la plus divine de notre âme qu’est la raison. Elle seule peut organiser et lier ensemble les différentes vertus qui amènent au bonheur. Le naturel philosophe est celui qui est en mesure de prendre tous les outils de la raison qu’offrent les disciplines scientifiques et de remonter vers la divinité. L’éducation n’échappe pas à la mission divine. Au contraire, il doit fournir au philosophe tous les moyens de parvenir à cette connaissance parfaite.

Le philosophe devra affronter de nombreuses difficultés qui se situent sur le chemin de la sagesse. Par exemple, la Lettre Π 1 2 prévient le philosophe que la recherche du bonheur qui passe par la connaissance des dieux prête au rire chez la plupart des vulgaires. Les doctrines philosophiques ne doivent pas tomber, insiste Platon, dans le domaine public. Seul le philosophe qui a reçu une bonne éducation et une instruction adéquate est apte à apprendre et à comprendre les doctrines philosophiques éprouvées par la raison qui lui permettront de voir sous un nouvel angle les vraies réalités du monde sensible. Il faut

1 Platon, Politique. 286b