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Les qualités du Philosophe et l’éducation

D. Description ou qualités du Philosophe

2. Les qualités du Philosophe et l’éducation

Si la finalité de !'instruction est !'apprentissage des connaissances, celle de l'éducation est de rendre les hommes parfaitement vertueux. De cette manière, le philosophe évite de retourner dans l'Hadès avec une âme imparfaite et insensée. La véritable éducation consiste à prendre soin de son âme, de son corps et de ses biens. Le sage doit s’exercer

constamment à la vertu. Le philosophe est le citoyen qui l’emporte le plus sur les autres en vertu de son courage, sa tempérance, sa prudence et sa capacité à pratiquer la justice. Le philosophe doit réunir en lui toutes les vertus tout en restant fidèle et incorruptible dans ses séditions. Par !’éducation et l’étude, il cherche à fuir le vice et les mœurs pour aspirer à la vertu parfaite. Cette perfection s’acquiert grâce à un dur labeur. Le philosophe doit se mettre en état de plaire aux dieux autant par ses paroles que par sa conduite. C'est pourquoi il ne doit jamais adopter d’habitudes honteuses. Il ne doit jamais laisser place au ridicule, ni dans ses actes, ni dans ses paroles. Il sait mettre sa vie en accord avec ses paroles. Si la vérité n’a qu'un discours, alors les actions doivent être en accord avec une pensée inspirée de la vérité. Une pensée parfaitement organisée aide à passer au travers une vie ordonnée et sage.

Le bon maître sait faire progresser les autres dans la sagesse ou dans toute autre partie de la vertu. Il contribue à donner la sagesse et toutes les autres vertus aux autres citoyens. Le bon maître doit d'abord être en accord lui-même, mais il est aussi nécessaire qu’il le soit avec le public. Le philosophe doit être maître de lui-même et réglé dans sa conduite. Il sait tenir en servage la partie où naît le vice et il assure la liberté à celle ou naît la vertu. Il est relativement facile de comprendre que la partie où naît le vice est le corps et l’autre est l'âme. Une éducation saine doit donner au corps et à l’âme la beauté la plus parfaite. Elle doit apprendre au sage à prendre soin de son corps pour qu’il ne nuise pas à son esprit. Il doit aussi encourager l'amour du céleste puisqu’il est le modèle parfait.

Si le philosophe désire persévérer dans sa démarche et d'atteindre son but, il doit être en possession des qualités suivantes : la facilité d'apprendre, la mémoire, le courage, la prudence naturellement magnanime et la grandeur d'âme. Plus encore, s'il désire être heureux et assurer son salut auprès des dieux, il doit être tempérant et juste. Il doit à tout prix régner sur les passions telles la colère et l'arrogance qui accompagnent ses actions s'il veut devenir meilleur et le plus heureux d'entre les hommes. Il doit reconnaître les différentes formes de vertus et de vices qui font l'objet de la même étude. D'une constance inébranlable et l'amour de toute espèce de travail, le philosophe a également le goût pour l'étude, la conversation et la recherche. Et pourtant, Socrate avoue qu'il est

difficile de réunir toutes ces qualités en un seul individu. Car, ajoute t-il dans la République, les éléments qui doivent composer leur naturel :

Ceux qui sont doués de facilité à apprendre, de mémoire, d'intelligence, de sagacité et de toutes les qualités qui s'ensuivent, non pas coutume, tu le sais, de joindre naturellement à la fougue et à l'élévation des idées un penchant qui les porte à vivre dans l'ordre avec calme et constance. De tels hommes se laissent aller où leur vivacité les emporte et ne présentent rien de stable. Tu dis vrai. Mais, d'autre part ces caractères fermes et solides, auxquels on se confie de préférence, et qui, à la guerre, restent impassibles en face du danger, se comportent de même à l'égard des sciences; comme engourdis, ils sont lents à s'émouvoir, lents à comprendre, et somnolent, bâillent à l'envie, quand ils ont à se livrer à un travail de ce genre 1.

Le philosophe apporte le bonheur à la cité et au particulier car il cherche le bien dans les voies de la sagesse et de la justice. Il procure le bonheur à chacun des citoyens de la cité en les rendant capable de vivre en société et d'être les amis des dieux. Or, la route qui conduit au bonheur est de devenir l'homme le meilleur, le plus sage et le plus juste. Pierre Hadot dit « qu’il s’agit avant tout de déterminer, dans la vie de l’individu et de la cité, grâce à une étude de la mesure propre à chaque chose, cette triade de valeurs qui apparaît d’un bout à l’autre des dialogues : ce qui est beau, ce qui est juste, ce qui est bien. Le savoir platonicien comme le savoir socratique est avant tout un savoir des valeurs » 1 2. Tout être poursuit le bien ou ce qu'il croit être. Il le désire, il veut le saisir pour le posséder tout entier. Si le philosophe est véritablement honnête lorsqu’il pratique la vertu, il saura recevoir l'injustice sans se troubler et sans n’en éprouver aucun mal. C'est la raison pour laquelle Socrate disait qu'il valait mieux subir une injustice qu'en commettre une. Ce qui est important, c'est que le philosophe ne fasse de mal à personne volontairement. Il doit être une personne de bien. Or, puisqu'il veut ressembler aux dieux, alors il doit être aussi bon qu'eux. Étant donné que le semblable est l'ami du semblable, le philosophe s'entoure de gens de bien. Simple de caractère, son esprit sait allier la bonté à la beauté divine. Or, cette beauté exige qu'il soit aimable, délicat, parfait et bienheureux.