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d Comptes et mécomptes

2.2 Quand les représentations de la presse donnent naissance aux stéréotypes.

2.2.3. Visibilité limitée et connotations négatives limitent la compréhension de l’Autre.

L‟autre élément crucial pour mesurer la signification qu‟une représentation de l‟altérité provoque dans le public est la visibilité et la connotation données au sujet qui est représenté. Cependant, avant d‟aborder ce sujet, il faudra retenir le fait que, comme les études varient considérablement en termes de définitions théoriques de l‟altérité, des représentations médiatiques, des méthodes et de

manière générale n‟était pas possible. Ainsi, nos mesures sur la visibilité et les connotations nécessitaient de se mettre d‟accord avec deux approches différentes.

Jusqu‟à présent, les études réalisées sur les représentations de l‟altérité peuvent être divisées en deux grandes catégories. Le premier type d‟études examine les représentations de l‟altérité en se basant sur les données exhaustives et en utilisant l‟analyse de contenu comme méthode principale. Le second type consiste en l‟étude de cas détaillés utilisant un nombre de données déterminées et se focalisant sur un événement particulier. Ces études reposent le plus souvent sur les méthodes analytiques linguistiques ou discursives. Afin de rester en accord avec ces deux grands courants théoriques, nous avons fait une combinaison des pratiques utilisées pour l‟analyse des représentations de l‟altérité. Ainsi, nous avons débuté par une analyse quantitative des données, et dans les cas où nous l‟avons jugé nécessaire, nous avons procédé à une analyse plus détaillée des articles significatifs.

Les études qui utilisent des données exhaustives et l‟analyse de contenu arrivent surtout à fournir des informations sur la fréquence des énoncés concernant l‟Autre. Dans notre cas, nous n‟avons pas utilisé de critère absolu pour comparer la quantité des énoncés concernant l‟identité chinoise. Le chiffre total de ces énoncés dans la presse française et grecque varie d‟un jour à l‟autre, d‟un journal à l‟autre et aussi d‟un pays à l‟autre. Ainsi, nos données sont plutôt hétérogènes en ce qui concerne la fréquence des articles écrits sur la Chine et les Chinois au cours de l‟année 2008. Cependant, nous avons pu constater que le journal français consacre plus de temps et d‟espace aux nouvelles concernant la Chine que son homologue grec. Pareillement, la fréquence des articles n‟est pas la même au fil des mois, avec une haute fréquence pour le mois d‟août, mois des Jeux Olympiques. Au contraire, la fréquence la plus basse était observée une fois les JO terminés.

La question de savoir s‟il existe un chiffre ou un nombre d‟énoncés, qui pourrait être considéré comme « bon » ou « désirable » demeure. La réponse à cette question restera bien sûr impossible à donner, mais il est évident que la participation à la discussion publique est impossible sans accès aux informations.

Si les médias construisent notre réalité quotidienne, il va sans dire que pour partager cette réalité, l‟accès aux médias reste indispensable. Un nombre important d‟articles sur la Chine a pour résultat de lui donner de la visibilité et vice versa. Cette visibilité à son tour peut être interprétée comme un indicateur fort, de la place que la Chine occupe à l‟international, de sa puissance comme pays, et de son importance dans les changements qui arrivent au monde. Le nombre des énoncés relatifs à la Chine peut aussi indiquer les relations entre la Chine et les pays de référence, dans notre cas les relations entre la France et la Chine d‟une part, et la Grèce et la Chine, d‟autre part.

Néanmoins, il est essentiel de considérer non seulement la quantité des énoncés mais aussi leur qualité, car les représentations de l‟altérité que ces énoncés offrent au public et la façon dont ces informations interagissent avec les besoins politiques, sociaux, culturels et informationnels du public en dépendent. C‟est pour cette raison qu‟il est important de noter la connotation négative ou positive que ces énoncés attribuent aux Chinois. Dans notre étude nous avons constaté que les problèmes de la vie quotidienne chinoise et les bouleversements sociaux préoccupent la presse française et grecque ponctuellement. Beaucoup de sujets, tels que l‟éducation, la santé, la culture, la place des immigrés, le chômage, qui sont une réalité quotidienne pour les Chinois et qui pourraient également contribuer à une représentation plus diversifiée de ce pays, ne préoccupent pas la presse européenne, sauf dans les cas des grands événements (cf. le séisme du Sichuan, l‟affaire du lait frelaté, l‟affaire du Tibet).

Nos résultats révèlent que l‟identité chinoise dans la presse française et grecque est surtout représentée dans les affaires de crise et de conflit. De cette façon la connotation attribuée en Chine, au pouvoir chinois ou aux Chinois en général, est souvent négative. Les points de vue alternatifs sont aussi presque inexistants, autant du côté des journalistes européens que du côté des journalistes chinois.

Ainsi, à cause de la couverture extensive des sujets négatifs, les représentations de l‟identité chinoise risquent d‟accentuer la différenciation entre

Nous et les Autres, et de pratiquer, si nous nous permettons d‟utiliser les mots de Tarde « le passage d’une différence invisible à une différence apparente » [TARDE, 2003 ; 250], à un degré significatif.

2.3 Les représentations et la construction du «lointain». La

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