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Vers un projet culturel « Amiens métropole »

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 147-150)

Du projet culturel d’Amiens...

La communauté d’agglomération d’Amiens présente une situation relative- ment exceptionnelle – peut-être même unique, au moment de la réalisation de cette étude – la communauté d’agglomé- ration ayant décidé la prise en charge de la totalité des politiques culturelles et des équipements correspondants. Cette dé- marche intervient dans un contexte carac- térisé par le poids totalement incomparable de la métropole amiénoise par rapport à toutes les autres communes de la communauté d’agglomération, par l’importance des zones rurales en dehors d’Amiens et de quelques communes péri- phériques et par l’absence de structures et d’équipements culturels (et a fortiori d’une politique culturelle définie) en de- hors d’Amiens et de Longueau.

Chacun de ces éléments caractérise la politique culturelle qui est en train de se définir au niveau de la communauté d’ag- glomération, une politique qui s’élabore en continuité avec la réflexion menée de- puis plusieurs années au niveau de la mé- tropole amiénoise proprement dite. Ce

projet culturel d’Amiens, qui met en œuvre un projet global sur la ville – des institutions culturelles aux centres cultu- rels de quartier – a pour objectif de tou- cher toutes les populations à travers quatre axes d’intervention :

• La diffusion : elle s’appuie sur un établissement scène nationale (maison de la culture), mais aussi sur un large éven- tail de lieux de diffusion artistique qui permettent la promotion des jeunes ta- lents comme l’auditorium Henri Dutil- leux (conservatoire), La Lune des pirates pour les musiques actuelles, la maison du théâtre pour les compagnies locales, la biblio- thèque municipale qui reçoit de jeunes au- teurs (premiers romans), le théâtre de marionnettes.

• La formation : elle constitue un axe prioritaire de la politique culturelle d’Amiens autour duquel s’articule le pro- jet culturel de la ville et se développent les complémentarités entre les différents sec- teurs. En matière de formation, la ville bé- néficie d’établissements de formation artistique délivrant des diplômes d’État, comme le conservatoire national de région et l’école supérieure d’art et de design (ap- pelée à constituer, avec la faculté des arts de l’université de Picardie, un pôle régio- nal d’éducation artistique sur un en- semble de 6 000 m2). Une école

atelier-théâtre s’est ouverte à la maison de la culture, en complément de la classe d’art dramatique installée à la Maison du théâtre. L’accent est mis, par ailleurs, sur la formation artistique de proximité (no- tamment dans les quartiers périphéri- ques) à travers l’action de nombreux centres d’art et centres musicaux de quar- tier, véritables « lieux intermédiaires » qui développent la formation initiale et la sensibilisation de publics exclus de toute pratique artistique. Des lieux de forma- tion et de diffusion culturelle touchent plus spécifiquement les enfants et le Clea (contrat local d’éducation artistique), en

mique et la Drac, a permis de créer une dy- namique (5 000 jeunes en formation sur la ville).

• La création : elle tient une place impor- tante dans l’activité d’institutions telles que la maison du théâtre, la comédie de Picardie, le théâtre Gérard Philipe ou la maison de la culture. D’autre part, les commandes publi- ques participent activement à ce volet de la politique culturelle municipale à travers l’aménagement d’espaces publics, des com- mandes de sculptures... D’autre part, la ville accueille des artistes en résidence, qui enri- chissent les formations dispensées dans les pôles de formation.

• La médiation : c’est un volet important de l’action de toutes les structures culturel- les d’Amiens (en particulier par l’intermé- diaire des écoles, associations, artistes...) pour rester ouvertes à tous les publics poten- tiels. Les centres culturels de quartiers jouent un rôle essentiel en ce domaine. La médiation y rejoint parfois la formation par le biais d’actions plus ludiques (c’est le cas du Safran avec des ateliers de sensibilisation à la peinture, au multimédia ou aux percus- sions). L’objectif visé est d’entraîner tous les quartiers et leurs populations dans la redy- namisation culturelle impulsée par les grands équipements, d’explorer toutes les voies en faveur du décloisonnement entre les institutions et de favoriser plus particulière- ment ce décloisonnement en direction des quartiers « sensibles », de libérer les flux d’activités du centre vers la périphérie, d’y créer de véritables pôles d’excellence cultu- relle et artistique... en un mot, d’englober le fonctionnement des structures culturelles dans un ensemble partenarial.

... au projet culturel d’Amiens métropole

Avec la mise en place de la communau- té d’agglomération, c’est bien la même dé- marche qui est en jeu : on assiste non pas à un changement de philosophie, mais à un changement d’échelle territoriale. Il

convient de souligner, par ailleurs, que la définition et la mise en œuvre du projet culturel de la communauté d’aggloméra- tion relève de la responsabilité du maire-adjoint à la culture qui avait défini et développé le projet culturel d’Amiens et qu’il sera mis en œuvre par les services culturels de la ville qui deviennent, de fac-

to, les responsables et les animateurs de la

politique culturelle d’Amiens métropole. Il est donc logique que le projet culturel d’Amiens – tel qu’il se mettait en place au cours des dernières années – soit appelé à inspirer très fortement le projet culturel de la communauté d’agglomération, d’autant plus qu’il sera mis en œuvre et géré par les mêmes personnes et les mêmes services. En particulier, l’expérience de sectorisa- tion des actions culturelles, développée par la ville au cours des années précédentes, re- présente probablement une des clés qui peut permettre de comprendre dans quel esprit et de quelle façon se développera un projet culturel d’Amiens métropole.

Le maire-adjoint à la culture, assisté des services culturels de la ville, a entre- pris de rencontrer systématiquement l’ensemble des élus, des responsables et des acteurs des institutions culturelles de l’agglomération pour dresser un inven- taire complet des ressources, des deman- des et des besoins culturels à l’échelle de la communauté d’agglomération sur la base d’un « projet de contribution de l’action culturelle à la citoyenneté métropoli- taine » qui esquisse ce que pourrait être un futur projet culturel d’agglomération. Ce projet souligne la chance que repré- sente la communauté d’agglomération en termes de développement et de renforce- ment de l’unité et de l’identité des popula- tions, ainsi que de réduction des inégalités d’accès à la culture. Il insiste, par ailleurs, sur les « interrelations fortes entre le rural et l’urbain à l’échelle de la communauté d’agglomération, qui constitue un atout en termes de développement durable des populations ».

Le développement de l’intercommuna- lité, à l’échelle de la communauté d’agglo- mération, doit permettre la création de nouveaux services sur un ensemble géo- graphique plus large, toutes les popula- tions concernées étant appelées à bénéficier de la valeur ajoutée aux servi- ces déjà existants, souvent identifiés comme destinés au seul profit de la ville-centre. Le nouvel espace territorial proposé par Amiens métropole se pré- sente comme un élargissement des espa- ces de vie communautaires.

À terme, l’objectif visé est que les liaisons entre un quartier d’Amiens et une ville de la communauté d’agglomération soient pen- sées en matière urbanistique dans une cohé- rence globale : « La responsabilité propre de la ville-centre repose sur la nécessité d’affi- cher une identité communautaire dans cet espace urbain nouveau, tout en maintenant celle de quartier, de ville ou de village ».

Il faut concevoir cette démarche dans une continuité : de nombreuses opéra- tions conduites par le district ayant per- mis de forger cette nouvelle identité et de renforcer l’attractivité de chacune des vil- les (entrées de villes, aménagement de places, voirie structurante...). Avec la communauté d’agglomération, il s’agit de pousser plus loin cette démarche inter- communale. La dévolution des compéten- ces culturelles constitue un adjuvant permettant de renforcer cette communau- té, tout en valorisant les savoir-faire, les qualités patrimoniales, artistiques et cul- turelles de chaque commune.

Ce projet culturel est appelé à s’articu- ler autour de la prise en compte, au niveau de la communauté d’agglomération, de l’exigence de satisfaire les besoins priori- taires qui s’expriment, de manière forte, en termes de lecture, de pratiques musica- les et artistiques. La démarche proposée est de lancer très rapidement une étude géo-démographique et, à partir des con- clusions de cette étude, de définir les conditions d’un élargissement de l’accès à

la lecture par le parcours de bibliobus en fonction de trajets, de fréquences et de ci- bles fournies par cette étude, d’augmenter aussi le fonctionnement de la biblio- thèque, son budget d’acquisitions et ani- mation et le développement multimédia.

Cette étude devrait, par ailleurs, per- mettre d’analyser la pertinence de la réali- sation d’une école de musique de type 1er cycle, de réfléchir à une implantation

géographique qui soit la plus appropriée pour servir au mieux, par équidistance, les populations ciblées, d’évaluer l’intérêt d’une greffe de formation artistique de type 1erdegré dans ce même concept archi-

tectural ou dans des locaux appropriés. Elle devrait aussi permettre de préciser l’intérêt de « points livres » dans des éco- les ou mairies et d’établir une filière cohé- rente de formations qui pourrait déboucher sur l’accueil au CNR ou à l’Esad des populations concernées. Cela suppose un renforcement du fonctionne- ment de ces institutions qui doivent offrir une palette formative plus large pour le CNR (danse, théâtre, musiques actuelles). Le CNR actuel libérerait ainsi des disponi- bilités d’accueil par redistribution du 1er cycle dans les écoles de musique de

quartier et en métropole et permettrait d’envisager que le CNR devienne le conservatoire des arts (musique, danse, théâtre) Amiens métropole. L’Esad développerait des master class afin de répondre aux besoins de formations supérieures et des cours du soir pour adul- tes, ce qui nécessite le renforcement de son fonctionnement.

La maison du théâtre, qui prodigue avec ses ateliers des formations diversi- fiées à de nombreux jeunes, pourrait aug- menter ses capacités d’accueil aux populations métropolitaines et pourrait soutenir aussi la jeune création. On cons- tate le même engouement pour les musi- ques actuelles. Dans l’attente d’un plan d’aménagement du territoire culturel qui

convient sans attendre d’envisager le ren- forcement des structures existantes ou- vertes aux populations métropolitaines, la salle de Longueau pouvant constituer un point d’appui fort de cette démarche. Le lien culturel métropolitain pourra s’ap- puyer sur la tradition fortement enra- cinée des fanfares métropolitaines qui irriguent le territoire. Le cirque d’Amiens, pour lequel un important pro- jet de restauration est prévu, devrait per- mettre le développement d’une filière de formation aux arts du cirque.

Les centres culturels Safran, Étouvie, Jacques Tati, géographiquement situés en périphérie d’Amiens mais au centre de la communauté d’agglomération, sont appe- lés à répondre aux besoins des populations métropolitaines de proximité. Leur déve- loppement et le renforcement de leur fonctionnement et de leurs actions doi- vent devenir un véritable enjeu métropoli- tain. Il en est de même pour les centres musicaux de quartier de Saint-Acheul, Vallée Saint-Ladre, Musique en herbe ou Étouvie en ce qui concerne les jeunes.

La MCA est appelée à amplifier son at- tractivité à l’aire métropolitaine, de même que les grands rassemblements festifs : Fête dans la ville, festival de Jazz, du Film, salon de la BD, Agora, ou Lézard jaune.

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 147-150)

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