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La culture dans la CdA : une culture de gestion

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 84-86)

sans politique culturelle

L’énoncé statutaire des compétences culturelles de l’agglomération, dont la plupart des acteurs rencontrés ne retien- nent que les mentions relatives à la scène nationale et à la médiathèque, rend compte à la fois de l’acquis communau- taire mais aussi du gel des compétences initiales de la CdA autour de la gestion d’équipements importants dont l’action est placée sous l’autorité de deux profes- sionnels.

La gestion d’équipements culturels

Nul ne prétend actuellement qu’il exis- terait une politique culturelle de la communauté d’agglomération. Nos interlocuteurs unanimes sur ce point ont toujours borné les compétences de la CdV comme celles de la CdA au financement d’institutions culturelles. Cette limite, dans ce qui est perçu comme l’en-deçà d’une véritable politique intercommunale,

résulterait d’une « culture d’agglomération » forgée par l’histoire de l’intercommunalité rochelaise.

Un responsable administratif de la CdA « Marqués par vingt à vingt-cinq ans de Sivom, les élus de l’agglomération sont des constructeurs ou des bâtis- seurs. Ils ont une culture de gestion et de construction. Ils peuvent voter facile- ment 200 millions d’investissement pour une station d’épuration et hésiter sur un projet culturel de quelques millions (...). Il n’y a pas de politique culturelle dans l’agglomération. »

La possibilité d’apporter des subven- tions à des équipements ou manifesta- tions d’intérêt communautaire n’est plus utilisée. Dès lors, depuis l’ouverture de la médiathèque, le budget culturel de la CdA ne comprend en fonctionnement que trois lignes : deux pour La Coursive (les charges liées au bâtiment sont détachées de la sub- vention de fonctionnement) et une pour la médiathèque. La compétence relative à l’informatisation du réseau de bibliothè- ques, à dimension à la fois technique, an- cienne et annexe vis-à-vis de l’action intercommunale en faveur de la lecture publique, se traduit par une ligne du bud- get investissement (entre 413 KF en 98 et 1 277 KF en 97, son niveau moyen semble se situer aux environs de 800 KF pour un total de dépenses d’investissement dans le secteur culturel de 7,3 MF en 99).

Intérêt communautaire ou fait accompli ?

La situation rochelaise au moment de la transformation de la CdV en CdA, en raison de la procédure imposée par la loi, a donc permis de faire l’économie d’un dé- bat sur le contenu de l’intérêt communau- taire en matière culturelle. Si les 84

compétences de la CdV, désormais CdA, sont fréquemment justifiées en fonction de la provenance des publics des institu- tions communautarisées, le même critère pouvait être appliqué à d’autres équipe- ments (ENMD, musées, carré Amelot) ou manifestations (Francofolies) qui sont pourtant restés dans le giron de La Ro- chelle. C’est donc l’acquis communautaire et d’une certaine façon le fait accompli, qui ont été repris, mais aussi quasiment figés, lors de la création de la CdA.

La Coursive et la médiathèque sont is- sus de la volonté de Michel Crépeau (dont le nom a été donné à la médiathèque) qui obtint l’intervention de l’agglomération sur des projets d’abord portés par sa mu- nicipalité. L’inscription de l’Espace musi- ques actuelles est l’unique dérogation à la simple reprise des compétences culturel- les de la CdV.

Elle a été rendue possible en raison, d’une part, de sa qualité de projet à réali- ser. L’Ema n’apparaissait donc pas aux élus de l’agglomération comme un équipe- ment lourd, déjà existant, dont la ville-centre, ne pouvant assurer seule les charges de fonctionnement, demandait l’aide de la CdA. Par ailleurs, son plan de financement, beaucoup plus modeste que celui de la médiathèque, limite la contri- bution communautaire entre le tiers et le quart de son coût total. D’autre part, son implantation choisie hors de la ville-centre gomme quelque peu l’origine strictement rochelaise de l’initiative dont il sera le fruit. Enfin, des éléments de sa définition l’associent à la politique de la ville figurant dans les compétences de la CdA. Certains responsables de cette der- nière avaient considéré qu’il n’était pas utile de modifier ses statuts pour prendre en charge un équipement relevant d’une politique que la loi attribuait à la commu- nauté. C’est la préfecture de Cha- rente-Maritime qui a demandé une modification des statuts de la CdA en esti- mant que l’EMA ne pouvait relever de la

compétence « politique de la ville ». Mais, cette procédure relativement technique, ainsi, malgré tout, que le rattachement, aux yeux de nombreux élus, de cet équipe- ment à des objectifs sociaux, ont empêché qu’un débat sur une politique culturelle d’agglomération ait lieu à cette occasion.

Les implications

D’un point de vue organisationnel, la CdA ne possède pas de service culturel ni de vice-président à la culture. Les compé- tences communautaires relatives à La Coursive et à la médiathèque ont suscité la désignation pour chacun de ces équipe- ments d’un vice-président de l’aggloméra- tion chargé de suivre leurs activités et de représenter la CdA auprès de ces deux organismes. L’administration culturelle de la CdA est actuellement confiée au direc- teur des affaires culturelles (DAC) de la ville de La Rochelle.

D’un point de vue plus politique, il ré- sulte de cette situation un sentiment selon lequel l’agglomération souffre d’un déficit de débats sur ses compétences, notamment culturelles. Mais, de nombreux interlocu- teurs s’interrogent aussi sur ce qu’il pour- rait advenir des compétences communales au cas où l’on déciderait d’étendre celles de la CdA (« Il nous resterait plus à faire que les mariages et les bordures de trottoirs. », vice-président de la CdA, maire d’une com- mune de l’agglomération).

Ainsi, si les interventions culturelles de la CdA ne sont pas mises en cause, elles sont principalement considérées comme un résultat obtenu par Michel Crépeau. Son décès durant l’année de transition entre la CdV et la CdA semble ne pas avoir permis de débattre et éventuellement de mettre en cause les acquis de sa gestion. Mais, le « passage en force » s’agissant du fonctionnement de la médiathèque et la faiblesse relative (et peut-être provisoire) des ressources politiques de son succes-

qui n’a évolué qu’à travers un projet d’équipement nouveau hors de la ville-centre.

Absence de politique et

professionnalisation culturelle

L’histoire locale de l’intercommunalité culturelle a été celle d’une « gestion au coup par coup » (vice-président CdA). Le Sivom puis la communauté de villes venant appuyer ou prendre le relais de la ville-centre financièrement exsangue. Les propos récurrents sur l’absence de poli- tique culturelle d’agglomération tradui- sent une réalité incontestable : absence d’un discours culturel intercommunal ca- pable de donner du sens à ces interven- tions, faible nombre d’équipements transférés. Toutefois, les deux institu- tions placées sous l’autorité de la CdA ont des domaines d’intervention relativement larges (spectacle vivant pluridisciplinaire pour La Coursive, ambition de la média- thèque de « restituer au public une vision synthétique du savoir organisé en espaces thématiques »1). Elles pourraient consti-

tuer les opérateurs principaux d’une poli- tique d’agglomération. Mais la situation actuelle témoigne plutôt de la capacité de leurs responsables, au nom de compéten- ces professionnelles reconnues et, pour partie, des missions que leur confie l’État, à limiter l’intervention de la CdA à l’allo- cation de ressources tout en maintenant, à des degrés divers, l’autonomie de leurs actions. L’absence de politique culturelle d’agglomération résulte donc aussi des marges de manœuvre dont disposent les professionnels à la tête des équipements intercommunaux, développant des pro- grammes d’actions qui, séparément ou dans leur ensemble, ne sont pas qualifiés et re- connus comme de « véritables politiques ».

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’UNE « CULTURE D’AGGLOMÉRATION »

VERS UNE « AGGLOMÉRATION CULTURELLE » ?

La « culture de Sivom » n’est qu’une des facettes de la « culture d’aggloméra- tion » propre aux acteurs rochelais. Cons- titué d’héritages successifs (du Sivom à la CdV, de la CdV à la CdA), ce cadre particu- lier est aussi marqué par la personnalité de Michel Crépeau. La personnalisation de l’action publique, communale et inter- communale, semble à la fois avoir permis et limité l’intercommunalité culturelle. La disparition de l’ancien maire de La Ro- chelle a dès lors pour conséquence que les développements de l’intercommunalité, notamment culturelle, seront liés aux évo- lutions de la configuration politique locale en l’absence de celui qui fut depuis ses ori- gines son acteur principal.

Michel Crépeau : conditions

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 84-86)

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