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Positions et dispositions à l’égard de l’« agglomération culturelle »

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 88-93)

L’absence de dynamique communau- taire n’interdit pas aux acteurs locaux de prendre position et d’élaborer des straté- gies diverses à l’égard des compétences ac- tuelles ou futures de l’EPCI, ni de voir leurs marges de manœuvre se modifier en fonction des développements de l’inter- communalité. La logique intercommunale s’inscrit aussi parmi des partenariats multiples – exclusivement ou partielle- ment culturels – entre villes, structures administratives (territoriales ou d’État) et institutions. L’influence éventuelle de la transformation de la CdV en CdA sur ces partenariats doit donc être examinée.

Le personnel politique

Si les instances communautaires ne semblent pas constituer des « forums »

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1. Ces indications proviennent de l’étude de P. Mazet, op. cit., p. 10.

2. Les « couleurs » politiques des municipalités de Marsilly, Esnandes et Sainte-Soulle ne nous ont pas été communiquées. Elles disposent chacunes de 2 sièges.

culturels, en revanche les élus de la ville-centre amorcent des réflexions en vue de la préparation du prochain contrat municipal.

Le maire-adjoint chargé de la culture et son collègue chargé de l’enseignement ar- tistique, souhaitent une réflexion au sujet du transfert de l’ENMD. Leurs souhaits s’appuient sur l’importance des dépenses de fonctionnement (12,6 millions en 1999), sur l’aire de recrutement de l’école dépassant les limites de la ville-centre, sur l’exiguïté et l’inadaptation de ses locaux actuels, et enfin sur la dimension parasco- laire d’une activité qui, lorsqu’elle est prise en charge par les seules communes, met les enfants scolarisés dans des situa- tions inégales face à l’offre globale d’ensei- gnement.

Le maire de La Rochelle a autorisé son adjoint chargé de l’enseignement à effec- tuer des démarches auprès des maires de l’agglomération afin d’initier un débat sur ce point. Mais, membre du groupe com- muniste du conseil municipal1, ce dernier

est aussi attentif à la possibilité, au tra- vers d’un développement de l’intercom- munalité, de « créer un vide dans les communes » et de contribuer ainsi un peu plus à mettre en « danger la vie démocra- tique, (car) à la pratique, il est encore plus difficile de faire vivre la démocratie dans les communautés de villes que dans les vil- les, même pour les élus ».

Cette interrogation est d’autant plus forte que, après la rétrocession à la ville de La Rochelle du Ballet atlantique, des Francofolies et du festival international du Film, restent, parmi les domaines transférables, des secteurs pour lesquels certaines communes ont développé leurs propres interventions : écoles de musique ou bibliothèques. L’interrogation sur ce qui resterait alors des compétences com- munales s’en trouve d’autant plus vive.

Au reste, les élus des communes péri- phériques réticents à l’idée du transfert de l’ENMD, témoignent des contrecoups de la prise en charge par la CdV du fonc- tionnement de la médiathèque qui, en son temps, fut concédée à Michel Crépeau. Le « sentiment que ça se paie encore » (res- ponsable administratif de la CdA) et qu’il en résulte, au moins provisoirement, une très grande difficulté à envisager une ex- tension des compétences de l’aggloméra- tion, est particulièrement net. Les évolutions possibles consistent en effet es- sentiellement en un transfert de charges de la ville-centre vers l’agglomération. L’ENMD constituant sur ce point, par son recrutement et par son coût, le premier équipement auquel on peut songer, mais aussi celui pour lequel l’opposition sera peut-être la plus vive.

Les acteurs culturels

Les responsables des deux institutions placées sous l’autorité de la CdV puis de la CdA sont parvenus à conjuguer la centra- lité de leurs équipements avec la commu- nautarisation de leurs financements. La présence incontestée de La Coursive (à la- quelle la CdA a attribué en 1999 plus de 7,4 millions de francs de fonctionnement TTC) et de la médiathèque (plus de 11,5 millions) au sein des compétences de la communauté d’agglomération doit dès lors s’apprécier en fonction du travail de légitimation dont elles ont fait l’objet.

Du côté de La Coursive, son directeur a pu faire valoir en 96 que, parmi ses adhé- rents, 72 % provenaient de l’aggloméra- tion dont 46 % de La Rochelle. Il estime aujourd’hui que la ville-centre fournit 45 % du public adhérent, pour 30 % en provenance de l’agglomération. Mais, la qualité de sa gestion financière, régulière- ment soulignée par la publication de

89 1. Rappelons que les députés communistes n’ont pas voté la loi Chevènement.

l’EPCI, contribue aussi à assurer sa posi- tion dans le jeu local. Les comptes de l’an- cienne maison de la culture ont été redressés et le taux d’autofinancement de cet équipement est assez exceptionnel (46 %, alors que la « norme » le situe plu- tôt à 20 %). Le concours apporté par la communauté à la ville-centre a ainsi pu trouver des justifications complémentai- res et rétroactives. Enfin, le professionna- lisme de son directeur se déploie également sur le terrain « diplomatique » de ses relations avec les élus de l’agglomé- ration à la qualité desquelles il semble veiller particulièrement. Le crédit qui lui est ainsi accordé lui permet de défendre l’autonomie relative de son action mais aussi, en limitant leur intervention, ren- force le sentiment des responsables de l’agglomération de ne pas avoir de réelle politique culturelle.

Du côté de la médiathèque, l’effort du conservateur en chef a principalement porté sur son implication dans la pro- grammation de cet équipement de façon à obtenir la traduction architecturale opti- male du projet culturel qu’il avait conçu pour lui. L’appui technique ainsi apporté à l’effort financier de la CdV est venu conforter la stratégie de Michel Crépeau consistant à obtenir d’abord la participa- tion de la CdV sur l’investissement avant de la solliciter sur le fonctionnement. Ensuite, la qualité de l’équipement a pu justifier l’intervention communautaire dans la mesure, d’une part, où un finance- ment exclusivement rochelais discrimi- nait les usagers de l’agglomération et, d’autre part, où les seuls moyens de la ville-centre ne permettaient pas d’assurer un accueil suffisant du public (« un paque- bot avec une équipe de remorqueur », maire-adjoint de La Rochelle). Toutefois, le soutien de la CdA ne suffisait pas au maintien des deux bibliobus. La suppres- sion de l’un d’entre eux a permis de récu- pérer des postes budgétaires, ce qui ne semble d’ailleurs toujours pas suffire aux besoins de la médiathèque.

S’agissant des acteurs culturels restés dans le champ des compétences de La Ro- chelle, il ne nous a pas été possible au mo- ment de notre enquête de rencontrer les responsables des Francofolies et du festi- val international du Film dont les mani- festations se succédaient en juin et juillet. On observe cependant que la claire répar- tition des compétences à leur sujet entre la ville-centre et l’agglomération trouve ses limites dans l’implication de La Coursive en faveur de ces festivals (dont une partie des activités se déroule dans ses locaux). Connue par les responsables de la CdA, cette situation n’est pas mise en cause au nom de l’intérêt bien compris de ces diffé- rents partenaires. La Coursive et son per- sonnel ne sont ainsi pas tenus à l’écart de manifestations emblématiques pour leur ville d’implantation et l’estimation puis la refacturation à la ville-centre des moyens mis de cette façon à sa disposition par l’EPCI risqueraient de s’avérer particu- lièrement complexes.

Le Ballet atlantique, au-delà des locaux administratifs qu’il utilise au sein de La Coursive, n’a plus de relation avec l’EPCI. Fortement soutenu par la région au titre notamment de ses activités de production artistique et de ses échanges internatio- naux, il semble impliqué dans des logiques dépassant largement le cadre de l’agglo- mération même s’il développe des parte- nariats importants avec l’université et l’ENMD. Les musées de La Rochelle sont restés de la compétence de la ville-centre. Ils sont cependant, à des degrés divers, im- pliqués dans des partenariats intercom- munaux, notamment dans le cadre du bipôle La Rochelle/Rochefort.

Les responsables du carré Amelot et de l’ENMD soulignent, pour ce qui les concerne, l’intercommunalité de fait de leurs équipements et souhaitent l’inter- vention de la CdA en leur faveur.

Le directeur du carré Amelot observe que, s’il n’a aucune relation avec la CdA, il en développe avec la population de l’agglo- 90

mération en accueillant des spectacles scolaires, d’associations ou d’amateurs. Il regrette que la ville ne tienne pas à une in- tervention de la CdA, « alors qu’il manque 500 000 F par an » et compte sur la ré- flexion amorcée à propos de l’avenir de son équipement (en raison des futures élections municipales et de son départ en retraite) pour provoquer une discussion sur ce point. Toutefois, les élus rochelais comme ceux de l’agglomération n’ont fait aucun écho à cette idée. C’est en effet le seul espace culturel de la ville, passer à l’agglomération contribuerait à vider la ville-centre de tout équipement d’enver- gure.

Le directeur de l’ENMD, dont sur les 1 000 élèves 30 % seraient originaires d’une autre commune que La Rochelle, a porté « un vif intérêt pour la CdV à travers la médiathèque en espérant que ce qui se faisait pour elle pourrait être fait pour son école ». Il considère aujourd’hui que les capacités financières de la CdA pourraient permettre de résoudre des problèmes de locaux (absence d’auditorium) et de per- sonnels (récupérer des postes perdus). Mais, il souhaite que ces questions de moyens soient abordées après l’examen et l’adoption d’un projet global en ce do- maine. Voulant montrer ce que la mise en relation des écoles de musique de l’agglo- mération pourrait apporter aux écoles associatives, il a été autorisé par le maire-adjoint chargé de l’enseignement à prendre contact avec leurs personnels. Conscient des critiques fréquemment émises à l’encontre d’institutions jugées à la fois élitistes et coûteuses, il souhaite qu’on considère l’ENMD comme un éta- blissement gardien de l’excellence mais aussi chargé de répondre aux demandes. C’est sur ce dernier point qu’il pense pou- voir démontrer l’intérêt communautaire de son école car le nombre d’élèves issus des communes périphériques et souhai- tant achever un cursus complet au sein d’un Conservatoire est nécessairement réduit. En ce sens, vis-à-vis de l’Espace

musiques actuelles, il souhaiterait déve- lopper une collaboration amorcée dans le cadre des activités du Slipway et être per- çu comme « une structure ressource » pour les usagers de ce futur équipement.

Les acteurs rochelais des musiques ac- tuelles ne sont pas parvenus à se fédérer. Ils n’ont de ce fait pas été en mesure de porter un projet (ou un contre-projet) pour ce secteur. La perspective d’un nou- vel équipement spécialisé a donc été déve- loppée par l’administration municipale depuis que Michel Crépeau a exprimé sa volonté sur ce point avec l’appui de l’an- cienne ministre de la Culture, Catherine Trautmann. L’association Croches en stock gère le Slipway qui, dans le cadre du pôle régional des musiques actuelles, ac- cueille une plate-forme Mir (« musiques informations ressources »). Elle sert aussi de relais entre le personnel administratif et politique local, la scène musicale et les associations spécialisées. Son respon- sable, principal interlocuteur des services municipaux, adhère totalement au projet d’Ema tel qu’il est actuellement défini. Il apparaît cependant que le transfert de ce dossier de la ville-centre à la CdA a été peu sensible sachant que les acteurs adminis- tratifs de ce dossier sont inchangés et que l’implantation sur une commune périphé- rique (Aytré) situera cet équipement à proximité du campus de La Rochelle. Mais, l’intervention communautaire et les procédures qui lui ont été nécessaires, ont rallongé un peu plus les délais prévus pour la réalisation de ce projet et, en consé- quence, accru le scepticisme de certains acteurs des musiques actuelles plus éloi- gnés des centres de décision.

Les acteurs administratifs

La Drac

C’est apparemment en l’absence de toute tension ou crispation que la Drac Poitou-Charentes semble passablement

communalité rochelaise. Ainsi, le conseil- ler à la musique et à la danse admet mal connaître la situation actuelle du Ballet atlantique à l’égard de la CdA. Mais, les services culturels de l’État, s’ils doivent de façon générale favoriser l’intercommu- nalité, n’ont pas été sollicités lors de la transformation de la CdV (la nomination récente du conseiller Drac explique en partie cette situation). Par ailleurs, les professionnels à la tête des institutions placées dans le champ des compétences de la communauté d’agglomération sem- blent être parvenus sans l’appui de la Drac à défendre et mettre en œuvre les mis- sions confiées par l’État aux catégories d’équipements dont ils ont la responsabi- lité.

Le conseiller à la musique et à la danse verrait bien à terme une compétence de l’agglomération sur l’ENMD qui rayonne

bien. Il connaît cependant les réticences

des autres communes et observe que « le travail de réflexion sur ce point n’a pas en- core été conduit par les élus rochelais (qui) n’ont pas vraiment essayé de convaincre les autres ».

Des protocoles d’accords ont été prépa- rés avec la ville de La Rochelle sur diffé- rents thèmes. Si un « balayage » général est prévu pour l’automne sur ces diffé- rents points, celui qui concernait les musi- ques actuelles sera le premier à devoir être conclu non plus avec la ville-centre mais avec l’agglomération.

La direction des affaires culturelles de La Rochelle

Ce service, qui ne comprenait que deux personnes il y a dix ans, en compte au- jourd’hui une dizaine, dont 6 chargés de missions. Placée sous la direction d’un di- recteur ayant effectué une partie de sa carrière au sein du département des affai- res internationales du ministère de la Cul- ture, cette administration dispose maintenant, à travers lui, de ressources

professionnelles relativement importan- tes. Frotté au fonctionnement de « cabi- nets ministériels » et aux « méthodes d’énarques », le directeur des affaires cul- turelles dispose d’une expertise, d’un sa- voir-faire et de réseaux qui lui permettent d’exercer un rôle à la fois politique et tech- nique relativement important. Ils l’auto- risent notamment, dans le cadre de ses missions pour la CdA, à piloter le projet d’Espace musiques actuelles en s’ap- puyant sur les réflexions et expériences concernant ce type d’équipements circu- lant dans les milieux professionnels, ainsi que sur l’embarras de la plupart des élus de l’agglomération à l’égard de ce projet. La concurrence des responsables des Francofolies qui se sont également inves- tis sur ce dossier a été limitée en raison du transfert de ce projet à l’agglomération et de l’image contrastée de son organisateur auprès des élus de la CdA.

L’université de La Rochelle

Placée sous la compétence de la CdA représentée par un vice-président égale- ment maire-adjoint de La Rochelle chargé de la culture, l’université de La Rochelle a mis en place depuis sa création en 1993 di- verses formes d’activités culturelles. Les multiples partenariats nécessaires à la réalisation d’entreprises diverses en ce domaine ne sont pas structurés par une lo- gique territoriale spécifique, communale ou intercommunale. Le projet culturel de l’université daté de décembre 1999, c’est-à-dire du moment de la transforma- tion de la CdV en CdA, en porte indirecte- ment témoignage. Il précise que « la communauté d’agglomération de La Ro- chelle possède de nombreux établisse- ments culturels (carré Amelot, Coursive, médiathèque, muséum, musées, archives départementales, etc.) » en évoquant ain- si plus la proximité de ces équipements partenaires, que la réalité du champ des compétences intercommunales.

Ce que la communauté

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