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de force au sein du milieu culturel

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 71-74)

Le milieu culturel institutionnel

L’absence d’un interlocuteur unique au niveau intercommunal place les ac- teurs culturels institutionnels relevant de cet échelon dans une situation vécue comme délicate. Les transferts de compé- tences les obligent parfois à intégrer de nouvelles institutions sans certitude sur la pertinence de ces repositionnements. Cette situation de « brouillage » des pers- pectives est certes accentuée en cette période de mise en place de la nouvelle structure intercommunale. Cependant, la volonté affirmée des responsables de ne pas organiser de service « culture » à ce ni- veau2 entretient le sentiment d’un

manque de lisibilité en ce qui concerne la répartition des responsabilités. Les argu-

ments avancés pour justifier ce défaut de structuration mettent l’accent sur le choix de privilégier le travail en comité et de ne pas alourdir l’administration com- munautaire. On peut y voir également une conséquence de la forte implication personnelle du président et du directeur général, ce mode de fonctionnement rela- tivement informel préservant totalement leur capacité d’influence.

Le cas de l’organisation des moyens techniques illustre bien les difficultés ren- contrées. L’accueil des spectacles néces- site des compétences professionnelles accrues au niveau technique. Les trois lieux de diffusion se prêtent en bonne in- telligence du matériel et du personnel, mais la nécessité d’une structure tech- nique propre se fait sentir. M. Censi a donc demandé aux deux directeurs sur lesquels il a autorité, en tant que maire et en tant que président de la communauté, de réflé- chir au devenir d’une telle structure. Une seule équipe technique suffirait à couvrir les besoins des deux salles, mais cela pose des problèmes de dépendance hiérar- chique (le directeur technique aurait af- faire à deux chefs de service) et juridique, puisque les deux établissements ne relè- vent pas de la même collectivité.

Un autre problème est fréquemment cité par les différents acteurs. Chacun des trois lieux de diffusion du spectacle vivant relève d’une collectivité différente. Les di- recteurs harmonisent cependant les pro- grammations, chacun s’étant spécialisé dans un registre propre, et ils veillent à ne pas se faire concurrence dans l’établisse- ment des calendriers. Cette coopération paraît aujourd’hui minimale, car elle ne va pas jusqu’à la mise en place d’un sys- tème de réservations et d’abonnements communs, qui en serait la suite logique, mais n’est pas pensable dans la configura-

71 1. Entretien avec le responsable du service culturel de Rodez.

tion actuelle (pour des questions techni- ques de trésorerie, mais aussi parce que la commune d’Onet, dont dépend l’ACA, tient à conserver son autonomie en la ma- tière). La communication elle-même de- meure cloisonnée. Chaque structure édite son propre programme, ce qui est une fa- çon d’entretenir une image forte et claire- ment identifiée, mais qui ne va pas dans le sens d’une réelle concertation.

La coopération entre les différents ac- teurs est facilitée du fait de la taille de l’ag- glomération : tous évoluent dans le même milieu d’interconnaissance et sont habitués au travail en commun. Mais franchir une étape qualitative vers un projet culturel glo- bal suppose une formalisation plus nette des positions et responsabilités de chacun.

Le milieu associatif

Le milieu culturel mobilisé à l’échelon de la communauté d’agglomération est es- sentiellement institutionnel. A contrario, c’est au niveau de la municipalité de Rodez que s’établit le dialogue entre les associa- tions à caractère culturel et les politiques. Le service culturel peut s’appuyer sur la richesse du milieu associatif ruthénois. Il fonctionne comme centre de ressources, appui financier et logistique, expert. Il remplit enfin une fonction essentielle de légitimation des associations convention- nées, dont il fait ses partenaires privilégiés. On n’observe cependant pas de phéno- mène de professionnalisation, ce qui est dû en grande partie à la taille de la ville. Mais certaines sociétés savantes sont devenues de véritables institutions, animant la vie de la cité et procurant des positions influentes à leurs animateurs.

Certaines associations ont établi des liens avec d’autres acteurs institution- nels, comme la mission départementale ou l’école de musique, pour des collabora- tions ponctuelles. En effet, la plupart des manifestations culturelles rayonnent dans un périmètre allant au-delà des limi-

tes communautaires. Il paraît donc lo- gique de considérer l’intercommunalité comme un niveau pertinent d’interven- tion publique, au-delà des événements les plus marquants. Les conditions d’inter- vention de ce tissu associatif au niveau in- tercommunal ne sont cependant pas réunies, la communauté d’agglomération demeure à cet égard un simple bailleur de fond. Il n’existe tout simplement pas de relais à ce niveau, ni de réelles possibilités d’action. Les domaines dans lesquels sont susceptibles de s’impliquer les associa- tions ne relèvent pas de la compétence communautaire telle qu’elle est au- jourd’hui définie. On n’observe aucune sollicitation de l’échelon intercommunal pour transférer davantage de responsabi- lités et de prise en charge de l’action cultu- relle depuis le niveau municipal. Ainsi, la ville-centre entretient la visibilité de son action dans ce domaine sensible ; les com- munes périphériques, tout en bénéficiant des retombées indirectes de la politique culturelle ruthénoise, n’ont pas à justifier auprès de leurs contribuables une partici- pation qui pourrait paraître dispropor- tionnée. Du point de vue des élus communautaires, une politique de petits pas vers l’intégration culturelle se justifie pleinement.

Le milieu culturel irriguant l’agglomé- ration est en fait dans une position d’at- tente vis-à-vis de la communauté. On y déplore assez unanimement le manque de lisibilité du projet intercommunal en ma- tière culturelle, mais l’ancienneté et l’étendue des rapports avec la municipali- té continuent de compenser le manque d’implication du niveau intercommunal dans l’action culturelle au quotidien.

Lecture publique, musique et spectacle vivant

Ces trois secteurs, particulièrement ac- tifs sur l’agglomération, présentent des modes de fonctionnement très différents, 72

dont la comparaison permet d’illustrer l’imbrication des configurations et la plu- ralité des acteurs.

Le spectacle vivant est le domaine dans lequel l’intercommunalisation est déjà une réalité. On a vu cependant les problè- mes que posent les différences d’affilia- tion des équipements concernés.

L’action en matière de formation et de diffusion musicale est portée par diffé- rents acteurs, dont la collaboration paraît à bien des égards exemplaire. L’école na- tionale de musique du département de l’Aveyron, à travers son antenne ruthé- noise (plus de 500 élèves), remplit la fonc- tion d’enseignement principalement, mais organise également des séries de concerts sur Rodez durant toute l’année. La communauté d’agglomération est ad- hérente au syndicat mixte qui gère l’école et elle finance la plus grosse part des tra- vaux de construction et d’aménagement des nouveaux locaux. Enfin, l’école repré- sente un véritable vivier pour les associa- tions musicales locales.

La lecture publique est un cas à part. Secteur emblématique des politiques pu- bliques culturelles, sa prise en charge est inexistante au niveau du Grand Rodez. Chaque commune dispose de son propre équipement, de façon indépendante (à Olemps, Sainte-Radegonde et Onet) ou à travers le réseau desservi par la Biblio- thèque départementale de prêt. La média- thèque de Rodez remplit un rôle central en matière de lecture publique, pas seule- ment à l’intérieur des limites communau- taires, mais pour tout le Nord du département. Pourtant, les bibliothèques des communes membres n’ont que peu de relations. La principale bibliothèque mu- nicipale de la communauté après celle de Rodez est celle d’Onet-le-Château. Elle a été construite seulement deux ans avant la médiathèque, mais sans concertation entre les deux municipalités. L’éventuali- té de constituer un réseau des bibliothè- ques à l’échelon intercommunal, avec

comme centre la future médiathèque, a donc été éliminée du projet ruthénois. Dans les faits, cette médiathèque est pour- tant un élément fort dans les pratiques culturelles des habitants (49 % des abon- nés résident sur la communauté, hors Ro- dez...). Elle développe, on l’a dit, une politique d’animation très active, ce qui l’amène à s’insérer dans un réseau de par- tenariats nombreux et variés : institu- tions culturelles municipales et départementales (la mission) ; associa- tions ; cinémas d’exploitation privée ; li- brairies ; troupe de théâtre itinérante... Ce dynamisme n’est cependant pas exploi- té dans une optique de coopération inter- communale. Dans ce domaine pourtant symbolique de la politique culturelle, c’est l’inertie de la structure districale puis communautaire qui a laissé les initiatives se développer hors de toute probléma- tique d’aménagement territorial, sans jouer de rôle fédérateur. La conséquence est un cloisonnement très fort de l’action en matière de lecture publique. Certaines communes y trouvent cependant leur compte : ayant réalisé des investissements importants dans ce domaine, les munici- palités en conservent le bénéfice.

Ce cas limite de la lecture publique est significatif des lacunes et des défaillances de l’échelon intercommunal en ce qui concerne le secteur culturel courant. Sec- teur essentiel de la vie culturelle locale, la lecture publique demeure de la compé- tence exclusive des communes. Depuis les années 80, corrélativement à la réalisa- tion du programme d’équipements, les pratiques de coopération ont été encoura- gées et des habitudes de travail en commun se sont instaurées. Le renouvellement partiel des acteurs culturels a joué un grand rôle dans ce processus, et les inves- tissements publics ont servi de catalyseur. Les responsables d’établissements cultu- rels ne déplorent pas un manque de moyens, mais un relais institutionnel de coordination des différents domaines.

riats s’organisent en étoile, à partir des affinités personnelles et des réseaux profes- sionnels ou associatifs dans lesquels sont impliqués les différents acteurs. En lieu et place de la constitution d’un réseau inter- communal, on se trouve face à une multi- tude de réseaux informels, souples mais fluctuants, qui dépasse le cadre institu- tionnel ou lui sont extérieurs. Le service « culture » de la municipalité de Rodez ne peut remplir le rôle de coordinateur des différentes initiatives, il n’est pas compé- tent à cet égard et ne dispose pas des moyens nécessaires. De plus, les commu- nes périphériques, Onet tout particulière- ment, refuseraient ce schéma. Ni le président de la communauté ni le direc- teur général ne peuvent être personnelle- ment impliqués sur tous les dossiers de manière approfondie. On peut affirmer que les acteurs culturels doivent compter beaucoup sur leurs propres ressources en termes de contacts dans l’élaboration des manifestations.

Un nouveau registre d’action

Dans le document La politique culturelle des agglomérations (Page 71-74)

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