• Aucun résultat trouvé

Une classification des biens relativement à leur fonction

Dans le document en fr (Page 49-51)

CHAPITRE I. DIFFERENTES APPROCHES DU CONCEPT DE PATRIMOINE

1.1.2.2. Une classification des biens relativement à leur fonction

On considère ici la fonction occupée par les biens patrimoniaux au sein de la société dont ils sont le produit. On classe ainsi les biens selon qu’ils occupaient (ou occupent encore) une fonction religieuse, une fonction liée à la production industrielle ou agricole, une fonction militaire, une fonction symbolique ou de mémoire, une fonction funéraire (Icomos, 2005). La liste n’est bien sûr pas exhaustive. Rappelons, comme le souligne Di Méo (2007:2) qu’en théorie, « tout objet, tout phénomène revêt une dimension et recèle une potentialité

patrimoniale ». Les finalités idéologiques, politiques et encore économiques qui déterminent

l’accession d’objets au statut patrimonial évolue sans cesse et peuvent se porter sur de nouveaux objets. C’est donc la fonction initiale des biens qui permet ici de classer les éléments patrimoniaux en différentes catégories, sans que cette fonction soit nécessairement liée ou justifie le statut patrimonial du bien.

Les biens religieux regroupent les biens mobiliers et immobiliers créés ou utilisés en

association à des valeurs religieuses ou spirituelles. Temples antiques, synagogues, cathédrales et mosquées, temples hindous, confucéens ou taôistes, sanctuaires shinto, pagodes, ou tout autres lieux sacrés entrent dans cette catégorie. L’abondance des formes n’a ici d’égale que la variété des lieux et des époques de leur réalisation. Beaucoup ont traversés les âges et constituent aujourd’hui une part considérable de l’offre patrimoniale mondiale. Aux lieux de cultes s’ajoutent des millions d’objets et d’œuvres à caractères ou d’inspirations sacrés. Objets directement dédiés aux cultes, ameublement, tableaux, tapisseries et sculptures, vitraux et ornementations diverses, viennent enrichir les collections privées et publiques de par le monde et constituent une part substantielle de l’offre du patrimoine mobilier.

Bien qu’ils ne se confondent pas toujours, on peut y associer les monuments, les sites et les objets remplissant une fonction funéraires. Les sites et les pratiques funéraires prennent à travers l’histoire des formes variées. L’art funéraire Egyptien est notamment à l’origine d’un patrimoine monumental et mobilier extrêmement riche. Des sculptures, bas-reliefs et peintures ornaient les mastabas (e.g. Mereruka), pyramides (e.g. Djeser ou Gizeh), et hypogées (e.g. vallée des Rois). Les conditions géo-climatiques de la vallée du Nil ont non seulement permis de préserver des corps momifiés, mais aussi les couleurs des peintures funéraires, ainsi que les objets en bois, les textiles, les papyrus, les vanneries et autres offrandes placées dans les tombeaux pour accompagner les défunts dans l’immortalité

(Wildung, 1995)1. Les tombes furent au cours des siècles l’objet de pillages. La vallée des rois

fut, dès l’antiquité, vidée d’une partie de ses trésors. Le tombeau de Toutankhamon, monarque oublié, échappa au sac. Le faste du trésor funéraire qu’il abritait laisse entrevoir les richesses que devaient contenir les sépultures des grands pharaons. Les 5 000 objets qui y ont été découvert dans les années 1920 sont exposés au musée du Caire. Certains font périodiquement l’objet de prêts pour l’organisation d’expositions exceptionnelles dans les plus grands musées du monde.

Les biens symboliques et mémoriaux sont des sites ou des objets associés à des évènements

historiques marquants, des individus2 ou des croyances. Ils peuvent parfois s’associer aux

deux catégories précédentes, sans pour autant qu’elles se confondent. Ainsi, on considère les sites qui incarnent la mémoire d’évènement historiques majeurs, souvent extrêmement traumatiques, comme les ruines de Saint Pierre, en Martinique, et le musée Franck Perret qui témoigne de l’anéantissement de la ville lors de l'éruption de la montagne Pelée en 1902 ; le cimetière américain de Colleville-sur-Mer et le mémorial de Normandie associé à la seconde guerre mondiale et au débarquement ; ou encore le camp d’Auschwitz symbole de la Shoah. Lieux de recueillement, ils peuvent avoir une fonction pédagogique ou commémorative3. Dans certaines cultures (en Chine, en Australie, en Nouvelle-Zélande) on reconnait la dimension symbolique ou sacré d’éléments naturels comme les volcans, les montagnes, ou les forêts, etc. (Icomos, 2005).

1 Ainsi, outre les pierres, métaux, et céramiques, les fouilles archéologiques ont aussi révélé des objets de la vie

courante, dont la fabrique, faite de matériaux moins nobles, ne les destinait pas à traverser les âges. A ce titre, la civilisation Egyptienne est mieux connue que les civilisations Grecque et Romaine dont le lègue

fragmentaire, limité aux seuls matériaux résistant à l’usure du temps, restreint notre compréhension

(Wildung, 1995).

2 Le Mausolée d’Ho Chi Minh au Vietnam

Le patrimoine militaire regroupe tous les biens associés à la défense des territoires et des

populations, aux déploiements de forces et à l’apparat des forces armées. Il se décline sous de multiples formes : châteaux, citadelles, murailles, remparts, tranchées, bateaux de guerre ou collections d’armes, de costumes ou de matériels et d’engins militaires, etc. On en trouve des témoignages ou des vestiges de toutes époques dans de nombreuses régions du monde. On peut citer des ouvrages de fortification militaire très célèbres comme le mur d'Hadrien au Royaume-Uni, la Muraille de Chine, ou la ligne Maginot le long des frontières Nord-Est de la France ; des villes fortifiées comme la Citadelle de Besançon érigée par Vauban ; des musées comme le National Army Museum (NAM) de Londres.

On considère enfin les patrimoines agricole, artisanal, industriel, etc. Ils concernent les catégories d’édifices et d’objets qui occupaient hier encore une fonction courante, lié à la production agricole, artisanale, industrielle, à l’extraction de minerais notamment, et qui ont acquis un statut patrimonial suite à l’interruption de leur fonction productive (Di Méo, 2007). Les paysages agricoles, les canaux et systèmes d’irrigation ou de gestion des eaux, les lavoirs, les mines, les établissements industriels, les anciennes voies de chemin de fer, entrent dans cette catégorie.

Dans le document en fr (Page 49-51)

Outline

Documents relatifs