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Une classification des biens en fonction de leur forme

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CHAPITRE I. DIFFERENTES APPROCHES DU CONCEPT DE PATRIMOINE

1.1.2.1. Une classification des biens en fonction de leur forme

On classe ainsi les biens selon qu’ils soient de nature archéologique, architecturale, vernaculaire ou qu’ils prennent la forme de paysages ou d’itinéraires culturels. La liste n’est bien sûr pas exhaustive ; les formes de patrimoine peuvent se décliner en catégories et sous- catégories à mesure qu’on intègre au sein de la notion de nouvelles manifestations des cultures.

Ainsi, le patrimoine archéologique renvoie d’abord à une technique. Celle de l’étude des sociétés humaines du passé à travers leurs traces matérielles ayant survécu au passage du temps1. L’archéologie est souvent associée à l’étude des civilisations très anciennes. Elle ne s’y limite pourtant pas et à vocation à étudier toutes les traces des sociétés humaines du

1 Il renvoie aux vestiges d’édifices, ainsi qu’aux outils, poteries, bijoux, vêtements, armes, ossements, pièces

passé1. L’article premier de la Charte internationale pour la gestion du patrimoine archéologique (1990) le définit comme suit :

« Le "patrimoine archéologique" est la partie de notre patrimoine matériel pour laquelle les méthodes de l'archéologie fournissent les connaissances de base. Il englobe toutes les traces de l'existence humaine et concerne les lieux où se sont exercées les activités humaines quelles qu'elles soient, les structures et les vestiges abandonnés de toutes sortes, en surface, en sous-sol ou sous les eaux, ainsi que le matériel qui leur est associé ».

Article 1. 9ème Lausanne, Icomos, 1990.

En France, un site archéologique est définit comme « tout terrain, formation géologique,

bâtiment, ensemble ou site qui comprend ou est susceptible de comprendre des biens archéologiques » (Ordonnance du 4 mars 1993, article 2.1°.d). D’après le code du patrimoine (Article L510-1), « constituent des éléments du patrimoine archéologique tous les vestiges et autres traces de l'existence de l'humanité, dont la sauvegarde et l'étude, notamment par des fouilles ou des découvertes, permettent de retracer le développement de l'histoire de l'humanité et de sa relation avec l'environnement naturel ».

Au sein du patrimoine archéologique, on peut distinguer les sites d’art rupestre caractérisés par des peintures, sculptures, gravures mis à jour dans des grottes, des abris sous-roche, ou sur des surfaces ouvertes (Icomos, 2005) ; ainsi que les sites d’hominidés fossiles contenant des éléments de squelettes ou des preuves de la présence des premiers hominidés (Icomos, 2005).

Le patrimoine architectural renvoie à l’ensemble des constructions humaines qui présentent

un intérêt du point de vue de la conservation en tant que témoignage d’une époque, d’une civilisation, de l’évolution des techniques, etc. Le terme renvoie à une grande diversité d’objets. Jamot et al. (2003) distingue notamment les édifices2, édicules3 et les ouvrages

1 Il existe même depuis les années 1970 une archéologie industrielle, des génocides, du monde contemporain

(Demoule, s.d.). On fait ici directement référence à la technique employée plus qu’à l’objet de l’étude.

2 L'édifice est une construction abritant un espace habitable. Il se compose d’un ou plusieurs bâtiments et peut

remplir une fonction religieuse, domestique, artisanale, etc. (Jamot et al. 2003).

3 L'édicule est une construction ne disposant pas d'espace intérieur habitable (e.g arc de triomphe, fontaine

d’architecture1. Le Conseil de l’Europe (2000:19) propose quant à lui de distinguer les monuments, les ensembles architecturaux, et les sites, qui disposent d’un intérêt historique, archéologique, artistique, scientifique, social ou technique. Le terme « monument » renvoie ainsi aux édifices et aux structures comme les ponts, les murs d’enceinte, les monuments funéraires, etc. « et autres réalisation ayant un degré suffisant de permanence » (2000:19). Les ensembles architecturaux peuvent se composer de places, de villages, d’ensembles urbains, ou de complexes de bâtiments industriels, caractérisés par une certaine cohérence architecturale, une homogénéité, une unité du point de vue de l’histoire, de l’archéologie, de l’art, ou des sciences (2000:20). Enfin, les sites et les zones de protections sont des espaces remarquables « suffisamment caractéristiques et homogènes pour faire l’objet d’une

délimitation topographique » (2000:20). Ces zones peuvent être le fruit d’une réalisation

humaine uniquement mais peuvent aussi inclure une dimension naturelle (paysages culturels).

On oppose souvent le patrimoine architectural, hautement valorisé, qui témoigne du génie créateur humain, au patrimoine vernaculaire ou « petit patrimoine » qui se compose de constructions ou d’objets qui ne se distinguent pas par leur qualité artistique ou architecturale, mais comme témoignage de pratiques révolues. Ces objets ou constructions dont l’usage quotidien rythmaient notre passé, vont acquérir une valeur symbolique en perdant leur fonction (Melot, 2005). Les biens du patrimoine vernaculaire n’ont donc pas été créés pour laisser une trace. Ils n’ont à l’origine aucune prétention artistique. Ils peuvent prendre la forme d’outils ou de machines anciennes, de moulins ou de lavoirs, de bâtiments traditionnels, reflets de systèmes de construction et de techniques artisanales disparues, etc. Ce patrimoine remplit une fonction de témoignage. Il dispose le plus souvent d’un pouvoir d’attraction limité.

On a mentionné plus haut la catégorie des paysages culturels qui couvre les interactions majeures entre les hommes et leur environnement naturel. On distingue les créations volontaires de l’homme; les paysages qui reflètent un mode de vie traditionnel et son évolution en relation avec la nature ; les paysages qui témoignent de l’association entre l’environnement naturel et des pratiques culturelles, artistiques ou religieuses.

1 L'ouvrage d'architecture est un élément d’une dimension variable, lié à la structure d’un bâtiment: escalier,

Comme les paysages culturels, les itinéraires culturels disposent d’une forte dimension immatérielle. On peut les définir comme un lien physique et spirituel entre différents éléments patrimoniaux ; un lien historique qui résulte d’échanges culturels entre différentes communautés ; une synthèse des valeurs matérielles et immatérielles qui caractérise les rencontres et le commerce entre différentes sociétés, les migrations, les phénomènes culturels qui ont façonnés le passé et le présent (Krestev, 2003). On cite souvent la Route de la Soie, ou le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Ces itinéraires peuvent prendre de multiples formes (routes commerciales, chemins de pèlerinage, etc.).

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