• Aucun résultat trouvé

Les apports de l’évaluation environnementale : une analyse économique plus globale ?

Dans le document en fr (Page 90-99)

CHAPITRE I. DIFFERENTES APPROCHES DU CONCEPT DE PATRIMOINE

1.3.3. Le patrimoine et son impact sur l’activité économique

1.3.4.1. Les apports de l’évaluation environnementale : une analyse économique plus globale ?

L’approche traditionnelle cherche à évaluer l’activité économique générée par la présence et l’exploitation d’un bien patrimonial sur un territoire, généralement à travers la notion

d’impact (cf. 1.3.3.). Cependant, les enjeux liés à la conservation et à la valorisation du patrimoine transcendent sa dimension marchande. Le patrimoine est source d’effets externes. Ces externalités affectent l'utilité des agents économiques, leur bien-être, sans contrepartie ou compensation. Elles peuvent être de nature publique (identité et fierté national, prestige, etc.) ou de nature privé (afflux de touristes dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ; prix du foncier ; contrainte relative à la construction et aux travaux à proximité des MH1). Elles sont le plus souvent positives (Origet du Cluzeau, 2006), et si c’est en règle générale le secteur du tourisme qui en tire les bénéfices les plus conséquents (Benhamou,

2011)2, d’autres effets sont néanmoins d’une importance majeure bien que plus difficiles à

observer et à évaluer.

Throsby (2003) propose de mobiliser les outils conceptuels utilisés en économie de l’environnement et d’approcher le patrimoine par la notion de capital culturel. On définit ainsi le capital culturel non pas au sens de Bourdieu mais à la manière du capital naturel3, comme un stock, un ensemble d’actifs culturels produisant de la valeur (Throsby, 2003). Ainsi, celui- ci dispose d’une valeur économique d’usage. Elle peut-être générée par l’utilisation directe et effective du bien dans le cadre, par exemple, d’activités de visites et du fait de la mise en place d’un droit d’entrée. Elle peut naître de son usage indirect, et ainsi avoir un effet sur la valeur de l’immobilier par exemple, ou sur l’organisation de manifestations associées aux biens patrimoniaux (Vernières et al., 2012). Elle peut découler des dispositions à payer pour maintenir une possible utilisation future (Reveret et al., 2008 ; Pearce et al., 2006 ; Pagiola,

et al., 2004 ; Plottu, 1999.). Cette valeur d’option4 n’est cependant pas toujours considérée

comme une forme de valeur d’usage (surtout auprès des économistes de la culture). Elle peut être considérée comme une valeur économique « passive » ou « de non-usage » (Vernières et

al., 2012 ; Vecco, 2006 ; Throsby, 2003 ; Greffe 1990) au côté de la valeur d’existence d’une

1 Toute modification effectuée dans le champ de visibilité d'un bâtiment classé (moins de 500 m) ou dans une

ZPPAUP, doit obtenir l'accord de l'architecte des bâtiments de France (Code du patrimoine, L. 621-30 à -32).

2 Ces externalités conduisent à un déséquilibre du marché : le patrimoine ne reçoit pas de juste compensation.

Benhamou (2011) souligne que pour corriger les effets externes, il convient de faire financer l’entretien du patrimoine par le secteur du tourisme qui tire des bénéficies considérables de sa présence sans participer à son entretien.

3

La notion de capital naturel renvoie à la valeur des ressources disponibles au sein de l’écosystème ainsi que la capacité des écosystèmes à fournir des flux de biens et services (eau, nourriture, bois et toutes autres

ressources renouvelables). « De la même façon qu’un investisseur va utiliser le capital financier pour

générer des profits, un stock forestier ou halieutique va fournir un flux futur de bois ou de nourriture qui, s’il est utilisé de façon durable, va bénéficier aux populations à long terme. (…) On entendra par capital naturel

le stock d’écosystèmes qui produit un flux renouvelable de biens et services » (UNEP, 2012:1).

4 « Ce que les non-utilisateurs actuels d’un bien seraient disposés à payer pour maintenir les possibilités de

part, qui procède de la simple connaissance de l’existence du bien, de la satisfaction qu’on peut tirer du fait qu’on sache qu’il existe ; et de la valeur de legs d’autre part, qui renvoie à la volonté de le rendre disponible aux générations futures.

La démarche économique classique consiste à ramener l’ensemble des valeurs de non-usages dans la sphère économique, on parle de cadrage marchand (Barrère et al., 2005). On procède à une évaluation monétaire qui fait généralement appelle à la disposition à payer pour évaluer l’effort financier consentit par les citoyens dans l’entretien du patrimoine (Throsby, 2003). Qu’ils « consomment » ou non le patrimoine, les citoyens sont interrogés sur leur disposition à payer pour son entretien, du fait de son existence seule, dans l’espoir de le consommer un jour, afin de le transmettre à leurs enfants. On reviendra plus tard sur les discussions relatives à la fiabilité du procédé. Notons pour l’instant qu’il permet, à minima, de montrer que la population accorde une valeur souvent importante au patrimoine sans que celle-ci ne soit naturellement appréhender par le marché (Benhamou, 2011)1.

La notion de valeur économique totale (VET) utilisée en économie de l’environnement apparait comme la somme de l’ensemble des valeurs d’usages et de non-usages (Pearce et

Turner, 1990). Permet-elle une évaluation satisfaisante de la valeur du patrimoine culturel ?

Il semble que les dimensions culturelles du patrimoine ne soient pas pleinement appréhendées par le concept de VET. Pour Throsby (2003), l’approche est incomplète et ne peut capturer la valeur culturelle du patrimoine qui découle d’une autre logique. Barrère et al. (2005) vont plus loin. Ils avancent que le patrimoine ne peut être appréhendé avec les outils conceptuels existants et proposent de l’élever au rang de catégorie heuristique2

. Pour Vecco (2006), le

patrimoine possède une valeur intrinsèque. Par définition, celle-ci est indépendante des préférences individuelles capturées par la notion de VET (Pearce et al, 2006). Dans le cas du patrimoine culturel elle provient des dimensions culturelles, historiques, identitaires, sociales, artistiques, incorporées au bien. La valeur intrinsèque du patrimoine n’est donc pas comprise dans sa VET. Elle s’y superpose (Vernières et al., 2012).

1 Le marché seul entretient en effet trop peu le patrimoine puisqu’il le rétribue sur la seule base de sa valeur

d’usage (au travers le paiement de droits d’entrée). Une telle analyse justifie donc le recours à des mécanismes de régulation. L’intervention de l’Etat peut se traduire par la mise en place de déductions d’impôts pour les donations à la culture comme c’est le cas aux Etats-Unis, ou par la participation des citoyens par l’intermédiaire de l’impôt, comme c’est le cas en France.

2 Selon Barrère et al , le patrimoine dispose d’une rationalité économique qui lui est propre. Pour

l’appréhender, les économistes doivent développer des cadres conceptuels qui lui sont spécifiques, plutôt que d’utiliser les catégories traditionnelles de l’économie (e.g. le capital) pour requalifier ses dimensions non marchandes à l’aide du référentiel marchand (2005).

On adoptera sur ce point une position moins stricte en postulant que les deux notions ne sont pas aussi indépendantes que ces auteurs semblent le suggérer. En effet, si la valeur intrinsèque du patrimoine est indépendante de sa VET, l’inverse n’est pas nécessairement vrai. Il semble opportun de se demander d’où proviennent les préférences individuelles exprimer dans la VET (Pearce et al, 2006) ? On peut supposer que la valeur accordée au patrimoine dérive de sa valeur intrinsèque. Ainsi, la valeur d’existence d’un bien ne renvoie pas à son existence en soi mais repose sur les valeurs culturelles qu’il transmet. De même pour la valeur de legs, ce qu’on cherche à transmettre aux générations futures n’est pas un ensemble de caractéristiques physiques mais bien les valeurs identitaire, social, historique, culturel et artistique qui leurs sont attachées. De ce point de vue, la VET est dans une certaine mesure le reflet agrégé des perceptions et évaluations individuelles de la valeur intrinsèque du patrimoine. Elle est l’image de la valeur intrinsèque déformée par le prisme des préférences individuelles. Quoi qu’imparfaite1, l’utilisation de cette méthode comme outil d’approximation de la valeur culturelle (perçue) d’un bien patrimonial par l’agrégation des utilités individuelles mérite sans doute une attention particulière.

Le paragraphe suivant vise à présenter les différents outils d’évaluation issus de l’économie de l’environnement, mobilisables dans l’évaluation de la rationalité économique des investissements relatifs à la conservation et à la valorisation du patrimoine.

1.3.4.2. Les outils d’évaluation

On va donc chercher ici à présenter les différents outils permettant de capturer les coûts et les avantages qui dérivent des décisions relatives à la conservation, à l’aménagement, à la valorisation, ou au contraire à la destruction d’un monument ou d’un site patrimonial. On l’a évoqué, certains de ces effets dépassent largement le cadre marchand. Comment évaluer la valeur à accorder à la conservation d’un monument, ou au sentiment de fierté qu’il procure aux habitants du territoire sur lequel il est érigé ? L’approche économique procède généralement par la requalification des effets externes avec les outils de référence du marché. On va attribuer une valeur monétaire, un prix, à ces effets qui n’en ont pas.

Plusieurs outils économiques permettent de monétiser les effets non marchands liés à un projet culturel. Elle se base sur la notion de consentement à payer (CAP) ou de consentement

à recevoir (CAR), qui évaluent ce que les individus sont disposés à payer pour continuer à bénéficier de l’effet non marchand évalué, ou ce qu’ils acceptent de recevoir en compensation de sa disparition. Il existe en réalité deux approches distinctes permettant d’attribuer un prix à des éléments hors marché. On peut dans un premier temps observer le comportement des individus face à des biens ou services similaires ou complémentaires pour lesquels il existe un marché. On analyse alors les « préférences révélées ». Par opposition, les analyses centrées sur les « préférences annoncées » s’appuient sur le consentement à payer des individus face à la conservation d’un bien, ou à recevoir pour compenser la perte d’une dimension non marchande qui lui est associée. On évoquera aussi les analyses multicritères qui permettent la prise en compte d’éléments non monétarisables et l’approche développée par Vernières et al.

(2012) centrée sur la soutenabilité des ressources patrimoniales.

L’évaluation par les préférences révélées : les méthodes des prix hédoniques et des coûts de transport

L’approche permet d’évaluer la valeur attribuée à un bien patrimonial au travers des choix qu’ils opèrent sur des marchés liés ou complémentaires. Ainsi, avec la méthode des prix hédoniques on peut utiliser la variation des prix sur le marché de l’immobilier comme outil d’approximation de la valeur du patrimoine, ou de ses externalités. Un certain nombre de caractéristiques, parmi lesquelles la qualité de l’environnement du bien, les attributs du quartier, la vue, etc., vont avoir une influence sur son prix. Si on cherche à estimer la valeur esthétique d’un monument historique, on peut ainsi recueillir les informations relatives au prix de ventes des logements ayant une vue sur l’édifice et les comparer aux prix des habitations ne disposant pas d’une telle vue. Une analyse statistique permettra d’isoler chacun des attributs influençant le prix et ainsi déterminer le montant que les habitants sont prêts à payer pour bénéficier de la vue sur le monument (Terra, 2005a).

La méthode des coûts de transports permet quant à elle d’évaluer la valeur d’usage de sites patrimoniaux. Elle s’avère notamment utile pour évaluer celle des biens dont la consommation est non-exclusive1. Un site dont l’entrée est gratuite génère néanmoins un coût pour le visiteur lié au transport, au stationnement, à l’hébergement. Celui-ci permet d’évaluer le montant que les individus sont prêts à payer pour la visite (Terra, 2005b). Ainsi, on assimile à un droit d’entrée les dépenses des visiteurs pour accéder aux sites patrimoniaux

gratuits. On peut aussi utiliser cette approche dans l’évaluation d’une valeur d’usage total du bien étudié, ou simplement de sa « valeur d’accès » (Terra, 2005b). L’approche postule en général un motif unique au déplacement (Pagiola, 1996). L’analyse devient plus complexe lorsque la destination dispose de plusieurs attractions participant au choix du lieu de séjour dans des proportions variables pour chaque touriste.

L’évaluation par les préférences annoncées : l’évaluation contingente et les méthodes multi-attributs

Les évaluations contingentes ne s’appuient pas sur l’observation des comportements sur des marchés parallèles ou complémentaires, mais sur la création d’un marché fictif (Terra,

2005c). Celui-ci va permettre de donner une évaluation monétaire d’éléments ou de fonctions

patrimoniales hors marchés, ne disposant pas de prix observable (Weber, 2003). Des enquêtes auprès d’un échantillon représentatif de la population concernée permettent de mesurer les dispositions à payer pour bénéficier d’un projet de conservation, de restauration, ou d’aménagement1. La valeur totale du bien pour la société est obtenue par agrégation des valeurs individuelles. On peut à l’inverse mesurer les consentements à recevoir pour renoncer à un bénéfice existant. On a ainsi mesuré à Stonehenge la disposition à payer des visiteurs pour voir disparaitre la route qui traverse le site, et le consentement à recevoir des automobilistes pour compenser le fait de ne plus voir le site si le projet visant à construire un tunnel voyait le jour (Maddison et Mourato, 2002 ; dans Greffe et Pflieger, 2005). L’approche permet donc l’évaluation d’un projet et les différentes options relatives à sa réalisation avant sa mise en œuvre effective. Elle est souvent présentée comme la seule méthode permettant d’apprécier les valeurs de non-usages d’un bien et ainsi de l’intégrer à l’analyse économique

(Vernières et al., 2012).

Ainsi, l’évaluation relative à la rénovation de la médina de Fès réalisée par la Banque mondiale (Fiorentino, 1999 ; dans Greffe et Pflieger, 2005) met en lumière des dispositions à payer importantes non seulement pour les visiteurs de la médina, mais aussi pour les touristes qui voyagent au Maroc sans visiter Fès. Les premiers semblent disposer à verser une somme de 70 US dollars pour sa rénovation. Les seconds sont prêts à verser 30 US dollars en

1 Les individus témoignent de dispositions plus importantes lorsqu’ils ont déjà consommé le service

patrimonial (Roche Rivera, 1998 ; dans Greffe et Pflieger, 2005). De manière générale, le consentement à payer est corrélé positivement aux pratiques culturelles. Plus celles-ci sont importantes plus les personnes interrogées attribuent une valeur contingente importante (Saz Salazar et Montagud Marques, 2004 ; dans

moyenne alors même qu’ils ne visiteront pas le site classé au patrimoine mondial. Les touristes accordent donc une valeur d’existence très importante au bien, représentant des revenus de 11 millions de dollars pour les touristes ayant visité la médina et 47 millions de dollars pour l’ensemble des autres.

Ce type d’estimations fait l’objet de diverses critiques. La fiabilité des résultats est notamment remise en cause. Son procédé, centré sur des déclarations d’intentions, apporte moins de garanties que celui des méthodes de prix hédoniques où les préférences sont observables sur le marché immobilier. Les répondants auraient tendance à surévaluer le montant qu’ils sont disposés à payer sachant qu’ils n’auront pas réellement à s’acquitter de la somme (Greffe et

Pflieger, 2005). Il semble que la formulation des questions ait une grande influence sur les

résultats1. Certain avance même que la méthode « tend à créer les ‘valeurs’ qu’elle prétend

mesurer » (Weber, 2003:1). Elle est de plus difficile à appliquer lorsqu’on cherche à évaluer

la valeur d’un bien dont la notoriété est limitée (Greffe et Pflieger, 2005). D’autre part, les résultats ne permettent pas toujours de différencier la sensibilité du répondant face aux questions relatives à la protection du patrimoine (ou de l’environnement) de la valeur de l’élément qu’on cherche à évaluer. Vernières et al. (2012) qualifient cette situation de biais

d’inclusion. Elle se manifeste lorsque les personnes interrogées déclarent le même

consentement à payer face à une action isolée que celle annoncée pour une action générale2.

Les méthodes multi-attributs sont des alternatives aux analyses contingentes. Elles se composent principalement de la méthode des choix expérimentaux, de l’analyse conjointe, de l’analyse de pondération, et enfin de la méthode de comparaison par paires. Les personnes interrogées sont amenées selon les méthodes utilisées à choisir le scénario qui correspond le mieux à leur préférence, classer les scénarios par ordre de préférence (classement ordinal), classer les scénarios auxquels on a attribué une valeur (évaluation cardinal), et enfin choisir entre deux scénarios auxquels correspond une valeur cardinale. Beaucoup moins fréquente que les évaluations contingentes. La méthode des choix expérimentaux est plus utilisée en économie de l’environnement. Elle produit de meilleurs résultats (Holmes et Adamowicz,

1

On observe une forte tendance à surestimer le consentement à recevoir par rapport au consentement à payer. La symétrie des deux approches devrait théoriquement garantir la production de résultats comparables

(Bishop et Heberlein, 1979 ; dans Vernières et al., 2012). D’autres parts, Vernières et al. (2012) souligne un

biais dans les méthodes d’enchères ou de cartes de paiement. Les résultats sont dans ce cas largement dépendants de la somme initialement proposé aux répondants.

2 Quelle signification donner aux résultats lorsqu’on observe un consentement identique pour la conservation

d’une petite chapelle bretonne, à celui observé pour la conservation du petit patrimoine religieux breton dans son ensemble ?

2003 ; dans Vernières et al., 2012). Les autres permettent d’obtenir plus d’information mais

sont aussi plus complexes. Les réponses obtenues sont parfois confuses ou incohérentes. Kling, Revier et Sable (2000, dans Greffe et Pflieger, 2005), dans une étude réalisée aux Etats-Unis cherchant à évaluer un projet de conservation d’un édifice historique, ont utilisé conjointement le consentement à payer et les comparaisons par paires. On interroge d’abord les citoyens quant à leurs dispositions relatives à un nouvel impôt visant à financer le projet de rénovation patrimoniale. On leur propose ensuite une combinaison mettant en regard la valeur accordée au projet et la réduction d’impôt correspondante. Les résultats obtenus permettent de mieux capter les dispositions réelles des personnes interrogées avec la comparaison par paire.

De manière générale, si certaines de ces méthodes permettent d’apporter des solutions aux problèmes de fiabilités rencontrés dans l’analyse contingente, elles restent beaucoup plus complexes à mettre en place. D’autres parts, le recours aux données déclaratives demeure une limite quant à la fiabilité des résultats.

L’évaluation des aspects non monétarisables : l’analyse multicritères

L’analyse multicritère est la seule à ne pas avoir recours à l’étalon monétaire. Cependant, elle n’a semble-t-il pas, ou très peu été utilisée en dehors de l’évaluation environnementale1. Il

semble pourtant que l’utilisation de ce type de méthodes pourrait présenter de nombreux avantages dans l’étude du patrimoine (Vernières et al., 2012). Elle permet d’intégrer à l’analyse des éléments sans les vider de leur sens, comme c’est parfois le cas en ayant recours aux techniques de monétisation. Elle est particulièrement adaptée à l’analyse de situations associant différents acteurs aux objectifs multiples, et dont les intérêts entrent parfois en conflits. Les analyses basées sur le seul critère monétaire ne permettent pas la résolution de problèmes complexes appelant à la médiation entre intérêts divergeant. L’analyse multicritère est moins rigide.

C’est un outil d’aide à la décision qui s’appuie sur la description des alternatives et leurs implications quant aux objectifs préalablement définis. Analyse qui forme la base sur laquelle les décideurs vont entamer un processus de négociation et arrêter une décision. Vernières et al. (2012) soulignent qu’il existe une grande diversité de méthodes. Certaines plus complexes et plus difficiles à utiliser (e.g. MAUT, Keeney et Raiffa, 1976) que d’autres (e.g. ELECTRE,

1 Vernières et al., (2012) ne relèvent que l’analyse de Plottu et Plottu, (2010) qui l’applique à l’évaluation des

Roy, 1985). Ces dernières, dites de surclassement, permettent la résolution de problèmes très

complexes (ou l’identification d’incompatibilité). Elles permettent le classement des actions présentant les meilleurs compromis et reposent sur la mise en place de seuils (ou de veto) apparaissant comme des garanties de crédibilité et d’acceptabilité des résultats. Elles restent cependant très lourdes à mettre en œuvre.

L’évaluation centrée sur la soutenabilité

Throsby (2003) propose de mobiliser la notion de « soutenabilité » afin de prendre en compte non seulement les valeurs économiques d’un bien mais aussi la soutenabilité de sa valeur culturelle dans le temps. Dans le même sens, Vernières et al. (2012) mettent en place une approche dans le cadre de l’évaluation du patrimoine urbain. Prenant en compte son caractère multidimensionnel et dynamique, ils cherchent à regrouper les différentes méthodes permettant une évaluation pertinente du patrimoine dans une même grille d’analyse centrée sur la notion de soutenabilité.

Dans le document en fr (Page 90-99)

Outline

Documents relatifs