• Aucun résultat trouvé

Le classement par types d’espaces

Dans le document en fr (Page 52-61)

CHAPITRE I. DIFFERENTES APPROCHES DU CONCEPT DE PATRIMOINE

1.1.2.4. Le classement par types d’espaces

On peut enfin classer les biens en fonction du type d’espace qui les accueille. La ville est un espace patrimonial privilégié. On a d’abord considéré la notion de territoire urbain historique caractérisé par des espaces de toutes tailles, du centre ou du quartier historique, à la ville ou la métropole (Charte de Washington, 1987). La notion de paysage urbain historique, plus récente, y inclut l’ensemble du contexte urbain2, son environnement géographique3, ainsi que les processus économiques, les pratiques et les valeurs culturelles et sociales, et les dimensions immatérielles du patrimoine, comme éléments participants activement à la construction identitaire du paysage considéré (Unesco 2011a). On peut ainsi distinguer plusieurs formes de patrimoine urbain : le patrimoine monumental d’une valeur culturelle exceptionnelle ; les éléments patrimoniaux en cohérence avec l’environnement urbain ; et les

1 Bien sûr, il est nécessaire de laisser à l’histoire le temps de rendre son verdict quant à la valeur d’un bien

patrimonial (Unesco, 2001).

2 Le contexte urbain comprend l’environnement bâti (historique et contemporain) ; les infrastructures (de

surface et souterraines) ; les espaces verts ; les plans d’occupation des sols, la structure urbaine dans son ensemble, etc.

3 L’environnement géographique comprend notamment la topographie, la géomorphologie, l’hydrologie et les

nouveaux éléments urbains - le bâti urbain, les espaces ouverts, les infrastructures urbaines

(Projet SUIT de l’Union européenne, 2004).

Le patrimoine rural englobe quant à lui les biens patrimoniaux, quelques soit leur nature (culturel ou naturel, matériel ou immatériel, mobilier ou immobilier) conservés et transmis au sein d’un milieu rural. Il se compose de manifestations diverses, de l’art au bâti traditionnel1 ; des traditions aux savoir-faire artisanaux, des festivités à l’aménagement du territoire2. Suivant la même logique, on peut décliner les catégories pour chaque type d’espaces disposant d’un patrimoine qui lui est propre, témoignant de la manière dont l’homme c’est adapté à un milieu spécifique (montagne, désert, etc.), ou dont la conservation présente des particularités. Le patrimoine subaquatique par exemple, définit dans la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de l’Unesco (2001) comme comprenant « toutes les traces d'existence humaine présentant un caractère culturel, historique ou

archéologique qui sont immergées, partiellement ou totalement, périodiquement ou en permanence, depuis 100 ans au moins ». On y inclut les sites, structures, édifices, objets ou

restes humains ; les navires, ou autres véhicules ainsi que leur cargaison ; etc.

1.1.3.

Les limites de la démarche typologique

L’approche typologique permet de rendre compte de la complexité de la notion de patrimoine, et de mieux en saisir les contours. Pour donner une représentation fidèle de ces objets complexes aux formes et aux caractéristiques multiples, il semble nécessaire d’articuler les différents cadres typologiques. Le graphique 1.1.n°1 tente de représenter le caractère multidimensionnel du patrimoine par un système de classification tridimensionnelle selon un axe catégoriel, un axe temporel, et un axe spatial. Le plan ainsi formé permet la représentation de différents types de patrimoine selon leur forme ou leur fonction sous forme de nuages de points (où chaque point est un bien patrimonial).

L’approche présente néanmoins un certain nombre de limites, notamment du fait de la perméabilité des catégories de classement. En effet, pratiquement tous les biens disposent de caractéristiques qui justifient leur classification au sein de plusieurs catégories (Icomos,

2005)3. Ainsi, un bien archéologique peu à la foi prendre une forme architecturale et avoir été

construit pour occuper une fonction religieuse. Les paysages culturels témoignent de

1 Les maisons, places, rues et chapelles, dont la construction s’appuie sur les matériaux propres au territoire 2 Les ponts, les moulins, et tous les biens témoignant de l’aménagement de l’espace rural

l’interaction de l’homme et de la nature. Ils peuvent occuper des fonctions spirituelles, funéraires, etc. Ils disposent d’une dimension naturelle et culturelle, au sein de laquelle des éléments matériels et immatériels se conjuguent.

Il semble de plus que certains objets restent inclassables. Ainsi, le musée, pourtant au centre de l’offre patrimoniale mondiale1, reste irréductible à l’une ou l’autre des catégories employées. Cette institution permanente a pour but l’acquisition, la conservation, l’étude et, in

fine, la transmission du patrimoine sous toutes ses formes (ICOM, Conférence générale à Vienne, 2007). Cette « instance de production et de légitimation culturelle » (Poulot, 1992:132) a vocation à exposer des collections d’objets ou de documents, qu’ils soient de

nature artistique, artisanale, industrielle, végétale ou animale (Rivière, 2002). Ainsi, le musée résiste aux tentatives de classification. Il est tantôt un espace dédié à l’exposition d’œuvres d’art contemporain, tantôt un lieu de transmission d’un patrimoine vernaculaire matériel et immatériel2. Il s’intéresse tantôt à l’origine de l’homme, tantôt à celle de la nature. Il s’approprie toutes les époques, tous les espaces, et donne à voir des objets aux formes et aux fonctions variés. Le musée met en scène des collections et donc des éléments patrimoniaux

1 cf. chap.2 2 Les écomusées

mobiliers ; mais il est lié à un lieu, à un espace d’exposition souvent lui-même de nature patrimoniale. Le musée du Louvre, le Centre Pompidou, le Guggenheim de Bilbao, tous sont indissociables de l’édifice patrimonial qui les abrite1.

On a vu dans cette section que le champ patrimonial est une notion relative dans l’espace et dans le temps. Dans l’espace, parce que d’une société à l’autre, la notion de patrimoine ne recouvre pas la même réalité2. Dans le temps, parce que les sociétés redéfinissent ce qui constitue leur patrimoine à mesure qu’elles évoluent3. La notion de patrimoine a ainsi

tendance à s’étendre vers de nouveaux objets, si bien que plus rien aujourd’hui n’est totalement dépourvu d’un potentiel patrimonial (Di Méo, 2007)4.

Il apparait donc extrêmement difficile de définir la notion par ses objets. Néanmoins, ce qui rend le champ patrimonial difficile à appréhender du point de vue de son contenu, va le rendre intelligible en tant que processus. En effet, si le patrimoine évolue, si l’objet préexiste au statut patrimonial, force est de constater que le patrimoine se construit. On discerne ici un élément essentiel de sa définition. Pour comprendre ce qu’est le patrimoine, il semble essentiel de comprendre le processus qui détermine la sélection et la qualification d’un bien comme élément patrimonial. C’est sous cet angle que l’on cherchera à aborder la notion dans la section suivante.

1 Les récentes expériences menées par le musée du Louvre, consistant à ouvrir des antennes et prêter son nom

et une partie de sa collection à d’autres institutions (Lens, Abou Dabi), remettent partiellement en cause ce principe.

2 La notion de patrimoine a aussi connu une formidable expansion spatiale. Si la démarche initiale visait

parfois des éléments d’architectures isolés, le domaine de protection va progressivement s’élargir (et s’assouplir) tout au long du XXe siècle. Le débat sur l’étendue des zones de protection cristallise la rencontre des intérêts divergeant, entre conservation et intégration du patrimoine dans son temps, banalisation et muséification. La zone de protection était limitée à l’essence même de l’objet patrimonial. On classait ainsi un balcon ou une façade sans que l’édifice dans son ensemble ne bénéficie de protection. En France, on fixe au début des années 1940 un périmètre de protection aux abords des monuments classés d’un rayon de 500 mètres (Loi du 25 fév. 1943). La création des parcs naturels en 1960 (Loi du 22 Juillet), puis de la DATAR en 1963, ouvre la voie à une conception plus large des espaces de protection du patrimoine culturel. Ainsi, en 1964, la Loi Malraux permet la protection de quartiers entiers et prend la forme, au début des années 1980, de

« Zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager » avec les lois de décentralisation. Au

niveau international, les éléments protégés au titre du patrimoine mondial connaissent une évolution similaire

(Paris, 2011). On considère aujourd’hui des ensembles extrêmement étendus tels que les rives de la Seine ou

le Val de Loire, où la protection s’étend sur 280 km.

3 La notion de patrimoine renvoie d’abord aux manifestations physiques des cultures nationales (cf. chap.2 ;

Poulot, 1997), puis s’ouvre aux biens naturels, dès la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis, et un peu plus tard

en France, avec les lois sur les monuments naturels du 2 mai 1930, et la création des parcs naturels nationaux du 22 juillet 1960.

4 Elles s’étend des grandes œuvres vers les témoignages plus modestes d’activités humaines « ordinaires »

(Melot, 2005). Sont ainsi valorisés lavoirs et moulins, sites d’extraction ou de production industrielle, traces

et parfois stigmates d’activités ayant façonnées l’histoire et l’environnement et qui ont perdu leur sens suite aux transformations profondes des systèmes de production. Le décret du 15 avril 1980 crée en France le Conseil du patrimoine ethnologique ; on opère un repérage systématique du patrimoine industriel à partir de 1986.

Nous avons évoqué, dans la section précédente, la nature évolutive de la notion de patrimoine. Il semble qu’elle se transforme et intègre de nouveaux supports, à mesure qu’évolue le regard que les sociétés portent sur elles-mêmes. Ainsi, plus qu’un ensemble d’objets, le patrimoine peut être définit comme un processus qui conduit à sélectionner des biens et leur donner du sens. On va tenter d’expliquer, dans un premier temps, les mécanismes et les modalités de l’émergence du statut patrimonial (1.2.1.). On cherchera ensuite à identifier les valeurs culturelles qui y sont associées (1.2.2.).

1.2.1.

La patrimonialisation

Cette sous-section cherche à définir le processus de patrimonialisation et à mettre en évidence les mécanismes qui commandent à l’accession d’un bien au statut patrimonial. On montrera dans un premier temps en quoi le patrimoine est un « construit social »1 (1.2.1.1.), puis on

cherchera à mettre en lumière les étapes conduisant à l’obtention du statut (1.2.1.2.). On soulignera enfin les liens très forts entre logiques de patrimonialisation et de développement touristique (1.2.2.3.).

1.2.1.1. Le patrimoine, une construction sociale

La production de patrimoine découle d’un processus de sélection (Benhamou, 2011) et de création de valeur (Vecco, 2006). Celle reconnue au patrimoine ne dérive pas de l’objet lui- même (Vecco, 2006). Elle ne repose pas sur ses qualités intrinsèques mais sur le processus de sélection et de symbolisation qui consiste à faire d’un bien un élément représentatif de l’identité d’un groupe. Ainsi, il est parfois difficile de distinguer la valeur intrinsèque d’un bien de la valeur produite lors du processus de patrimonialisation. Dans le cas des biens culturels hautement valorisés comme c’est le cas des œuvres d’arts ou des grandes créations architecturales, on leur reconnaissait une valeur (artistique, sacré, etc.) avant d’acquérir un statut patrimonial. On voit bien avec les évolutions récentes de la notion que « tous les objets

sont éligibles à la valorisation symbolique » (Melot, 2005:28). De nouveaux objets accèdent

au statut patrimonial, objets ordinaires, créés dans une tout autre finalité que celle de laisser une trace. Si leur fonction disparait, certains gardent ou acquièrent une certaine « charge

émotionnelle » (Melot, 2005) et se voient attribuer une valeur symbolique qui justifie leur

conservation comme élément représentatif de la culture d’un groupe. Françoise Benhamou

(2011) parle de « volonté de lègue ». C’est à la communauté qu’appartient le choix de

sélectionner les biens susceptibles d’être conservés. Le processus d’identification se fait souvent par l’intermédiaire d’experts (historiens, conservateurs, etc.). Il intervient aussi au niveau international. L’Unesco a notamment un rôle actif dans la définition et la sélection des biens.

Le processus de patrimonialisation traduit le rapport qu’une société entretient avec son passé et son environnement (Senil, 2011). Chaque époque a ses critères de sélection du passé ; et au sein de chaque époque, chaque société, chaque groupe social dispose des leurs. Les enjeux qui commandent au processus sont souvent différents, parfois même en concurrence, et se fondent sur des définitions et des modalités divergentes d’appropriation (Dubost, 1994 ; dans Senil,

2011). Celle-ci peut intervenir dans le cadre d’un processus au fort accent social, où la

communauté joue un rôle central et où le patrimoine « produit » traduit un véritable échange et un partage de valeurs. Elle peut au contraire intervenir dans le cadre d’un processus de désignation. De nature plus politique, la désignation apparait comme une forme de contrôle sur le territoire ainsi que sur le discours autour de l’identité du groupe (Rautenberg, 2004 ;

dans Senil 2011).

Le patrimoine culturel fait l’objet de redéfinitions au grès de l’évolution de la perception qu’à la communauté de sa propre culture. Le patrimoine ne fait sens que dans un contexte donné. Les valeurs qu’on lui attache ne peuvent être comprises qu’en lien au contexte social, historique, et culturel dans lequel il a été produit (Vecco 2006). Comme le souligne Di Méo

(1995), la dimension spatiale est ici centrale. Le patrimoine marque le territoire de sa présence

physique. Il définit un espace dans lequel le groupe se reconnait, il le délimite. Ainsi, les processus de territorialisation et de patrimonialisation sont difficilement dissociables. Le bien patrimonial présentant d’ailleurs un intérêt variable selon qu’il soit considéré au niveau local ou au niveau national. Élément central de l’identité d’une commune, il peut ainsi devenir anecdotique au niveau national, ou jugé peu significatif car trop répétitif.

La notion de patrimoine connait un regain de popularité depuis plusieurs décennies, qui tire son origine dans la crise identitaire que connaissent les sociétés modernes, en occident particulièrement (Micoud, 2005). Le patrimoine intervient comme un marqueur spatial et temporel (Senil, 2011) dans un monde en mal de repères. Face aux changements profonds qui

bouleversent les sociétés modernes, la mondialisation, l’homogénéisation des différences, le patrimoine apparait comme le témoin de la permanence des sociétés, de leur spécificité, de leur identité. Le patrimoine inscrit le groupe dans le temps, et lui permet de maintenir sa cohérence (Micoud, 2005). C’est aussi un discours, une réflexion sur le passée (Senil 2011). Le patrimoine est donc plus qu’un ensemble de biens, c’est le prolongement de la personnalité du groupe (Ost, dans Micoud, 2005:85).

1.2.1.2. Les modalités d’émergence du patrimoine

Un bien n’est pas patrimonial par nature, mais par convention (Greffe, 1999). Comme le souligne Senil (2011:65), si le patrimoine est une construction sociale, il convient de s’interroger sur les « modalités de son émergence ». Différents auteurs ont détaillé les différentes phases du processus de patrimonialisation (Guérin, 2004 ; François et al., 2006 ;

Di Méo, 2007 ; Senil, 2011). On admet généralement l’existence de plusieurs phases

conditionnant l’accès au statut patrimonial. De chacune de ces étapes « découle la capacité du

patrimoine à faire sens pour la collectivité » (Senil, 2011:67).

1. La première étape est celle de la découverte et de la sélection des biens présentant un potentiel patrimonial. Cette étape est qualifiée selon les auteurs d’étape de sélection

(François et al., 2006), de construction (Senil, 2011), d’invention (Landel, 2007)

patrimonial.

2. Elle aboutit à un processus de justification par lequel le groupe reconnait au bien sélectionné sa valeur patrimoniale, valeur artistique, historique, sociale. Cette étape est centrale puisque c’est ici que s’opère le changement de statut du bien, qui lui donne du sens. C’est ce qui va conditionner et conduire à la phase de conservation.

3. En effet, comme le souligne Bourdin, l’attribution d’une valeur patrimoniale fait naitre des responsabilités à l’égard du bien ; « un bien que l’on abandonne ou que l’on

dilapide n’est plus un patrimoine » (1992, dans Senil, 2011:67). L’étape de la

conservation est celle de la mise en place d’une stratégie de maintien de la valeur préalablement reconnue au bien sélectionné. Elle prend la forme d’opérations de préservation, de réhabilitation, de restauration, et peut donc être l’occasion d’une modification de l’état du bien patrimonial.

4. Le bien peut alors être exposé et reconnu par le public. C’est ici que se forme le lien entre patrimoine et tourisme. Le bien patrimonial change alors d’usage ; témoignage investit d'une dimension culturelle, sociale, et identitaire, il devient attraction. La reconnaissance touristique peut avoir un impact non négligeable sur la manière dont le patrimoine est perçu par la collectivité.

5. Le patrimoine peut enfin faire l’objet d’une valorisation marchande, sans que cette étape soit automatique. Elle peut prendre différentes formes selon le type de patrimoine (François et al., 2010). Un monument par exemple peut faire l’objet d’une création de service qui participe à sa mise en scène1. Celui-ci sera alors utilisé comme support. Elle peut être l’occasion d’une forme de « consécration économique » (Senil,

2011:67), un aboutissement qui viendrait sanctionner un processus long et complexe.

1.2.1.3. Logique de patrimonialisation et développement touristique

Un bien patrimonial est donc un bien auquel on reconnait une valeur. Il porte l’identité du groupe et à ce titre doit être conservé et transmit. Transmit aux générations futures d’une part comme témoignage, mais aussi, dans une perspective à plus court terme, transmis à l’autre. Le patrimoine comme affirmation de la spécificité du groupe, n’a de sens que dans son rapport à l’altérité. Pour être reconnu, le bien doit donc être exposé, mis en scène.

Comme le souligne Duval (2007), le lien est ici très fort avec le processus de développement touristique. En effet, la mise en tourisme d’un territoire repose sur la même démarche : soumettre au regard de l’autre ce qui fait la particularité d’un lieu. Exposer, mettre en scène ces spécificités pour satisfaire la soif de découverte des touristes. La mise en tourisme se traduit ainsi par un changement de statut des ressources culturelles. Identifiées, valorisées et protégées, elles alimentent à leur tour l’image touristique de la destination.

Ainsi, la dimension patrimoniale et les valeurs culturelles et identitaires qui lui sont associés alimentent l’attractivité touristique des destinations. Le patrimoine marque le territoire de sa présence physique (Di Méo, 1995). Le processus de patrimonialisation participe à la définition des espaces touristiques en ce qu’il permet l’identification des spécificités des lieux ; il contribue à asseoir leur lisibilité (Duval, 2007).

1 Ainsi, certains sites patrimoniaux servent de cadre à des représentations variées. Les spectacles historiques

comme celui de Saint-Fargeau illustre ce type de service. Le château et le parc deviennent le théâtre d’une représentation retraçant 1000 ans d’histoire.

A l’inverse, le tourisme aide parfois à sanctionner un patrimoine aux yeux des habitants

(Lazzarotti, 2003). Il participe aussi à la transmission des valeurs associées au patrimoine. Il

« joue le rôle d’amplificateur, sinon parfois de révélateur d’une identité culturelle

consubstantielle à la destination » (Origet du Cluzeau, 2009). Ainsi, comme le souligne

Duval (2007) les logiques de mise en tourisme et de patrimonialisation se répondent.

1.2.2.

Les valeurs culturelles du patrimoine

« Par valeur culturelle, on entend valeur esthétique, historique, scientifique, sociale ou spirituelle pour les générations passées, présentes ou futures. La valeur culturelle est incarnée par le lieu lui-même, par sa matière, par son contexte, par son usage, par ses associations, par ses significations, par ses documents et par les lieux et objets qui y sont associés. Les lieux et les biens patrimoniaux peuvent représenter une diversité de valeurs selon les individus et les groupes ».

Extrait de la Charte de Burra, Icomos, 1979

La question de la valeur du patrimoine est centrale dans la définition de la notion d’une part, et dans l’explication de la demande touristique. Comme on l’a vu aux paragraphes précédents, c’est la valeur qui lui est attribuée qui confère à un bien son statut patrimoniale, qui justifie sa conservation, mais aussi qui suscite l’intérêt auprès des visiteurs (Greffe, 1990). Le patrimoine dispose de plusieurs types de valeurs (chez les économistes) ou de fonctions (chez les sociologues ou les géographes). Ces différentes valeurs s’articulent de manière complexe et apparaissent sous différentes perspectives comme l’expression des mêmes qualités (Vecco,

2006:74). La littérature propose différentes typologies (Vecco, 2006 ; Greffe, 1990 ; Frey et Pommerehne, 1989). On présentera ici de manière succincte les différentes valeurs culturelles

associées au patrimoine : les valeurs esthétiques et artistiques (1.2.2.1.) ; les valeurs historiques d’ancienneté et de commémoration, les valeurs cognitive ou éducative (1.2.2.2.) ; les valeurs sociale, spirituelle ou religieuse, et identitaire (1.2.2.3.). Les valeurs économiques qui en découlent feront l’objet d’une analyse détaillée dans la section suivante. L’ensemble des valeurs du patrimoine ne s’incarne pas nécessairement dans chaque bien. Les valeurs

Dans le document en fr (Page 52-61)

Outline

Documents relatifs