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Les types d’effets

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CHAPITRE I. DIFFERENTES APPROCHES DU CONCEPT DE PATRIMOINE

1.3.3. Le patrimoine et son impact sur l’activité économique

1.3.3.1. Les types d’effets

On considère ainsi les effets qu’il est possible de rattacher à la présence d’un bien patrimonial : des effets relatifs à l’attractivité du territoire ou à la (re)valorisation de son image, de nature économiques ou sociaux, ou sous la forme de rentrées fiscales et d’investissements publics. La diversité des effets3 et les difficultés inhérentes à leur mesure rendent complexe l’estimation d’ensemble des retombées. On considère généralement que sa

1 Notons comme le souligne Zouain (2002), qu’outre leur fonction religieuse, la construction des temples de

l’Egypte ancienne et des cathédrales de l’Europe médiévale remplissait déjà une fonction sociale et économique. Elle permettait de redistribuer les richesses au profit des plus pauvres. Ces grands travaux, intensifs en main-d’œuvre, peuvent ainsi être assimilés à une politique de relance. Ils permettaient en période difficile (famines, guerres, épidémies) de relancer une économie en sous-régime et de donner du travail à une population importante, garantissant ainsi une meilleure cohésion sociale.

2 Si les services touristiques et patrimoniaux ne se déplacent pas, ils sont vendus et consommés par des

touristes extérieurs au territoire étudié.

contribution au développement peut intervenir sous forme d’effets directs, indirects et induits

(ARP-PACA, 2009; ARP-PACA, 2008; Greffe, 2003 ; 1990) : on différencie ainsi les effets

directement liés à l’exploitation du patrimoine, ceux relatifs à l’activité suscitée par la présence du site sur le territoire (notamment au sein du secteur touristique)1, et enfin les répercutions « en chaine » de ce surplus d’activité sur l’économie, appelées effet multiplicateur.

Les effets directs s’attachent surtout à saisir la valeur d’un bien patrimonial dans le cadre de son utilisation comme attraction2. On considère les effets en termes de revenus et d’emplois

produits dans le cadre de l’exploitation d’un bien. On mesure ainsi les retombées sociales directes du patrimoine correspondant aux emplois au sein des sites et des monuments protégés ainsi que des musées de France ; les emplois de guide du patrimoine ; et enfin les emplois dans les administrations en charge du patrimoine et de sa valorisation. On comptabilise les bénéfices directs générés par la vente de billets d’entrées et de manière générale les dépenses des visiteurs sur le site visité, notamment les recettes provenant des visites guidées, des audioguides, celles provenant de l’organisation d’évènements dont le bien patrimonial est le support, ou du fait de l’exploitation de boutiques, librairies ou restaurants, etc.

Les effets indirects s’attachent à mesurer le surplus d’activité généré sur le territoire par la présence du bien patrimonial. Ils correspondent aux revenus et aux emplois dans les secteurs fournissant des biens et des services aux sites patrimoniaux, et pour une large part aux retombées sur l’activité touristique. Celles-ci proviennent notamment des dépenses nécessaires pour accéder au site patrimonial considéré, et celles effectuées à l’occasion du séjour, en hébergement, en restauration, en souvenirs, etc. La principale difficulté réside dans l’évaluation du volume d’activités réellement imputables à la présence du bien. En effet, il convient d’identifier la part des visiteurs dont la présence sur le territoire (et donc les dépenses) est directement liée à la présence d’une ressource patrimoniale. De nombreux visiteurs fréquentent les monuments et les musées de manière incidente. Leur présence sur le territoire est motivée par d’autres facteurs. Le patrimoine ne constitue pas l’élément déclencheur de leurs dépenses en transport, hébergement, etc. Il convient donc de ne pas les

1 Cette approche des effets directs et indirects du patrimoine (ARP-PACA, 2009; ARP-PACA, 2008; Greffe,

2003, 1990) est à distinguer des effets directs et indirects tel que définis lors du calcul des multiplicateurs.

2 La valeur du bien en tant qu’abri ne se limite cependant pas à son utilisation (ponctuelle ou permanente) dans

le cadre d’activités culturelles ou touristiques. Il peut aussi être utilisé et produire de la valeur dans un cadre domestique, ou en tant qu’abri d’activités administratives ou d’affaires, etc.

comptabiliser. On mesure donc les dépenses imputables à la présence du bien dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des transports, du commerce, etc. Dépenses qui se traduisent par un regain d’activité, synonyme de progression du chiffre d’affaires et de création d’emplois.

Les impacts indirects du patrimoine sur l’économie ne se limitent pas aux seuls monuments prestigieux et à leur pertinence touristique. L’activité suscitée par la conservation du patrimoine bâti est elle aussi source d’effets permanents et substantiels. Si les monuments d’importance jouent le rôle de marqueur touristique (Saidi, 2010), ils apparaissent souvent, du point de vue de la conservation comme l’élément le plus visible s’inscrivant dans un ensemble plus large : un centre historique, un quartier, une ville disposant d’une dimension patrimoniale marquée et dont les édifices publics ou privés font l’objet de travaux répétés de conservation, de rénovation ou d’aménagement. Il s’agit d’un secteur économique à part entière chargé d’un potentiel de développement considérable1 (Greffe et Pflieger, 2005). On peut mesurer l’importance de ces effets sur l’économie locale au travers des retombées économiques des travaux entrepris dans le cadre de la construction, conservation ou rénovation de ce patrimoine2. Sont ainsi concernés le secteur de la restauration et de la conservation du bâti :

les architectes du patrimoine, les entreprises de travaux de restauration, les entreprises artisanales du bâtiment, les restaurateurs, les emplois liés à la recherche dans la restauration de biens culturels et du patrimoine, la formation, ainsi que les experts et les métiers d’art liés au patrimoine.

Enfin, les ménages et les entreprises ayant bénéficié de l’activité patrimoniale de façon directe ou indirecte (augmentation des revenus et de l’emploi lié à l’activité patrimoniale ou aux activités d’hébergement, de restauration, etc.) vont réinjecter une partie de leurs revenus dans l’économie locale, et ainsi susciter de l’activité économique par des réactions en chaine

(Farchy et Sagot-Duvauroux, 1994). On parle d’effets ou de bénéfices induits. Ils

correspondent à la part des bénéfices générés directement ou indirectement par le patrimoine, et réinjectées dans l’économie locale au profit d’autres secteurs d’activités.

1 Le secteur fait appel à des compétences spécifiques pouvant être transférées au profit d’autres formes

d’habitats. La rénovation des grands monuments peut être l’occasion d’inciter les habitants à entrer dans un processus global de rénovation et de réhabilitation de leurs logements. Ces projets de rénovation de quartiers historiques disposent d’un potentiel de développement extrêmement important, tant du point de vu des retombées économiques que sociales (Greffe et Pflieger, 2005). Ces initiatives ne sont pas limitées aux pays développés. Un nombre grandissant de PED s’engagent dans cette voie (Yusuf, 1999).

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