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Une base neuronale

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2.6 Intégration des informations multisensorielles

2.6.4 Une base neuronale

Les premières études, qui se sont intéressées à la présence de régions cérébrales multisensorielles, ont été menées chez le chat. Ces études ont pu mettre en évidence l’implication du colliculus supérieur dans les phénomènes d’intégration multimodale. Au niveau neuronal, on retrouve un lien direct entre les différentes modalités. Les aires primaires sensorielles reçoivent des afférences non-spécifiques à la sensorialité traitée. Chez le singe, comme chez le chat, des projections directes partent du cortex auditif vers le cortex visuel primaire (V1), mais également au niveau des aires associatives

Figure 2.27 –Lors d’une tâche de détection basique de stimuli présentés suivant trois condi- tions (auditive, visuelle ou udiovisuelle), les humains, comme les singes, ont des temps de réactions significativement plus courts en condition audiovisuelle, par rapport aux conditions unimodales. On peut noter également que cet effet d’intégration multisensorielle est aussi pré- sent chez des macaques. Issu des de l’équipe Juan et al [189]

auditives qui projettent sur les aires visuelles primaires et secondaires [58]. Il en est de même chez le marmouset, chez lequel des connexions entre les aires visuelles, les aires auditives primaires et le cortex somatosensoriel primaires sont retrouvées [58]. Il faut noter que ces projections ne représentent qu’une mince proportion des inputs totaux du cortex. Elles prouvent néanmoins, que les cortex sensoriels primaires ne sont pas isolés mais peuvent influencer le traitement des informations dans d’autres aires sensorielles. Des cortex primaires partent ensuite des projections en direction du sillon temporal supérieur (STS), qui semble être un carrefour important dans l’intégration des informa- tions unisensoriellles. Dans une étude en IRMf et en DTI (Diffusion Tensor Imaging), il a été montré que certaines régions du STS étaient spécifiques aux stimuli audiovisuels (en l’occurrence ici des visages couplés à des voix) [121]. Le STS a largement été décrit dans le cadre du traitement des visages. Les résultats obtenus, dans l’étude précédente, pourraient provenir du type de stimuli utilisés, à savoir des visages. Il n’est pas précisé si l’utilisation d’autres types de stimuli, somatosensoriels par exemple, entraîneraient la même force d’activation dans le STS. De plus, chez le macaque, seulement 20% de l’aire temporale supérieure supporte le traitement multimodal de l’information [121]. Nous pouvons donc penser, par analogie, qu’une partie restreinte du STS soit responsable de la symbiose des informations unisensorielles.

De ce fait , l’intégration des informations sensorielles pourrait s’effectuer avant d’at- teindre le néocortex. Certaines hypothèses proposent que la convergence sensorielle se ferait au niveau du thalamus, qui serait un candidat intéressant de part ces nombreuses connections avec de multiples aires corticales sensorielles et motrices [58]. A son tour, le thalamus, et plus précisément, le pulvinar, transmettrait les informations intégrées disponibles à une région corticale cible comme le cortex préfrontal par exemple. L’ori-

gine exacte de l’aire cérébrale impliquée dans l’intégration des informations, ainsi que sa localisation, restent encore débattues à l’heure actuelle .

Par ailleurs, nous pouvons penser que les faiblesses d’un système vont pouvoir être palliées par les ajouts d’un autre. Chez l’Homme, comme chez l’animal, la perte d’une modalité sensorielle entraîne une réorganisation corticale qui permet le développement de mécanismes compensatoires [297]. Par exemple, dans le cas de patients implantés cochléaires, la perception audiovisuelle du langage est parfaite malgré la dégradation des composantes acoustiques par l’implant [297]. Grâce aux informations visuelles, ces patients compensent leurs pertes auditives et utilisent efficacement l’intégration multi- sensorielle afin de comprendre la parole, surtout dans un environnement bruyant. De même qu’une perte auditive module l’activité visuelle, une déprivation visuelle bou- leverse les performances auditives. Des études pionnières chez le chat aveugle, puis répliquées chez l’Homme, ont montré que le traitement spatial des informations audi- tives était supérieur à celui d’une population voyante. Ceci corrobore le fait que des compensations cross-modales ont eu lieu afin de compenser d’une certaine manière, une perte sensorielle [79]. À titre d’exemple, une étude en TEP a montré que le cortex oc- cipital de sujets aveugles précoces est activé lorsqu’ils lisent du Braille. La conclusion émise dans cette étude est que le fait de lire le Braille active une réponse tactile qui se projetterait vers les aires visuelles [4].

Points Clés du Chapitre

• Les voix et les visages appartiennent une catégorie spéciale de stimuli pour

notre cerveau qui s’est spécialisé dans leur traitement.

• Les visages sont importants dans la valeur de nos interactions sociales et

sont essentiels dans les processus de théorie de l’esprit et d’empathie.

• Le traitement des visages peut se définir par :

1. une étape d’encodage structurel, dépendante des phénomènes de traitement holistique

2. une étape de traitement spécifique aux visages et intervention du gyrus fusiforme (FFA)

3. une étape de traitement des informations annexes, comme la familiarité et le contenu émotionnel

• Zone des yeux (vecteurs des informations sociales) importante dans

l’exploration visuelle des visages et dans l’engagement social

• Les voix peuvent être considérées comme un visage auditif :

1. elles véhiculent des informations importantes sur le locuteur (âge, genre, émotion)

2. elles sont en interaction constante avec les aires du traitement des visages

3. elles bénéficient d’un traitement cérébral proche de celui des visages, avec la présence d’une aire spécifique à la voix (TVA)

• L’intégration multisensorielle :

1. permet de combiner des informations provenant de plusieurs canaux sensoriels

2. importante dans la symbiose des informations portées par les visages et les voix dans le cadre de la bonne compréhension de notre

CHAPITRE

3

Cognition sociale dans le Syndrome

de Prader-Willi

3.1

Cognition sociale et SPW

Le thème principal de cette thèse repose sur la notion de cognition sociale dans le SPW. Cette notion, bien qu’importante au vu des nombreux liens entre le SPW et les troubles du spectre de l’autisme (TSA), reste aujourd’hui en voie d’exploration. Ce chapitre, et plus largement cette thèse, vont être l’occasion de faire l’état de l’art des études qui traitent, de près ou de loin, des capacités sociales de ces patients.

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