• Aucun résultat trouvé

Les principaux modèles théoriques

Dans le document en fr (Page 94-96)

2.3 Les visages : de la théorie à la perception

2.3.3 Les principaux modèles théoriques

Nous pouvons considérer le traitement des visages sous deux aspects : soit nous par- lons de perception des visages stricto sensu, et dans ce cas, le modèle de Haxby en 2000 sera cité [170], soit nous faisons référence à la reconnaissance des visages (familiers) interprétée par le modèle de Bruce et Youg en 1986 [50]. Ces deux modèles complémen- taires sont les plus utilisés dans le cadre du traitement des visages. Le premier est une vision cérébrale du traitement des visages, puisque chaque aire est associée à une ac- tion précise. Le second est une vision psychologique du traitement des visages avec des modules spécifiques à un certain aspect du traitement. Dans cette section, je détaillerai ces 2 modèles précurseurs, qui font partie aujourd’hui, des modèles les plus cités dans la littérature.

L’un des premiers modèles expliquant la reconnaissance des visages, est le modèle de Bruce et Young en 1986 [50]. Ce modèle est avant tout une représentation hiérarchique du traitement de l’information et tente d’apporter une explication aux mécanismes ren- trant en jeu lors de la reconnaissance de visages familiers. Ce modèle explique que les premières étapes du traitement permettent le stockage des caractéristiques invariantes structurales d’un visage perçu (âge, ethnie, genre). Ce codage des informations basiques permet d’élaborer une représentation globale d’un visage. Nous stockons alors ces in- formations en mémoire dans des "unités" spécifiques appelées les "URF" ou Unités de Reconnaissance Faciale. Les informations stockées dans les URFs permettraient alors de reconnaître un visage sous différentes conditions (changement de point de vue, sous différentes luminosités, avec des expressions émotionnelles). En d’autres termes, d’un seul visage nous allons enregistrer dans une URF spécifique un grand nombre d’informa- tions complémentaires qui nous permettra, par la suite, de reconnaître ce même visage quelque soit la situation.

du signal issu de l’URF spécifique, celui-ci étant traité par le système cognitif. La force du signal est dépendante du degré de ressemblance entre la description stockée dans l’URF et l’encodage issu des caractéristiques structurales du visage présenté.

Enfin les dernières étapes font intervenir les Noeuds d’Identité de la Personne ou NIP. Chaque individu connu a son propre NIP contenant des codes sémantiques spé- cifiques sur l’individu. Ces NIPs nous permettent par la suite d’avoir accès au Noms de cet individu. Une URF répondra quand un visage approprié de la personne sera vu (quelque soit le point de vue), mais ne répondra pas à sa voix ou à son nom, à la dif- férence des NIPs qui ont des réponses plurimodales (visuelles, auditives, sémantiques). Les NIPs n’interviennent plus alors comme participant à la reconnaissance du visage mais comme contribuant à la reconnaissance de la personne.

En 2000, Haxby propose un modèle expliquant le traitement des visages dans leur globalité. Il n’est plus focalisé sur le recollection des informations nécessaires à l’iden- tité de visages familiers [170] mais davantage sur le traitement cérébral des informations perçues.

Ce modèle est divisé en deux sections anatomiques et fonctionnelles. La première, ou système "core", permet le traitement des caractéristiques basiques des visages, les aspects invariants (configuration spatiale) ainsi que certains éléments faciaux labiles (direction du regard, mouvements des lèvres).

La seconde section est le système "étendu" ou "extended system" qui englobe un large panel d’aires cérébrales comme le cortex auditif, le cortex limbique, ou encore l’amyg- dale. Ce système est activé en fonction de la demande de la tâche. En fonction du type de stimuli présentés, nous aurons l’activation du cortex cingulaire pour la perception des émotions. Ce modèle sous-entend que ces parties du modèle ne sont pas obligatoires pour traiter un visage mais que l’ensemble permet de traiter efficacement l’intégralité des caractéristiques faciales.

La Figure 2.7 est la représentation schématique tirée de la publication originale de Haxby en 2000. Nous retrouvons bien les deux sections, à gauche le système cœur (core), et à droite le système étendu (extended). Nous pouvons remarquer que de fortes interactions sont présentes entre les deux systèmes impliquant que des interactions entre ces aires permettent un traitement efficace et rapide des visages. Par ailleurs, les aires cérébrales exposées, ici dans ce modèle, seront détaillées dans la section suivante.

Ce modèle de Haxby a subi une révision de la part de Rossion en 2008 [288]. La structure générale de ce modèle n’est pas touchée, mais les principaux changements sont situés au sein du "core system". Selon Bruno Rossion, il y aurait 2 voies distinctes au sein de ce système. La première serait une voie directe entre les aires visuelles pri- maires et la FFA sans passer par la OFA. Cette voie directe rapide serait activée quand nous catégorisons un stimulus comme un visage ou lors de tâche de détection faciale. La deuxième voie, plus lente, serait impliquée dans l’individualisation d’un visage par rapport à un autre, donc au traitement de l’identité. Cette dernière reposerait sur des

Figure 2.7 – Modèle du traitement des visages proposé par Haxby en 2000 [170]. Ce modèle divise le traitement cérébral des visages en deux parties : le "core system" qui traiterait les aspects invariants et l"extended system" qui s’activerait en fonction de la tâche dans laquelle le sujet est impliquée.

boucles feedback entre la OFA et la FFA et permettrait un traitement beaucoup plus fin des informations. Cette découverte fut possible grâce à la patiente PS qui présentait une lésion dans le gyrus occipital inférieur droit (IOG, dans lequel se trouve la OFA). Ces résultats en IRMf ont montré qu’elle avait une activation préférentielle du gyrus fusiforme en réponse à des présentations de visages. Ceci signifie que, bien que la OFA soit nécessaire à un traitement optimal des visages, elle n’est pas obligatoirement une région charnière du réseau cortical de traitement des visages [288].

Dans le document en fr (Page 94-96)