• Aucun résultat trouvé

Une accélération de l’épuisement des ressources naturelles

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 29-33)

Bien que les difficultés des pays émergents, notamment le ralentissement chinois, combinées à la stagnation économique de l’Europe entraînent une hausse moins importante de matières premières (surtout de pétrole dont le prix est aujourd’hui orienté à la baisse), la fourniture des matières premières nécessaires demeure un enjeu crucial pour le XXIème siècle.

Ainsi, selon leur nature, le problème est double : non seulement leur utilisation peut avoir des effets négatifs sur l’environnement, mais de plus, leur extraction est souvent source de difficultés. Leur rareté rend en effet leur exploitation de moins en moins conventionnelle (e.g. gaz de schiste, terres rares42) et de plus en plus coûteuse, sans évoquer les conditions de sécurité et de faisabilité technique, incertaines et dangereuses43. Par voie de conséquence, les tensions sur les marchés des matières premières et alimentaires se sont accrues ces dernières années au fur et à mesure de leur raréfaction.

Cette situation bouleverse l’échiquier géopolitique mondial et conduit à une instabilité accrue, comme en témoignent les relations actuelles entre l’Union européenne et la Russie.

« Le fait qu’un petit nombre d’États détienne l’essentiel des réserves mondiales, hors sources non conventionnelles, soulève en effet la question de l’accès à la ressource et, partant, de la sécurité d’approvisionnement. Ce déséquilibre est identique pour de nombreuses matières premières, métaux, et minéraux stratégiques dont certains sont vitaux pour le développement d’une partie des énergies renouvelables »44.

L’agenda européen inclut cette problématique à travers les objectifs de réduction de la productivité matière dans la Stratégie Europe 2020, c’est-à-dire que l’on cherche à produire autant avec moins de matières et même à produire plus avec autant de matières. La France connaît une progression relativement régulière de cette productivité, ce qui lui permet de se situer au-dessus de la moyenne européenne.

41 Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, adoptée au cours du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992.

42 Les terres rares sont un groupement de 17 minéraux (scandium, lanthane, etc.) utilisés principalement dans les produits de haute technologie ainsi que dans les produits des nouvelles technologies vertes.

43 Avis du CESE, De la gestion préventive des risques environnementaux : la sécurité des plateformes pétrolières en mer, rapporté par Jacques Beall et Alain Feretti (2012).

44 Avis du CESE, La transition énergétique  : 2020-2050  : un avenir à bâtir, une voie à tracer, rapporté par Catherine Tissot-Cole et Jean Jouzel (2013).

Graphique 9 : SNDD - Défi n°1 - Productivité matières et consommation intérieure de matières par habitant

Indice base 100 en 1990

Note : Indice des matières en tonne et de la productivité matières en €/kg. 

2010 semi-définitif ; 2011 provisoire.

Source : SOeS – INSEE, 2012. Métropole et Dom.

Enfin, il n’est pas possible de passer sous silence la notion d’obsolescence « accélérée » voire « programmée »45, conduisant à une usure prématurée et programmée du matériel et ainsi au renouvellement régulier de nos biens de consommation. Ces modes de production et de consommation génèrent donc un gaspillage de ressources, et une quantité importante de déchets parfois ni valorisés, ni réutilisés. La fin de vie de ces produits soulève également un grand nombre de problématiques, en raison d’une part, de la quantité de déchets à traiter, mais également des conditions sociales et environnementales de ces traitements.

De manière générale, le changement climatique ou la raréfaction de nos ressources nous amènent à questionner notre mode de développement économique. En effet, outre leurs conséquences désastreuses sur l’environnement, il s'agit également d'un enjeu économique majeur, que ce soit en termes d’indépendance énergétique qu’en vue d’une réduction de la facture énergétique française46. Ainsi, l’économie circulaire, l’efficacité énergétique et le développement des sources d’énergie bas carbone sont des viviers d’action non négligeables dont les bénéfices en matière économique, sociale et environnementale sont avérés.

En outre, un sujet souvent étranger à l’opinion publique ou sous-estimé des milieux politiques est souvent occulté. Il concerne le potentiel de richesses des océans. La maritimisation du monde est pourtant en marche et comporte un risque d’impact environnemental non négligeable. D’ailleurs, le CESE a déjà souligné à la fois la nécessité du renfort de la gouvernance des océans et de la mise en place de modes de valorisation

45 Etude du CESE, Internet : pour une gouvernance ouverte et équitable, rapporté par Nathalie Chiche (2014).

46 En 2011, la facture énergétique française s’est élevée à plus de 60 milliards d’euros, soit 90  % du déficit commercial du pays.

et d’exploitation respectueux du développement durable47. Cette valorisation offrirait de nombreuses possibilités à la France notamment par l’extension de son plateau continental48. Par ailleurs, face à l’essor démographique et aux dégradations environnementales, le défi alimentaire semble plus difficile encore à relever. Le rapport sur le développement humain 2014 du PNUD relève que « la crise économique mondiale de 2008, la montée des prix de la nourriture et la récession ont ralenti le déclin du nombre de personnes souffrant de famine dans le monde ».

De son côté, la France peut contribuer à faire face à l’essor démographique mondial et au défi alimentaire « au travers d’échanges commerciaux indispensables à développer dans le cadre d’une solidarité renforcée »49. Elle doit aussi relever ses propres défis alimentaires, liés eux-aussi à la compétitivité et aux incertitudes sur les marchés mondiaux mais aussi pour répondre ou faire face aux impératifs écologiques (impacts climatiques, qualité des sols et de l’eau, etc.). En outre, elle doit faire face à ses 6 millions de citoyens en situation d’insécurité alimentaire50.

Dans ce contexte de grands défis mondiaux touchant l’ensemble des pays de la planète, et demandant une action immédiate de grande envergure, la France possède des atouts malgré une situation socio-économique difficile dans laquelle elle s’enlise depuis la crise.

47 Avis du CESE, Quels moyens et quelle gouvernance pour une gestion durable des océans  ?, rapporté par Catherine Chabaud (2013).

48 Avis du CESE, L’extension du plateau continental au-delà des 200 milles marins : un atout pour la France, rapporté par Gérard Grignon (2014).

49 Avis du CESE, Projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, rapporté par Jocelyne Hacquemand (2013).

50 Avis du CESE, Favoriser l’accès pour tous à une alimentation de qualité, saine et équilibrée, rapporté par Thierry Damien (2014).

Encadré état moral des Français n° 3

Environnement : des Français concernés et pas totalement résignés

L’évolution de notre biotope, telle qu’elle est fréquemment présentée, est relativement anxiogène et facteur de pessimisme. Face à la détérioration de l’environnement, seuls 18 % des citoyens se déclarent confiants dans l’avenir de la planète.

Alors qu’en 1992, 53 % de la population considéraient que les menaces sur l’environnement étaient exagérées par les spécialistes, la tendance s’est inversée et désormais 55 % pensent que ces menaces sont réelles(A). Aujourd’hui, la question environnementale est devenue un véritable sujet de consensus qui rassemble 95 % des Français autour de l’idée qu’il est nécessaire de protéger l’environnement(B).

Les propositions en matière environnementale et de qualité de vie arrivent dans les premières priorités en termes d’attentes lors des dernières élections européennes(C) et municipales. Pour 75  % des Français, l’instauration en Europe d’un modèle de développement qui permettrait de préserver les ressources naturelles en Europe et dans le monde devrait d’ailleurs être une priorité.

Pour la majorité des citoyens (51  %), l’État est le principal acteur attendu. Son rôle d’organisateur, de coordinateur voire d’animateur est perçu comme particulièrement crucial sur les défis collectifs. Toutefois, les Français n’accordent à l’État et aux collectivités qu’une confiance limitée (18 %), au même titre qu’aux syndicats (18 %) et aux organismes professionnels (15 %) dans la lutte contre les problèmes environnementaux. Au lieu d’être porteurs de solution, les gouvernements sont aujourd’hui considérés par 40  % de la population comme les principaux responsables de la dégradation de l’environnement et ce sentiment s’est fortement accru au cours des vingt dernières années (+ 6 points).

Pour une meilleure efficacité, les Français préfèrent se tourner vers les associations de consommateurs ou environnementales (59 % de confiance) afin qu’elles fassent pression pour accélérer les mutations.

Signe que cette prise de conscience est globale, les Français estiment à 77  % que le changement passera par une modification de nos modes de vie, davantage que par des lois et des réglementations strictes contre les abus (22 %)(D). L’éco-consommation (25 %) et l’efficacité énergétique (24 %) constituent d’ailleurs les défis qu’ils jugent prioritaires.

A l’inverse des gouvernements, les entreprises et les consommateurs ne sont considérés comme responsables de la dégradation de l’environnement que par respectivement 32 % et 20 % de la population(E), soit une stabilisation pour les entreprises et une forte baisse (-7 pts) pour les consommateurs. Ce chiffre traduit à la fois le sentiment que leurs efforts portent leurs fruits, mais également qu’ils ont le sentiment d’être les seuls à en produire.

Enfin, les Français sont de moins en moins écolo-sceptiques et intègrent de plus en plus la compatibilité économique des enjeux environnementaux. Alors qu’ils étaient 50 % à considérer qu’une société dont la première priorité serait de préserver l’environnement ne serait pas viable économiquement, ce chiffre a sensiblement diminué au cours des vingt dernières années (46 % ; - 4 pts)(F).

Aujourd’hui l’écologie est devenue un enjeu qui dépasse la seule question de la qualité de vie. En effet, les Français estiment à 77 % que la transition énergétique et la préservation de l’environnement à l’échelle de l’Europe peuvent être facteurs de développement économique et d’importantes créations d’emplois(G).

(A) Les Français et l’environnement ; BVA décembre 2011.

(B) Eurobaromètre 81.3 (résultats pour la France) : « Attitudes à l’égard de l’environnement », mai 2014.

(C) Pour 78 % des Français, la transition énergétique et la préservation de l’environnement devraient constituer une thématique importante sinon majeure de l’élection européenne ; IFOP pour WWF avril 2014.

(D) Les Français et l’environnement ; BVA décembre 2011.

(E) Ibid.

(F) Ibid.

(G) IFOP pour WWF, « La transition énergétique et la préservation de l’environnement comme facteurs de développement économique et de création d’emploi », avril 2014.

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 29-33)

Outline

Documents relatifs