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Des menaces environnementales et une exposition accrue aux risques

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 26-29)

Un changement climatique de plus en plus perceptible

Épisodes polaires et caniculaires toujours plus importants, pluies diluviennes, vagues géantes dans les océans, tel est le tableau apocalyptique des prochaines décennies brossé par les spécialistes mondiaux du climat lors de la dernière conférence mondiale sur la météorologie36. Près de dix ans après l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la question n’est plus d’établir si le réchauffement de la Terre va se produire, mais bien de savoir comment l’endiguer.

La hausse moyenne de la température planétaire de près d’un demi-degré lors de la précédente décennie risque de conduire à une accélération des phénomènes météorologiques dont nous subissons déjà les prémices. À titre d’exemple, comme le CESE l’a déjà observé, «  l’hiver 2013-2014 a connu plusieurs situations extrêmes : des sécheresses majeures en Australie et en Californie, une vague de froid exceptionnelle dans l’Est des États-Unis, des inondations sévères en France et au Royaume-Uni, tous deux battus par des vagues géantes sur leur façade maritime, et cela dans une douceur hivernale peu vue dans les annales »37.

Graphique 6 : Écart à la moyenne des températures (de la période 1961-1990) en France

En degrés Celsius

Note : le dernier point affiché correspond à l’année 2012.

Champ : France métropolitaine.

Source : météo France.

36 La Météo, quel avenir ?, Conférence scientifique publique mondiale sur la météorologie, Montréal (2014).

37 Avis du CESE, L’adaptation de la France au changement climatique mondial, rapporté par Antoine Bonduelle et Jean Jouzel (2014).

Ces changements climatiques auront des conséquences de plus en plus néfastes.

Il faudra en effet, selon les régions, faire face à de nouvelles maladies ou allergies, aux incendies dans des territoires fragilisés par l’urbanisation du littoral et la dégradation des milieux naturels, à la mortalité des coraux et aux risques pour les tourbières et les forêts tropicales vulnérables.

Graphique 7 : Explosion du nombre de catastrophes naturelles dans le monde

Remarque : parmi les principales sortes de catastrophes, on peut citer les températures et sécheresses extrêmes [Climatologiques], les tempêtes [Météorologiques], les inondations [Hydrologiques], les tremblements de terre [Géophysiques] et les épidémies [Biologiques].

Source : CRED 2013.

Alors que d’un côté, les prévisions de l’ONU par projection des tendances actuelles estiment la population mondiale autour de 9 milliards d’habitants pour 2060, d’un autre côté, les prévisions du GIEC38 qui intègrent les conséquences des bouleversements en cours s’en écartent considérablement. Selon ce groupe, si la dynamique actuelle se poursuit, l’humanité connaîtrait au cours du XXIème siècle une chute violente et globale de l’activité économique et de la population mondiale en raison de dérèglements climatiques aux répercussions majeures sur la qualité de l’eau et de la terre, éléments indispensables à l’alimentation d’une population si importante.

Afin d’éviter que les prévisions du GIEC ne se réalisent, il est fondamental, à l’échelle mondiale, de limiter les émissions de gaz à effet de serre, principal moteur du changement climatique. En effet, le secteur de l’énergie est au cœur de cette problématique car actuellement la demande d’énergie au niveau mondial est satisfaite à plus de 80 % par les énergies fossiles, principale source de gaz à effet de serre.

38 Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Graphique 8 : Émissions de CO2 depuis 1960

Indice base 100 en 1960

Source : CAIT, World Resource Institute.

Or, les besoins en énergie sur l’échelle de la planète croissent de façon rapide et continue. La demande énergétique a en effet été multipliée par plus de 2,4 depuis 1970, soit de 5 000 à 12 000 Mtep39. Cette tendance devrait perdurer dans les prochaines décennies, notamm ent en raison du dynamisme démographique mondial et du développement des économies émergentes40. Seul un volontarisme politique généralisé relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et donc l’usage des énergies fossiles, pourrait la limiter voire l’endiguer.

La France, un des pays avancés les moins émetteurs par habitant, contribue positivement à la réalisation des objectifs européens « 3 fois 20 » pour 2020. Cependant, ce jugement doit être relativisé. En effet si l’on prend en compte les émissions importées – celles dues aux importations de produits fabriqués à l’étranger et consommés en France – l’empreinte carbone en France a augmenté de 15 % depuis 1990. Il en va de même pour l’Union européenne où la diminution des émissions depuis 1990 (19 %) ne tient pas compte des émissions importées et intègre l’utilisation de dispositifs de compensation carbone.

Face aux deux principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre, la Chine et les États-Unis, l’Union européenne a une responsabilité importante dans la préparation d’un accord qui doit pouvoir apporter des assurances pour aider les pays en développement par des transferts technologiques et financiers.

Le Conseil européen d’octobre 2014 a décidé d’adopter un objectif de 40  % de réduction d’émissions d’ici 2030, soit 1,3 % par an. Si cet objectif peut paraître ambitieux, il faut néanmoins s’interroger sur sa cohérence par rapport aux recommandations du GIEC qui prônent pour l’Europe une baisse de 80 % des émissions pour 2050, soit 2,5 % par an, pour ne pas dépasser les 2°C d’augmentation maximale de la température moyenne mondiale d’ici la fin du siècle. Il faut rappeler par ailleurs, que son principal instrument, le système de quota d’émissions est aujourd’hui impuissant à fournir les bonnes incitations.

39 Million de tonnes d’équivalent pétrole. C’est une unité conventionnelle d’énergie correspondant au pouvoir calorifique (énergétique) d’une tonne de pétrole. Elle a remplacé, de fait, la tonne équivalent-charbon.

40 L’Agence internationale de l’énergie prévoit une hausse de la demande énergétique, concentrée à plus de 90 % dans les pays hors OCDE.

Ainsi, la Conférence des parties de la CCNUCC41 prévue à Paris fin 2015 est probablement la dernière chance pour la communauté internationale de contenir les effets du dérèglement climatique par des engagements contraignants en matière d’émissions de gaz à effet de serre.

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 26-29)

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