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Travail et emploi : encore la question du chômage Une nouvelle baisse du niveau de l’emploi

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 49-53)

Le ralentissement de l’activité au cours de ces dernières années impacte fortement l’emploi, provoquant un nouveau recul des embauches en 2014, en particulier dans les secteurs de la production et de la construction (cf. focus « Les problématiques du logement en France »). En 2013, l’emploi a progressé dans les seuls secteurs de l’agriculture78, l’eau/

énergie/déchets et les services non marchands. Face à ce faible niveau d’emploi, le chômage atteint parallèlement des niveaux extrêmement élevés et demeure un fléau que la France ne parvient toujours pas à endiguer.

Le problème est de deux ordres : l’accès au marché du travail (la lutte contre le chômage et le retour à l’emploi) et le sous-emploi. Ces problèmes sont récurrents en France où, depuis le début des années 1980, le niveau de chômage est généralement élevé79. Il en va de même pour le sous-emploi dont le développement est notamment lié à la progression du travail à temps partiel subi80. Ce phénomène touche l’Europe occidentale depuis la fin des Trente Glorieuses. De manière plus ou moins régulière, plus ou moins durable, sont apparus des niveaux de sous-emploi très élevés, induisant une nouvelle pauvreté, la précarité et l’exclusion. La crise économique de 2008 a aggravé cette tendance, le taux de chômage frappant la population active a atteint 10,2 % au second trimestre 201481 (pour l’ensemble des territoires de la France). Quant au sous-emploi, il concerne plus de 6 % de la population.

76 World economic outlook, FMI, (2014).

77 Avis du CESE L’investissement public : malgré les difficultés, une priorité, rapporté par Didier Ridoret (2012).

78 Ce secteur, par rapport à l’emploi, ne sort de la récession que cette année.

79 En France, le chômage fluctue au-dessus de 8 % sur cette période, à l’exception de quelques courtes périodes : en 1990, 2000-2001 et 2007-2008.

80 Etude du CESE Femmes et précarité, rapporté par Eveline Duhamel et Henri Joyeux (2013).

81 INSEE, Etude internationale, Challenges des nations (2014).

Graphique 25 : Taux de chômage en France entre 1985 et 2012

En %

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus.

Source : INSEE, enquête emploi.

Ces évolutions recouvrent des réalités diverses. En effet, il faut noter une augmentation significative du chômage de longue durée, et une augmentation de la durée moyenne de recherche pour retrouver un nouvel emploi, ce qui aboutit pour certains à compromettre durablement leurs chances de réinsertion dans l’emploi et pour d’autres, à une relative désocialisation.

Encadré état moral des Français n° 5 Inefficacité des politiques de l’emploi

Enquête après enquête, les Français se montrent extrêmement inquiets de la montée du chômage, dont on sait qu’elle figure parmi les principales préoccupations des citoyens(A). Les Français expriment notamment un très profond scepticisme quant à la capacité de l’État à agir efficacement pour favoriser l’emploi, héritage d’années d’échec dans la tentative d’inverser la courbe du chômage. Ainsi, 17  % seulement des personnes interrogées estiment que l’argent public consacré chaque année par la France à la politique de l’emploi l’est de manière efficace(B).

Le manque d’efficacité de ces politiques publiques a développé chez le citoyen un sentiment d’abandon qui se traduit par le fait que 88 % des Français éprouvent le sentiment que les gouvernants ne sont pas attentifs à leurs préoccupations(C). Ce sentiment d’abandon et la déception face au fonctionnement de notre démocratie qui ressortent des enquêtes d’opinion se traduisent dans la réalité, par une désaffection des partis politiques, une diminution constante de la participation aux élections, et entretiennent le pessimisme ambiant tout comme le sentiment d’immobilisme.

(A) Les ateliers CSA, février 2014 : « Français, ce qui vous rassemble est-il plus fort que ce qui vous divise ? ».

(B) Ifop pour Acteurs publics et EY, avril 2014.

(C) Fractures françaises vague 2 : 2014 IPSOS-Stéria, Le Monde, France inter, Fondation Jean Jaurès Cévipof.

S’agissant des jeunes, si les non-qualifiés connaissent les plus grandes difficultés, les plus qualifiés, sauf à de rares exceptions, peinent eux aussi à trouver un emploi. Cette situation en contraint beaucoup à accepter des emplois mal rémunérés voire des stages pas toujours qualifiants et insuffisamment valorisés. En conséquence, de nombreux jeunes ne quittent pas le domicile familial et ne peuvent pas se projeter dans l’avenir, leur niveau de rémunération ou l’absence d’emploi stable obérant leur capacité à accéder à l’autonomie. Il s’agit de la génération qui subit le plus durement les conséquences de la crise, mais toutefois de manière très inégale. En effet, une fracture se creuse entre diplômés et non-diplômés, mais aussi entre les territoires français. Ainsi en Outre-mer le chômage atteint des records chez les jeunes, avec parfois un taux supérieur à 50 %. Les contrats aidés en faveur de la jeunesse n’ont pas réussi à endiguer cette tendance.

Par ailleurs, cette situation favorise l’émergence des emplois précaires, à temps incomplet et dont le niveau de rémunération ne permet pas de vivre décemment. Le plus souvent, les titulaires de ce type d’emplois sont des parents célibataires, majoritairement des femmes qui, pour faire vivre leur famille, acceptent des emplois à horaires atypiques et très contraignants82. D’autres femmes se retrouvent à devoir abandonner leur activité professionnelle, considérant qu’il est plus conciliable pour elles de percevoir le CLCA (complément de libre choix d’activité) et de s’occuper de leurs enfants que de jongler avec des horaires impossibles pour un faible niveau de rémunération qui ne permet pas de financer la garde des enfants83.

Si la flexibilité du travail n’existe pas de manière formelle en France, pour autant, le recours aux contrats courts y est tout à fait possible. En effet, bien que le CDI reste encore largement majoritaire dans le salariat, plus de 90 % des embauches se font sous la forme de CDD ou de contrats d’intérim84, lesquels d’ailleurs sont de durées de plus en plus courtes et détournées de leur vocation initiale. La probabilité qu’un salarié en CDD ou en intérim occupe un emploi en CDI ultérieurement ne cesse de décroître depuis les années 1980.

82 Etude du CESE Femmes et précarité, rapporté par Emeline Duhamel et Henri Joyeux (2013).

83 Etude du CESE Les femmes éloignées du marché du travail, rapporté par Hélène Fauvel (2013).

84 Emploi et salaires, INSEE Références (2014).

Graphique 26 : Situation au bout d’un an des salariés en CDD, intérim ou stage

En %

Champs : France métropolitaine, salariés du privé.

Lecture : en 2011, pour 100 salariés en CDD, intérim ou stage un an plus tôt, 14 sont en CDI avec une ancienneté d’au moins un an, donc a priori chez le même employeur, 8 sont en CDI avec une ancienneté de moins d’un an, donc a priori chez un autre employeur, 53 sont en emploi non CDI et 25 sont sans emploi.

Note : rupture de série en 2002/2003 Source : INSEE, enquêtes Emploi.

En parallèle, une évolution paradoxale – la part des emplois instables n’augmentant pas, amène l’INSEE à conclure que « le fonctionnement du marché du travail se rapproche d’un modèle segmenté, où les emplois stables et les emplois instables forment deux mondes séparés, les emplois instables constituant une « trappe » pour ceux qui les occupent », particulièrement les jeunes et les femmes (cf. Contribution de la DPEPP85 «  Les évolutions du travail (ou activités) dans une perspective de moyen terme »). S’agissant du recrutement ou de la gestion des contractuels, le secteur public montre le mauvais exemple. En 2011, les trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière) employaient plus de 900 000 non-titulaires, soit 20 % du total de leurs agents contre moins de 15 % en 2000. Il est paradoxal de constater que ces emplois sont moins protégés que dans le secteur privé et il n’est pas rare de voir des agents enchaînant des contrats en CDD, année après année. De plus, le plan de titularisation issu de la Loi Sauvadet n’a pas abouti aux résultats escomptés en matière de résorption de la précarité dans la Fonction publique.

Sur le marché du travail, un élément devient désormais primordial, l’impact de plus en plus déterminant et durable du niveau de formation. Ainsi, au cœur du problème (ou des solutions !) se situent la formation initiale et continue de la population active.

85 Délégation à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques du CESE.

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 49-53)

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