• Aucun résultat trouvé

de plus en plus dépendante des flux migratoires

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 21-26)

ٰUne population mondiale en augmentation malgré une chute de la natalité européenne La démographie est un enjeu majeur du développement. Une fécondité élevée permet le renouvellement des générations garantissant ainsi le dynamisme de la société. Par ailleurs, l’allongement de la durée de vie résulte d’une formidable amélioration des conditions de vie et permet aux retraités de jouer un rôle social de plus en plus important. Mais cet allongement nécessite une réflexion en profondeur sur les équilibres financiers futurs des systèmes de protection sociale et renforce la nécessité d’une solidarité intergénérationnelle, permettant un partage de la richesse entre actifs et retraités.

Actuellement, la population mondiale est estimée à 7,2 milliards d’habitants. Elle devrait s’accroître d’un milliard d’individus d’ici une dizaine d’année et d’un milliard et demi supplémentaire entre 2025 et 2050, majoritairement en Afrique. L’Europe au contraire, en raison de sa fécondité en-dessous du seuil de renouvellement des générations dans presque tous les pays (estimé à 2,1 enfants par femme dans les pays développés), verrait sa population diminuer de 14 %25.

Plus précisément, l’Europe connaît le taux d’accroissement naturel de sa population le plus faible au monde. Avec la France26, seuls l’Irlande, Chypre, le Luxembourg et le Royaume-Uni ont un taux naturel élevé, alors que douze États membres dont l’Allemagne connaissent une diminution naturelle de leur population. Malgré l’apport des flux migratoires, onze pays de l’Union européenne sont ainsi confrontés à la diminution de leur population.

La France fait quant à elle figure d’exception. En 2013, sous l’effet d’un taux de natalité qui est, avec celui de l’Irlande, le plus élevé de l’Union, la proportion de la population âgée de moins de 16 ans (18,6 %) s’inscrit au second rang de l’UE derrière l’Irlande (21,9 %), loin devant l’Allemagne (13,1 %) et nettement au-dessus de la moyenne européenne (15,6 %). En conséquence, malgré une espérance de vie à 60 ans qui n’a cessé de s’accroître pour placer la France en tête de l’Union européenne, la proportion de la population française âgée de plus de 65 ans (17,5 %) demeure inférieure à la moyenne européenne (18,2 %) et, plus nettement encore, à celle de l’Allemagne (20,7 %) ou de l’Italie (21,2 %). La hausse de l’espérance de vie doit cependant être nuancée : depuis quelques années, en France, comme en Europe, l’espérance de vie en bonne santé n’augmente plus.

25 Tableaux de l’économie française, INSEE Références, p.24 (2014).

26 Au 1er janvier 2014, la France compte environ 66 millions de résidents, dont un peu plus de 2 millions dans les départements Ultra-marins, ce qui correspond par rapport à 2013 à une augmentation de 280 000 personnes vivant en France – une augmentation de 0,4 %, résultant principalement du solde naturel (nombre de naissances réduit du nombre de décès) ; on enregistre une entrée nette de 40 000 migrants.

Graphique 3 : SNDD - Défi n°7 - Espérance de vie à la naissance et espérance de vie en bonne santé en France

En années

Note : rupture de série en 2004 pour l’espérance de vie en bonne santé.

Champ : France métropolitaine.

Espérance de vie : résultats 2010, 2011 et 2012 provisoires à fin 2012.

Source : INSEE, estimations de population et statistiques de l’état civil, Eurostat.

Selon l’INSEE27, si les tendances actuelles perduraient, au 1er janvier 2060, la France compterait 73,6 millions d’habitants avec un âge moyen de 45 ans contre 40,8 aujourd’hui.

En effet, le poids des jeunes dans la population totale mais aussi celui des personnes d’âge intermédiaire diminueraient au profit des seniors de sorte qu’en 2060, une personne sur trois aurait plus de 60 ans.

27 Tableaux de l’économie française, INSEE Références, p.26 (2014).

Graphique 4 : Pyramides des âges en France au 1er janvier 2014 et en 2060

Source : INSEE, estimations de population (résultats provisoires arrêtés fin 2013) et projections de population 2007-2060.

Une autre illustration consiste à mesurer le nombre de personnes d’ « âge inactif » (de moins de 20 ans et de plus de 60) pour 100 personnes d’ « âge actif » (compris entre 20 et 59 ans) : de 87 personnes en 2007, on atteindrait 118 personnes inactives pour 100 actifs en 2060. Ainsi, malgré un taux de fécondité parmi les plus élevés d’Europe, la France, comme l’ensemble du Vieux Continent est à l’aube de nombreuses problématiques, tant en termes de renouvellement de ses actifs que d’adaptation de la société.

ٰUne Europe de plus en plus dépendante des migrations internationales

Au siècle précédent, les mouvements migratoires prenaient pour l’essentiel la forme de flux Sud-Nord, c’est-à-dire depuis les pays en développement vers les pays développés.

Aujourd’hui, les mouvements Sud-Sud sont un des phénomènes les plus marquants au niveau mondial. En effet, « en 2010, parmi les 43 pays qui accueillent un million d’immigrants ou plus, 24 étaient aussi le lieu d’origine de plus d’un million d’émigrés »28. Malgré cette récente évolution, les pays développés et en particulier l’Europe, demeurent des terres d’accueil très prisées, en raison notamment de leur attractivité : pays en paix29, démocraties, modèles sociaux etc. Par ailleurs, le développement de l’immigration choisie sur l’ensemble du territoire européen, peut se justifier à la fois par des besoins de main-d’œuvre importants mais également afin de pallier le vieillissement généralisé des populations. C’est ainsi qu’à ce jour, 80 % de l’augmentation de la population européenne s’explique par des flux migratoires.

L’importance de ces flux ne va pas sans soulever un certain nombre de défis  : la Commission européenne a souligné le besoin urgent de réduire « l’inadéquation entre les besoins du marché du travail et l’offre de compétences »30, afin que les populations immigrées contribuent au mieux à l’économie européenne et bénéficient ainsi d’une meilleure

28 L’évolution des migrations  : aspects démographiques, Commission de la population et du développement de l’ONU (2013).

29 L’Union européenne a reçu le Prix Nobel de la Paix le 10 décembre 2012 pour son rôle dans la transformation

« d’un continent de guerre en continent de paix ».

30 Rapport annuel sur l’immigration et l’asile, COM(2011) 291 p.2, Commission européenne (2011).

intégration. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue le risque de vider de leurs compétences humaines les pays émigrants au bénéfice des pays vieillissants31.

Graphique 5 : Proportion d’étrangers en 2012

En %

Source : Eurostat, extraction en février 2014.

L’Europe doit également faire face à des entrées illégales lourdes de conséquences sur son territoire. En effet, des phénomènes tragiques de traite des humains ou de naufrages de boat-people se multiplient, tout comme des pratiques de dumping social et de travail dissimulé au sein de l’Union européenne. De ce point de vue, la Commission appelle régulièrement à un renforcement du contrôle aux frontières européennes, dont les effets ne peuvent qu’être limités et qui entraînent souvent des situations difficiles. Elle appelle également à une approche solidaire, en cherchant à résoudre le problème à la racine : le développement économique et social des pays d’émigration.

La France compte 5,9 % d’étrangers (3,8 millions d’habitants), soit un des taux les plus bas d’Europe32. Néanmoins, malgré un taux d’immigration parmi les plus bas en Europe selon Eurostat, on assiste à un durcissement de la politique, les reconductions à la frontière des personnes en situation irrégulière par les forces de l’ordre s’étant multipliées : en 2001, elles s’élevaient à 9  000 personnes, en 2007, à 24  000 pour concerner en 2012, près de 37 000  « sans-papiers »33.

31 Étude du Conseil économique et social De l’exode à la mobilisation des compétences dans le cadre d’un véritable co-développement, rapporté par Mireille Raunet (2001).

32 Population étrangère dans l’Union européenne en 2012, INSEE.

33 Ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, (2014).

Encadré état moral des Français n° 2 Défiance et menaces sur la cohésion sociale

Les questions liées à l’immigration figurent parmi les principales préoccupations des Français, juste derrière les questions d’emploi et de croissance économique et loin devant les problèmes liés à l’environnement ou l’accès au logement(A). Alors même que l’on constate en France métropolitaine, une diminution du solde migratoire de 62  % entre 2006 et 2009 pour atteindre un niveau estimé entre 40 000 et 50 000 entrées nettes par an, 66 % des Français considèrent qu’il y a trop d’étrangers en France(B), et le racisme est considéré comme un phénomène répandu pour 75 % de la population(C). Ce sentiment de défiance vis-à-vis de l’étranger se traduit notamment par le fait que moins d’un quart de la population estime que le droit de vote des étrangers aux élections municipales serait un point positif(D). Cette peur de l’étranger est l’expression d’une peur globale de « l’autre » et d’un repli sur soi. Ce phénomène qui menace la cohésion sociale et constitue un frein au « vivre ensemble », se traduit à la fois par un individualisme fort, propre à notre société, mais également par la montée de nouveaux communautarismes. Ce constat pessimiste doit cependant être un peu modulé. On constate en effet une progression des mariages mixtes sur le sol français (13,3 % en 2013, soit deux fois plus qu’en 1980)(E).

Aujourd’hui, pour 57 % des Français, ce qui les divise est plus fort que ce qui les rassemble et le sentiment de méfiance vis-à-vis d’autrui (à l'égard de l'autre) est au plus haut. En dehors du premier cercle familial, qui demeure une valeur refuge pour la société et plus particulièrement pour les jeunes, la méfiance s’installe.

La peur de l’autre est également alimentée par les communautarismes et la montée d’un intégrisme religieux, qui constitue une menace sérieuse pour 69  % de la population.

Si la laïcité n’est pas remise(F) en cause dans son principe, elle fait aujourd’hui l’objet d’interprétations souvent contradictoires et est peu à peu fragilisée par l’immixtion des communautés religieuses dans le débat public. Récemment les débats sur le voile ou sur «  le mariage pour tous  » ont cristallisé des antagonismes qui provoquent un repli identitaire, pouvant conduire à terme à des risques d’affrontement entre communautés.

(A) Les Ateliers CSA, février 2014 : « Français, ce qui vous rassemble est-il plus fort que ce qui vous divise ? ».

(B) Fractures françaises vague 2 : 2014 IPSOS-Stéria, Le Monde, France inter, Fondation Jean Jaurès Cévipof.

(C) Ibid

(D) Les Ateliers CSA, février 2014 : « Français, ce qui vous rassemble est-il plus fort que ce qui vous divise ? ».

(E) Institut national des études démographiques.

(F) Ibid

Enfin, depuis quelques années, le Haut-commissariat pour les Réfugiés alerte les nations sur les risques de migrations liés au changement climatique34, par exemple directement en raison des catastrophes naturelles (inondations, cyclones, etc.) ou indirectement en raison de conflits consécutifs à une réduction de ressources essentielles (eau, terres cultivables, etc.).

De ce point de vue, l’Europe, si elle apparaît a priori comme une terre d’accueil, pourraît être amenée à connaître de graves difficultés climatiques, comme par exemple une aridification du bassin méditerranéen35.

34 Changements climatiques, catastrophes naturelles et déplacement humain  : une perspective du HCR, Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (2008).

35 Drought under global warming: a review, A. Dai, WIREs Climate Change (2011).

Au-delà des défis auxquels est confronté le monde occidental et en raison de la crise économique mondiale, l’environnement dans lequel nous évoluons continue de se détériorer.

Des menaces environnementales

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 21-26)

Outline

Documents relatifs