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Logiques territoriales et réticulaires

2.2. Un axe temporel

Le premier malentendu que l parle. Il est trop rapide de postuler qu

politiques sur une base territoriale. Un exemple un peu caricatural se trouve dans la typologie présentée par Brunhes et Vallaux. Ces deux auteurs présentent des villes disparues après avoir perdu leur fonction de capitale, et à titre d

Karakorum, qui sont des villes antiques espaces dont le fonctionnement, l

les géographes peuvent décrire et analyser au X p.369). Comme l’explique Carlrichard Brühl, «

nécessairement autre que celle de la capitale moderne et (…) par conséquent, les critères nous servant à reconnaître la capitale

moderne. » (BRÜHL, 1967, p.195).

extrêmement différents, le recours à une capitale ne s temporalités. Nous faisons l’hypothèse que

colonne vertébrale à l’histoire des capitales. Les capitales suivent la formation de l politiquement et dans ses traductions territoriales. Nous retiendrons dans cet aperçu

de l’évolution des capitales, à comprendre comme de véritables changements de paradigmes dans la manière de les appréhender et de les étudier.

2.2.1. Les pré-capitales

La forme de la capitale, tout comme celle de l histoire du temps long. Dans son ouvrage qui porte sur l notamment que « le mot « capitale

l’Antiquité tardive » (MARTIN, 2003). Avant qu 35

directions mais avec une distance limitée. Par contre, le territoire contrôlé est continu et sans

’influence de la capitale: le réseau et le territoire

2.2. Un axe temporel

Le premier malentendu que l’on peut avoir sur les capitales tient à l

rapide de postuler qu’il existe des capitales depuis qu’il y a des organisations sur une base territoriale. Un exemple un peu caricatural se trouve dans la typologie présentée par Brunhes et Vallaux. Ces deux auteurs présentent des villes disparues après avoir perdu leur fonction de capitale, et à titre d’exemple, ils utilisent Ninive

Karakorum, qui sont des villes antiques ou du Haut Moyen Âge. Cela revient à comparer des espaces dont le fonctionnement, l’identité, le rapport à l’espace est totalement différent de ce que les géographes peuvent décrire et analyser au XXe et au XXIe siècle (BRUNHES &

explique Carlrichard Brühl, « la fonction de la capitale médiévale est nécessairement autre que celle de la capitale moderne et (…) par conséquent, les critères nous servant à reconnaître la capitale moderne doivent obligatoirement échouer pour l

, 1967, p.195). De la même manière que l’Etat se construit à des rythmes extrêmement différents, le recours à une capitale ne s’observe pas partout dans les mêmes

hypothèse que le lien indéfectible de ces villes avec l histoire des capitales. Les capitales suivent la formation de l politiquement et dans ses traductions territoriales. Nous retiendrons dans cet aperçu

évolution des capitales, à comprendre comme de véritables changements de paradigmes dans la manière de les appréhender et de les étudier.

capitales

La forme de la capitale, tout comme celle de l’Etat, ne va pas de soi et

histoire du temps long. Dans son ouvrage qui porte sur l’Espagne visigothique, Céline Martin écrit capitale » a souvent été employé hors de propos pour la période de

, 2003). Avant que la forme dominante aujourd

directions mais avec une distance limitée. Par contre, le territoire contrôlé est continu et sans

on peut avoir sur les capitales tient à l’époque dont on il y a des organisations sur une base territoriale. Un exemple un peu caricatural se trouve dans la typologie présentée par Brunhes et Vallaux. Ces deux auteurs présentent des villes disparues après avoir Ninive, Tigranocerte et Cela revient à comparer des espace est totalement différent de ce que

RUNHES & VALLAUX, la fonction de la capitale médiévale est nécessairement autre que celle de la capitale moderne et (…) par conséquent, les critères nous moderne doivent obligatoirement échouer pour l’époque Etat se construit à des rythmes observe pas partout dans les mêmes e lien indéfectible de ces villes avec l’Etat sert de histoire des capitales. Les capitales suivent la formation de l’Etat, politiquement et dans ses traductions territoriales. Nous retiendrons dans cet aperçu trois moments évolution des capitales, à comprendre comme de véritables changements de paradigmes dans

Etat, ne va pas de soi et s’inscrit dans une Espagne visigothique, Céline Martin écrit a souvent été employé hors de propos pour la période de e la forme dominante aujourd’hui de capitales

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modernes ne se mette en place, le pouvoir a expérimenté plusieurs rapports à l’espace. La fin de l’époque antique et le millénaire de la période médiévale25 présentent des formes hésitantes de géographies du pouvoir avant que la capitale moderne n’émerge et ne se généralise.

Le principal obstacle à l’analyse des capitales d’Etat dans ces époques reculées tient pour beaucoup au fait que l’Etat lui-même n’existe pas encore vraiment. Et donc, les lieux qui font office de chefs-lieux prennent des formes et remplissent des fonctions très différentes. On peut opérer des typologies de diverses manières. Une première serait de classer les villes selon des fonctions à la manière dont le philologue structuraliste Georges Dumézil avait classé les fonctions remplies dans les sociétés indo-européennes, à savoir la prière, la guerre et la production (surtout agricole) (DUMEZIL, 1977). Les formes urbaines correspondantes pour ces domaines symboliques et religieux, politiques et militaires, sociaux et économiques seraient respectivement le lieu-saint, la place forte et le forum. La capitale naitrait alors de la combinaison de ces trois formes.

A la période charnière et difficilement identifiable qui sépare l’époque antique de l’époque médiévale, deux capitales font office de modèles : Rome et Constantinople. Dans les derniers siècles de l’Empire Romain et dans la période suivante, Rome n’est plus qu’une capitale de jure et non de fait. Le souverain commande et administre à partir d’autres villes, qui deviennent les vrais carrefours de la vie politique et économique comme Milan, Ravenne ou Trèves. Il n’empêche que Rome incarne alors plus qu’aucune autre ville un modèle à suivre et à tenter de reproduire. En cela, il s’agit d’une capitale d’un type extrêmement moderne. Peut-être justement parce que la ville avait su si longtemps combiner ces trois fonctions de place forte, de lieu politique et de centre économique puis religieux.

Rome a construit un Empire à partir d’elle, qu’elle a aménagé (avec un réseau routier en étoile notamment) et auquel elle a imposé son administration et son droit tout en se parant d’une part de monumentalité et de symbole, ainsi qu’un réseau routier pour construire un espace dont elle serait le centre. C’est avec ce modèle que sont créées des villes comme Tolède dans le royaume visigoth, ou Pavie dans le royaume lombard. Les deux capitales, décrites par Carlrichard Brühl, se présentent clairement comme de « nouvelles Rome » (BRÜHL, 1967, p.201 et suiv.). Cela implique l’investissement d’un lieu et l’attribution d’une véritable charge fonctionnelle et symbolique. C. Martin rappelle que Tolède reçoit l’appellation officielle de ciuitas regia jusque-là réservée à Rome et à Constantinople. Ainsi, elle devient « non seulement la ville du roi, mais la ville-reine » (MARTIN, 2003, p.207). La différence d’une capitale comme Tolède tient aussi dans ses attributions et sa morphologie urbaine. La ville est agrandie de manière à accueillir les services de l’Etat et parée de remparts « en accord avec le rang » de la cité (MARTIN, idem). Enfin, le choix de Tolède, ville qui n’était absolument pas la plus grande de cette région à ce moment-là, était aussi justifié par la volonté de faire de la cité une vraie capitale visigothe (MARTIN, 2003, p.214 et suiv.).

25 Nous désignons moins la rupture entre les deux périodes, d’ailleurs profondément arbitraire et applicable qu’aux civilisations entourant la Méditerranée, que les siècles du milieu du premier millénaire après J.-C.

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La capitale d’inspiration romaine est à cette époque plus l’exception que la règle. Notamment s’oppose à elle la résidence royale. La distinction est développée par Carlrichard Brühl (BRÜHL, 1967). Il dissocie le lieu empreint d’un pouvoir et celui de lieu d’habitation du souverain. Dans le cas de la résidence royale, le lieu n’a pas d’influence sur le territoire. Et surtout, il n’est pas sûr. Son statut est aussi éphémère que le pouvoir de son locataire. De plus, un souverain peut avoir plusieurs résidences alors que la capitale ne peut être qu’une. La succession du pouvoir, surtout lors d’un changement de dynastie, ce qui a par exemple été fréquent dans les premiers siècles du Saint-Empire, est l’occasion de mouvements vers d’autres résidences. Ainsi pour Brühl, Aix-la-Chapelle n’était pas une capitale pour l’Empire de Charlemagne mais une résidence. Pour preuve, il explique que la ville n’était pas le siège d’un évêché (non cumul de fonction) et qu’elle n’a pas été héritée comme lieu de résidence par les successeurs de Charlemagne.

Une forme proche de la résidence royale dans le rapport entre pouvoir et territoire est celle des cours itinérantes. Dans l’Europe médiévale, les cours sont souvent mobiles. Là, aucune ville ne peut s’enorgueillir d’être le siège du pouvoir car elle n’est qu’un lieu de passage. Celle-ci n’a pas le temps, ni les moyens, ni l’appui d’un Etat pour se construire en intégrant la présence du pouvoir. Peut-être y verrait-on la différence entre une capitale de type royale, dominant une entité proto-étatique et une capitale de type impériale (comme Rome, Constantinople et Tolède), établie, pérenne et administrant des espaces beaucoup plus vastes et dont seul le pouvoir central garantit l’unité.

Enfin, une dernière forme, dont Monaco, Singapour ou encore les villes-Länder de Brême et de Hambourg sont des héritières contemporaines, est celle de la ville-Etat. A l’époque médiévale, il s’agit surtout de villes dont la puissance économique ou l’influence des autorités locales permet au territoire urbain de s’émanciper, dans le droit comme militairement de la tutelle d’un souverain. Le phénomène se répand en Italie du Nord au cours du XIIe siècle, avec la formation de « communes ». Un autre exemple est celui des nœuds du réseau économique de la Hanse, avec des villes qui s’affirment comme des centres de première importance économique et diplomatique.

Ces distinctions paraissent tout de même très floues lorsque l’on sort d’un cadre européen. Des capitales sous une forme urbaine et cumulant (ou non) des fonctions politiques, militaires, économiques et religieuses ont été développées dans de nombreuses régions du monde du Karakorum de Gengis Khan à la capitale aztèque de Tenochtitlan, sur les ruines de laquelle les Espagnols ont construit Mexico.

2.2.2. La généralisation et l’affirmation de la forme urbaine de la capitale

Dans la construction des territoires européens, les Traités de Westphalie de 1648 sont souvent présentés comme une rupture. Il s’agit évidemment, lorsque l’on étudie des processus aussi longs que la construction du territoire d’un Etat, de faire la part entre « l’événementiel » et les tendances lourdes. Pour la première fois, en 1648, au moment où la Guerre de Trente Ans prend fin, la paix est négociée entre les puissances européennes et non plus imposée aux vaincus. De plus, ces traités reconnaissent la souveraineté de chaque Etat, y compris en matière religieuse.

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En cela, 1648 participe au développement d’une diplomatie et de l’appareil de l’Etat qui rend indispensable la forme de la capitale comme noyau de pouvoir sur un territoire. Mieux, la capitale devient résiliente à toutes formes de risques. Elle résiste aux mouvements territoriaux comme aux changements de dynastie. Les choix personnels des souverains se cantonnent désormais aux résidences royales et non aux capitales.

La capitale s’impose au moment où les souverains ne peuvent plus se permettre d’être seulement itinérants, où le poids de leur administration, de leurs conseillers, de leurs archives impose un point fixe. La formation et le développement de parlements, comme en Angleterre par exemple, et donc l’augmentation du personnel politique vont également dans le sens d’un lieu figé de concentration et de réunion. Enfin, le recours à une paix négociée directement entre des Etats (et non plus seulement des souverains, des familles ou des cours) passe par le développement d’un nouveau secteur d’activité dans les capitales : la diplomatie. Cette dernière a besoin d’ambassades et de bâtiments à usage de représentation. Et cela se lit en premier lieu à l’intérieur même de la ville. A Paris, comme le notent Michiel Wagenaar et Hermann van der Wusten, les ambassades et les ministères investissent les hôtels particuliers des actuels 7e et 8e arrondissements, donc les quartiers précisément urbanisés aux XVIIe et XVIIIe siècles, en périphérie du centre médiéval (VAN DER WUSTEN & WAGENAAR, 1997)

Nécessité étatique traduite en développement urbain, la capitale commence véritablement à jouer le rôle de pivot entre plusieurs échelles, entre une dimension interne et une dimension externe de la ville. La capitale discrédite toutes les autres formes territoriales du pouvoir. Elle bannit, le nomadisme du souverain devenu impossible. Le développement d’un Etat puissant signifie aussi la fin de souverainetés locales sous la forme de cités-Etats. Elle disqualifie la résidence royale qui ne peut constituer à elle seule le point d’ancrage du pouvoir politique. Les résidences royales ne disparaissent pas mais leur rôle change. Les châteaux de Versailles, de Charlottenbourg, de Potsdam, de Schönbrunn, de Peterhof sont construits dans le siècle qui suit les Traités de Westphalie. Ces lieux sont primordiaux dans l’affirmation du pouvoir mais ne peuvent plus se substituer aux capitales qui abritent diplomatie et administration. Ils sont utilisés pour des fins politiques comme la domestication de la noblesse, notamment en France ou pour leur capacité de représentation et d’affirmation du pouvoir.

Le passage à la démocratie dans de nombreux Etats ne réinterroge pas cette lame de fond qui conduit au renforcement des capitales. Pourtant, les nouvelles formes de régime sont fondées sur les principes d’indépendance entre Parlement et royauté (comme en Grande-Bretagne) ou sur la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires telle que décrite par Montesquieu dans L’Esprit des lois. La démocratie refuse le pouvoir personnel et instaure des contre-pouvoirs qui peuvent être des parlements ou des cours de justice (ou du moins les rend indépendantes si elles existaient déjà). Cette distance institutionnelle et politique, garante du régime ne s’est pas traduite par une distance dans l’espace de ces différents corps, par exemple en les faisant siéger dans différentes villes. Le manque de réflexion sur le sujet montre à quel point la forme de la capitale, qui concentre tous les organes de l’Etat, même juridiquement indépendants les uns des autres, paraît la plus à même de répondre à la nécessité de diriger et d’administrer un pays.

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Le renforcement de la capitale s’observe jusqu’au XXe siècle, c’est-à-dire pendant la longue période durant laquelle le territoire de l’Etat, devenu « territoire national », est le cadre principal de compréhension de l’espace et de son aménagement comme dans la négociation des guerres, des paix, dans le commerce ou les crises économiques. Il est aussi, et peut-être surtout, la référence intellectuelle quasi unique dans le domaine de la politique et du pouvoir. La période de repli (1914-1945) de la mondialisation décrite par Jacques Lévy (LEVY et LUSSAULT, 2003, p.437) et correspondant à l’époque d’exacerbation des nationalismes est aussi celle pendant laquelle l’attention de l’Etat sur sa capitale a été le plus fort. On peut citer la rénovation de Washington qui avait ouvert la voie au lendemain de la Guerre de Sécession, au moment où les Etats-Unis cherchent à renforcer le sentiment d’unité nationale. Ou encore les projets architecturaux pharaoniques imaginés dans la Rome mussolinienne et planifiés à Berlin par Albert Speer durant le IIIe Reich. Selon Gottmann, le renforcement de la capitale, est un phénomène aussi répandu qu’efficace. La centralisation du pouvoir, en particulier dans les dictatures, conduit à privilégier les sièges de l’autorité, qu’il s’agisse de centres anciens à la position renforcée ou de nouveaux lieux choisis et développés très rapidement (GOTTMANN, 1990, p.65).

2.2.3. Capitales et villes globales

En 2000, Andreas Sohn et Hermann Weber publient un livre intitulé bien à propos

Hauptstädte und Global Cities in der Schwelle der 21. Jahrhundert26. Les auteurs expliquent dans cet ouvrage collectif que le développement des villes globales va jusqu’à relativiser la définition de la capitale. Le « développement [des villes globales] renvoie à la question du point jusqu’auquel il faut repenser le concept de la Haupt-stadt »27 (SOHN & WEBER, 2000, p.11).

Ce renversement dans l’appréhension des capitales dans le champ de la géographie, que nous pourrions rapprocher d’un changement de paradigme, se lit très bien dans l’évolution de la littérature à ce sujet. En tous les cas, elle penche pour l’apparition d’un troisième moment dans l’évolution des capitales. Celles-ci ont massivement été explorées, étudiées, disséquées dans la littérature géographique avant la Seconde Guerre Mondiale, notamment parmi les premiers à s’être intéressé à la géographie de l’Etat (RATZEL, 1897 ; BRUNHES & VALLAUX, 1921 ; WHITTLESEY, 1943 ; MAULL, 1925, 1956). Cet intérêt pour la définition des capitales se fait beaucoup plus discret, voire souvent absent par la suite. Cette tendance est directement contemporaine de l’explosion des échanges à l’échelle internationale, et de ce que l’on appelle plus généralement la mondialisation. La grande ville, la ville qui a de l’importance, n’est plus celle qui administre un territoire mais celle dont l’influence et la domination se mesurent sur des réseaux urbains non plus nationaux mais internationaux. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les plus grandes villes du monde sont des capitales d’Etat, à l’exception notable de New York. Or, la transition urbaine28 (qui sert largement de cadre mental aux géographes d’avant 1950) bouleverse

26 « Capitales et villes globales au seuil du XXIe siècle »

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« Zugleich wirft diese neue Entwicklung die Frage auf, inwieweit sich diese urbanen Gebilde noch mit dem Begriff Haupt-stadt angemessen erfassen lassen. »

28 La transition urbaine est une théorie construite sur le modèle de la transition démographique décrivant le passage d’une société majoritairement rurale à une société majoritairement urbaine, qui se situe pour les populations européennes entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle.

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cette hiérarchie. Sao Paolo, Los Angeles, Shanghai ou Lagos sont autant d’exemples d’agglomérations non capitales et qui par leur taille, s’imposent au sommet de l’armature urbaine. Il en est de même pour les fonctions. Dans les années 1980 apparaissent les notions de world

cities et de global cities qui mettent peu à peu de côté la dimension politique au profit de la stricte

dimension économique29. D’emblée, un grand nombre de villes non capitales sont présentées comme cruciales dans la construction de l’espace. L’un des postulats de Friedmann pour aborder sa définition de la ville mondiale, est que « the form and extent of a city’s integration with the world economy, and the functions assigned to the city in the new spatial division of labour, will be decisive for any structural changes occurring within it30 » (FRIEDMANN, 1986, p.70). La ville est réduite à une définition strictement économique. Dans le tableau proposé par Friedmann dans les pages suivantes, 30 villes sont présentées comme villes mondiales. A peine la moitié d’entre elles (14) sont des capitales d’Etat31.

La « global city » ou ville globale est l’héritière directe de la ville mondiale. L’expression employée par Saskia Sassen ne comprend au départ que trois villes : Londres, New York et Tokyo (SASSEN, 1996). La particularité de ces agglomérations réside dans leur structure économique interne qui leur permet d’attirer et de concentrer des fonctions économiques à rayonnement mondial. Surtout, la ville globale fait émerger de nouveaux acteurs, dont le rôle structurant est désormais très fort à savoir les entreprises transnationales pour qui les frontières nationales n’ont plus ou peu d’importance. On ne peut évidemment pas parler de concurrence