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Section 2. ELEMENTS CONSTITUTIONNELS DU DEVELOPPEMENT DURABLE

1. LES PARTIES PRENANTES

1.2. La typologie des parties prenantes

Trois niveaux de réflexion ont été présentés par Freeman en 1984 afin d’appréhender les différentes parties prenantes d'une entreprise (Ernult et Ashta, 2007)2 :

- Le niveau "rationnel" (approche descriptive) qui mène à une identification exhaustive des parties prenantes et s’appuie sur la représentation ci-dessous (figure n° 2) ;

- Le niveau "processus", qui cherche à identifier la procédure développée par l’entreprise pour prendre en compte les intérêts des parties prenantes dans son processus d’élaboration, de mise en oeuvre et de contrôle de la stratégie (Freeman, 1984 ; Carroll, 1989) ;

- Le niveau "transactionnel", son but est d’expliquer comment interagir, négocier et gérer les parties prenantes.

En plus de cette typologie présentée par Freeman, d’autres typologies existent, parmi lesquelles :

1 Jones T. M., 1995, Instrumental stakeholder theory: a synthesis of ethics and economics, Academy of Management Review, Vol. 20, n° 2, pp. 404-437.

2 Cité par Ernult J. et Ashta A., 2007, Développement durable, responsabilité sociétale de l'entreprise, théorie des des parties prenantes : Évolution et perspectives, Cahiers du CEREN, n° 21, pp. 4-31, p. 22.

39 La typologie présentée par A. Caroll, 19891 et qui distinguent :

- Les parties prenantes “primaires” qui concernent les acteurs en relation directe et déterminée contractuellement, ils sont directement impliqués dans le processus économique et ont un contrat explicite avec la firme. Il s'agit des actionnaires, des salariés, des clients, des fournisseurs ;

- Les parties prenantes “ secondaires ” qui regroupent les acteurs situés autour de l’entreprise, ils ont des relations volontaires avec la firme, dans le cadre d'un contrat plutôt implicite ou moral. Il s'agit des associations, de riverains, des collectivités territoriales, d’ONG, etc.

La typologie de Clarkson (1995)2 : selon laquelle, il existe des parties prenantes volontaires ou involontaires :

- Les parties prenantes volontaires acceptent (en général contractuellement) d'être exposées à certains risques. En investissant une forme de capital (Humain ou financier) dans l’entreprise ; - Les parties prenantes involontaires subissent le risque sans avoir noué aucune relation avec la firme.

Clarkson considère que l’on ne peut parler d’intérêt sans introduire la notion de risque. Cette vision restreinte de la notion de parties prenantes conduit alors à identifier les groupes importants selon leur contribution directe aux intérêts économiques de l’organisation (Mercier, 2001)3.

Bonnafous-Boucher et Pesqueux (2006)4 identifient une typologie des parties prenantes selon le caractère explicite ou implicite de leurs relations avec l’entreprise et définissent :

Les parties prenantes contractuelles sont les acteurs en relation directe et déterminée contractuellement avec l'entreprise (actionnaires, salariés, clients, fournisseurs) ;

Les parties prenantes diffuses sont les acteurs situés autour de la société et qui peuvent affecter ou être affectés par cette société sans forcément se trouver en lien contractuel (autorités publiques, collectivités locales, associations, ONG…).

1 Caroll A. B. [1989], Business and Society: Ethics and Stakeholder Management, O.H.: South Western, Cincinatti. Cité dans Damak-Ayadi S. and Pesqueux Y., 2005, Stakeholder Theory in perspective, Corporate governance, Vol. 5, n° 2, pp. 5-21..

2 Clarkson, M. B., p.106.

3 Cité dans Mercier S., 2001, p. 7.

4 Bonnafous-Boucher M. et Pesqueux Y., 2006, Décider avec les parties prenantes, La découverte (éds.), Collection Recherches, Paris.

40 Mitchell, Agle et Wood (1997)1 critiquent le caractère statique de ces modèles de représentation des parties prenantes de l'entreprise et proposent un modèle dynamique qui identifie les parties prenantes à partir de trois critères : le pouvoir, la légitimité et l'urgence. Mitchell et al identifient ces facteurs comme expliquant l'attention portée par les managers à certains types de parties prenantes qui demandent une attention immédiate. Le pouvoir est détenu par ces groupes d'acteurs qui ont la capacité d'influencer les décisions actuelles ou futures de la firme. La légitimité d'un groupe correspond à sa reconnaissance et son acceptation sociale.

Selon leurs attributs, les parties prenantes seront incontournables, dominantes, dangereuses, dépendantes, dormantes. Ainsi l'une des visions de la théorie des parties prenantes, la vision « orientée business », avec la « RSE comme un outil » présente la prise en compte de l'intérêt des parties prenantes comme une condition de la performance économique et financière de l'entreprise (Capron, 2007)2. Ainsi l'intérêt de l'entreprise et de ces actionnaires passe par la mise en oeuvre de réponses adaptées aux attentes des parties prenantes.

D’autres distinctions existent comme, par exemple, celle qui est établie entre les parties prenantes internes, externes “ classiques ”, et externes à pouvoir d’influence, ou encore la distinction de Pelle Culpin (1998)3 entre les « parties prenantes institutionnelles » (celles qui sont liées aux lois, réglementations, entités inter-organisationnelles, organisations professionnelles propres à une industrie), les « parties prenantes économiques » (les acteurs opérant sur les marchés de l’entreprise concernée), les « parties prenantes éthiques » (qui émanent des organismes de pression éthique et politique), plus difficiles à figurer.

Bref, Lépineux F. (2003)4 propose de retenir cinq catégories d’acteurs pour assurer leur recensement : les actionnaires, les parties prenantes internes (salariés, syndicats avec la question de la participation directe et indirecte des salariés au capital des entreprises et la question de leur représentation et de l’activisme d’actionnaire qu’il peuvent mettre en place – seuls ou en alliance avec d’autres investisseurs pour faire adopter leurs résolutions), les

1 Mitchell R. K., Agle B. R. et Wood D. J., 1997, Toward a Theory of Stakeholder Identification and Salience : Defining the Principle of Who and What Really Counts, Academy of Management Review, Vol. 22, n° 4, p. 853-886. Cité dans Ernult J. et Ashta A., 2007, p. 25.

2 Capron M. et Quairel F., 2007, La responsabilité sociale des entreprises, éd La découverte, Paris.

3 Pelle Culpin C. I., 1998, Du paradoxe de la diffusion d’informations environnementales par les entreprises européennes, Thèse de Doctorat, Université de Paris IX Dauphine. Cité dans Damak-Ayadi S., Pesqueux Y., 2005, p. 6.

4 Lépineux F., 2003, Dans quelle mesure une entreprise peut-elle être responsable à l’égard de la cohésion sociale ?, Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion, C.N.A.M., Paris, . Cité dans Damak-Ayadi S., Pesqueux Y., 2005, p. 7.

41 partenaires opérationnels (clients, fournisseurs avec, parmi ceux-ci, les sous-traitants, les banques dans la position de prêteur mais aussi en attente d’une stabilité et d’une solvabilité, les compagnies d’assurance dans les termes d’une confrontation au risque dont la substance se renouvelle profondément aujourd’hui), la communauté sociale (pouvoirs publics, organisations spécialisées de type syndicat professionnel, ONG, société civile).