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Conclusion générale

Les chroniques de l’histoire racontent d’innombrables récits où l’entreprise a réussi à se développer et à atteindre les objectifs qu’elle s’était consciemment fixée, souvent au détriment de son environnement et des générations futures.

Depuis l’existence du rapport Bruntdland, nous avons pu constater que la grande marche du développement durable n’a donné de résultats intéressants que sur l’aspect conceptuel et théorique qui y sont liés. Dans la réalité, cette marche se fait très doucement et la sonnette d’alarme écologique retentit depuis quelques temps déjà. Si même jusqu’en 2013 aucun protocole engageant la responsabilité des Etats n’a été signé, cela implique obligatoirement le désintérêt total des nations, surtout les plus dominantes, à la cause écologique et sociale chères au développement durable.

Dans cette thèse, nous avons vu d’abord, l’évolution chronologique du concept du développement durable tout au long de la progression de la pensée économique avant de mettre l’entreprise au centre de ses parties prenantes et expliquer son rôle dans la mise en place d’une politique de développement durable. Ensuite, dans la continuité théorique, nous avons introduit les différentes notions liées au Marketing et au développement durable. Nous avons également tenté de mettre en exergue les différents apports positifs et même négatifs (greenwashing) du marketing inhérents à ce genre de politiques.

Après avoir cerné les notions et les concepts, nous avons tenté de comprendre la réalité du développement durable en Algérie. Afin d’y parvenir, nous avons effectués une enquête auprès de plus de 650 entreprises et au cours de laquelle nous avons pu obtenir des réponses de 34 entreprises. Comme prévu l’enquête allait se baser sur une grille d’analyse qui s’inspire fortement des éléments marketing de sorte à nous permettre d’utiliser la transversalité du marketing comme un outil d’observation qui touche tous les niveaux de l’entreprise. Nous avons donc émis l’hypothèse qu’une telle démarche pourrait nous permettre de recueillir des informations pertinentes et que le marketing peut par la suite être un fil conducteur pour l’accompagnement et l’intégration d’une politique de développement durable. La deuxième hypothèse touchait plus particulièrement le comportement de l’entreprise industrielle algérienne, nous avons supposé que cette entreprise vise un objectif économique qui ne laisse aucune place aux volets

192 environnemental ou social ce qui indiquerait donc, une absence quasi-totale d’une politique de développement durable.

L’enquête a finalement révélé des informations intéressantes qui nous ont permis non seulement de porter un jugement clair sur les entreprises industrielles qui ont eu l’amabilité de nous fournir les informations demandées mais aussi de démontrer l’efficacité de notre démarche inspirée des éléments du marketing, chose qui nous permet de confirmer d’amblé que la transversalité du marketing permet une analyse assez poussée pour la détection des insuffisances liées à la relation des produits de l’entreprise avec les consignes du développement durable mais, aussi dans un cadre pratique plus poussé, il pourra plus facilement suivre les éléments à améliorer pour rendre l’entreprise plus respectueuse de l’environnement. Le marketing pourrait être considéré comme un élément catalyseur pour la bonne intégration d’une politique de développement durable. L’analyse marketing a démontré un certain nombre d’éléments essentiels, d’abord en phase de recherche et développement, nous avons appris que les produits futurs des entreprises cherchent à minimiser les coûts en évitant le gaspillage par le recyclage, même si, à long terme, des résultats écologiques seront visibles, il est clair que l’objectif est d’abord typiquement économique. Dans une optique de production, plus de trois quarts des entreprises sondées(85 %) ont amélioré leurs produits mais sans une prise en compte de l’aspect écologique. Pour la plupart des entreprises, un produit plus écologique aura théoriquement plus de succès, il coûtera certainement plus cher, mais 38.24 % ne savent pas s’il sera rentable ou pas et 35.29 % pensent que le seuil de rentabilité sera atteint à long terme.

En termes de distribution, les entreprises discutent plus aisément lorsqu’il s’agit des coûts de transport que lorsqu’elles parlent des effets négatifs liés aux émissions de gaz à effets de serre causés par les moyens de transport.

La communication des entreprises de notre échantillon puise son argumentaire des caractéristiques du produit lui-même et on comprend donc d’après ce qu’il a été cité plus hauts que l’axe écologique est quasi-inexistant.

Selon notre analyse et les résultats obtenus, nous remarquons qu’aucun effort n’est fourni déjà en amont de la production, donc la recherche et le développement effectués ne concernent pas la création d’un produit meilleur écologiquement et cela signifie qu’aucun effort ne sera fourni en

193 aval. Par contre, notre analyse permet aussi, dans des études au cas par cas, de détecter des insuffisances même lorsque le produit proposé est un produit écologique. La préconisation des solutions peut se faire aussi au cas par cas mais nécessite des compléments d’enquête.

Tout cela confirme notre première hypothèse, en effet, le caractère transversal du marketing nous a permis d’effectuer une enquête dont les résultats sont convaincants, l’entreprise algérienne prend des décisions suivant des objectifs économiques et ne prend en considération les aspects environnemental ou social que sous les contraintes. Cela confirme notre 2ième hypothèse qui retire du contexte la possibilité de l’existence d’une entreprise volontariste et nous irons jusqu’à dire que le comportement minimaliste de l’entreprise algérienne est au dessous de la moyenne.

Ainsi, les résultats de l’enquête démontrent que le comportement écologique minimal qui existe au sein des entreprises algériennes est une résultante d’une réflexion économique brute (Le recyclage évite le gaspillage ce qui amoindri les coûts par exemple). Il est rare que des décisions concernant directement la cause environnementale soient prises, elles sont le plus souvent motivées par les obligations règlementaires très limitées mais qui restent la façon la plus efficace pour assurer le respect de l’environnement. La protection de ce dernier est déléguée aux départements HSE qui, pour des raisons stratégiques et de budget, négligent le volet environnemental et se concentrent sur la sécurité et l’hygiène privilégiant, ainsi, la prévention pour éviter des dépenses supplémentaires en cas d’incidents.

Nous nous somme facilement rendu compte que l’effort écologique globale des entreprises de notre échantillon est insuffisant, même si certaines entreprises se considèrent comme des entreprises volontaristes, nous pensons qu’elles prétendent l’être en comparaison avec d’autres entreprises moins enthousiastes du même secteur. Concernant le comportement minimaliste, il reste encore insuffisant car, dans notre grille de la parfaite entreprise minimaliste, la meilleure entreprise a obtenu un score de 81 %, nous ne pouvons que saluer ce score mais avec une objection inspiré du dicton "dans le monde des aveugles, le borgne est roi". Il y a quand même une remarque importante que nous avons pu constater concernant l’effort effectué, il se trouve que plus l’entreprise génère des externalités négatives, plus l’effort écologique est grand, chose qui doit être liée aux obligations réglementaires qui régissent chaque secteur industriel. Il devient à ce stade important de revoir la politique de l’Etat qui doit intervenir plus fermement pour que

194 les entreprises aient toutes les infrastructures nécessaires pour la gestion des déchets, par exemple, et ensuite se montrer intraitable sur les questions qui touchent l’écosystème.

Tout comme certaines puissances mondiales, l’Algérie ne montre pas un vif intérêt à intégrer le développement durable au sein de ses entreprises, même si l’enjeu politique en Algérie n’a rien à voir avec les enjeux américains, par exemple. Il faut donc préciser que sans l’existence d’une réglementation détaillée avec des clauses responsabilisantes, les entreprises ne feront jamais du développement durable une priorité. Si dans le monde, des pays développés se disputent pour trouver une solution à l’application des différents protocoles, nous ne pouvons qu’espérer l’émergence d’une conscience collective des entreprises pour aller dans le sens de la sauvegarde de la planète et ainsi du bien-être des générations futures.