n'estpas destiné
pour
lemien
; tu as déjàaimé
et tu étais libre alors, tu dois l'êtremaintenant
avecmoi
sansréserve, avec ratures, sans orthographe,comme
tu sentiras; je t'embrasse, en te serrant dans
mes
bras, etcontre
mon
cœur].13.
—
DE BERNARDINDE SAINT-PIERRE\
Jevous dois la vérité,
comme
votre meilleur ami.Hier, à la
promenade, une
multitude de groupes se retournaient derrière vouspour
semoquer
de votre coiffure. Je nesais si c'étaitde sa couleur tranchante ou de sa forme de chiffon, mais tanty
a qu'ils s'en moquaient. M""votre pèreen futplusieursfoistémoin, etme
dit qu'il vous en préviendrait. Jugezdonc
del'effet quece soit-produit votre chaussure en brode-quinsrouges, avec votre
mouchoir
à raies jaunes, sur voscheveux brunsetsans poudre^
Mon
aimable amie, il est dangereux, dans ce1. Sans indication delieu, ni de date;mais probablement d'octobre 1792;
—
passignée;—
sans adresse;—
pasoblitérée;—
M.Maury l'avaitreproduite engrandepartie, maisavec des inexactitudes;le texte a été rétabli dans la publication dela Revue des Deux Mondes(lettre n" G).—
Cette lettre ale n°3dansla collection Gélis-Didot.
2. M. Maury a lu : qu'aurait; c'est difficile à admettre en voyant lemanuscrit.
3. En marge decepremieralinéa figure le mot:inutile.
temps-ci, de se faire
remarquer
par des ajustements extraordinaires.Je vous dirai plus, c'est qu'ils ne conviennent en
aucun temps
àune
jeune fille qui semble vouloir attirersurelle lesyeux du
public,A
qui chercheriez-vousàplairemaintenant? A
vousseul,me
direz-vous;eh bien! je
vous
dirai avec sincéritéque
les cou-leurs dures et tranchées ne vous vont point.Pour moi
je n'aime que les couleurs douceset les formes simples.En
toutes choses je fuis l'éclat,La
nature n'emploieque
des contrastesdoux pour
produire l'harmonie;quand
elle en assemble de durs elleengendre la discorde. Par exemple la couleur natu-rellede vos cheveux va à merveille avec votre teint, mais si vous opposezà leur teinte
brune une
couleur jaune, et à leurs boucles ondoyantesun
chiffon aplati, il y aura dissonance. Voilàpour
l'effetphy-sique,
quant
àl'effet moral,une
telleparureannonce
le désir d'attirer lesregards; vous n'avez plus besoin que defixerceux devotre ami.
Vous
en êtes assuréesi vos ajustements sont d'accordavec les qualités de votreâme, douce,
aimant
la retraite, le soin de votremaison
et lebonheur
de votre ami. Sois bien sûre,ma
Félicité, quema
plus chère occupation sera defaire le tien.
Tu
dois en juger parma
franchise, elle est la preuve demon
estimepour
toi.AMOUR
DE PHILOSOPHE.14.
—
DE BERNARDIN DE SAINT-PIERREVotredernière lettrem'avaitfait de lapeine, parce que la
mienne
semblait ne vous avoir pas fait de plaisir;ilme
semblaity
démêlerun
peu degronderie.Je suis touché
du
désir quevous me
témoignez sitendrement de vous conformertoujours à
mes
goûts.Puissé-je
moi-même
remplir touslesvôtres.L'amour,mon
enfant, te rend plus jolie. Ily
a dans toute ta personneun
airdecontentementbien plus intéressant quetous les éclats de la joie. Si je désire quelque chose c'est que tu nechanges
point. [Crains de devenir trop grasse.Trop d'embonpoint
siedmal aux
jeunes personnes; il gâte la taille, c'estun
obstaclemême
à la maternité] '. Resteau
pointoù
tu es, et tuen viendras aisémentà bout enmangeant un
peu moins, surtout des aliments qui engraissent.[Ceque jedésire encore, c'est qu'en redoublant de confiance
pour moi
qui dois être ton époux, tu diminuesun
peu avec les autres de cette familiarité que le cousinage, l'enfance, le voisinage, rendent sans conséquencepour une âme
indifférente,mais
1. DeParis;
—
sans indication dedate,mais d'octobre 1792;—
pas signée;—
sansadresse;—
pasoblitérée;—
impriméedans la Revue des DeuxMondes avec le n" "; avant nons M.Maury en avait publié un fragment, et M. Meaume, deux.
—
Cette lettreporte le n° 40 danslacollection Gclis-Didot.2. Passagepui)liépar M. iMaiiry.
DE SAINT-PIERRE ET
qui ne le sont pas
pour
celle qui aime. Qu'on sente, entevoyant,que
toncœur
estengagé
par des liens quetu chéris;que
cedoux
mystère répandeun
tendre intérêt sur ta physionomie, qu"il éloigne de toi les jeux trop folâtres;que
tadémarche
et ton maintien annoncent,ma
vierge* bien-aimée,ma
future épouseet la
mère
defamille.Hierau
soirtu étais charmante.Tu
pensais peut-être au plaisirque me
ferait tonbillet. Adieu,
mon
bouton de rose], songe à venirdimanche
avecnous
ettamaman
à Essonnes,nous
prendronsune
voiture à 4. Il fautque
tu dises ton avis sur l'île, et queje te voie encore danser sur l'herbe.Au
reste, deladiscrétionsurnosengagements
futurs; qu'il n'y ait quemoi
qui pénètre dans tonâme;
je te donne, à ton choix, le plus tendre des baisers.[J'ai à peine
un moment
pour t'écrire.Ton juge-ment
surThompson m'a
fait plaisir -.]1. Après : vierge, ily adeux moisrayés, dontl'un semble :
désii'ée.
2. Ces deux dernières phrases semblentavoir été écritesen post-scriptum.
—
Voir au sujet de Thompson ce que nous avonsditp.8.3.90
AMOUR
DE PHILOSOPHE.15.
—
DE BERNARDIN DE SALNT-PIERRE'.A
laCitoyennefélicitédidotquay
des augustinsajJaris.
Je profite,
mon
aimable amie, d'unmoment
deloisir pour