tout
me
faitaspirerautemps où
jepourrai y fairede1. Les mots : et au i" ont été oubliés et écrits au-dessus de la ligne.
2. Ce mot, surle manuscrit,est souligné.
fréquentes retraites pour
me dédommager
des peines etdes embarras attachés àma
place surtoutdans lestemps orageux
où nous sommes.
J'espèreêtre en état d'aller à Essonnes aucommencement
de la semaine prochainepour
y tracer le plan de lamaison
* etdu
jardin. D'ici à ce temps,
ménagez
bien votrerhume
afin d'être
du
voyage. Jevous en conjure par toutlepouvoir que j'ai sur vous, ne sortez pas de votre
chambre
etmême
de votrelit, si vous avez des accès de fièvre. Adieu,mon
enfant, je t'embrassecomme
tu le mérites, de tout
mon
cœur.Ce jeudi à 10 heures
du
matin.20.
—
DE BERNARDIN DESAINT-PIERRE ".Aimable
enfant, votre lettreme
prouve, ceque
je savais déjà, quevous
êtes également digne demon amour
et demon
estime. 11 n'y a qu'un seulmoyen
de mettre d'accord ces
deux
sentiments qui se com-battentdansvotre cœur,c'est que voussoyez bientôtma femme
;au
lieudel'inquiétude etdesremords que
1. Bernardin veut sans doute parler du plan d'organisation intérieurede la maison, puisqu'il dit, au début de la lettre,
que M. Moreau travaille au rez-de-chausséeet au premier.
2.Sans indication de lieu, nide date; mais de Pariset de novembre1792;
—
pas signée;—
sans adresse;—pas
oblitérée;—
publiéedans laRevuedesDeux Mondesavec len" 13; avant nousM. Mauryen avaitreproduitdeux trèscourts fragments.—
Cette lettre porte le n" 45dans lacollection Gélis-Didot.100
AMOUR
DE PHILOSOPHE.VOUScraignez, vous éprouverez ce que la reconnais-sance et le calme de l'àme ont de plus doux.
Le
mariageseulallie l'estime desoi-même
avec les plai-sirs de l'amour.[Jem'occupe
du
soin d'accélérerlemoment
quidoit m'unir à toi. Le plusgrand
obstacle est la publicité que je voudrais éviter par plusieurs considérations importantes. Si tu habitais lacampagne
à présent, ilme
semblequ'ilserait facile de se faire inscrire sans bruit à la municipalité d'Essonnes.]Nous
raisonne-ronsde tout celaquand nous y
serons'.[En attendant,
recommande
notre future union à celui qui est la source de toute félicité.]Aimable
enfant, confie-luitespeineset tes plaisirs. Endors-toi dans son sein paternel,aucune
insomnie ne viendrate troubler.
Ne
veille point,ma
tendre amie; lesommeil
est nécessaire à ta santé. C'est lui qui calme lesang
et rafraîchit le teint des bergères.Pour aucune
raison, nipour aucun
plaisir, ne passe point les nuits à veiller. Je vais te chercherun
livre devoyage
queje tedonnerai cesoir, mais c'està condition que tu neliras pas au milieu dela nuit.
Endors-toi dans le souvenir
doux
et paisible de notre -amour
mêléd'estime, de confiance, deprotec-1. On lit le mot: inutile,en marge dece passage.
2.Ce mota été corrigé;on ne peutlirecequ'il y avaitavant
la correction.
tion. Si j'ai allumé en toi quelque
flamme
trop active, ne t'y livre point jusqu'à ce que je puisse l'éteindre. C'est enmoi
qu'est leremède
à ton mal.Mon
portrait n'y peut rien *. Repose-toi, en imagi-nation, à l'ombre des berceaux que je vais planter pour toi, sur le bord de ces eaux limpides qui entourent notre future habitation, etque
tu dois embellir de ta présence. C'est làque
tu dois goûterun bonheur
digne detoi, sileciel estfavorable àmes vœux.
21.
—
DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE^
Je n'ai
pu
venir hier,mon
enfant,mais
jenen
ai pasmoins
pensé à toi. Je désireardemment que ma
chaumières'achève,afinquetu
y
fassesmon
bonheur.Emploie tout ce que tes grâces et ta douceur te
donnent
de créditpour en accélérer le travail. Ilfaut que ton frèrey mettetoute sonactivité.[On
ne peut être heureuse,mon
amie, qu'au sein dela nature. Plus tu vivras, plus tu seras persuadéei. On lit : 71071, en marge dece passage.
2. Sans imlicalion de lieu, nide date; mais de Paris et de novembre1792;
—
passignée,quoiqu'endiseAiméMartin;—
sansadresse;
—
pas oblitérée;—
impriméeparAimé Martin, sauf le commencementet la fin etavec des inexactitudes;—
publiée dans laRevue desDeux Mondesavecle n"14.
—
Cette lettre, dans laCorrespo7ïdance ir7iprimée, a le n" 8, ainsi que dans lacollection Gélis-Didot.102
AMOUR
DE PHILOSOPHE.decette vérité.
Nous
vivons dansun temps
malheu-reux. Je neveux
pas troubler ta raison par la pers-pectivedel'avenir. Mais qu'est-ce qui temanquera
à lacampagne pour y
passer des jours agréables? tu seras dans le voisinage de tes parents; tu habiterasune demeure charmante
par sa situation; tupourrast'y occuper tantôt de la lecture, tantôt des soins si
doux
d'une jeunemère
de famille. Je ne te parle pas de moi, mais jemettraimon bonheur
à faire le tien.Lorsque
mes
affairesme
forceront d'être à Paris, je t'écriraifréquemment. Tu
seras la récompense demes
travaux; je viendrai oublier, dans ton sein, les troublesdela ville.En
attendantque
jepuisse t'avoir habituellement auprès demoi comme ma compagne,
j'irai passer des semaines, des mois entiers avec toi.
Voici
mon
plan devie.Jeme
lèverai lematin
avecle soleil. J'irai dansma
bibliothèque, m'occuper de quelque étude intéressante. J'aiune
multitude de matériaux à mettre en ordre.A
10 heures,un
déjeuner que tu auras préparé toi-mêmenous
réu-nira. Après déjeuner, je retournerai àmon
travail.Tu
pourrasm'accompagner
avec le tien, si les soinsdu ménage
ne t'appellent pas ailleurs; je suppose quetut'en serasoccupéelematin.A
troisheures,un
dîner de poisson, de légumes, de volaille S de lai-tage, d'œufs, de fruits, produits par notre île,
nous
1. Le mot : volaille a été écrit pour romplacer deux mots qui ont été rayés,et qui sontillisibles.
retiendra
une bonne
heure à table.A
4 heures jus-qu'à cinqdu
repos,un
peu de musique.A
cinq, lorsquela chaleur sera passée S la pêcheou
lapro-menade
dans notre île jusqu'à 6.A
six,nous
irons voir tes parents etpromener
dans le voisinage.A
neuf heures,
un
souper frugal], ensuite le litnous
réunira.A
propos,mon
enfant, dis-moidonc
quel étaitton dernierrêve? ne t'ai-jepas devinée! dis-moila vérité.Je t'embrasse de tout
mon
cœur.Songe que
notre chaumière doit être l'époque de notre félicité. Hâtedonc
les travailleurs et leurs surveillants;que
Dieu répande sur toi toutes ses faveurs.22.
—
DE FÉLICITÉ DIDOT^.Je vais
donc
tevoir aujourd'hui,mon
ami, et c'estun dédommagement
biendû
à l'ennui qu'a éprouvé ton enfantpendant
ton absence.Cependant
je ne saurais être tout à fait privée de toi et simes yeux
ont souffert de cette cruelle séparation,mon
imagi-1. Après:passée,lemotnous a été rayé.
2.Sansindication delieu,mais probablementdeParis;
—
du 2décembre1792 (dimanche).—
^I.Mauryapubliécettelettre, en indiquantqu'elle se trouvait à la Bibliothèque du Havre;nos recherchespour la trouver, ainsi que cellesde M.le Con-servateur, sont restées infructueuses.
—
C'est donc le texte imprimépar M. Maury(p. 192) que nous publions.104
AMOUR
DE PHILOSOPHE.nation plus heureuse t'offrait sans cesse à
ma
mémoire.
Quand
tu occupes tout entière ton amie, peut-elle espérer avoir quelquefois attiré ton atten-tion, c'est ce qu'ilme
serait biendoux
d'apprendre.Avec
raisonje pourrais peut-êtreme
fâcher de ne pas avoir reçu defes nouvelles, depuisjene saiscombien
de jours que je ne t'ai pas vu. Mais suis-je en droit de gronderquand
tuembellistouslesmoments
dema
vie?
La
nuitmême
neme
prive pas de cette jouis-sance, car tume
fais naître les songes les plus agréables ettu ajoutesun nouveau
prixàmon
repos.Je suis
on
ne peut plus frappée de celui dont je t'aiparlé
dans ma
dernière. Pardonne-moi,mon
ami,mon
enfantillage, mais j'ai quelque croyance à cescharmants
rêves. Je les prends pour d'heureux augures; enfin je sais quel pressentiment semble m'assurerque
je neme trompe
pas à l'égard decelui-ci. Je
veux
tedonner
à juger si je n'ai pas lieu d'être charmée. Ilme
semblait qu'après avoir reçuma
dernièrelettre, pénétré des reproches qu'elle con-tenait, tu étaispasséàla maison, dans lemoment où un
peu fatiguée j'étaismontée me
reposer, mais toi n'en sachant rien, tu étaisvenu
àma chambre me
chercher,et
m'ayant
trouvée endormie, pour prouverque
tu respectaismes
avis, ainsi quemon
sommeil, tu avais imaginé d'ornerma chambre
de guirlandes des plusjolies fleurs, et je ne sais par quel miracle, tu avais faitdu
parquet le pluscharmant
tapis deverdure
où
les fleurs,son plusbelornement, n'étaient pas épargnées.Vois,
mon
ami, d'après lebonheur
dont je dois jouir, sije n'ai pas lieu d'espérer (qu'unie à toi par des liens aussidoux
que des guirlandes) de te voir embellirmes
jours,comme
tu embellissais ce tapis des fleurs lesmieux
choisies. Voilàmon
futurépoux
et
mon ami
bien présent, les idées dontmon
amitiése nourrit (illisible). Encore
un
autre songenon moins
faitpour me
plaire,me
représentant tachar-mante
retraiteachevée de lamanièrela plusagréable où tume
conduisais avec toute la tendresse dont je teconnais capable.En
attendantcesuprême
bonheur,mon
heureuse étoile doitme
conduire aujourd'hui cheztoioù, situ t'yprêtes, jepourraite remettre cet écrit, en te serrant lamain
aussi tendrement que je t'aime.23.
—
DE BERNARDIN DESAINT-PIERRE ».Vos
sentiments,ma
chèreFélicité,me
remplissent pourvous
de la plus parfaite estime et de la plus1. Sans indication de lieu, ni de date; mais probablement d'Essonnes,etde janvier1703;
—
passignée;—
sans adresse;—
pasoblitérée;
—
entièrement publiée parAimé Martin,qui la citecomme
ladernière deslettresécritesavantle mariage: il n'adonc pas eu connaissance des missives envoyées postérieu-rement.—
Celle lettre porte le n" 9 dans la Correspondance impriméeetdanslacollection Gélis-Didot.106
AMOUR
DE PHILOSOPHE.tendre amitié.
Vous
avezmal
jugé desmiens
*. Je vousproteste queje vousai fait entrercomme
^une
portiondemon bonheur dans
les plansde retraite etde repos dontj'aimais à embellir
mon
avenir. C'est dans cette intention que j'ai désiréune
correspon-dance intime avec vous, afin que nosâmes
pussent se connaître etseconvenir.Maislesmalheurs publics portés à leur comblem'empêchent
de m'occuper demon bonheur
particuher. Je vais à Paris pour tâcher de sauver quelquesdébris dema
faiblefortune,d'une anarchie dont les progrèsaugmentent
chaque jour;je pourvoirai^ aussi
aux
devoirs dema
place et si jepeux me
préparer quelques sem.aines de repos, je viendrai en jouir dans votre retraite. Je vous exhorte, en attendant, à rester ici, et à servir de consolation à votrebonne Maman.
Faites-lui quel-que lecture amusante. Si vous aviez votre harpe, ce serait pour vousdeux une
agréable distrac-tion. Mais votre propre tranquillité sera le plus agréable concert quevous
puissiez lui donner.Calmez-vous, et soyez sûre que la Providence, qui veille
aux
destins des moineaux, veille aussi à ceux desempires.Je saisirai les
moyens
les plus convenables pourvous donner
demes
nouvelles,etsoyez bienpersuadée1.Lemot :miensa étécorrij,'é,Bernardinavait écrit:tiens.
2. AiméMartinaimprimé : pour,au lieu de comme.
3.Le mot: pourvoiraiestraturéet difficileà lire.
107
du
plaisirqueme
ferontlesvôtres.Comptez
invaria-blement surma
plus tendre amitié.24,
—
DE BERNARDLX DESAINT-PIERRE '.Ta lettrem'est arrivée lundi matin, au
moment où
l'on m'apportait
du
lait pourmon
déjeuner. Elle a misdu
laitdansmes
veines; tu es pourmoi
laCoupe
de la Félicité.J'ai passé icidesjours asseztristes,
A mon
arrivée dansmon
île, tonfrère y est arrivé ^. Ilm'a
salué et je lui ai rendu sonsalut; il s'est ensuite approché demoi
et il a adressé la parole à Cadet avec lequel j'étais. Il lui a parlé d'échelle, et jugeant qu'il nes'était approché que pourluiparler d'ouvrages, je
me
suis éloigné, à quelques pas delà ^
Ton
frère bientôt après a quittéCadetet s'en est allé. Peut-être atten-dait-ilque
je luiadressassela parole,mais
jeme
suis rappelé qu'iln'avaitpasrépondu
àma
lettre, etcette réflexionm'a empêché
de hasarderune
seconde démarche,ou
peut-êtrede répondre à la sienne, carj'aiignorésonintention. Quoiqu'il en soit, je ne l'ai
1.Sansindicalion de lieu, ni de date; mais d'Iîssonnes, et de févrieroumars1703;
—
passignée;—
sans adresse;—
pasolililérée;
—
publiée dans la Revuedes DeuxMondes, avec le n" 15.—
Cette lettreale n"48 danslacollection Géiis-Didot,2, C'est de Léger Didot que Bernardin veut parler; ils fiaientdéjàbrouillés.
.3. On lit : non,en margedecepassage.
108
AMOUR
DE PHILOSOPHE.pas revu, carje