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compte donner ce soir et demain matin aux affaires, afin de pouvoir jouir, l'après-midi, de quelques heures

1. Sans indication de lieu, ni de date, mais probablement deParis,etdela find'octobre 1792;

pas signée;

porteune adresse;

pas oblitérée;

publiée dansla.Revuedes Deux Mondesavecle n" 8.

Cette lettrea le n" 41 dans la collec-tion Gélis-Didot.

2. En marge, à la hauteur de cette première partie de la lettre, il y a le mot : t/on.

de plaisir auprès de vous. Je suis obligé, en ce

moment,

dequitterlaplume.

A

demain, tendreamie,

jevous embrasse de tout

mon

cœur.

16.

DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE*.

J'allais

vous

écrire,

ma

tendreamie, lorsque

Rous-seau m'est

venu

apporter votre lettre. Elle m'aurait

faitplus deplaisir parlaposte. L'envoid'un

commis-sionnaire

donne

trop de publicité à notre correspon-dance. J'ai cependant parfaitement bien senti

que

c'étaitl'inquiétude

où vous

étiez de

ma

santé quivous avait décidée à cette démarche. J'en suis

donc

très touché. J'ai, en effet,

du rhume,

ce qui

m'a

décidé à garder hier la

chambre

et à suivre le conseil

que

je

vous avais

donné pour vous-même. Cependant

j'irai dîner aujourd'huichezle ministre de l'intérieur.J'en ai reçu l'invitation hier à 9 heures

du

soir. J'ai à luiparlerde plusieurs affaires et aussi de

mes

plai-sirs

^

c'est-à-dire des

moyens

de

me

procurer quel-ques

bonnes

espèces d'arbres à fruits de lapépinière nationale

pour

l'îlede la Félicité,carc'estle

nom que

je désire qu'elle porte. 11 n'y a pas

un moment

à perdre. Cette perspective de bonheur, dont vous êtes

1. Sans indication de lieu, ni de date, mais probablement deParisetdenovembre 1792;

passignée;

sans adresse;

pas oblitérée;

publiée dans laRevue desDeux Mondesavec

len" y. —Celte lettreale n"42 danslacollection Gélis-Didol.

2. En margedece passage, il y a le mot : inutile.

92

AMOUR

DE PHILOSOPHE.

le centre,

me dédommage

des tracasseries insépa-rables aujourd'hui desfonctions publiques;

quand

je suis

mécontent

des

hommes,

je m'enfonce en esprit dans lesvergers et les bocages.Il est

temps

de rendre

mon

asile digne de vous, en y réunissant tous les arbresfruitiers et toutesles fleurs que leclimatetle sol peuvent produire. J'attends avec impatience le

plan de M'.

Moreau pour

les

y

apporter.

D'un

autre côtéles affaires

du

jardin'

me donnent

de l'occupa tion.

Dimanche,

jedîne avec les administrateurs des travaux publics, qui doivent m'aider dans l'affaire

dela Ménagerie-.Enfin

mon déménagement

ajouteà

mes

embarras, car je désire coucher, après-djemain

^

à l'intendance^

Vous

jugez bien

que

tous cesobjets

me

distraient de

mes

plaisirs.

Rien n'est plus propre à

m'en dédommager, mon

enfant,

que

le plaisir de recevoir de tes nouvelles.

Ton âme

est faite

pour

la mienne, puisqu'elle est capable de bien aimer. Ce soir jecalmerai tes agita-tions en t'embrassant de tout

mon

cœur.

Tout

occupée de

ma

santé tu ne

me

parles point de la

1. Bernardin parle ici du Jardin des Plantes; il avaiten effet été nommé, le 1" juillet 1792 : Intendantdu Jardin des Plantes et du Cabinet d'Histoire naturelle. Il conserva cette fonction jusqu'au 10 juin 1793, d'après M. Maury; M. Large-main affirmequ'il l'exerçajusqu'au 8 juillet 1793 inclus.

2. C'esten cITet grâce auxdémarches de Bernardin qu'une ménageriefut annexée au Jardin des Plantes.

3. Lemot: aprèsa étéajouté au-dessus de laligne.

4. C'est l'Intendance duJardin desPlantes.

BERNARDIN

tienne. Conserve-la, en suivant

un bon

régime.

La

diète et la chaleur guérissent proraptement le

rhume. Cependant

je crois

que

le

mien

sera de quelquedurée, ainsi

que

tousceuxquej'ai eus :

mais

par cela

même,

il n'est point dangereux.

Le rhume

estpour

moi une

purgation,etj'ai

remarqué

qu'il

me

délivre toujours des

maux

de nerfs.

Calme donc

tes inquiétudes.

Ta

lettre pleine de délicatesse renferme des sentiments decrainte et de réserve\ qui

me

font dela peine. Sois contente

du

présent et espère

mieux

de l'avenir. Je t'embrasse,

mon

enfant, avec toutes les affections

que

tumérites et

que

tu m'inspires.

17.

DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE".

A

Mademoiselle Mademoisellefélicitédidot

chès M', didot lejeune, im.'primeur libraire^

quay

desaugustins

à Paris.

Je quitte

un mémoire

important

pour

répondre sur-le

champ

àvotre aimable lettre. Elle

m'a

fait plaisir, je croyais que

vous

m'aviez oublié et

que vous

ne

1.Les mots: de réserve, omis, furent ajoutés au-dessus de laligne.

2. DeParis;

sansdate, mais de novembre 1792;

pas signée;

porte une adresse;

oblitérée;—publiéedans la ReviiedesDeux Mondesd^yec le n" 10.

Cette lettre a le n" 46 dans lacollection Gélis-Didot.

94

AMOUR

DE PHILOSOPHE.

pensiez à

moi

que

quand

vous

me

voyiez'. Je croyais

même

que vousaviezquelqueautreaffection,etil

me

semblait que cette opinion n'était pas sans

fonde-ment;

je

me

rappelais des

marques

de familiarité, que la parenté

ou

des amitiés anciennes

peuvent

rendreindifférentes, maisquejetrouvais signifiantes dans la disposition d'esprit où j'étais.

lime

semblait enfin

que

je devais avoir recours à la philosophie, lorsque votre

amour

est

venu

rallumer le mien. J'ai reçu aujourd'hui, mardi, à onze heures

du

matin, votre

charmante

lettre

que vous

deviez

me

remettre dimanche, et

que

vous m'avez envoyée lundi. Elle a dissipé

ma

mélancolie ^. J'ai pensé

que

puisque je

vous

occupais dans vos rêves, vous pensiez aussi à

moi

étantéveillée. Puissé-je réaliser le

bonheur

dont vous vous formez de si douces images!

Mon

plus

doux

plaisir estd'ypenser.J'ai écrit à M^".

Moreau

sur le plan de l'île

une

lettre fort détaillée. J'aurais étéle voir si

mon rhume

opiniâtre n'avait pas redoublé.

J'ai

beaucoup

toussé hier toute la journée. Aujour-d'hui je

me

trouve mieux, je ne sors point et je prends de la tisane, afin de mûrir

mon rhume.

J'expectore et je respire plus librement.

Vos

lettres

hâteront

ma

guérison.

Donnez-moi un

détail de votre rêveà l'occasion de

mon

île, ils'ytrouverade

bonnes

1. Le mot: voyiez a été corrigé; on ne peut lire ce qu'il y avaitavant lacorrection.

2.En marge de cepassage il y a, écritau crayon: inutile.

idées àréaliser. Jevous exhorte seulement à corriger votre orthographe'.

Vous

m'écrivez, je vous prie, en grasse: c'est?»gr-âce^, telle qu'ilvous convientd'être.

Adieu,

ma

chère amie,je répondrai plus au long à laprochaine. Jevous embrasse detout

mon

cœur.

Milleamitiésà vos chers parents.

18.

DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE

^ A

la Citoyennefélicitédidot

a la papeterie

à Essonnes.

Jesuis trèstouchédes

malheurs

dece

bon

et infor-tuné Neuilly*. Si quelque considération pouvait tempérervotre douleur, c'est lesuccès de

mes

affaires.

Elles se dénouent, insensiblement, de la manière la plus agréable; je viens d'obtenir

une

indemnité de 2 mille livres,

indépendamment

de celle qui est en réquisition. Mais votre véritable consolationest

dans

l'exercice

même

de la vertu d'où

émanent

toutesles autres,je

veux

direla charité. Après enavoir fait

un

1. Bernardin écrit :ortographe.

2. Cesmots sont soulignés sur le manuscrit.

3. Sans indication delieu ni dedate; mais de Paris etde novembre1792;

pas signée;

porte uneadresse;

pasobli-térée;

publiée danslaRevuedes Deux Mondesavecle n"11.

Cette lettrea len" 43dans lacollection Gélis-Didot.

4. 11 est ici question de Neuilly Didot. frère de Félicité; il

mourutdes blessures qu'ilavaitreçues àJemmapes.

96

AMOUR

DE PHILOSOPHE.

apprentissage auprès de moi, vous en continuez les fonctions auprès d'un frère\

Ou

plutôt il

y

avait

longtemps que

vous y étiez exercée, par toutes les sollicitudes obligeantes qu'excitent en

vous

les souf-frances d'autrui; cultivez cette précieuse sensibilité :

elle fera votre bonheur. Je n'ai pas besoin devous dire qu'elle feralemien.

Ma

santé se soutient; cepen-dant j'ai encore de petits

mouvements

fébriles. Si vous êtes encore à Essonnes àla fin de la semaine prochaine, j'irai vous voir avec le cit. Moreau, qui

va donner

à

mes

ouvriers de quoi s'occuper

une

partiede l'hiver, tant

pour

achever l'intérieur de la

maison que

pour faire

un

jardin d'agrément devant sa façade

du

midi.

Ma

santé se renforce chaquejour, et à cette

époque nous

pourrions vous

ramener

à Paris,

pour

conclure

mon

bonheur.

En

attendant, j'ai terminé

mes

affaires avec les professeurs

du Muséum.

Je ne suis plus occupé

que du

soin de

déménager;

le voiturier

du

Cit.

Avard"

qui

m'a

remis votrelettre

m'a manqué

de parole,car

il n'estpoint revenu prendre

mes

effets. Jesuis bien embarrassé de ce transport. Mais auparavantilfaut

que

jevoie si toutestdisposé chez

moi pour

les rece-voir.

Vous

mettez

beaucoup

trop d'importance à

mon

1. En marge decepassage, il y a lemot: inutile.

2. Ce

nom

n'est peut-être pas exact, le manuscrit étant difficileàlireàcet endroit.

nom. Pour

moi, c'est vous que je

veux

épouser.

Adieu,

mon

amie, rien ne

manque aux

sentiments d'amour etd'estime

que

je

vous

porte.

19.

DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE *.

A

Mademoiselle Mademoisellefélicitédidol chez M'',didot lejeuneimprimeur libraire

quay

des auguslins à Paris.

J'avais

du monde,

hier,

quand

votre

commis-sionnaire est venu.Je n'ai

pu vous

témoigner

sur-le-champ

tout - l'intérêt que je prends à votre santé.

Vous

avezpris votre

rhume

chez moi.

Vous

avezpart à

ma mauvaise

fortune, ainsi que

vous

l'aurez à la

bonne, s'il plaît à Dieu.

Mon

amie, tout l'espoir de