plaindre de moi, de te persuader quece n'est paspar défaut
d'amour
que j'aimanqué,
et alors je ne res-sentirai de peine quecelle quejet'auraicausée.Il est midi, et la douce espérance de te voir dans
deux
heures, répand dansmoi un
contentement secretque je ne saurais peindre; ce n'est pointune
joiebruyante, mais
une
joiepure etaussi attrayante que la mélancolie, que ton absencey
portait avantque
tes doutes m'eussent affligée, le plaisir de te revoir, de t'embrasser, de te presser-surmon
cœur.quiparle de « faveurs superficielles », et qui a été lue par MmeDidol;—signée;
—
sans adresse;—
pasoblitérée;—
publiée danslaRevuedesDeux Mondesaveclen° 20.—
Cette lettreale n» 36 danslacollection Gélis-Didot.1. Ce mota été corrigé.
2. Motcorrigé; Félicité avait écrit :serrer.
Mais?...jedoute
que
jepuissegoûter cedoux
plaisir, étant très persuadée quemaman
a décachetéune
de tes lettres, et précisément celleoù
tu parles de faveurs arrachées; j'aimême remarqué
en elle depuis cetemps un
peu d'humeur,et je pense bien, d'après cela, qu'ellevanous
quittermoins
quejamais.Il n'est qu'un
moyen
d'échapper à cettegène, c'est de finir lepluspromptement
possible.J'ai parléà S' Léger sur ce quite fait de la peine;
son défautn'estpas de se perdreen réponse d'amitié, mais je crois cependant qu'il
y
aura égard. Adieu, cher époux, jet'embrassecomme
je le ferai alors, en attendant que je t'embrasse encore; bientôtcomme
amante.
FÉLICITÉ.
35.
—
DE FÉLICITÉ DIDOT*.Au
Ciiotjen S' Pierre auleur des Eludesde la nature à Vinlendance du jardin des Plantes,Es-tu
malade mon
ami,pourquoi as-tu précisémentmanqué
de venir lejour que ton épouse future avait1. Sans indication de lieu, nide date, mais proi^ablcment postérieure à mai 1793;
—
sifrnée;—
porte une adresse;—
ohiitérée;
—
publiée ilans laUevuc des DeuxModules avec le n" 21.—
Celle lettre a le n° 37dans lacollection Gélis-Didot.134
AMOUR
DE PHILOSOPHE.leplus besoin* de toi.J'aipassé la plus malheureuse journée qu'il soit possible, j'en suis encore toute troublée, à peine sais-jece quej'écris....
J'ai
vu
aujourd'hui ce qui peut m'arriver de plusmalheureux
après la perte de ton amitiéque
je mets au-dessus de tout, j'aivu
la dissensionparmi mes
frères,
moi
qui mettais toutema
joie à les voir bien ensemble;mon
père hors de lui de voirune
pareille scène, etmaman
parlemême
sujet dansl'étatle plus pitoyableoù lesattaques de nerfsl'aientjamais mise;moi
seule, hélas, avais conservé assez de sang-froid pour sentir toute l'horreur d'une pareille scène;cer-tainement en pareil cas
un
long évanouissement m'eût été plus heureux.Bon
dieumon ami que l'homme
est effroyable et méprisable dans les excès d'emportement, etcombien
peu alors nos larmes etnosprières sont écoutées.
Je te révèle là des choses dont je ne devrais pas t'importuner et que je devrais
môme
cacherpour
l'honneur demes
frères, mais tu es tout pour moi, après Dieu tu es toutema
consolation; tu es- plus pourmoi
quepère,mère
etfrères. C'est toi qui réunismes
affections les plus tendres, c'est de toi que jevoudrais des conseils, car je sens toute l'horreur
du
procédé demes
frères sans pouvoir la leur faire par-tager, etcependant toutmon
désir serait de les voir1.Après : besoin, ily a dans letexte deux motsrayés.
2. Félicitéavait d'abord écrit : tum'es; ellea rayé Vm.
réconciliés. Mais! Dion
ami
je sensque
je dois te fatiguer,tu as tant d'autres têtesexaltées parle cha-grin qui s'adressent à toi,sûrement
tu nepeux
temettre à
ma
place et sentircombien
j'ai lieu d'être désolée;mon ami pardonne-moi
en faveur demes
peines, je ne devrais pas t'en
ennuyer
toi qui seul faismon
bonheur.Cejeudi à minuit.
F^^ DiDOT.
36.
—
DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE\J"ai écrit
au
Ministre de la guerreune
lettre en faveur de ton frère. J'y ai passéune
partie dema
matinée. Je voulais en écrire
une
autre à ton frère S' Léger sur l'événementdont
tume
fais part, maisj'ai cruquece serait tecompromettre
car il pen-seraque
tum'en
as instruit. Je trouve plus conve-nablequetu lui enécrivestoi-même
avec cette dou-ceur qui estle fondde ton caractère et qui étantun
jourdéveloppéedoitfaireton
bonheur
etcelui de tout cequi t'environne.Engage-le
donc
par ce qu'il doit à son père de lui écrire surlesreproches qu'ila à sefaire par rapportà1. Sansindication delieu, ni de date; mais postérieureà la précédente, à laquelle elle répond;
—
pas signée;—
sansadresse;
—
pasoblitérée;—
inédite.—
Cettelettresetrouveà laBibliothèque du Havre(dossier li4, p. 27 et 28).136
AMOUR
DE PHILOSOPHE.son frère.Dis-luiceque t'inspireraIon
cœur
et tu lepersuaderas, peins-lui l'étatdeta mère,letien'. Rap-pelle-luique sonpère est l'arbitre de son
bonheur
etque
son retour vers son frère ramènera son père à lui. Voilà,ma
chère amie,une œuvre
dignede toi :une femme
doit êtreun
ministre de paixparmi
deshommes
furieux *. C'estpour
calmer " les passions violentes deshommes,
que la nature adonné
pourarmes aux femmes,
des traits* doux, une voix tou-chanteetdeslarmes.Ne
te glorifiedonc
point avecmoi
de la force de tes bras, tunepeux
triompherque parta faiblesse.Tu
sentiras de jour en jour,ma
tendre amie, leprix
du bonheur
de l'intimité et de la solitude. Lesévénements
d'hier t'en ontdit plus quema
lettre.La
tiennem'atouché. Plusje teconnais plusje tetrouve digne demon amour
et demon
estime. Exerce-toidonc
à de douces vertus,comme sœur
etcomme
fille,non
quejeveuille les mettrejamais à l'épreuve mais afin quejet'en puissedonner
larécompenseun
jourcomme
ton époux. Puissé-jeun
jour tefairetrouver enmoi
ainsi quetu le dis, père, mère, frère.Un
mari doit être toutcelaetencorequelque chose deplus. Je t'embrassecomme
tu méritesd'êtreembrassée.Adieu,1. Après : lien, il y a deux mois rayés : dis-ltti.
•2.Le mol : furieuxestdifficileà lire.
;!. Le mol :calmer esl raturé.
4. Après : Irailsil y a un motrayé, illisililc.
i
mes amours;
confie-moi toujours tes peines, et tes plaisirs. Corrigedonc
ton orthographe,—
tu doisdire j'ai vu^ etnon
j'ai vue—
scène,heu
où se passeun événement
etnon
seine, rivière; je révelle etnon
je rtivel; jedevraiscache}' àl'infinitifetnon
cachéau
par-ticipe; ï horreuretnon
Vhorreure....Au
reste talettre est pleine de sentiment, de jugement, et de grâcedans
lestyle.Tu
n'as àréformerque depetits défauts, pourquoi les négliger"-?Embrasse-moi
et nete fâche pas dema
critique.37.
—
DE FÉLICITÉ DIDOT".Au
Ci Si-Pierre auger, aud'Essonnes,
A
Essonnes^.Je
t'avais dit en plaisantant que je t'écrirais si j'étais en train, maisquand
jesuis éloignéede toi jene sens que trop la nécessitéde le faire. Jedésirerais aussi avoir de tes lettres,mais jecrains
que
tes occu-pations ne te le permettent pas, va! je n'en serai pasi. Cesmotssontsoulignésdansle texte.
2. Après:néfjli;/er? il y aun mol rayé: ne.
3.De Paris probablement;
—
du 8 juin 1793;—
signée;—
porte une adresse;
—
pas oblitérée;—
inédile en partie, M. Largemain'en ayant cité un passage.—
Celle lettre se trouve à la Uibliotlièque du Havre (dossier 201,p.24).4. La partie de la lettreoù setrouve l'adresse est miililéc.
138
AMOUR
DE PHILOSOPHE.pour cela
moins
sûre de tonamour,
j'ose à présent véritablementme
flatterquetu m'aimes,on
n'est passi aimable sans cela.
Dans une
seule chose tu n"es pas siempressé que moi,et jenesais à quellesbonnes
raisons* attribuer cela, pourmoi
je serais vraiment bien malheureuse si je m'étais trompée, car je n'en-trevois d'autrebonheur
que de passerma
vie avec toi.]*Je suis impatiente d'apprendre
comment vont
testravaux et l'accueil que t'aura fait
mon
frère, j'éprouveune
sorte de peine qu'une^ habitation qui semble*se former pour tonbonheur commence
par^te causer tant d'embarras; enfin Dieu veuille que tu en sentes
mieux
^après leprix d'y être tranquille et puisse ta Félicité te faire oublier toutes ces petites contrariétés.Je suisaujourd'hui toute
mal
àmon
aise, j'aiassezmal
dormi, et lematin
enme
levant sur les quatre heures, ilm'a
prisune
faiblesse avecun
léger frisson dont je ne suis pas encorebien remise; taprésence' sans douteme
guériraitdecettepetite^indisposition, puisque le seul plaisir de t'écrireme
la fait oublier;1. Lemot : raisons est raturé.
2. Passage publié par M. Largemain.
3.Après : une, il y a un motrayé, illisible.
4.Après :semble,il y a unmotrayé,illisible.
î>. Le mot :pai'est répété.
6.Lemot : mieux, oublié, a étéécritau-dessus de la ligne.
1. Lemot : présence estraturé.
8. Le mot:petite estraturé.
adieu parfait amant,
dans mon
état de souffrance je prieDieuqu'ilteconservela santé etsuis toute à toi.FÉLICITÉ.
Ce samedi 8 juin 1793.
38.
—
DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE*.J'ai fait ta
commission
auprès de ton amie,ma
chère Félicité. Je techarge
maintenant
d'en faireune pour
moi, c'est de prendredans
les papiers la -com-mode
de lachambre où
jecouchais,deux parchemins
dont l'un estmon
brevet de pension sur le trésor royal et l'autre celui d'intendant.Tu
les donneras à tonfrère DidotAudran
". J'en aiun
besoin pressant*.Nos
affaires s'acheminent àun prompt
et heureux succès, il étaitsurvenu
quelques difficultés à l'occa-sion deta dot, car je ne voulais pas qu'elle fût rem-boursable qu'avecun
bien-fonds'; et c'estsur® quoi tonpapa
a consenti oupour mieux
dire a prévenu1.De Paris;
—
du8octobre174(3;—
passignée;—
l'adresse est mutilée, on lit seulement:félicité didot....sonnes;—
c'est la dernière lettre,écrite avant le mariage,que nous connais-sions;—
publiée dans la Revue des Deux Mondes avec le n"22.—
Cettelettreporte len"oldanslacollectionGélis-Didot.2. Le mot: la estraturé.
3. C'était l'aîné des enfants de Pierre-François Didot et de sa première femme.
4.On lit: non, en margedece passage.
5. Cela s'explique puisqu'onusait,dans unegrande mesure, des assignats, à cette époque.
6. Suraété écrit au-dessus d'un mot rayé.
140
AMOUR
DE PHILOSOPHE.mon
intention.Le
notaire n'avait paslevé cette diffi-cultéet je luien témoignaimon étonnement
lorsqu'ilme
lut, àmon
arrivée à Paris', les conditionsdu
contrat. Maintenant je n'en prévois plus de celte nature. Jedonne
aujourd'hui à dîner à ton papa etau
Cit. Brunetière, afin de disposer tout de lamanière la plus
prompte
et suivant les lois.Quand
tout seraarrangéj'irai faire
un
tour à Essonnes,etce pourra êtrevers lafindecette semaine. Alors tu t'en reviendrais avec tamaman pour
signerlecontrat, etnous
présenter à la municipalité. C'estune
question que le Cit. Brunetièrenous
décidera savoir si lemariagedoit se faireàEssonnes
ou
à Paris.Je viens defaire partir
une
voiture demeubles par la voiture àchaux du
Cit. Avard. Prie tamaman,
dema
part, d'y avoir l'œil, ainsi que sur cellequeje dois fairepartirvers la fin de la semaine, encas qu'il neme
fûtpaspossibled'aller àEssonnes. Ilestessen-tiel quela cave au vin ferme bien, car j'y dois faire déposer plusieurs ustensiles de fer qu'il est aisé de détourner, et qui coûtent cher. Je la prie aussi de jeter
un
coup d'œil sur le fruitier, car c'est là qu'est notre provision d'hiver.Tu
pourrais aussi ydonner
ta surveillance, car je travaille principalement pour
toi quiaimes les
pommes.
Je t'embrasse de tout
mon
cœur,ma
tendre amie.1.AParis: ces mois, oubliés, onttHé ajoutésau-dessusde la liïïiie.
Tu
esle centre où jeramène
tousmes
projets de for-tune, d'occupations et de plaisir.Indépendamment du
soin de faire transportermes meubles
dans ta maison, de disposer ici toutes choses pour qu'à ton arrivée tu n'aies plus qu'à passer dansmes
bras, de recueillirlesanciens bienfaits dont jejouissais avantla révolutionafinde
nous
assurerlesP"
besoins de la vie(etcetteespéranceest surlepointde se réalisercar jeviens de remettre la plupartdemes
titresdans lesbureaux oùj'ai de bonsamis), malgré,dis-je, tousces embarrasquiont
pour
butnotre'bonheur,jem'occupe encoredu
soin deme
procurer-les arbres,arbrisseaux etplantes que jedois planter vers la S' Martin, afin degagnerune
année de jouissance sur l'avenir.Que
Dieudonc
comble toncœur
delamême
joiedontle
mien
estrempli,carje lui aidemandé
souvent,comme
leplus
grand
des biens de cemonde, une
retraiteàlacampagne
avecune femme
quite ressemble.—
Adieu,ma
tendre amie. Milleamitiésà tamaman.
A
Paris cemardi
8 8''"' 1793 l'an 2 de la Rép.une
etind. envoie-moi
un morceau
de sucre".1. Notrea clé écritau-dessus du mot : ton,rayé.
2.Les mots:meprocurer oniéiéécritsau-dessus d'unmolrayé.
3.Après lemot :sucre,il ya :carj; cesmotsontétérayés.
Bernardin n'ayant plus voulu continuer sa lettre, que l'on doit considérer
comme
se terminant là, bien que le basdelapage soitdéchirée après ces mots.