• Aucun résultat trouvé

Nous avons déjà pu remarquer que le nombre de cotes figurant dans l’Etat Général des Sources est très différent d’un fonds d’archives à l’autre, mais que cela ne permet pas pour autant de juger du potentiel informatif de ces différents fonds. Ce n’est qu’à l’issue de l’ensemble de la procédure d’Inventaire-Collecte-Analyse-Traitement qu’il est possible de connaître la nature, ainsi que l’utilité des informations apportées par chacun des fonds exploités.

La nature des informations présentes a déjà été décrite aux paragraphes précédents. En re- vanche, nous n’avons pas encore réellement quantifié le volume d’information, au sein de chaque fonds, qui a finalement été valorisé et a permis la constitution des chroniques de crues historiques, qui seront présentées au chapitre suivant.

L’ensemble des références documentaires, identifiées lors de la phase de collecte et décrites dans la base de données, n’ont en effet pas nécessairement été valorisées lors des étapes suivantes de la reconstitution historique. La phase d’analyse a par exemple permis le recoupement et la critique de ces références, et donc l’abandon de certaines d’entre-elles. La redondance fréquente de l’information d’une référence à l’autre a alors pu constituer un moyen de confirmer l’information. A l’issue de cette phase d’analyse, les informations recueillies et jugées fiables, ont permis de dresser un inventaire des dates des crues importantes sur chaque cours d’eau étudié.

Ce n’est que par la suite, lors de la phase de traitement, que l’estimation du débit des différentes crues identifiées a été entrepris. Lors de cette phase, seule une petite partie des références do- cumentaires retenues à l’issue de l’analyse ont été utilisées. En effet, beaucoup de ces références fournissaient des informations redondantes, et la nature de cette information était rarement adaptée pour l’estimation du débit. La reconstitution du débit de pointe des crues historiques nécessite en effet des informations très spécifiques sur le niveau atteint par les crues, les sections d’écoulement et la topographie du cours d’eau notamment, et beaucoup de références à caractère purement qualitatif n’ont par conséquent aucune utilité lors de ce travail.

8

L’utilisation de la base de données des références permet de retracer l’évolution des documents utilisés au cours de la procédure d’Inventaire-Collecte-Analyse-Traitement. Les cotes de l’EGS retenues en phase de collecte sont aisément identifiables car elles ont été décrites dans la base de données sous forme de références documentaires. De plus, les références retenues et utilisées lors des phases d’analyse et de traitement ont également été repérées dans la base de données. Il est donc possible de recenser, à chaque étape de la recherche historique, les références documentaires qui ont été valorisées. Les références retenues lors de la phase d’analyse représentent la totalité des documents ayant fourni une information jugée fiable, même minime, sur les crues. Parmi ces documents, les références utilisées lors de la phase de traitement représentent les documents réellement utiles pour l’établissement des chroniques de débits de pointe des crues historiques.

Cet exercice d’analyse a posteriori des informations tirées de chaque fonds d’archives présente un intérêt méthodologique important, dans la mesure où il est susceptible d’identifier les fonds qui regroupent la majorité de l’information concernant les crues, dans le cas des petits cours d’eau, qui, nous l’avons vu, constituent un cas particulier par rapport aux travaux antérieurs.

2.4.1 L’intérêt limité de certains fonds d’archives pour l’étude des petits cours d’eau

Le tableau 2.1 permet, dans un premier temps, d’examiner les cotes de l’EGS qui ont été sélectionnées à l’issue de la phase de collecte. Ce tableau présente la répartition, par fonds documentaires, des cotes dont l’intérêt a été jugé réel, et qui sont donc devenues des références documentaires décrites en détail dans la base de données. La lecture de ce tableau montre par exemple que parmi les cotes identifiées aux archives de la DDE, la quasi totalité (62 sur 66) ont été jugées dignes d’intérêt après consultation, ce qui témoigne de la qualité informative des fonds conservés dans ce service. Aux archives départementales, un grand nombre de cotes sont jugées inutiles après consultation, mais le nombre de cotes finalement retenues reste très élevé (117). Le fonds Maurice Pardé comprend également un nombre significatif de cotes présentant un intérêt (20 au total soit la moitié environ des cotes identifiées dans l’EGS). En ce qui concerne la BNF, l’ENPC, et les Archives Nationales en revanche, le nombre de cotes retenues après la phase de collecte s’avère déjà très faible. Il convient de préciser que dans le cas de la BNF, les cotes relatives à la presse régionale n’ont pas été incluses dans l’EGS (il en est par ailleurs de même pour les Archives départementales). On peut aussi remarquer que dans le cas des Archives Nationales la quasi totalité des cotes identifiées a été éliminée après consultation, alors que le nombre de cotes identifiées au départ était relativement élevé.

Le tableau 2.2 permet de poursuivre l’analyse en présentant l’utilisation qui a été faite des références documentaires lors des phases d’analyse et de traitement. Il convient de remarquer que, dans ce tableau, une référence documentaire unique, mais se référant à plusieurs cours d’eau, a été comptée autant de fois que de cours d’eau concernés. Pour cette raison, le nombre total de références documentaires présentées est différent dans les tableaux 2.1 et 2.2. Il apparaît très

Nombre Nombre Nombre

Fonds de cotes de cotes de références

documentaire identifiées retenues documentaires extraites

dans l’EGS après collecte des cotes retenues

Archives départementales de l’Aude 419 117 123

Archives de la DDE 66 62 89

Archives nationales 89 12 13

Bibliothèque Nationale de France 12 7 7

Fonds M.Pardé 46 20 24

Fonds historique de l’ENPC 20 4 5

Total 652 222 261

Tab. 2.1 – Répartition, par fonds documentaire d’origine, des cotes de l’EGS ; Nombre de cotes jugées intéressantes après la phase de Collecte ; Nombre de références documentaires définies à partir de ces cotes.

nettement dans le tableau 2.2 que les apports des Archives Nationales (2 références valorisées au total), de la BNF, du fonds historique de l’ENPC, se sont avérés tout à fait marginaux (de 0 à 3 références documentaires effectivement valorisées) lors des phases d’analyse et de traitement, ce qui confirme ce que l’on pouvait déjà supposer à l’issue de la phase de collecte : il semble que ces fonds regroupent majoritairement des documents de portée assez générale, et ne sont donc pas à même de fournir des informations précises et détaillés sur des cours d’eau d’aussi petite taille que l’Orbiel, la Clamoux, la Salz, ou le Lauquet. On peut remarquer que dans le cas de l’étude de l’Ardèche, cours d’eau beaucoup plus important, les résultats étaient tout à fait différents : le fonds de l’ENPC par exemple avait permis de retrouver des documents très précieux concernant la topographie ancienne du cours d’eau [Naulet, 2002].

Le tableau 2.2 confirme également que les fonds des Archives Départementales et de la DDE se sont avérés tout à fait déterminants, puisque plus de 90 références ont pu être valorisées dans chacun de ces fonds lors de la phase d’analyse. Toutefois, une bonne partie des références initialement identifiées n’ont finalement pas été utiles en phase de traitement, ce qui illustre la nécessité d’effectuer un tri au sein de fonds d’archives relativement riches en information.

2.4.2 Le nombre limité et le regroupement des cotes contenant l’essentiel de l’information

De façon à affiner l’analyse précédente, il est possible d’examiner l’origine (quelles séries ? quels types de fonds ? quels services producteurs ?) des documents issus des Archives Départementales et des archives de la DDE, valorisés lors de la phase de traitement (phase qui a donné lieu à l’estimation des débits de pointe des crues historiques). Certaines séries de documents s’avèrent elles plus riches que d’autres ? Une méthode peut elle être définie pour le choix des cotes à inclure dans l’EGS ? Puis par la suite pour l’ordre de consultation de ces cotes ?

Nombre Nombre Nombre

Fonds total de de références de références

documentaire références utilisées pour utilisées pour

documentaires l’inventaire les chroniques

des crues de débit

Archives départementales de l’Aude 164 90 23

Archives de la DDE 139 92 56

Archives nationales 17 5 1

Bibliothèque Nationale de France 11 0 0

Fonds M.Pardé 38 7 2

Fonds historique de l’ENPC 8 0 0

Total 377 194 82

Tab. 2.2 – Répartition, par fonds documentaire d’origine, des références documentaires : Réfé- rences utilisées pour l’inventaire des dates de crues (phase d’Analyse) et références utilisées pour l’élaboration finale de la chronique de débits (phase de Traitement)

Nombre dont dont dont dont dont

Cours total de série S série S série O autres séries archives

d’eau références Service Service Service aux archives DDE

valorisées Hydraulique Ordinaire vicinal départementales

Orbiel 18 6 0 1 0 10

Clamoux 13 2 0 0 0 11

Salz 27 1 1 2 1 21

Lauquet 24 4 0 3 2 14

Total 82 13 1 6 3 56

Tab. 2.3 – Répartition, en fonction de leur provenance, des références documentaires utilisées pour l’élaboration finale de la chronique de débits historiques des quatre cours d’eau étudiés

Dans le cas des Archives départementales, le cadre de classement précis permet d’identifier fa- cilement les séries documentaires qui ont fourni l’information déterminante pour la reconstitution des historiques de crues, ainsi que les services producteurs de données associés : le tableau 2.3 montre que pour chacun des cours d’eau étudiés, ce sont les séries S (pour la part provenant du Service Hydraulique des Ponts et Chaussées) et O (part provenant du Service vicinal), qui ont fourni la plupart des références valorisées. A ces références s’ajoutent uniquement quelques rares références issues de la série M, contenant le détail des télégrammes envoyés à la préfecture, lors de chaque crue, par les services des Ponts et Chaussées, avec indication des cotes atteintes à différentes échelles. Curieusement, les fonds de la série S provenant du Service Ordinaire des Ponts et Chaussées n’ont fourni que très peu de références valorisées. Ceci s’explique toutefois aisément par le fait que les cours d’eau étudiés ne sont pas traversés par les grands axes de communication (Routes Nationales, voies de Chemin de Fer, etc..) dont le service ordinaire des Ponts et Chaussées était le gestionnaire.

Les archives de la DDE, pour leur part, ont fourni un nombre de références généralement important, par comparaison aux Archives Départementales. Toutefois il est important de remar- quer que ces références incluent, dans chaque cas étudié, 5 à 9 références relatives aux stations limnigraphiques (classeurs de relevés limnigraphiques et descriptifs des stations et des jaugeages effectués), qui ne constituent pas réellement une information “historique”.

Si le nombre de références issues des Archives départementales pourrait, par comparaison, paraître faible, il ne faut pas en conclure trop hâtivement que l’apport de ce fonds soit marginal. En dépit des apparences, ce sont bien les Archives Départementales qui ont fourni une grande partie des cotes de crues historiques ainsi que les éléments de topographie, ayant permis de réaliser des estimations de débits. Les références valorisées se sont effectivement avérées peu nombreuses, mais extrêmement riches en information. Dans le cas de la Salz, les fonds de la DDE ont également fourni un grand nombre de cotes de crues historiques, du fait de la présence des registres complets de lectures d’observateurs à l’échelle de Couiza, à partir de 1932. Toutefois ce cas peut être considéré comme une exception (la Salz faisait déjà partie du réseau d’annonce des crues à cette époque, ce qui est rare pour des cours d’eau de si petite taille).