• Aucun résultat trouvé

La présentation des données recueillies suite à la crue de 2002 dans le Gard, tout comme les quelques informations concernant les crues des quatre bassins Audois que nous avons choisis d’étudier, permettent de comprendre le problème posé par le manque de données concernant les crues éclair. Les quelques événements récents, même lorsqu’ils ont fait l’objet de mesures permet- tant d’évaluer leur débit, n’ont souvent aucun rapport avec les événements connus par ailleurs. Et lorsque, par chance, d’autres événements d’intensité similaire sont connus, la proximité dans le temps de ces crues amène à douter de leur rareté.

Dans tous les cas, le seul moyen de préciser notre connaissance sur l’occurrence des crues éclair est d’augmenter la période d’observation, et d’estimer, sur cette période assez longue, les débits des principales crues qui se sont produites. On ne peut guère espérer déterminer la crue centennale avec précision, sans disposer au minimum de deux siècles d’observations. . .

Par la suite nous allons donc tenter de reconstituer l’information nécessaire à une meilleure compréhension de l’occurrence des crues, sur les bassins auxquels nous nous intéressons. La mé- thodologie utilisée pour la recherche d’informations historiques, qui s’est inspirée des précédents travaux menés en France, va être décrite dans un premier temps, puis les résultats de la collecte d’informations seront présentés, ainsi que les enseignements qui peuvent en être tirés.

Nous avons vu qu’une condition importante pour la valorisation des données historiques est de disposer d’informations quantifiées (estimations des débits). Un chapitre sera par conséquent consacré à la manière dont les informations historiques collectées, à dominante qualitative, ont été traitées de façon à reconstituer les débits de pointe des différentes crues historiques. Nous verrons également comment l’incertitude associée à ces estimations de débits a pu être évaluée.

Enfin, une fois reconstituées, ces informations seront valorisées au travers de statistiques concer- nant l’occurrence des crues. Ce point sera traité dans le dernier chapitre de ce mémoire. Deux questions essentielles y sont abordées : tout d’abord, les données historiques reconstituées peuvent elles améliorer notre perception de l’occurrence statistique des crues éclair ? D’autre part, dans quelle mesure l’imprécision de ces données historique limite-t-elle leur apport ?

La collecte de l’information historique

concernant les crues : éléments

méthodologiques, et sources

documentaires utilisées pour l’étude des

petits cours d’eau Audois

2.1

Introduction

A l’inverse des grands fleuves pour lesquels de longues chroniques de crues historiques existent souvent, nous avons pu voir au chapitre précédent à quel point la mémoire collective s’avère limitée en ce qui concerne les crues des petits cours d’eau. Seules quelques crues historiques sont généralement connues, grâce à la présence de repères de crues ou aux témoignages des riverains, et cette mémoire ne remonte que très rarement plus d’un siècle en arrière. De plus, elle est rarement exploitée dans les études statistiques. La connaissance de l’aléa lié aux crues éclair est, de ce fait, très limitée, et cette méconnaissance de l’aléa constitue un frein sérieux à la mise en place des politiques de prévention.

Il est pourtant possible, par des recherches en archives, d’essayer de “compléter” notre connais- sance de l’histoire des crues, et de l’aléa associé. En effet, si la mémoire collective et immédiate des événements a été perdue, différents fonds d’archives renferment toujours les observations, re- levés, études, dossiers d’indemnisations et de réparations de dégâts éventuellement établis après chaque crue. Il est donc envisageable de retrouver ces documents, puis de les exploiter et les critiquer de façon à disposer d’un recensement aussi exhaustif que possible des crues historiques, et de leur débit de pointe. Dans ce travail, une difficulté vient très souvent de la multiplicité et du volume des fonds d’archives à exploiter. En effet, les cadres de classement existant ne permettent pas de guider directement la recherche vers les fonds qui concentrent l’information sur les crues.

Il est donc nécessaire d’identifier ces sources d’information, en réalisant un large balayage des fonds susceptibles de les contenir. Il s’agit là d’une véritable recherche d’historien.

Des expériences de ce type ont déjà été menées en France dans le passé. Elles ont souvent été réalisées avec le concours d’un historien, et ont permis de fixer un cadre méthodologique précis, permettant notamment de connaître les fonds d’archives dignes d’intérêt et de guider l’exploitation de ces fonds. Des expériences existent également à l’étranger mais sont moins valorisables dans le cas de l’étude des cours d’eau français, du fait de la spécificité des fonds d’archives de chaque pays. Ces expériences étrangères apportent toutefois quelques enseignements méthodologiques utiles.

Très peu d’expériences existent toutefois en ce qui concerne les cours d’eau de petite taille. Les quatre cours d’eau affluents de l’Aude, que nous avons décidé d’étudier, correspondent justement à ce cas précis : tous ont une surface de moins de 200 km2. Pour ces cours d’eau, même si la connaissance de l’aléa ne semble pouvoir être précisée que par le recours aux archives, il n’est pas possible, a priori, de dire quelle quantité d’information les archives sont suceptibles de fournir. La recherche que nous avons menée, et qui est présentée dans ce chapitre, constitue donc un essai prospectif permettant d’évaluer l’intérêt d’une recherche historique, dans le cas de petits cours d’eau.

Après une synthèse bibliographique des travaux antérieurs et de leurs apports, la méthodologie de recherche que nous avons retenue va être exposée. Les fonds d’archives mis à profit seront ensuite présentés de façon détaillée et critique, en mettant l’accent sur les informations qu’ils ont apportées, ainsi que les services qui les ont produites. Enfin, une analyse de l’origine des docu- ments finalement retenus et exploités pour la reconstitution des historiques de crues, permettra d’identifier les fonds d’archives contenant l’essentiel de l’information historique, dans le cas des petits cours d’eau.