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2.2 Travaux antérieurs de reconstitution d’historiques de crues

2.3.4 Les Archives Nationales

Les archives nationales regroupent, dans la série F, l’ensemble des versements effectuées par les ministères depuis la fin de l’ancien régime. Trois sous séries présentent un intérêt potentiel pour l’étude des crues :

– la série F10, relative au ministère de l’Agriculture – la série F14, relative au ministère des Travaux Publics

– la série F20, dénommée “Statistiques”, provenant du ministère de l’Intérieur et du ministère du Commerce et des Travaux Publics.

Le très grand nombre de cotes présentes (en particulier pour la série F14 qui en comporte plus de 22000) rend la recherche dans ce fonds relativement laborieuse. En effet, celle-ci peut s’effectuer à la fois au travers d’inventaires complets, mais très volumineux, ou bien grâce à des inventaires thématiques, mais qui ne concernent en général qu’une partie du fonds (plus de 20 inventaires différents pour la série F14). Quelques uns de ces inventaires thématiques se sont tout de même avérés particulièrement utiles, par exemple celui intitulé “Moulins et usines hydrauliques situées sur des cours d’eau non navigables ni flottables”, établi en 1981, qui ne concerne qu’un nombre de cotes très limité de la série F14, mais comporte un classement par nom de cours d’eau qui facilite grandement la recherche.

Par ailleurs, nous devons ici signaler qu’une partie du fonds des Archives Nationales, situé au Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau, n’a pas été exploité. Ce fonds ne présente en effet aucun inventaire, en dehors des bordereaux de versement. De plus, il n’est accessible

qu’en petite partie. Ce fonds comporte probablement des documents concernant l’hydrométrie et la météorologie. Il comprend en particulier une importante quantité de documents versés par Météo-France.

2.3.4.1 La série F14

Cette série présente l’avantage d’avoir intégré les multiples évolutions à l’origine de la création du ministère des Travaux Publics. En effet les services de Ponts et Chaussées dépendaient à l’origine du ministère de l’Intérieur, et ont à plusieurs reprise changé de tutelle avant la création définitive du ministère des Travaux publics en 1836. Par la suite ce ministère a continuellement évolué, intégrant puis se séparant des attributions liées à l’Agriculture et à l’Industrie notamment. La série F14 regroupe finalement l’ensemble des documents versés par l’administration des Ponts et Chaussées, indépendamment de ces évolutions. La seule exception concerne les archives des bureaux finalement passés sous tutelle du ministère de l’Agriculture (Ministère plusieurs fois regroupé avec les travaux publics jusqu’à sa création définitive en 1881), qui ont constitué la série F10.

a Les dossiers des Ingénieurs des Ponts et Chaussées

La série F14 est tout d’abord constituée, pour un part importante, des dossiers individuels relatifs aux personnels du ministère et notamment (les plus abondants) aux ingénieurs des Ponts et Chaussées. Le contenu de ces dossiers a été examiné pour une dizaine d’ingénieurs des Ponts et Chaussées ayant exercé au XIXeme siècle dans l’Aude. Ces dossiers auraient en effet pu contenir certains des rapports techniques marquants établis par chacun de ces ingénieurs. En réalité les dossiers consultés se sont avérés avoir un caractère purement administratif, et la recherche dans cette voie a par conséquent été rapidement abandonnée. Ces dossiers ont tout de même largement contribué à reconstituer l’historique des services des Ponts et Chaussées dans l’Aude, les décisions de nomination des ingénieurs successifs étant généralement accompagnées d’un descriptif des attributions du service concerné. C’est ainsi que l’on voit apparaître dès 1850 le service Hydraulique des Ponts et Chaussées, puis dès le début du XXeme siècle le service Hydrométrique, qui devient par la suite service Hydrométrique et d’Annonce des crues.

b Les archives du Conseil Général des Ponts et Chaussées

La série F14 renferme également l’ensemble des archives du conseil général des Ponts et Chaussées. Ce fonds se présente sous forme de registres annuels (complets depuis 1814) incluant d’une part l’enregistrement des affaires soumises au conseil, et d’autre part les délibérations correspondantes. Aucun classement thématique ou géographique n’existe. La consultation de l’ensemble de ces registres n’a pas été entreprise, l’apport de ces dossiers paraissant très incertain et relativement marginal (au mieux quelques affaires relatives aux cours d’eau de l’Aude, sans certitude de disposer du détail technique du dossier). Ce choix est d’autant plus justifié que certaines des affaires qui ont été examinées par le Conseil Général des Ponts et Chaussées ont été

retrouvées par ailleurs, dans d’autres cotes des séries F14 et F10 (sans garantie d’exhaustivité toutefois).

c L’organisation des services locaux

La série F14 présente également quelques cotes relatives à l’organisation des services locaux. La consultation de ces dossiers (ainsi que des dossiers individuels des ingénieurs des Ponts et Chaussées), a permis de retracer rapidement un historique certes incomplet, mais très utile, des services ayant pu produire des données dans le département de l’Aude.

Le service Hydraulique des Ponts et Chaussées existait notamment dès 1850. Il était basé à Montpellier et avait en charge les départements du Gard, de l’Hérault et de l’Aude. Ce service était très probablement relayé localement par les services ordinaires des Ponts et Chaussées, puisqu’à cette époque déjà les documents retrouvés aux archives départementales de l’Aude, et établis à Carcassonne, sont à en tête du service Hydraulique des Ponts et Chaussées. A partir 1874, le service hydraulique pour l’Aude est rattaché directement au service ordinaire des Ponts et Chaussées de l’Aude, et dirigé par l’ingénieur en charge de ce service. A partir de 1901, la dénomination service Hydraulique de l’Aude disparaît et deux services distincts sont créés : le service Maritime et le service Hydrométrique. Enfin, en 1919, l’appellation service Hydrométrique et d’Annonce des Crues apparaît. Si les attributions du service Hydraulique sont assez évidentes, à savoir la Police de l’Eau pour l’essentiel, celles du service hydrométrique le sont moins, jusqu’en 1919 où la mission d’annonce des crues apparaît très clairement. Il est possible que ce service ait, dans un premier temps, relayé le service des Grandes Forces Hydrauliques pour l’installation et le suivi de stations d’observation sur les différents cours d’eau de l’Aude.

Des archives relatives à certains Services d’Annonce des Crues sont également présentes, mais n’incluent malheureusement pas le service de l’Aude. Le dossier relatif au service d’annonce des crues des bassins du Tech, de la Têt et de l’Agly, contient par exemple des informations très intéressantes sur les cotes plus hautes eaux de plusieurs crues historiques.

d Les archives issues des Services Hydrauliques des Ponts et Chaussées

Les inventaires de la série F14 ont révélé quelques cotes relatives à l’aménagement des cours d’eau de l’Aude, et aux usines et moulins installés sur ces cours d’eau. Les dossiers présents sont issus du Service Hydraulique des Ponts et Chaussées (dossiers incluant le descriptif, la justifi- cation, et les plans détaillés de certains aménagements projetés). Ils concernent généralement des affaires qui ont été examinées par le Conseil Général des Ponts et Chaussées. Quelques-uns des plans présents indiquent la section et la cote hautes eaux de crues historiques. Toutefois ces mêmes plans sont également présents aux archives départementales, et de ce point de vue la série F14 n’a donc pas réellement apporté un complément d’information.

2.3.4.2 La série F10

La série F10 renferme l’ensemble des cotes issues du ministère de l’Agriculture. Ce ministère a été séparé une première fois de celui des Travaux Publics en 1839, puis a été à nouveau regroupé avec ce dernier, avant d’acquérir son indépendance définitive en 1869. Il a versé aux archives nationales certaines cotes dignes d’intérêt pour l’étude des crues, qui sont liées à son activité dans le domaine de l’hydraulique agricole. En 1881, une Direction de l’Hydraulique Agricole a d’ailleurs été créée à l’occasion d’un changement d’attributions du ministère, l’ancien ministère de l’Agriculture et du Commerce devenant ministère de l’Agriculture.

a Services de l’Hydraulique Agricole

On trouve dans les inventaires de la série F10 plusieurs cotes relatives à la police de l’eau, et en particulier à la réglementation de barrages et de prises d’eau dans le département de l’Aude. Ces cotes couvrent la période 1840 - 1920. Les documents sont en général à en tête du service hydraulique des Ponts et Chaussées de l’Aude, témoins d’une collaboration toujours étroite entre les services des Travaux Publics et ceux de l’Agriculture. Les bureaux de l’hydraulique agricole, dépendant du ministère de l’Agriculture, ont très probablement été longtemps relayés sur le terrain par le service hydraulique des Ponts et Chaussées. Une fois de plus, les dossiers comportent souvent les plans détaillés des aménagements projetés.

b Services des Grandes Forces Hydrauliques

Toujours en liaison avec l’activité du Ministère de l’Agriculture dans le domaine hydrau- lique, la série F10 comprend certaines cotes relatives à la création et au fonctionnement des services de Grandes Forces Hydrauliques. Ces services, créés en 1903 pour la région des Alpes (Grandes Forces Hydrauliques du Sud Est), et des Pyrénées (Grandes Forces Hydrauliques du Sud Ouest), et en 1914 pour le Massif Central, avaient pour mission de favoriser l’utilisation des cours d’eau non navigables pour la production électrique, qui connaissait à l’époque un essor im- portant. Outre le recensement des installations existantes, ces services ont essentiellement mené d’importantes campagnes de jaugeages et de mesures de façon à préciser le régime des cours d’eau et à identifier les sites potentiellement intéressants pour la production d’électricité. Ainsi, à partir de 1905 et jusque dans les années 1920, des résultats de mesures journalières de débit ont été publiés chaque année pour un nombre important de cours d’eau. Une station a notamment été installée en 1917 à Lastours sur l’Orbiel. Cette station a été emportée par la crue de 1930.

Les cotes présentes aux Archives Nationales n’incluent pas le détail des publications effec- tuées par les services des Grandes Forces Hydrauliques, mais simplement des documents relatifs à l’organisation de ces services, des statistiques sur les résultats obtenus, ainsi que le recensement des installations de production électrique en 1918. Certaines des publications des services des Grandes Forces Hydrauliques ont été retrouvées dans le fonds M.Pardé, mais elles ne comprennent pas les mesures effectuées sur l’Orbiel.

A ce jour, les archives des services des Grandes Forces Hydrauliques, et en particulier celles concernant l’Orbiel, si elles existent toujours, n’ont pas pu être localisées. Le service du Sud- Ouest ou des Pyrénées ayant été installé à Toulouse, certaines archives pourront éventuellement être retrouvées aux archives départementales de Haute-Garonne. Il est également possible que ces archives soient présentes dans les fonds du Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau (cf. paragraphe 2.3.4).

2.3.4.3 Bilan concernant l’apport des Archives Nationales

Les fonds des Archives Nationales se sont essentiellement avérés utiles pour la connaissance et la reconstitution de l’historique des services producteurs de données. Ils ont par exemple permis de préciser la période de création du service hydraulique des Ponts et Chaussées dans l’Aude (probablement peu avant 1850), ou encore du service des Grandes Forces Hydrauliques des Pyrénées.

Toutefois, ce fonds n’a pas apporté d’informations techniques essentielles permettant l’iden- tification des crues historiques et la reconstitution de leurs débits de pointe. Les rares dossiers à réel caractère technique, présentant des plans et quelques cotes de crues historiques, se sont, dans le cas des quatre cours d’eau étudiés, avérés redondants avec ceux présents aux archives départementales. En effet ces dossiers ont été établis par les services locaux (Ponts et Chaussées ou Agriculture).

Ces dossiers concernent manifestement des affaires ayant été examinées par le Conseil Général des Ponts et Chaussées. Partant de ce constat, les archives du Conseil Général des Ponts, présentes et manifestement très complètes, auraient également pu être examinées en totalité. Toutefois, le volume de documents présent nous a paru disproportionné en regard des informations que l’on était susceptible d’y trouver, pour les quatre cours d’eau étudiés : le nombre d’affaires examinées concernant ces cours d’eau a de toute évidence été très faible, et les dossiers techniques correspondant doivent, sauf exception, êtres retrouvés aux archives départementales.