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3.2 Choix d’un secteur d’étude pour chaque cours d’eau, et exploitation des données

3.2.4 Cas de la Salz

3.2.4.1 Secteur d’étude retenu

Comme dans le cas du Lauquet, la Salz présente deux secteurs potentiellement intéressants pour entreprendre une reconstitution historique des crues, parmi lesquels un choix a du être réalisé.

Dans la traversée du village de Rennes les Bains tout d’abord, le lit de la Salz est très encaissé, et présente une section de forme simple. Deux ponts sont présents, ainsi qu’un ancien moulin, situé plus à l’amont, qui comporte deux repères de crue (1940 et 1992)22. De plus, les archives du Service Hydraulique des Ponts et Chaussées ont permis de retrouver la ligne d’eau de la crue de 1820, entre les deux ponts, dans la traversée du village23. De nombreux autres repères de crues existent dans Rennes les Bains, mais sont beaucoup plus difficilement exploitables. Enfin, ce secteur présente l’inconvénient majeur de ne pas avoir été l’objet de mesures systématiques de débits.

Par conséquent, nous avons préféré retenir un autre secteur d’étude, situé à l’aval de la confluence avec le ruisseau de Réalses, et dans lequel la Salz traverse successivement les communes de Cassaignes, Coustaussa et Couiza. Une carte de ce secteur est représentée sur la figure 3.16. La surface drainée y varie de 131 km2 à 143 km2. A l’amont, la Salz y présente encore une section encaissée et de forme très simple. La station de mesure a été installée dans cette zone, ce qui facilite grandement l’estimation des débits pour les crues récentes. A l’amont direct de Couiza se trouvent deux anciens moulins, sur lesquels ont été apposés plusieurs repères de crues (1891, 1940, 1992)22. De plus, des plans de ces moulins, comportant les cotes des crues de 1820 et 1833, ont été retrouvés dans les archives du Service Hydraulique des Ponts et Chaussées24. Enfin, dans la traversée de Couiza se trouve le pont de la RD118, qui a très longtemps accueilli l’échelle d’annonce des crues, à laquelle des relevés journaliers sont disponibles depuis 193225.

22Référence documentaire n˚220 : Direction Départementale de l’Equipement de l’Aude 23

Référence documentaire n˚230 : Archives Départementales de l’Aude, cote S592

24Référence documentaire n˚233 : Archives Départementales de l’Aude, cote SW2374 25

systématiques

Des lectures à cette échelle, et des repères de crues au niveau du pont, sont également disponibles pour des crues bien plus anciennes (1891 notamment)26. Toutefois dans ce secteur de Couiza, la proximité de l’Aude et la largeur du lit majeur constituent une importante difficulté pour l’estimation du débit des crues.

3.2.4.2 La station de mesure de Cassaignes

La station de Cassaignes fonctionne en continu depuis 1968. Elle a remplacé l’échelle du pont de Couiza, qui présentait l’inconvénient d’être située dans le remous de la confluence avec l’Aude. Le site retenu pour installer la nouvelle station est beaucoup plus propice à la mesure de débit : le tracé du cours d’eau y est rectiligne, la section y présente une forme trapézoïdale simple, et la pente du lit est uniforme dans le secteur. Seule la présence de quelques arbres dans le lit semble pouvoir influencer l’écoulement. Quelques photos, ainsi qu’un schéma de la section sont présentés sur les figures 3.17 et 3.18.

Pas moins de cinq courbes de tarage, couvrant l’intégralité de la période de mesures, sont fournies par la banque Hydro du Ministère de l’Ecologie pour cette station. Ces courbes sont issues d’un jeu de 63 jaugeages27, réalisés dans une gamme de hauteurs limitée : seuls deux d’entre eux concernent des hauteurs supérieures à 1.50 m (1.80 m et 2.19 m, cf. figure 3.19). Au cours des 36 années de mesures, les crues maximales annuelles ont par ailleurs dépassé à douze reprises une hauteur de 3 mètres, et une hauteur de 6.80 m a même été atteinte en 1992. Les crues mesurées par la station se situent donc très au delà de la zone “fiable” des courbes de tarage.

La présence de cinq courbes de tarage différentes amène d’ailleurs à s’interroger sur les évolu- tions du lit du cours d’eau au niveau de la station. Plusieurs levés topographiques de cette section, effectués en 1984, 1992, et 1998, ont été retrouvés dans les archives de la DDE28. Il semble que le profil en travers ait très peu varié jusqu’en 1992 (les courbes de tarage correspondant à cette période, numérotées C620, C621 et C622, sont d’ailleurs quasiment identiques). En revanche la crue de 1992 a manifestement creusé le lit de façon très significative, comme en témoignent le levé de 1992, ainsi que la courbe de tarage C623, très différente des précédentes (cf. figure 3.19). Toutefois, le lit semble s’être assez rapidement comblé par la suite : ce comblement apparaît sur le levé effectué en 1998, et la fin de validité de la courbe de tarage C623 est d’ailleurs fixée en mai 1995. Un nouveau levé, effectué par nos soins en 2004, confirme ce comblement, la section étant à nouveau assez proche de ce qu’elle était en 1984. La courbe de tarage C624, valide de mai 1995 à décembre 1996, tient compte de ce comblement (elle est à nouveau très proche des courbes C620 à C622). En revanche, la courbe C625, qui couvre la période de 1997 à nos jours, se rapproche à nouveau de la courbe C623. Ceci peut paraître surprenant étant donné les levés

26

Références documentaires n˚32 et 33 : Direction Départementale de l’Equipement de l’Aude

27référence documentaire n˚212 : Direction Départementale de l’Equipement de l’Aude 28

D11 8 D11 8 D11 8 D11 8 D11 8 D11 8 D11 8 D11 8 D11 8 D 1 4 D 1 4 D 1 4 D 1 4 D 1 4 D 1 4 D 1 4 D 1 4 D 1 4 Serres Serres SerresSerresSerresSerresSerresSerresSerres Couiza

Couiza

CouizaCouizaCouizaCouizaCouizaCouizaCouiza CoustaussaCoustaussaCoustaussaCoustaussaCoustaussaCoustaussaCoustaussaCoustaussaCoustaussa

Rennes-les-bains Rennes-les-bains Rennes-les-bainsRennes-les-bainsRennes-les-bainsRennes-les-bainsRennes-les-bainsRennes-les-bainsRennes-les-bains Cassaignes

Cassaignes CassaignesCassaignesCassaignesCassaignesCassaignesCassaignesCassaignes

D312 D312 D312D312D312D312D312D312D312

Pont de Couiza - RD118 Station de mesure

Bâti Broussailles Carrière, décharge Eau libre Forêt Prairie Rocher, éboulis Vigne, verger

Anciens moulins Lepeige et Conquet

Fig. 3.16 – Carte du secteur d’étude retenu pour la Salz, et position des principaux ouvrages

systématiques 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Distance en m Altitude en m NGF

rive gauche rive droite

échelle

0 échelle: 248,29 m NGF

limnigraphe

Fig. 3.18 – Station de mesure de Cassaignes sur la Salz - schéma de la section

topographiques effectués en 1998 et 2004, mais toutefois l’application de la formule de Manning Strickler avec la topographie de 2004 donne bien des résultats proches de cette courbe C625.

Étant donné le domaine de validité limité des courbes de tarage existantes, nous avons préféré, pour les crues de hauteur importante (au delà d’une hauteur de 2 mètres), appliquer la formule de Manning Strickler, calée à partir des plus forts débits jaugés. La figure 3.20 permet d’ailleurs de se rendre compte que l’extrapolation des courbes de tarage est basée sur cette formule. Le calage retenu correspond à une valeur du coefficient K de 18, et reproduit exactement, lorsque l’on utilise la topographie levée en 1984, les courbes de tarage C620 à C622. L’application de la formule avec la topographie levée en 2004, reproduit également assez bien la courbe C625, pour les fortes hauteurs.

Pour l’estimation des débits, trois périodes ont finalement été distinguées. Avant 1992, les courbes de tarage C620 à C622 ont été appliquées pour les hauteurs inférieures à 2 mètres, et complétées au delà par la formule de Manning Strickler, appliquée en utilisant la topographie de 1984. La crue de 1992 a été estimée, toujours à partir de la formule de Manning Strickler, en utilisant la topographie levée deux mois après la crue. De 1993 à 1995, la courbe de tarage C623, tenant compte du creusement du lit, a été utilisée, les hauteurs des crues à estimer étant faibles

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 0 1 2 3 4 5 6 7

Hauteur d'eau à l'échelle en m

Débit en m 3/s Jaugeages effectués, 09/1967 - 09/1992 Jaugeages effectués, 09/1992 - 05/1995 Jaugeages effectués, 05/1995 - 12-1996 Jaugeages effectués, 12/1996 - 05/2002

Courbe de tarage DDE n°C622, 01/1986 - 09/1992

Courbe de tarage DDE n°C623, 09/1992 - 05/1995

Courbe de tarage DDE n°C625, 12/1996 - 12/2004

Approximation par Manning Strickler, lit de 1984 - K=18 Approximation par Manning Strickler, lit de 1992 - K=18 Approximation par Manning Strickler, lit de 2004, K=18 Approximation par Manning Strickler, lit de 1984 - K=17 Approximation par Manning Strickler, lit de 1992 - K=17 Approximation par Manning Strickler, lit de 2004 - K=17

Fig. 3.19 – Jaugeages et courbes de tarage de la station de Cassaignes sur la Salz

0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 0 1 2 3 4 5 6 7

Hauteur d'eau à l'échelle en m

Vitesse moyenne en m/s

Jaugeages effectués pour h>1m, 02/1990- 06/1992

Jaugeages effectués pour h>1m, 12/1996 - 05/2002

Courbe de tarage DDE n°C622, 01/1986 - 09/1992

Courbe de tarage DDE n°C625, 12/1996 - 12/2004

Approximation par Manning Strickler, lit de 1984, K=18 Approximation par Manning Stickler, lit de 1992, K=18 Approximation par Manning Strickler, lit de 2004, K=18 Approximation par Manning Strickler, lit de 1984, K=17 Approximation par Manning Strickler, lit de 1992, K=17 Approximation par Manning Strickler, lit de 2004, K=17

Fig. 3.20 – Evolution de la vitesse moyenne dans la section de la station de Cassaignes sur la Salz

systématiques

(2.16 m maximum). Enfin, nous avons considéré par la suite que le comblement du lit devait être pris en compte, et nous avons par conséquent appliqué la courbe C624 pour les hauteurs inférieures à 2 m, complétée pour les hauteurs importantes par l’application de la formule de Manning Strickler, en utilisant cette fois la topographie levée en 2004. La courbe de tarage C625 n’a pas été utilisée pour des faibles hauteurs car elle aboutit à des estimations de débit sensiblement supérieures aux jaugeages effectués sur cette période.