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2.2 Travaux antérieurs de reconstitution d’historiques de crues

2.3.6 Les fonds spécifiques

2.3.6.1 Le fonds Maurice Pardé

Le fonds Maurice Pardé regroupe l’ensemble de la documentation regroupée par cet éminent hydrologue au cours de sa carrière, dont il a fait don à l’université Joseph Fourrier de Grenoble en 1966.

Ce fonds est actuellement conservé à l’Institut de Géographie Alpine à Grenoble. Il est constitué de deux parties :

– La Bibliothèque, qui comporte des ouvrages ainsi que des articles et publications issues d’auteurs divers. On trouve par exemple dans cette partie du fonds certaines des publica- tions effectuées au début du XXemesiècle par les services des Grandes Forces Hydrauliques. – Des Dossiers à caractère scientifique et pédagogique, dans lesquels Maurice Pardé a colla- tionné l’ensemble des données et des informations recueillies au cours de ses travaux. On retrouve en particulier ici des dossiers “études de cas par crue”, qui contiennent l’ensemble des informations ayant servi de base à certains des articles publiés par Pardé. En plus des manuscrits des articles, ces cartons contiennent les échanges de courriers avec les services ayant fourni des informations, et les notes de terrain de Pardé. Le contenu de ces dossiers est donc généralement plus complet que les données, sélectionnées, publiées dans les ar- ticles. On retrouve par exemple parmi ces dossiers ceux concernant les crues de 1932 et 1940 dans les Pyrénées Orientales (les cours d’eau concernés sont le Tech, la Têt, et l’Agly), et celui concernant les crues de 1930 dans le sud-ouest de la France.

a La Bibliothèque

Cette partie du fonds regroupe un nombre important de publications des services des Grandes Forces Hydrauliques, disponibles par exemple pour les département de l’Ariège et de l’Aude pour les années 1911, 1912, et 1915 à 1918. Ces publications auraient pu s’avérer d’une grande utilité, malheureusement la seule station dont les résultats auraient pu être particulière- ment intéressants pour notre étude, celle installée à Lastours sur l’Orbiel en 1917, n’est que citée dans les publications de 1917-1918, et aucun résultat de mesures effectuées à cette station n’est présent. Nous ignorons à ce jour si les services des Grandes Forces Hydrauliques ont effectué par la suite d’autres publications concernant l’Aude, et si celles-ci incluaient les mesures effectuées à Lastours.

Le fonds des ouvrages contient également des “annuaires hydrologiques de la France”, pu- bliés à partir de 1939 et jusqu’en 1968 par le secrétariat d’état à la production industrielle, qui citent également la station de Lastours. Toutefois aucun résultat de mesure n’est publié dans ces annuaires qui ne constituent qu’un inventaire synthétique des stations de mesure existant en France.

Enfin, le fonds des ouvrages contient quelques cotes présentant un intérêt pour l’étude des cours d’eau de l’Aude :

– Une publication des services de Restauration des Terrains en Montagne, datant de 1911 et concernant exclusivement le département de l’Aude, donne une description détaillée des terrains présents dans chaque bassin versant, de leur vulnérabilité aux pluies en fonction de la végétation présente, avec dans chaque cas le détail des surfaces concernées, et enfin le programme de protection des terrains à prévoir. Ce document présente de nombreuses planches photographiques. Il s’avère très précieux pour évaluer l’évolution dans le temps de la couverture végétale des bassins versants, et l’influence qu’elle a pu avoir sur le régime des cours d’eau.

– Un ouvrage détaillant les observations de précipitations effectuées entre 1783 et 1860 à Cas- telnaudary, Carcassonne, Limoux, Arquette, Sallèles, Narbonne, La Nouvelle, et Perpignan. Les relevés y sont mensuels.

– Dans les “tirés à part”, un fascicule intitulé “Etudes hydrologiques sur les rivières Françaises du sud-ouest”, comprend des indications intéressantes concernant les services producteurs de données concernant les cours d’eau : services des Grandes Forces Hydrauliques puis cinquième circonscription électrique.

b Les dossiers

Les dossiers scientifiques contiennent relativement peu d’informations concernant les af- fluents de l’Aude. Seules les études de cas concernant les crues de 1930, 1932, et 1940 s’avèrent d’une certaine utilité. Elles contiennent en particulier des données pluviométriques intéressantes. Les cotes atteintes par certains cours d’eau affluents de l’Aude lors de la crue de 1940 sont éga- lement présentes. Ces cotes ont vraisemblablement été transmises par les services des Ponts et Chaussées, et se trouvent également dans les archives de la DDE. En ce qui concerne les crues de 1932 et 1930, celles ci sont décrites de façon beaucoup plus qualitatives, avec uniquement quelques indications sur les dégâts occasionnés par les différents cours d’eau. La description de la crue de 1932 concerne surtout les cours d’eau des Pyrénées Orientales (Tech, Têt, et Agly), le versant nord de Corbières et la Montagne Noire semblant avoir été nettement moins touchés par cet événement.

2.3.6.2 Le fonds historique de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées

L’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées conserve un important fonds historique, qui s’est avéré très utile par exemple lors de la reconstitution historique des crues de l’Ardèche [Naulet et al., 2001]. L’exploitation de ce fonds s’avère relativement aisée, grâce à la présence d’un inven- taire informatisé. On peut également signaler que la partie de ce fonds contenant les Manuscrits (l’autre partie étant constituée par les Ouvrages), présente des dossiers classés par cours d’eau (et également par ingénieur).

Le nombre de cotes examinées dans ce fonds s’est finalement avéré relativement limité (20 cotes issues de ce fonds dans l’état général des sources). Certains des documents consultés pré- sentent un réel intérêt, mais ils restent toutefois à caractère assez général et concernent souvent le département ou la rivière d’Aude dans son intégralité, voire même la région Languedoc. Aucun document réellement spécifique aux quatre cours d’eau étudiés n’a été trouvé.

Parmi les documents les plus intéressants, on peut citer les suivants :

– L’ouvrage de M. Champion “Les inondations en France depuis le V Ieme siècle” (achevé en 1862) qui constitue un large recensement des crues historiques, à l’échelle de tout le territoire Français. Cours d’eau par cours d’eau, l’ouvrage détaille, de façon très qualita- tive, l’historique des crues recensées. Il comporte par ailleurs, dans son dernier volume, un inventaire alphabétique récapitulatif des cours d’eau évoqués et des dates de crues corres- pondantes. Toutefois, seuls les principaux cours d’eau français sont traités. Un chapitre évoque par exemple des crues de l’Aude, mais les seuls rares affluents cités sont la Cesse, l’Ognon, et l’Argent Double. Aucune information n’est fournie en ce qui concerne les crues de la Salz, du Lauquet, de l’Orbiel et de la Clamoux. Cet ouvrage n’en présente pas moins un grand intérêt pour l’étude d’autres cours d’eau. Il a d’ailleurs été récemment réédité, sous forme numérique, par le CEMAGREF.

– Deux rapports de M. Belgrand sur les inondations de 1875 et 1876, avec indication des cumuls de pluie à l’échelle régionale, ainsi que l’article de Maurice Pardé (également présent dans le Fonds Pardé) sur le genèse des inondations de mars 1930 dans le sud-ouest de la France, avec là encore des indications sur la pluviométrie.

– Plusieurs ouvrages du XIXeme siècle, à caractère méthodologique, concernant l’hydro- métrie et l’annonce des crues, les techniques de jaugeage rapide des crues, la vitesse de propagation des crues, ou encore l’influence de l’aménagement des bassins (forêts, barrages réservoirs) sur les crues.

– Un bulletin météorologique du département des Pyrénées Orientales pour les années 1872 à 1882, 1886, 1888, et 1890, ainsi qu’un ouvrage intitulé “Les Pyrénées Orientales et leur hydrologie”. Il est peut-être utile de préciser ici que l’amont du bassin de la Salz est limi- trophe des Pyrénées Orientales, et qu’une bonne partie du massif des Corbières draine ses eaux vers l’Agly, l’un des trois principaux cours d’eau des Pyrénées Orientales.

Pour conclure on peut dire que le fonds historique de l’ENPC, s’il ne s’est pas avéré détermi- nant pour la reconstitution historique des crues des petits cours d’eau de l’Aude, a apporté des compléments d’information tout à fait intéressants. Toutefois la taille des bassins étudiés dans notre cas semble trop réduite pour que le fonds contienne des informations détaillées concernant ces cours d’eau.

2.3.6.3 Les archives d’EDF

Electricité de France conserve un fonds d’archives relatif aux anciennes sociétés de production d’électricité, nationalisées en 1946. Ces usines étaient pour la plupart entraînées par des barrages,

et pouvaient de ce fait être affectées par les crues. Les archives correspondantes présentent donc un intérêt potentiel pour l’étude des crues historiques.

Toutefois, l’inventaire de ce fonds8montre que les documents présents, qui couvrent la première moitié du XXeme siècle, se limitent le plus souvent aux procès verbaux des assemblées générales et conseils d’administration. Ils comportent également les dossiers d’indemnisation établis lors de la nationalisation. Ces documents n’ont manifestement aucun caractère technique. De plus, dans le cas du département de l’Aude, les six usines concernées ne sont pas situées sur les cours d’eau que nous avons décidé d’étudier.