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5.2.3.4 Surveillance des effets indésirables

I s.4 La nécessité d’une transplantation fécale

IV. 5.2.3.4 Surveillance des effets indésirables

Les effets indésirables du TMF rapportés dans la littérature sont, dans la plupart des cas, directement liés à la voie d’administration elle-même. L’administration par voie basse comporte un risque hémorragique au niveau du côlon ou de perforation, liés à une mauvaise utilisation du matériel, d’où sa réalisation par un médecin qualifié (gastro-entérologue). La voie haute est moins invasive et ne nécessite pas d’anesthésie générale, mais comporte un risque d’inconfort gastrique et de vomissements surtout si l’administration est trop rapide ou le volume trop grand. En revanche, très peu d’effets indésirables propres au TMF ont été signalés. Chaque membre de l’équipe pluridisciplinaire est chargé de notifier sans délai tout effet indésirable soupçonné d’être lié au TMF à un centre régional de pharmacovigilance.

Les patients, durant leur séjour hospitalier (48 heures) et jusqu’à 15 jours après leur sortie doivent être suivis de près afin de déceler tout événement post-don (événements indésirables, complications). Une surveillance continue d’être menée pour une durée d’au moins 2 ans (https://ansm.sante.fr) avec des examens réguliers afin d’apprécier l’évolution de la maladie et la survenue éventuelle de récidives. Enfin, des échantillons de selles réalisés à auprès de chaque donneur à partir de selles brutes le jour du 1er bilan de dépistage et le jour du don sont consignés dans une fécalothèque (figure 57) où ils sont conservés à une température de – 80°C pendant 2 ans au minimum, ce qui est corrélé au temps de suivi du receveur (https://ansm.sante.fr).

IV.6 Résultats expérimentaux

IV.6.1 Résultats sur la colite à Clostridium difficile

Dans le cadre de récidives d’infections à C.difficile, le TMF est à l’heure actuelle la méthode de traitement qui dispose du niveau de preuve le plus élevé. Elle dispose d’un certain nombre

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d’avantages logistiques : la matière première, en plus d’être directement disponible auprès du donneur, est manipulée de manière très simple et peu coûteuse. Les méthodes d’administration sont elles aussi très simples à mettre en œuvre et peu contraignantes pour le patient au regard du bénéfice escompté.

Le TMF tend aujourd’hui à s’imposer comme une alternative pratique à l’antibiothérapie. Des cas de plus en plus nombreux de la littérature scientifique considèrent cette pratique efficace dans le traitement de la cCD récurrente, avec dans plusieurs cas guérison de la maladie après une seule administration. Une étude de 2012 s’est penchée sur le taux de guérison de la maladie chez une cohorte de patients (n = 26, 2 hommes et 24 femmes) ayant subi une TMF unique dans le cadre d’une cCD récidivante existant depuis plusieurs mois (en moyenne 12,6 mois). Le transplant était administré par voie rectale. Il est apparu que sur 26 patients, pour une durée de suivi allant de 2 à 30 mois (en moyenne 10,7 mois), 24 n’ont pas connu de symptômes intestinaux ou de récidive, ce qui porte le taux d’efficacité à 92%. L’une des patientes ayant connu un épisode diarrhéique 2 mois après le TMF a été traitée 1 semaine par vancomycine et n’a plus connu de récidive (Kelly, 2012).

Son efficacité comparativement aux ATB a été démontrée en particulier dans le cas de l’utilisation de vancomycine, qui est l’antibiotique traditionnellement utilisé dans le cas de cCCD récidivante et actuellement en première intention. Une étude randomisée a cherché à comparer l’efficacité de l’emploi de vancomycine avec l’utilisation de TMF par voie haute (SNG). Menée en 2013, elle incluait 42 patients (16 recevant un TMF et 26 traités par vancomycine per os à raison de 500mg 4 fois par jour pendant 14 jours). Le critère d’efficacité lors de cette analyse était la disparition de la diarrhée sans rechute dans les 10 semaines suivant le traitement. Il a ainsi été montré que le TMF était efficace dans 81% des cas (13 des 16 patients) alors que l’ATB, avec 4 patients sur 13, ne l’était que dans 31% des cas (Van Nood, 2013).

Cependant, en cas de récidive, le nombre de traitements possibles par TMF n’est pas limité du fait de l’absence de toxicité connue. En cas de réapparition des symptômes, une nouvelle administration peut être proposée 1 mois après la première (Batista, 2015). Ainsi, au cours de l’essai mené par Van Nood, 19% des patients (soit 3 sur 13) ont fait l’objet d’un deuxième TMF, qui s’est révélé efficace pour 2 patients sur 3. Les autres individus inclus dans le groupe TMF étaient quant à eux définitivement guéris (Van Nood, 2013).

En cas de colite sévère ou compliquée, le TMF semble aussi être une solution thérapeutique intéressante. Une analyse très récente (2016) conduite dans plusieurs centres cliniques a évalué le taux d’efficacité du TMF en se basant sur le suivi au long terme d’un groupe de patients traités. Un total de 17 individus (hommes et femmes) a été inclus dans cette analyse, d’âge moyen de 66,4 ans. Dans ce groupe, 13 patients avaient une infection sévère et compliquée à C.difficile, et les 4 restants avaient soit une infection sévère, soit une infection compliquée. Après un premier TMF, un suivi a été mené pendant près d’un an (11,4 mois en moyenne) pour les symptômes diarrhée et douleurs abdominales. Sur les 16 patients ayant présenté une diarrhée, 12 d’entre eux ont été guéris et 4 d’entre eux soulagés. Sur les 11 patients ayant présenté des douleurs abdominales, 8 d’entre eux ont été guéris et 3 d’entre eux soulagés. Deux patients (11,8%) ont expérimenté une récurrence dans les

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90 jours et ont nécessité un 2ème TMF, qui a guéri définitivement l’un d’eux. Le taux global de guérison était donc de 88,2% (15 sur 17) après le 1er TMF et de 94,1% (16 sur 17) après la 2ème ligne thérapeutique (Arionadis, 2016).

Encore utilisé en dernière ligne de traitement pour les récurrences d’infection ou de colites sévères à C.difficile, le TMF fait l’objet d’une littérature de plus en plus abondante sur le bénéfice thérapeutique qu’il procure. Son efficacité et sa grande tolérance pourraient à l’avenir plaider en faveur de son utilisation plus précoce dans les formes sévères. Parallèlement à son efficacité clinique, le TMF exerce une action bénéfique sur le MI et normalise la composition bactérienne de patients sujets aux récidives de colite (Fumery, 2013). L’instillation par voie rectale, chez 6 patients traités pour une colite récidivante à C.difficile, d’une préparation destinée au TMF provenant d’un individu sain a provoqué une disparition de C.difficile et de ses toxines dans leurs fèces ainsi qu’une colonisation du TD par des bactéries du genre Bacteroides qui étaient absentes avant le traitement, ce qui suggère aussi que le genre Bacteroides joue un rôle protecteur vis-à-vis de la colonisation par C.difficile (Grehan, 2010).

Le TMF apparaît donc comme une alternative thérapeutique innovante et séduisante dans cette indication car elle permet l’élimination de l’agent pathogène par le rétablissement des mécanismes de protection inhérents à l’individu.

IV.6.2 Résultats sur d’autres pathologies

Afin que son application puisse s’étendre à d’autres pathologies, le TMF fait l’objet de recherche biomédicale. Des protocoles sont actuellement menés pour d’autres pathologies intestinales, comme les MICI ou les Troubles Fonctionnels Intestinaux (TFI), mais également pour des pathologies extra- intestinales liées directement ou indirectement à la dysbiose.

IV.6.2.1 Pathologies intestinales