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P Et ce souvenir la fit tout à coup ce qu'elle était autrefois tendre et bonne

Dans le document A la plus belle / Paul Féval (Page 49-54)

Serrons-nousles uns contre les autres, mes amis, reprit-elle; Jeannin, veille sur l'enfant de ton seigneur; fais-en bien viteun hommefort et redoutableaux méchantscomme

tu

l'es

toi-même Jeannine,chère petite, ne soyez plus triste. Parfois,

ce que je crains et ce que je souffre conduisent ma parole au delàde ma pensée. Venez m'embrasser, ma fille.

Jeannine courut à Mme Reine et lui baisa lesmains avec une ardeurpassionnée.Mme Reine

l'attira

surson cœur.

<F

Aubry se cachait poursourire et ses yeux étaient humides.

Jeannin ne comprenait point trop ce qu'il y avait au fond de

) cet attendrissementsubit, maisil en

était

bien heureux.

j

Dom Sidoine, dit Mme Reine, veuillez nous réciter les

?'~e: Grâces.

Toutle monde se

Ic\

a T.e chapelain prononçal'oraisonlatine a hautevoix.

je

vous prie, domSidoine, reprit la châtelaine, ajoutezun verset à notre prière

du

soir pour le salut de notre seigneur le duc en ce monde et dans l'autre.

– Noble

dame, dit maître Bellamy, l'intendant, vous plaît-il recevoir aujourd'huimes comptes?

Mme Reine s'appuya sur le bras maigre de maître Bellamy et sortit de la chambre. De même qu'une odeur d'ambroisie

restai

sur le passage de Vénus, de même une douce musique

) de clés vibra dans l'air un

instant

après le départ de la jolie châtelaine.

Quand la porte fut retombée derrière elle. dom Sidoine

J regagna sa retraite, afin de donner un coup d'oeil à ce certain manuscritdu ix~ siècle.

Marcoude Saint-Laurentprit sa volée, sans songer à tirer les

J cheveux de Fier-à-Bras.

Aubry releva sesyeux sur Jeanninequi baissa les siens.

Fier-à-Bras s'approchadu bon écuyer.

Maître

Jeannin,lui dit-il, si vous voulez,votre fille sera la femmed'un chevalier1

Jeannin, étonné regarda le nain en face. Il eût mieux fait de regarderdu côtéd0messire Aubry, qui disaità sa fillette

Jeannine, je vous en prie, ne me refusezpas; il

faut

que je vous parle t

Le nain riait à la barbedu bon Jeannin.

Oui, oui, ajouta-t-il en songeant

tout

haut, et cette fois sans railler, oui, certes, et si

tu

avais

autant

de finesseque

tu

as

de vaillanceetde loyauté,monami Jeannin,ce ne seraitpas une mésalliancepourle chevalier qui épouserait

ta

fille 1

Jeannin étendit la main pourle saisir.

M'expliqueras-tu les billevesées que

tu

viens me chanter depuis un mois, méchant

lutin?.

commença-t-il.

Mais Fier-à-Bras,se retournant soudain, lui glissa entre les

jambes comme une couleuvre, passa sousla table et s'enfuiten riant.

VI

FIER-A-BRAS CONTINUE D'ÊTRE U~f NAIN D'IMPORTANCE

Dans la cuisine on n'avait pas encorefini de dîner. La cuisine était, sans contredit,beaucoup plus gaie que la salle à manger.

D'abordil y avait le cuivrebrillantdes chaudronsetbassins qui reluisaient allégrementà gauchede l'énorme cheminée.Ensuite

le soleil de midi jetait deux larges rayons par les fenêtres à barreauxde bois, et

mettait

en lumière des myriades d'atomes qui joyeusement tourbillonnaient. Sous la cendre du foyer quelques tisons fumaient. Le soleilse glissait oblique, détachait la grande crémaillèrede sou fond de suie diamantée, et donnait

à la spirale de fumée qui montait avec lenteur des tons de perle et d'azur.

Ferragus et Dame-Loyse, placéssymétriquement aux deux coins du foyer et dormant du même sommeil dans une pos-ture semblable, eussent révélé au plus naïf des grammairiens l'étymologie frappante et authentique du mot clienet.

D'autres chiens de races mêlées gagnaientleur vie sous la table, entreles jambes des convives, ou bien se disputaient un fond d'écuelle sur la terre

battue

e" montueuse qui faisait

office de plancher.

A la

tête

des serviteursdu Roz se plaçait un vieux couple Mathurin et Goton,le mari etla femme. Mathurin

était

pourles

p

j

bœufs de labour et les chevaux de

trait;

Goton tenait la

linge-rie. On les regardait comme deux époux modèles il y

avait

quarante ans qu'ils se

battaient

avec ndélité en s'aimant de même.

Venaient ensuite Pelo le bouvier-engraisseur, Mathelin, le pasteur des gorets, et la petite Jouanne qui gardait les oies à

la mare.

Puis Josille le bûcheron, puis Bertrade la grosse trayeuse, puis maître Andoux le reboutoux (Rebouteur, chirurgien

villageois.)

Maître Andoux soignait d'un zèle pareil les chrétiens et les bêtes.

A

tout

coup (1)! dit Josille, si c'est qu'on l'a vu, bien vu, vraiment vu, v'la qu'est drôle, ma foi jurée Quoique

tout

cequ'on dit ne sont point paroles d'Évangile

1.

6

– Boute-mâ

un

p'tit

d'galette, Mathelin, cria Bertrade;

et Ë'

quant à c'qu'cst d'ça qu'on l'a vu, qui qui

l'a

vu?

L"

– Qui

qui l'a vu? répétaJosille de cet air qu'on prend pour faire une réponse péremtoirc et foudroyer l'incrédultié;à

tout

coup, la Beitrade, ah dame, je ne sais point qui qui

l'a

vu,

'i mais sûr et certain,on l'a vu, aussi vrai que

t'as

un petit-z-yeu et un

grand-z-yeu.

que ton petit ergardc à Dol, et que

ton

grand, ergarde à

Plédihen.

Bédame 1

Cette

plaisanterie était du calibre voulu pour faire rire l'as-sistance.Bertrade,qui louchait, répliqua rondement

Oh ià, là, mon Dieu donc, José, mon pauv'gars 1 Quand c'est que j'ergardcds

tout

dret

d'vant

mé, j'voyais toujou

ta

goule.

(2) et doucettement,pourne plusl'voir, ton bec, qu'est d'traviole,j'maihabituéeà ergarder gauchâ 1

Mon doux Jésus sauveur; s'écria la vieille Goton; v'là comme les filles parlent més'hui hayen hayen

t'es t'une

défrontée, la Bertrade

7. (1) A ~0!~coupest une redondancebretonne,une sorte de !;cr~men/mMro armoricain. Un vrai bon gars de !a haute Bretagnenedit pas trois paroles sanslâcher: à toutcoup, qui se prononce ai' coup.

(2) Ta gueule,ta figure.

rin:.narid:îa'p~n: °"

rin, mari de la préopinante.

avec~na~ ~"homme?

demanda-t-elle avecTu m'en

m,

empecherais-ti.)a bonne femme?

j

à d'affreux combats entreBaucis-Gotcn et Philémon Mathurin.

Heureusement que te paysan

~n~ ~hunn.

Dans le document A la plus belle / Paul Féval (Page 49-54)