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rait menu comme chair à pâté avant de m'en arracher une

Dans le document A la plus belle / Paul Féval (Page 83-86)

parole t

Pendant que Bruno parlait, l'homme au surcot brun

sou-riait d'un air bien honnête, ce qui .ic l'empêchait point de réfléchir..

Vous devezêtrediscret comme un saintde bois, mon bon frère, dit-il, cela se voit du

reste

et je n'hésitepas un seul ins-tant à vous confierles destinées de la France.

FrèreBruno se redressa et prit

l'attitude

qui convient à un <

hommedontles oreilles vontentendre un oracle.

Entre la Bretagne et l'Anglais, reprit Pierre Gillot, Dieu a mis la grande mer, entre la France et la Bretagne, Dieu n'a mis qu'un ruisseau qui oserait prétendre que Dieu fait les choses à l'aveugle ou à la légère? La Bretagneest à la France comme le fleuve est à l'Océan, comme le bras est au corps.

Cela doit être; cela sera

Mon compère,

dit

Bruno, vous m'avezouï parler

tout

à l'heurede M. Hue de Maurever, seigneur du Roz, de l'Aumône et de Saint-Jeandes Grèves?

Celui qui ajourna le duc François 1er au tribunal

céleste? (

Précisément. Si j'en reviens à lui, c'est que Jeannin, mon ami,

était

son serviteur, et que M. Hue songeait bien

sou-ventà ce que vous dites. t

– II

était de mon sentiment? demanda Gillot avec vivacité.

Comme le patient est de l'avis du bourreauqui lui crie

II faut mourir! Non, non, mon compère! Celui-là

était

un Bretondu vieux sang Mais ce que vous désirez,

il

le redoutait et cela me frappe.Vous

plaît-il

queje vous récite la manière de

prophétiequeM. Hue nous fit à son lit de mort?

Cela me plaît répondit Gillot sans hésiter.

FrèreBruno

n'était

point habitué à pareil empressement.Il se sentait véritablement grandir devant cet homme qui lui confiaitdessecrets

d'État

etqui ne demandait

pas mieux quede l'écouter.

C'était au manoir du Roz, reprit-il, là-bas, de

l'autre

côté de la mare Saint Coulman.

Je

me trouvais pour une

visite d'amitié que

je

faisais à la pauvre Simonnette Le Priol,

la défunte femme de Jeannin. M. Hue tremblait son agonie

depuis

le

matin. Quand

le

soir tomba,il dit au prêtre

–––

« Appelez mon fils Aubry, ma fille Reine et le petit Aubry leur enfant;

~Pei~nsi~ur

mon cousin Monn de Maurever,

A

seigneur

d'l

Quesnoy, appelez Berthesa fille;appelezJeannin,le brave

homme.

et tods, et toutes, car je vais rendre mon âme à Dieu, mon créateur. »

Ilsvinrenttous.Etils étaient beaucoup qui pleuraient, parce que l\laureveravait vécu en gentilhommeet en chrétien doux aux faibles, dur aux forts. MessireAubry et b~Im« Reine

lui donnèrentla main. Il me semble encoreentendre la voix du vieillardlorsqu'ilse leva sur sonséant pourla dernière fois.

« Mes amis, dit-il, mes serviteurs etmes enfants, voicil'heure

de m~ mort.

Je

vais prier pour vous dans un me.l'eurmonde.

fi Ne me

Reine~~e,"conomisetesIarmes:tusounrirascrueUement ~m:e~~

regrettezpas.

J'ai

tropvécu.

tu

me suivras de près;

et longtemps sur cette terre.

« Aubry 11, mon

petit-fils,

tu verras

la

Bretagne

mourir.

»

Pierre Gillottressaillitcomme onfait à unchoc violent.

1

Si

vousvou!ez, mon compère, fit Bruno, je n'en dirai pas

r davantage.

~~itmon frère, si

fait

mes nerfs

ont

cinquante ans

d

bientôt. Ils ne me demandentplus licence pour. tirailler mes

membres.

Vrai Dieu,

compère, moi

j'ai

vingt années de plus que

'`

v.us.~sn~nesetiennentquctropenr~s~

nue, puisque c'est votre bon plaisir. M. Huedit donc ceci

« verras la Bretagnemourir!

)

·~

Il fit un silence, pendant quoi on n'entendit que le bruit des

~=.

lit deux lévders

brodés

soutenaientl'écusson de Bretagne. Ses yeux éteint5

re-Ã.' vivaient et s'inspiraient.

« Honteà nous,

reprit-il

d'une

malheur à

enfants "t.n~«'°"°"'

1

enfantsqui subirontle joug étrangeret qui perdrontle nom de leur pays 1

« Ecoutez 1 nospères sont venusde Galleset de Cornouailles.

Mais ce sont des Saxonset des Normands qui sont maintenant aux pays de Cornouailleset de Galles.

« Ne vous faites pas Anglais 1

« Le Français vient.

Bretons

ô vieux fils de Murdoch

sontvos lances?

« Ne vous faites pas Français t

« Mettez plutôt votre sang dans la rivière du Couesnon qui s'élargira comme une mer pour séparer les Français des

Bretons

1

« Éoutez 1 voici les lances de Bretagne: voici les épées de Léon et les épécs de Tréguier Voici les chevaliers de Kerne Voici les hommes d'armes de Quimper! Nantes! Rennes!1 VannesSaint-M:o

Doi

et Pontivy bonnes viHes, soldats

vaillants Fougères, Vitré, Morlaix, Lannion, Guingamp, Re-don, Montfort, Lamballe, Moncontour, Hennehon La France a-t-elle plus de cités que nous et de plus fortes

~ar

j'oublie

Châteaulin, Combourg. Loudéac, Saint-Pô!. Paimpol, Brest,

!e grand port de mer; Pontorson, Q'JmperIé, Chateaubriand~

Pbërmc! et Guérande! C'est un ancien royaume que notre

Bretagne Combatte?-et mourez ne vons faites pas Français

« Mes parents, mes enfants, mes vassaux, je suis content de mourir, puisqueceux qui vivront vivront déshonorés.

« Écoutez tes années ont passé. La France a reculé devant

le jeu de l'épée. Louis

XI

est mort, mais son esprit cauteleux lui

survit.

»

Eh

bien

mon compère s'écria ici Bruno, qu'avez-vous

donc 1

Les dents de Pierre Gillotavaientclaquéà ce mot « Louis

XI

est mort.» et il était

tout

blême.

Dans le document A la plus belle / Paul Féval (Page 83-86)